Le fond de l’air est Fred

Qui peut bien se cacher sous le pseudo de Fred ? Qui est ce génie de la bande dessinée qui imagina Philémon ? Frédéric Othon Théodore Aristidès : sûrement. Un poète surréaliste : aussi. Un grand conteur : plus que ça. Un excellent dessinateur : à l’évidence. Les éditions Dargaud ont la riche idée de publier de nouveau Le fond de l’air est Fred, avec des inédits. Un régal !

Le fond de l’air est frais,
Laïho, Laïho !
Il n’y a plus d’saison,
Laïho, Laïho !

Cette magnifique intégrale de 352 pages – Le fond de l’air est Fred – doit son nom à la chanson de Jacques Dutronc Le fond de l’air est frais – que le maître de la bande dessinée co-signa avec le chanteur en 1971. Un très joli texte surréaliste et drôle comme pouvait l’être les albums de Fred.

Les maux stimulent le génie

Né en 1931 à Paris de grands-parents d’origine grecque, Frédéric Othon Théodore Aristidès était un génie du monde du 9e art. Précoce – il publia sa première histoire dans le magazine OK à 15 ans – l’artiste dessinera quasiment jusqu’à sa mort (Le train où vont les choses, 2013) malgré une période de blues. Ses premières illustrations, les lecteurs pourront les voir dans les revues : Paris-Match, Ici Paris, France Soir ou The New Yorker.

Vinrent ensuite les années Hara-Kiri qu’il cofonda avec le Professeur Choron en 1960. Il y côtoiera Cavanna, Topor, Wolinski, Reiser, Gébé et Cabu.  Six ans plus tard, le journal cessa de paraître et il entra alors à Pilote, sous la houlette de René Goscinny. C’est dans le numéro 300 du magazine que paraîtra la première aventure de Philémon : Le mystère de la clairière aux trois hiboux (16 volumes seront ensuite publiés de la superbe série). Il scénarisa aussi The time is money avec Alexis entre 1969 et 1973.

Cette période fut créatrice pour Fred, il sortit Le petit cirque en 1973  ou encore Cythère la petite sorcière en 1980, l’année de son sacre à Angoulême où il fut désigné par ses pairs, Grand Prix de la ville, distinction suprême de la BD.

Il fit alors une grosse dépression qui l’amena à faire de nombreux séjours à l’hôpital. Il se remit doucement et publiera alors L’histoire du corbac aux baskets (Prix du meilleur album en 1993 à Angoulême), L’histoire du conteur électrique ou encore L’histoire de la dernière image en 1999 pour ne citer que quelques-unes des magnifiques histoires de cet artiste hors-norme.

Le fond de l’air est Fred : génie, ô génie

Publiée une première fois en 1973, Le fond de l’air est Fred n’avait pas fait l’objet d’une réédition depuis 2011. Le lecteur peut ainsi (re)découvrir les courts récit de l’auteur franco-grec en dehors des Philémon. Toutes ces histoires furent prépubliées dans Pilote et/ou Hara Kiri. Ainsi, l’on retrouve Le fond de l’air est frais (1973), Hum (1974), ça va, ça vient (1977), Y’a plus d’saison (1978), Le Manu Manu et d’autres histoires sociales (1979), Parade (1982), mais aussi une cinquantaine de pages d’illustration découvertes dans la magazine dirigé par Goscinny.

Fou, excentrique, surréaliste et grand génie, Fred l’était aussi dans ces récits. Les lecteurs redécouvrent des pépites qui très souvent n’ont pas pris une ride. Ils rient du cynisme, de l’ironie, de la poésie, des délires et de l’onirisme de ces récits. Fred réinvente ainsi devant leurs yeux les codes de la bande dessinée, les tord pour mieux les sublimer. Le trait en noir et blanc est magnifique et les détournements de gravures – bien avant Philippe Geluck -hilarantes.

Le fond de l’air est Fred : génie ô génie; double, triple génie dans ce magnifique recueil. A lire en urgence pour éviter le chagrin de l’hiver !

Article posté le samedi 17 novembre 2018 par Damien Canteau

Le fond de l'air est Fred de Fred (Dargaud)
  • Le fond de l’air est Fred
  • Auteur : Fred
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 29.99€
  • Parution : 05 octobre 2018
  • ISBN : 9782205075557

Résumé de l’éditeur : Cet ouvrage réunit une sélection d’illustrations et bandes dessinées — que Fred réalisa pour ‘Hara-Kiri’ et ‘Pilote’ — parues dans les albums « Le Fond de l’air est frais » (1973), « Hum… » (1974), « Ça va ça vient » (1977), « Y’a plus d’saison » (1978), « Le Manu Manu » (1979) et « Parade » (1982).

Plusieurs inédits, jamais parus en albums, enrichissent cet opus, exposant ainsi une facette peu connue du créateur de Philémon.

Le fond de l’air est plus Fred que jamais…

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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