À l’occasion de cette 42e édition du festival Quai des Bulles à Saint Malo, la rédaction de Comixtrip a rencontré l’équipe artistique d’Oxymore, dont les collections Métamorphose et Noctambule sont dirigées par Barbara Canepa et Clotilde Vu.
La parfaite occasion pour découvrir en direct le catalogue et redécouvrir les auteurs de cette nouvelle maison d’édition. Cette deuxième interview nous a permis d’aller à la rencontre de Séverine Gauthier la scénariste et de Jérémie Almanza le dessinateur du magnifique « Les Royaumes muets ».
Pouvez-vous nous parler de votre album Les Royaumes muets qui vient de sortir chez Oxymore dans la collection Métamorphose ?
Séverine Gauthier : Les Royaumes muets, c’est l’histoire de Perséphone qui est une jeune fille de 12 ans qui va se retrouver, par un fâcheux concours de circonstances, entraînée dans le monde d’après la mort. Elle va partir à la recherche du dernier soupir de son voisin Victor qui lui est décédé quelques jours auparavant.
Chaque mort doit payer son dernier soupir pour accéder au monde d’après. Sauf que les collecteurs de dernier soupir arrivent en retard et le soupir de Victor n’a pas pu être collecté. Il risque de s’évaporer pour toujours et d’être condamné à l’errance éternelle. C’est une course contre la montre pour essayer de récupérer son soupir et Perséphone se retrouve emportée dans cette quête pour son voisin.
Comment se sont déroulés vos échanges pour construire Les royaumes muets ?
Jérémie Almanza : Il y a eu beaucoup d’échanges à la fois de textes et aussi graphiques. Séverine m’a aussi proposé un premier jet de l’histoire. Je lui ai fait quelques petites remarques et je lui ai envoyé un premier jet du rendu des planches. Au début, on n’était pas forcément très satisfaits. On imaginait peut-être les choses un peu différemment. Par exemple, j’ai produit des premières planches qui avaient un rendu pas aussi travaillé, beaucoup plus lâché.
Et effectivement, Séverine n’a pas forcément accroché. Ni même Barbara Canepa. Ça m’a poussé dans mes retranchements et je me suis remis à travailler le rendu global. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut tout se dire. Il y a des moments un peu tendus, ce qui est normal dans l’acte de création. C’est vraiment pour le bien du livre.
Séverine Gauthier : Les échanges au début de la création du livre sont vraiment des échanges de travail. Si je propose une histoire et qu’on décide de faire le projet ensemble, ça devient notre projet à nous deux. Donc, il faut qu’on s’y retrouve tous les deux et qu’on le porte ensemble. Les échanges sont alors constructifs pour trouver la façon dont on va traiter le projet pour qu’il nous conviennent finalement à tous les deux.
C’est une collaboration avec un œil critique.
Séverine Gauthier : C’est ça, pour essayer de trouver les bons personnages et la bonne façon de rendre cet univers. Et ça m’aide à écrire les personnages.
Pourquoi avez-vous voulu travailler à nouveau ensemble ?
Séverine Gauthier : C’est notre troisième livre ensemble. Jérémie et moi avons une longue histoire. On a commencé nos carrières respectives ensemble, avec un premier livre paru aux éditions Delcourt, qui s’appelle Aristide broie du noir.
Un long poème narratif illustré par une bande dessinée muette. On en a fait deuxième comme ça, qui s’appelle Cœur de Pierre.
Je suis allée chercher Jérémie sur cette histoire parce que je savais ce que ça pouvait donner si c’était lui qui dessinait Les royaumes muets. Il pouvait apporter un souffle graphique qui fonctionnerait vraiment bien, parce qu’on se connaissait déjà.
« Son trait me touche d’une façon particulière. »
C’était donc une évidence pour toi de travailler avec Jérémie sur ce nouvel album ?
Séverine Gauthier : Depuis le début, je savais ce que Jérémie pouvait apporter. Son trait me touche d’une façon particulière. Je sais que j’écris des livres qui sont pour lui. En fait, je n’écris pas de la même façon pour chacun des auteurs avec qui je travaille. J’écris différemment quand je sais que c’est Jérémie qui va dessiner.
Donc tu as écrit ce projet spécialement pour Jérémie.
Séverine Gauthier : Oui, et heureusement qu’il a dit oui. Je connais les points forts de son dessin. Dans ma narration par exemple, il y a des grandes pleines pages avec les décors, parce que je sais que ça va être fabuleux quand Jérémie va dessiner ça.
Donc si je connais bien les dessinateurs, j’adapte mon écriture et ma narration à ce qu’ils aiment faire.
« L’univers qu’a créé Séverine, je m’y sens bien »
Avec Les Royaumes muets, on découvre une atmosphère sombre, est-ce le résultat de vos échanges ?
Jérémie Almanza : Oui, c’est né des discussions qu’on a eues. Séverine sait que si elle a une histoire qui se passe en pleine journée dans des champs verdoyants avec un beau soleil, elle ne va pas me la proposer. Donc là, Séverine m’a proposé une histoire qui me permet justement de créer des décors intéressants.
Je me suis bien épanoui dans cette histoire et j’ai pu me faire plaisir. Les premiers jets n’étaient pas forcément très réussis parce que j’essayais d’aller vite. Alors qu’il fallait prendre le temps de se plonger dans cet univers qu’elle a créé. Ainsi, j’ai commencé vraiment à avoir des images beaucoup plus intéressantes.
L’univers qu’a créé Séverine, je m’y sens bien. J’aime ce côté monde souterrain éclairé avec des petites lumières un peu faibles. La lumière tamisée me parle beaucoup. Et c’est vrai que la scène dans Les Royaumes muets qui se passe en plein jour, ça a été très dur pour moi. Je me suis fait violence parce qu’il fallait narrativement le faire, mais c’était rude.
Quelles sont tes influences pour créer ce genre d’univers ?
Jérémie Almanza : Il y en a beaucoup en fait. Je ne peux pas toutes les nommer. Mais, c’est vrai qu’il y avait une forte influence Adventure time, un dessin animé Cartoon Network, dont les designs m’ont inspiré.
Une influence aussi un peu vieux cartoons, Disney ou Tex Avery. Il y a aussi des auteurs de dark fantasy qui m’ont inspiré. L’idée était de retranscrire ces éléments dans un univers plus enfantin, pour créer un petit personnage, un peu cartoonesque, perdu dedans.
Finalement on se retrouve avec une petite fille au milieu de décors monumentaux, d’escaliers infinis. L’idée était aussi de retranscrire un vertige qu’on ressentirait si on était à sa place. Je sais qu’il y a aussi d’autres influences un peu souterraines et forcément Tim Burton était un petit peu là.
Que représente pour toi l’univers de Tim Burton ?
Jérémie Almanza : C’est vrai qu’à 13 ans, j’ai découvert L’étrange Noël de Monsieur Jack et ça m’a bouleversé, ça m’a vraiment choqué et forcément c’est resté. C’est un film que j’ai regardé au moins plusieurs dizaines de fois.
Graphiquement, c’est aussi un film qui m’intéressait pour les croquis qui avaient été faits. Donc forcément l’univers de Tim Burton est là. Mais il y a plein d’autres choses.
Il se trouve que je regardais Twin Peaks à ce moment-là et la séquence où Perséphone rencontre la mort en est inspirée.
Comment vous êtes vous organisés matériellement pour travailler sur cet album ?
Séverine Gauthier : La première chose que je fais, c’est toujours le travail d’écriture qui vient en premier. Donc je rédige un synopsis complètement découpé en séquences du livre. Je détaille chaque chapitre du livre, chaque séquence et je pagine mon album.
Quand chaque séquence prête, je décide du nombre de pages que je vais accorder à chacune pour découper tout mon album. C’est le premier document de référence et d’écriture.
Ensuite, Jérémie le relit pour voir si l’enchaînement des différents chapitres lui plaît. Puis, c’est au tour des éditrices de relire. Et quand ça plaît à tout le monde, j’écris le scénario pendant que Jérémie fait les recherches qui correspondent aux différentes séquences. Comme les recherches des personnages pour les faire vivre visuellement. Mais aussi tous les décors qu’on va créer pour chaque séquence.
Dans mon découpage, j’essaie de mettre aussi des extraits de dialogues. J’adore travailler les dialogues, c’est vraiment le truc qui me plaît le plus, donc j’essaie d’en caser aussi dans mon découpage pour montrer le ton que vont avoir chacun des chapitres.
« Quand je travaille avec des artistes de talent comme Jérémie, leur point fort, c’est de transformer mon scénario en découpage visuel »
C’est donc après que tu écris le scénario.
Séverine Gauthier : Oui, quand on est d’accord sur le synopsis, j’écris le scénario, une écriture page par page et case par case. Quand le scénario est prêt, Jérémie fait le storyboard. Mon scénario est présenté sous forme de tableau. Pour la case 1, je décris l’image et je fais mon mon dialogue. Mais c’est plus un guide en fait, ce n’est pas dirigiste. C’est plutôt ce qu’on doit voir à l’image et ce que l’image doit transmettre en termes d’émotions.
Quand je travaille avec des artistes de talent comme Jérémie, leur point fort, c’est de transformer mon scénario en découpage visuel. Il peut décider de le changer et si ça fonctionne narrativement, il n’y a pas de problème. Quand tout ça est réglé avec les éditrices au niveau du storyboard, c’est parti pour les dessins et les couleurs, le gros du boulot.
Ce n’est donc pas toi scénariste qui décide seule du scénario ?
Séverine Gauthier : Absolument pas. En fait, il y a un va et vient constant et j’aime créer une relation de confiance avec les auteurs avec qui je travaille. Et en général, on retravaille ensemble parce qu’on devient amis. Ce sont des partages personnels, donc ça rapproche. Je ne m’imagine pas travailler avec des gens avec qui je ne m’entends pas artistiquement et personnellement.
Ce va et vient est important. Je ne peux pas abandonner mon scénario et ne rien voir. On est tout le temps en train d’échanger. Ce scénario, je l’ai écrit en deux temps et en voyant le travail de Jérémie, la deuxième fin n’a plus rien à voir avec la première. On se nourrit constamment et je ne m’interdis pas de revenir sur le scénario et de changer des choses. Rien n’est jamais figé et heureusement parce que je suis beaucoup plus satisfaite de la deuxième version.
« J’essaie de respecter quand même certaines règles cinématographiques en imaginant la bande dessinée comme un animé »
Jérémie, est-ce que tu as un point de vue cinématographique quand tu dessines ?
Jérémie Almanza : C’est vrai que j’essaie de m’inspirer du cinéma d’animation et des films pour ne pas faire d’erreur narrative. Par exemple, en respectant les règles du champ contrechamp, ce sont des choses que j’ai en tête. Parfois, je suis capable de faire des scènes où on a du mal à se placer dans l’espace, donc j’essaie de faire un effort là-dessus.
Ça a été un vrai casse-tête pour la séquence dans la chambre de Perséphone. On est dans un espace aigu et quatre personnages doivent interagir. J’ai dû imaginer comment était posée la scène, comment était placé tel personnage et ensuite ne pas trop bouger la “caméra”. Donc oui, j’essaie de respecter quand même certaines règles cinématographiques en imaginant la bande dessinée comme un animé.
Il faut aussi que les personnages soient vivants. Alors je potasse ce genre de technique pour essayer de faire quelque chose de lisible, en sachant que mon trait des fois est un peu fouillis. Je fais donc attention à ça aussi.
Est-ce que tu as une base de données pour tous ces intérieurs ?
Jérémie Almanza : J’ai une grosse référence cinématographique en la matière, c’est le directeur de la photographie Darius Khondji. Il a travaillé sur Delicatessen ou La cité des enfants perdus. Il a aussi travaillé sur Seven, donc pour moi c’est une référence absolue de la photographie.
Et il y a aussi le travail de Guillermo Del Toro, qui joue beaucoup sur les éclairages. Il aime bien l’éclairage un peu jaune dans un environnement rougeâtre. Je ne vais pas essayer de faire la même chose, mais ça va m’inspirer.
Dans le premier Hellboy, il y a une séquence avec des éclairages un peu chaleureux qui m’a inspiré pour la scène de la chambre. À la base, cette scène était dans une sorte d’éclairage verdâtre. Mais je n’étais pas satisfait et Séverine non plus. Il fallait que je la change en une ambiance chaleureuse pour trancher avec la séquence suivante qui allait se passer dans des souterrains lugubres. Donc narrativement, c’était plus intéressant de faire ça.
« J’ai une passion pour la poésie classique sur la mort. Elle me bouleverse et me perturbe aussi »
Séverine, tu as choisi d’intercaler des poèmes entre chaque chapitre, pour ce choix narratif ?
Séverine Gauthier : C’était vraiment un choix personnel. J’ai une passion pour la poésie classique sur la mort. Elle me bouleverse et me perturbe aussi. Ces textes me touchent énormément. Le projet initial était de proposer un chapitrage du livre comme une danse macabre. Comme dans les tableaux du Moyen- Âge où la mort vient emporter un personnage différent. L’idée c’était de montrer qu’on était tous égaux devant la mort qu’on soit un paysan ou un prince.
On avait envie de faire une danse macabre en ouverture de chapitres qui accompagnerait et chapitrerait l’histoire. J’ai fait une sélection des textes qui résonnaient bien avec chacun des épisodes de l’histoire. C’était aussi important pour moi de mettre cette dimension littéraire qui finalement parle de la mort d’une autre façon.
Finalement, c’est notre version à nous de la danse macabre, avec les dessins proposés par Jérémie et des personnages qui récitent des textes de Victor Hugo ou des chansons de Boris Vian.
Il y a un personnage très intéressant dans votre histoire, c’est Victor. Mais n’est-ce pas trop difficile d’insérer un personnage transparent au milieu de personnages visibles ?
Jérémie Almanza : À la base, je l’avais fait blanc, mais il se trouvait que ça n’allait pas. Ce fantôme a posé un petit souci, on aurait dit une statue. J’ai réfléchi pour proposer quelque chose de plus intéressant. L’idée, c’était d’en faire un personnage qui s’incluait dans le décor, donc transparent. Finalement, je trouve qu’il s’intègre mieux ainsi et ça a été pour moi une facilité plutôt qu’une difficulté.
Séverine Gauthier : C’est un peu le drame de la vie de Victor. Enfin de sa mort! Comme il n’a pas payé son soupir, il est condamné à l’errance. C’est le seul qui est là sans être là. Quand Jérémie a fait les premières versions transparentes de Victor, c’est devenu évident que c’était parfait. Alors oui, c’est vraiment compliqué à gérer dans les images, mais ça le rend complètement différent et ça sert complètement le propos de l’histoire.
Victor avait ainsi toute la dimension qu’il lui fallait pour qu’on comprenne son sort.
Jérémie Almanza : Au final, ça a été un personnage confortable à placer puisqu’il se fond dans le décor. Il suffisait de dessiner le personnage et derrière lui le décor au crayon pour qu’il soit un peu atténué, au lieu de faire à la plume.
Jérémie, quelles sont tes différentes étapes de travail ?
Jérémie Almanza : Au départ, il y a le storyboard pour le placement et pour les ébauches de décor. Ensuite, le crayonné, pas pour l’intégralité de la scène, mais avec quasiment toutes les masses des décors. Les personnages sont placés comme ils le seront définitivement.
Puis, il y a la phase d’encrage, c’est là où je vais vraiment tout fignoler. Donc je travaille à la plume et au brou de noix. Je laisse un léger lavis pour avoir une espèce de petite texture et par-dessus je vais apposer une colorisation numérique sous Photoshop. J’essaie d’être minimaliste avec de simples aplats, pour après poser quelques ombres afin que la scène soit lisible. Pour terminer, je travaille les couleurs avec les éclairages, c’est le moment le plus agréable.
La couleur, c’est un peu la spécialité de Barbara Canepa. Est-ce qu’elle t’a apporté des conseils ?
Jérémie Almanza : Sur cet album, elle ne m’a pas trop donné de conseils, je pense qu’elle me fait confiance. Mais j’avais Sky doll en référence dans ma tête. Il y a donc forcément une influence. De toute façon, dans mon parcours, Barbara m’a beaucoup aidé, m’a donné beaucoup de conseils, comme sur Eco, qui est l’un des premiers livres que j’ai fait avec elle.
Elle m’a beaucoup aidé tout en me laissant explorer des choses. Ce que j’aime avec Barbara, c’est que si elle est pas satisfaite, elle me le dit tout simplement.
« C’est un univers dans lequel il est agréable de passer du temps, pour travailler chaque détail puisqu’il nourrit la cohérence de l’histoire »
Comment fait-on matériellement pour travailler autant les détails ?
Jérémie Almanza : Je travaille sur des grands formats. Mes planches sont en format A2. C’est un univers dans lequel il est agréable de passer du temps, pour travailler chaque détail puisqu’il nourrit la cohérence de l’histoire.
Dans la bibliothèque des soupirs, dans chaque bocal, on voit un soupir différent. C’est comme dans l’univers de Guillermo Del Toro. Il a un sens du détail, de la photographie, de l’univers graphique qui me parle beaucoup. C’est une source d’inspiration. Je serai toujours là pour apprécier ce travail.
Si quelqu’un a envie de passer du temps à regarder, ce que j’aimerais évidemment, il trouvera effectivement des choses intéressantes, qui sont là pour nourrir l’univers. Séverine a imaginé un univers immersif. Donc, le travail de détail est là pour participer à l’immersion créée par Séverine.
C’est comme une mise en valeur du travail de l’autre.
Séverine Gauthier : J’adapte mon découpage, parce que c’est Jérémie qui va dessiner. Je connais son attachement aux détails, je sais qu’il aime quand ça foisonne et que c’est grandiloquent. Donc, je découpe différemment afin de lui laisser la place de s’exprimer parce que je sais ce que ça va apporter à l’histoire. Les décors que j’ai imaginés pour ce monde là, il va pouvoir transcender tout ça visuellement. En fait, ce livre est écrit pour lui.
Qu’en est-il d’une éventuelle suite pour Les Royaumes muets ?
Séverine Gauthier : J’ai travaillé en deux temps sur ce livre et j’ai modifié le scénario en changeant la fin, pour l’ouvrir davantage. Au début, c’était vraiment un one-shot avec une fin mais qui était bien fermée. Quand j’ai écrit, je me suis beaucoup amusée avec les personnages, même si la thématique est assez sombre. J’ai essayé de leur insuffler de l’humour et de me faire plaisir en les imaginant.
Sauf que, et ça m’arrive souvent, je me suis attachée à ces personnages. J’ai aimé les faire dialoguer, les faire vivre, leur donner ces caractères qu’ils ont chacun.
J’ai eu envie d’ouvrir la fin pour que Jérémie comme moi, on continue à explorer Les Royaumes muets. Le deuxième volume est déjà bien prêt dans ma tête. Je pense que les gens, qui ont apprécié ce premier livre, ont envie de repartir dans ces royaumes. Donc oui, on peut dire qu’on en fera un deuxième.
Était-ce une évidence pour vous deux que cette histoire trouve sa place dans la collection Métamorphose ?
Séverine Gauthier : En fait, on ne l’a présentée qu’à Métamorphose. On a déjà travaillé dans cette collection chacun de notre côté. Quand j’ai écrit cette histoire, je me suis dit effectivement qu’elle entrait dans leur ligne éditoriale. Cela a été une évidence que le livre serait bien accompagné par Clotilde Vu et Barbara Canepa. On n’a pas cherché d’autres éditeurs. Et puis on aime aussi la qualité de la fabrication de cette collection.
Jérémie Almanza : Notre travail s’est fait très naturellement. On a eu un très bon accompagnement éditorial sur le projet qui a évolué sous les remarques de Barbara plutôt axées sur le dessin et les remarques de Clotilde, plutôt axées sur la narration.
C’est un travail à quatre quelque part. Sans elles deux, le projet ce serait pas ce qu’il est. Moi je me sens bien dans cette collection. Ce projet est pour enfants, mais en réalité, c’est un projet tout public, avec un côté gothique assez appuyé. Donc, on est bien accueilli dans la collection Métamorphose.
« Visuellement, ils me plaisent énormément, ils ont chacun leur personnalité et j’ai envie de les faire évoluer »
Allez-vous garder les mêmes personnages pour la suite ?
Séverine Gauthier : On va garder Perséphone, Charles, Théophile et Victor. À la fin du livre, il se passe quelque chose, qui fait qu’ils sont tous liés. Donc, le tome 2 sera, a priori, la suite directe. On s’est attachés à ces personnages et Victor fait maintenant partie du quatuor. Visuellement, ils me plaisent énormément, ils ont chacun leur personnalité et j’ai envie de les faire évoluer. En tant que groupe et chacun personnellement.
Merci à Séverine Gauthier et Jérémie Almanza de nous avoir accordé cette interview pour nous parler de votre nouvel album Les Royaumes muets.
Interview réalisée le samedi 28 octobre 2023 au festival Quai des Bulles par Fabrice Bauchet et Claire Karius
Retranscription et mise en page : Claire Karius, crédit photos : Clémentine Sanchez
- Les Royaumes muets
- Scénariste : Séverine Gauthier
- Dessinateur : Jérémie Almanza
- Editeur : Oxymore, collection Métamorphose
- Prix : 18,95€
- Parution : 11 octobre 2023
- IBAN : 9782385610012
Résumé de l’éditeur : Perséphone a rencontré la mort l’année de ses douze ans, un jeudi, à 23h52. C’était le jour de la veillée funèbre de son voisin, Victor Columbaria. Elle ne fera vraiment sa connaissance qu’après sa mort lorsqu’elle se retrouvera nez-à-nez avec son fantôme, quelque peu désemparé. Charles et Théophile, collecteurs de soupirs, ont deux jours de retard… Il y a une vie après la mort et le dernier soupir est le prix pour y accéder. S’il n’est pas collecté, le défunt sera condamné à l’errance… Aussi, Perséphone n’hésite pas à franchir la porte du monde d’après la mort pour partir à la recherche du dernier soupir de Victor… Mais pourquoi peut-elle voir les morts ? Et pourra-t-elle revenir dans le monde des vivants ?…