White Boy

Capturé par la tribu des arcs-en-ciel, White Boy est élevé par eux comme un Indien. Les éditions 2024 publient ce western novateur à l’époque de sa création en 1933 par Garrett Price. Une très belle surprise dans la sélection patrimoine du festival d’Angoulême 2023.

White Boy, un adolescent blanc chez des Indiens

La tribu des arc-en-ciel est en effervescence. Les hommes ont capturé un jeune adolescent blanc. Un événement que scrutent de loin Mésange et Marmotte.

Puisqu’il n’a plus de parents et au lieu de le faire exécuter, le chef de la tribu décide de le confier à Aile brisée, une vieille femme veuve, dont le fils a été tué par les Blancs.

Une vie transformée

En plus de l’emmener chez Aile brisée, Marmotte et Mésange se voient confier une mission : « Faites-en votre camarade, enseignez-lui les manières d’un Indien, apprenez-lui à parler notre langue. »

Quoi de plus beau comme message. Mais White Boy ne l’entend pas ainsi. Profitant d’un moment d’égarement, il s’échappe. Mais il ne va pas très loin récupéré par Lumière d’étoile qui le ramène au camp…

White Boy, un western novateur

C’est en 1933 que Garrett Price crée White Boy dans les pages du Chicago Tribune. Le dessinateur-journaliste né en 1896 met ainsi en scène un western extrêmement novateur pour l’époque. Il donne une vision « positive » des Indiens. Jusqu’à présent, ils n’avaient pas droit à la parole et la maxime employée sur eux disait en substance « un bon Indien est un Indien mort ».

S’il reste bien évidemment des préjugés assez datés dans White Boy, comme le souligne Jean-Loup Bourget (professeur d’études cinématographiques et de littérature américaine), Garrett Price est plutôt du côté du mythe du « bon sauvage ». Ainsi, les Indiens ne sont pas montrés comme sanguinaires et fourbes mais comme des êtres proches de la nature et en bons termes avec les Blancs.

White Boy, aventure, humour et récit d’apprentissage

White Boy, puisqu’il est nommé ainsi – on ne connaît pas son prénom – est un jeune adolescent comme les autres, bien éduqué. Il se fond assez rapidement dans le paysages, aide la tribu et participe aisément aux taches de la vie quotidienne du camp.

La tribu des arcs-en-ciel n’existe pas mais toutes les étapes d’une vie d’Indien y sont développés dans ce recueil de strips. Le lecteur découvre donc un western mais surtout de belles aventures. Sans oublier l’humour, l’auteur fait de cette série un vrai récit d’apprentissage. Une étape entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. White Boy en cela ressemble à Walt & Skeezix de Frank King, un ami de Garrett Price.

Graphiquement, les planches sont sublimes. Le travail des éditions 2024 pour sa mise en valeur est merveilleuse. Le format à l’italienne donne tout le sel des strips. Le papier est d’une grande qualité mettant en lumière les couleurs pastel. Le bestiaire est très réussit. On passe un vrai bon moment de lecture aux côtés de White Boy. Une grande surprise !

Article posté le lundi 23 janvier 2023 par Damien Canteau

White Boy de Garrett Price (2024 éditions)
  • White Boy
  • Auteur : Garrett Price
  • Éditeur : 2024
  • Prix : 35€
  • Parution : 18 novembre 2022
  • ISBN :9782383870371

Résumé de l’éditeur : Les guerriers rentrent au camp après un raid sanglant. De l’attaque, on ne saura rien mais, cette fois, les Indiens ramènent un prisonnier avec eux : un jeune garçon, pour l’offrir à Aile Brisée, qui a perdu le sien sous les balles des cow-boys.

Très vite, le visage pâle s’échappe. Ses geôliers lancent la poursuite, mais c’est une jeune squaw, Lumière des étoiles, qui le rattrape et le tient en respect. Sur le trajet du retour au campement, peu à peu, le petit garçon blanc et la jeune squaw se rapprochent.

De tous les westerns que nous avons lus, White Boy est un des plus émouvants. Dans ce strip, sans doute pour la première fois, les Indiens ne sont plus des sauvages arrachant les scalps des braves pionniers.. Ils ont le premier rôle de cette histoire, dans cet Ouest où le blanc n’est plus chez lui.

Pilier du New Yorker, Garrett Price (1895-1979) y dessina des centaines d’illustrations et de couvertures, avant de se lancer en 1933 dans ce comic strip audacieux et personnel. Natif de Bycurus, Kansas, en 1895, Garrett Price et sa famille vécurent ensuite dans le Nebraska, le Montana et l’Idaho, puis le Wyoming. C’est dans cette enfance à travers l’Ouest américain que Price puise pour créer ces planches sublimes, déclaration d’amour vibrante aux paysages et aux habitants du Far West, tout autant qu’évocation sensible des premiers émois de l’adolescence.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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