Undertaker 6 – Salvaje

Avec Salvaje, deux ans après L’indien blanc, Xavier Dorison et Ralph Meyer clôturent leur dernier diptyque d’Undertaker, dans un final urbain plein de bruits et de fureur…

Salvaje, mission impossible

Jonas Crow, notre Undertaker (croque-mort) de choc a été engagé par son vieil ami de larcin Sid Beauchamp, qui s’est établi comme Sherif à Tucson. Pour épouser la riche veuve Joséphine Barckal, ce dernier doit rapporter le cadavre de son fils Caleb, mort en territoire apache.

Lors de la mission de récupération, Jonas apprend que le défunt, surnommé L’indien Blanc, est mort de la main de Sid, qu’il était marié à une guerrière apache impitoyable, Salvaje, et qu’ils ont eut un fils ensemble Chato.

Malheureusement, Jonas Crow, Salvaje, Chato et le vieil indien Kenitei sont capturés par la bande de Sid. Suivant les directives de sa future femme, Sid doit assurer le départ du corps de Caleb pour des funérailles à Tucson, et le bannissement des indiens. Pour s’assurer de la coopération de Crow, il expose Salvaje sur un poteau. Si Jonas tente quoi que ce soit, la vindicte populaire pourrait s’ abattre sur elle…

Undertaker, une grande série Western

Le macaron collé sur la couverture de ce nouveau tome d’Undertaker assure fièrement qu’il s’agit de « la plus grande série Western depuis Blueberry ». C’est un argument marketing que je trouve un peu exagéré, mais Undertaker fait partie, à mon humble avis, des séries majeures de ce genre depuis 20 ans.

Avec Bouncer de Boucq et Jodorowsky, et dans un style plus décalé Chinaman de Serge Letendre et Olivier Taduc  ou Stern de Frédéric et Julien Maffre, cette série portée par le scénario de Xavier Dorison et le graphisme réaliste de Ralph Meyer est un must du genre, à découvrir et à suivre avec toujours autant de surprises et de plaisir de lecture. 

Salvaje, fin de partie

Comme pour les précédents albums, Xavier Dorison a construit son histoire en diptyque. A la fin du tome précédent, il laissait Jonas Crow en piètre posture. Son anti-héros a mis à jour les conditions réelles de la mort de Caleb, mais il se retrouve prisonnier. À priori, pas moyen de leur échapper. Xavier Dorison le joue toujours aussi finement, en construisant sa deuxième partie sur les personnages secondaires.

Dans la danse, entrent Salvage, l’épouse de Caleb, Chato son fils et sa mère Joséphine pour un dernier round très urbain et explosif. Sans oublier la tension et l’action (façon film hollywoodien très maîtrisé), ses personnages permettent à l’auteur de s’interroger  sur la filiation. Malgré ses désaccords profonds avec sa mère, Caleb reste-t-il son fils ? Chato a t-il le droit d’être élevé dans la culture apache de sa mère ? Tout va se résoudre par la poudre et les armes, grâce à Jonas Crow, qui sert de détonateur…

Un anti-héros pas si « anti » que ça

C’est peut-être le seul bémol de ce diptyque. Croque-mort et mauvais garçon, le caractère anti-héros (qui n’aime pas les gens et le fait savoir), est une base de la construction de cette série. Même s’il a toujours une certaine facilité à voir partir les gens autour de lui (sous terre ou simplement loin de lui), Jonas devient un peu le vengeur du secteur.

À défaut de rétablir la justice (ce qui paraît impossible dans cet univers de colons sans foi ni loi), Jonas adopte la vengeance pour seule raison… Certes, il n’aime (presque) personne, mais il prend toujours son flingue pour “défendre les faibles”.

Ralph Meyer, dieu du dessin

Depuis ces premiers albums (Berceuse Assassine, Ian, Asgard…), j’ai admiré le dessin réaliste et minutieux de Ralph Meyer. S’il maîtrise parfaitement la technique de l’encrage classique, sa science du découpage assure mouvement et dynamisme à ses planches. Chaque case est composée avec soin, dégageant avant-plans et arrière-plans, dans une écriture très cinématographique. L’ensemble est rendu encore plus lisible par la mise en couleur subtile de Caroline Delabie.

Ce dernier tome permet à Ralph Meyer de sortir des ambiances typiques des Western (Sierra plombées sous le soleil et steppes enneigées) pour se plonger dans un décor plus urbain. Malgré la richesse des détails architecturaux et les lignes de fuites marquées qui s’imposent, Ralph Meyer fait un parcours sans faute. C’est beau, un vrai page turner que j’ai dévoré avec un plaisir immense.

Article posté le lundi 30 août 2021 par jacques

Undertaker 6 : Salvaje de Dorison et Meyer (Dargaud)
  • Undertaker T6 – Salvaje
  • Auteur : Xavier Dorison
  • Dessinateur : Ralph Meyer
  • Coloriste : Caroline Delabie
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 15 €
  • Parution : 27 août 2021
  • ISBN : 9782505083382

Résumé de l’éditeur : Dans L’Indien blanc, Sid Beauchamp était chargé par Joséphine Barclay de retrouver la dépouille de son fils, Caleb, réduit en esclavage par les Apaches et enterré au coeur des terres interdites d’Arizona. Pour mener à bien cette mission, il a fait appel à Jonas Crow, son ami de jeunesse devenu croque-mort. Ce qu’il ne lui a pas dit, c’est qu’il a lui-même empoisonné Caleb. Et que celui-ci, marié à une Indienne nommée Salvaje, avait embrassé la cause du peuple Apache sous le nom de guerre d’Indien Blanc. De retour avec le cadavre de Caleb, Salvaje et Chato, l’enfant né de leur union, Beauchamp savoure son triomphe. Il va enfin pouvoir épouser Joséphine, la femme la plus riche de Tucson. À condition que Jonas Crow s’en tienne à la version officielle et ne révèle à personne que Sid est responsable de la mort du jeune homme. Mais Salvaje, avec l’aide de Jonas, est bien décidée à venger la mémoire de l’Indien Blanc… Ce sixième tome de la série, servi par la maestria graphique de Ralph Meyer, associé pour les couleurs au talent de Caroline Delabie, et l’imagination puissante de Xavier Dorison, confirme la place d’Undertaker au sommet du western en bande dessinée.

À propos de l'auteur de cet article

jacques

Designer Digital, je lis et collectionne les BD depuis belle lurette. Ex Rédacteur en chef d’Un Amour de BD, j’aime partager ma passion pour ce média, et faire découvrir les pépites que je croise. Passionné par la narration sous toutes ses formes, je suis persuadé qu’une bonne BD a autant de qualités qu’un autre produit culturel (film, livre, disque…) et me fais fort de vous l’expliquer.

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