A walk through hell 02

La promenade en enfer n’est pas terminée pour les agents Shaw et McGregor. Il est désormais temps de découvrir jusqu’où mène le chemin qu’ont tracé Goran Sudžuka et Garth Ennis. A walk through Hell, revient chez Black River dans un second opus toujours aussi glaçant.

A WALK THROUGH HELL : L’ENFER N’EST PAS PAVÉ QUE DE BONNES INTENTIONS.

Deux heures se sont désormais écoulées depuis que les agents Shaw et McGregor ont pénétré dans un mystérieux entrepôt de Long Beach. Et depuis, ils n’ont donné aucun signe de vie. Les membres de divers services de police ont beau s’amasser devant les lourdes portes en métal largement ouvertes, personne n’a le courage d’entrer.

« Je ne sais pas si c’est une sorte d’agent neurotoxique ou autre, mais on ne peut rien faire avant l’arrivée des experts – genre en tenue hazmat, ou -… »

Mais pour la directrice adjointe Driscoll, l’attente a assez duré. Et son état d’esprit peut désormais se résumer en une phrase :

« Mais en attendant, mes agents sont à l’intérieur. »

Alors, ignorant les avertissements que lui hurlent ses collègues médusés, elle décide elle aussi de faire un petit tour en enfer.

A WALK THROUGH HELL : LA PROMENADE N’EST PAS TERMINÉE.

Dans un premier tome très réussi, Garth Ennis et Goran Sudžuka avaient posé les jalons d’une aventures aussi angoissante qu’entrainante. Indéniablement, A walk through Hell comportait tous les ingrédients nécessaires pour constituer un excellent thriller horrifique. Mais à la fin du premier opus, bon nombre de questions restaient en suspens. Et bien malin celui qui aurait réussi à deviner là-où voulait nous emmener le talentueux scénariste de Sara. Et le fait est qu’avec La Cathédrale, la suite de la promenade en enfer tient toutes ses promesses.

UN SIMPLE THRILLER ?

Enfermés dans un entrepôt, les agents Shaw et McGregor ont touché du doigt l’horreur. Et de ce point de vue, l’ambiance pesante et le talent de Goran Sudžuka pour représenter l’abomination auraient d’ailleurs pu suffire à satisfaire le lecteur. Le fait est que sur certaines scènes, la tension est telle qu’on en vient à tourner les pages avec une certaine appréhension. Mais parallèlement, les enjeux évoqués et l’intrigue qui se déroule sous nos yeux nous poussent irrémédiablement à poursuivre. Ainsi, bien vite, on se retrouve dans la même situation que les protagonistes. Et toujours aux aguets, nous avançons dans notre lecture, entre crainte et curiosité. Mais comme toujours, c’est lorsqu’on croit avoir compris les enjeux de l’intrigue que Garth Ennis démontre tout son talent.

CTHULHU Y ES-TU ?

Au cinéma, le fantastique permet d’avoir recours au surnaturel, voire à l’horreur. Et dans un premier temps, A walk through Hell semble en reprendre les codes. Mais souvenons-nous que dans la littérature, le fantastique consiste à faire émerger le doute dans l’esprit du lecteur. L’univers décrit est-il le nôtre ou bien est-il régi par des forces surnaturelles ? Dans le cas présent, Garth Ennis souhaite jouer sur cette ambiguïté. Et lorsqu’il s’agit de jongler avec l’horreur, les enjeux peuvent très vite prendre des proportions inattendues. Ainsi, si le premier tome semblait se limiter à l’usage d’un fantastique horrifique, le second développe des thèmes et des réflexions bien plus profonds et bien plus angoissants. Et finalement, la question que nous amènera à nous poser le talentueux scénariste irlandais est aussi simple que terrifiante : l’horreur suprême est-elle celle que l’homme a inventée dans les fictions ou bien celle qu’il a créée dans la réalité ?

UNE VISION DÉSABUSÉE DE LA SOCIÉTÉ.

Dans cette stupéfiante remise en cause, l’auteur égratigne profondément son époque et le pays dans lequel il vit désormais : l’Amérique. Bien entendu, la politique est la première cible. Et on voit vite apparaître une remise en cause de la société. Aussi violente que précise, elle ira jusqu’à la formulation de piques acerbes à l’encontre de Donald Trump et de tout ce qu’il représente. Mais bien entendu, la religion n’est pas en reste. Et l’auteur de Preacher fera un petit détour vers la France pour développer une réflexion magistrale dont lui seul a le secret. Mais cette fois-ci, point de touche d’humour pour adoucir la réflexion. Quand les plus anciens mensonges de l’humanité viennent grossir les plus récents, on le sent, le temps n’est plus à rire.

 

Avec A walk through Hell, Garth Ennis nous livre une œuvre complexe, sombre et désabusée. Parfaitement secondé par Goran Sudžuka aux dessins et Ive Svorcina à la colorisation, il désire cette fois-ci mettre la société face à ce qu’elle a créé de pire depuis la nuit des temps.

Article posté le vendredi 16 décembre 2022 par Victor Benelbaz

A walk through hell 02 de Garth Ennis et Goran Sudžuka (Black River)
  • A walk through hell 02
  • Auteur : Garth Ennis
  • Dessinateur : Goran Sudžuka
  • Coloriste :  Ive Svorcina
  • Traducteur : Philippe Touboul
  • Éditeur : Black River
  • Prix : 18,90 €
  • Parution : 27 octobre 2022
  • ISBN : 9782384260119

Résumé de l’éditeurQuand l’horreur dépasse l’entendement, saurez-vous distinguer la réalité de vos pires cauchemars ? Piégés dans l’entrepôt de Longbeach, les agents spéciaux du F.B.I., Shaw et McGregor, voient leur réalité se tordre une fois de plus, les plongeant dans une toute nouvelle dimension de terreur. Leur guide est Paul Carnahan, le tueur d’enfants dont ils ne sont jamais parvenus à prouver la culpabilité, un homme que l’on sait pourtant mort et enterré. Au fur et à mesure que ce monstre trop humain raconte son histoire, le duo commence à réaliser l’horreur véritable de leur situation – une vérité qui exigera de chacun un lourd sacrifice. Frappée par les souvenirs de ses fautes professionnelles, la directrice adjointe Driscoll s’efforce d’atteindre les deux agents, avant de comprendre que ses crimes ont peut-être déjà scellé leur destin. Carnahan détient toutes les réponses – mais l’homme qui se cache derrière est désormais bien plus qu’un simple meurtrier. Un deuxième et dernier volume, scénarisé par Garth Ennis (Preacher, The Boys, JIMMY’S BASTARDS) et dessiné par Goran Sudžuka (Y : The Last Man, Hellblazer), où péchés passés et anciens mensonges se mêlent pour annoncer une nouvelle aube terrifiante de l’histoire de l’humanité.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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