Le Quartier Manga : changer les codes des salons

Pour la troisième fois, la plateforme de lecture en ligne Mangas.io et nombre de ses éditeurs partenaires seront présents dans un festival en physique sous la même bannière. C’est le Quartier Manga. Après sa création pour la Japan Expo 2023 et sa variante « la Balade du Yokocho » au Festival d’Angoulême en janvier 2024, il revient à la Foire du Livre de Bruxelles, en avril. Que propose ce quartier regroupant plusieurs maisons d’édition ? 

Japan Expo 2023, la foule piétine les allées entre les stands d’éditeurs. Ici, le plateau d’émission Twitch de Glénat surplombe le festival, là les salles de jeux Ki-oon éclatent de monde et de bruit, façon Arcane de Pachinko. Quand tout à coup, surgit de l’océan de visiteur, un quartier tout droit sorti du Japon traditionnel. C’est un bloc d’échoppes aux toits de tuiles, entre les poteaux de bois, des lampions traces un chemin. 4 sous-blocs divisés par deux chemins perpendiculaires composent ce quartier venu d’un autre temps, en son centre : un dragon. Les étables sont bardées de mangas, des enseignes sont perchées sur les tuiles : Maho, Chatto Chatto, Nazca, Omaké, naBan, Komogi, La Nouvelle Hydre, Konkuru et l’école de manga Eima. C’est le Quartier Manga organisé par Mangas.io, le Netflix du manga.

Un décor commun, économique et écologique

Le Quartier Manga brille par son unicité visuelle. Fier de ses presque 200 mètres carrés, il regroupe les maisons d’éditions dont les ouvrages sont publiés sur Mangas.io.

L’idée germe au Festival International de la Bande Dessinée en 2023. « À l’époque, nous avions été gênés par le côté éphémère de notre stand, se rappelle Yun J. Inada, directeur des contenus chez Mangas.io, nous avions une belle structure dans laquelle nous avions beaucoup investi. Mais au bout de quatre jours, il a fallu tout détruire. Nous trouvions dommage de ne pas faire quelque chose de différent.« 

Mangas.io est une plateforme virtuelle regroupant aujourd’hui près de 300 licences et 1700 tomes, toute maison d’édition confondue. Un catalogue qui compte aujourd’hui 20 éditeurs dont 13 éditeurs indépendants. « Nous avons souhaité créer une structure commune, plus immersive et réutilisable que nous pourrions stocker d’un événement à l’autre, explique Yun J.Inada, dès que nous en avons parlé aux éditeurs, ils ont suivi l’idée. » 

Le projet est donc élaboré dès février en vue de la Japan Expo 2023.

Quartier en promenade

Lors du Festival International de la Bande Dessinée 2024, « la Balade du Yokocho » remplace le « Quartier Manga ». Mangas.io et ses éditeurs partenaires publient sur les réseaux sociaux une carte de circulation entre leurs différents stands, éparpillés dans la halle de Manga City.

« La Balade du Yokocho » perd donc son côté compact. Mais Mangas.io s’adapte : « Les organisateurs du FIBD étaient d’accord pour continuer à travailler avec nous sur le projet. Ils ont mêlé nos structures aux leurs. » Bien que dispatchés dans Manga City, chaque stand partenaire est repérable grâce à son toit de tuiles made in Quartier Manga. « C’est avec le Festival d’Angoulême que ça a commencé. Il n’y a donc aucune déception quant à l’aspect éparpillé de la Balade du Yokocho. » affirme Yun J.Inada. 

Lié par le merchandising

Au festival d’Angoulême 2024, Mangas.io recréer du lien entre ses partenaires grâce à des jeux. Il crée ainsi « des flux spontanés » entre éditeurs, détaille Yun J.Inada. Exemple en est des goodies et du « Stand Rallye« . Lors de leur passage chez un éditeur partenaire, les visiteurs peuvent faire tamponner une carte puis participer à une loterie sur le stand de Mangas.io. Ce dernier, doté d’un cerisier en fleur, siège tel un rond point au milieu des éditeurs indépendants. Le système profite particulièrement bien aux petits éditeurs, comme les éditions Myria. « Ils nous disaient ne plus avoir de goodies car trop de monde vient les voir ainsi, décrit Yun J.Inada, c’est un jeune éditeur qui se lance et qui a besoin d’avoir des flux spontanés de personnes qui ne les connaissent pas. C’est parfait. » 

Cette nouvelle formule est « un terrain de jeu différent« , s’amuse le directeur des contenus « nous avons un running gag dans l’équipe de mangas.io : Nous appelons ça « l’Extension de Territoire” en référence à Jujutsu Kaizen. En réalité, être dispersé nous permet de faire largement de la publicité pour Mangas.io. Avec la progression de l’application et le festival d’Angoulême, nous nous apercevons que nous avons des relais partout. » apprécie-t-il, « C’est un concept où la marque est très bien mise en avant.« 

Le village des irréductibles éditeurs indépendants

En juin 2023, le Quartier Manga rassemble surtout des éditeurs indépendants, loin de pouvoir concurrencer les stands à 4 ou 5 chiffres. « Sans une démarche commune comme le quartier Manga, certains éditeurs ne pourraient tout simplement pas venir. » acquiesce Yun J.Inada. Bien que Mangas.io rassemble aujourd’hui plusieurs éditeurs à gros budget, la démarche profite toujours avant tout aux éditeurs indépendants.

Manga City, à Angoulême, est répartie en deux espaces. Les éditeurs indépendants sont en première ligne à l’entrée de la bulle. Exception faite de Nazca que l’on retrouve en face de Ki-oon et Glénat, au fond de la halle. Les mastodontes du marché sont à l’arrière, avec leur stand XXL. Doté de leur design coordonné et reconnaissable, les 7 éditeurs indépendants, présents sur le festival avec Mangas.io sont ainsi doublement mis en avant.

« Lors de la Japan Expo 2023, calcule le directeur des contenus, les éditeurs indépendants qui étaient déjà présent, l’année précédente, ont doublé voir sextuplé leur chiffre d’affaires.« 

Une réalité moins tranchée pour la Japan Expo 2024, confie un éditeur indépendant, car les tarifs des stands ont augmenté par rapport à 2023. « Le budget global reste globalement le même, estime-t-il, avec l’avantage néanmoins d’avoir une meilleurs visibilité grâce aux structures du Quartier Manga. Ce qui nous permet aussi de gagner en crédibilité. »

Mangas.io explique notamment ces tarifs par des frais d’installation aussi cher en 2024 que la fabrication des structures, un an plus tôt. Raison pour laquelle certain éditeur choisisse de venir hors du Quartier Manga, note un autre éditeur indépendant. 

Le Quartier Manga de retour à Bruxelles 

Pour sa première année doté d’une programmation et d’un espace manga, la Foire du Livre de Bruxelles s’associe avec Mangas.io pour organisé l’espace dédié aux éditeurs de bande dessinée asiatique.

Le Quartier Manga sera donc de retour à la Foire du Livre de Bruxelles du 4 au 7 avril. Le quartier jette l’ancre à la gare maritime de la capitale belge sur le thème « L’escale Maritime« . Il est peuplé, encore une fois, d’éditeurs indépendants avec Shiba Edition, naBan, IMHO et Nazca. On y retrouve également les éditions Kana et Akata. Mais aussi Glénat, Vega Dupuis et TAICCA, l’agence de promotion artistique taïwanaise (Taiwan Creative Content Agency) qui accueille l’auteur Chang Sheng pour Yan, chez Glénat.

Mangas.io remet en place son « Stand Rallye » avec une participation à une loterie. Plusieurs annonce de nouveaux éditeurs partenaires seront faite. Par ailleurs, en lien avec la sortie de « Les combats invisibles » chez K Factory de Dupuis, des marques pages doté d’un QR code vers un site de sensibilisation seront distribuer pour informer et sensibiliser sur le harcèlement. 

• Pour découvrir la Foire du livre de Bruxelles et sa programmation BD, parcourez notre article : La Foire du livre de Bruxelles : focus sur le programme BD

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