Yawara

Entraînée par son grand-père excentrique, Yawara pourrait devenir une très grande judokate. Mais la jeune adolescente ne rêve que d’une chose : être une fille comme le autres. Les éditions Kana proposent les deux premiers volumes de Yawara, le titre qui a fait connaître le talentueux Naoki Urasawa, le créateur de Monster, Asadora et 20th Century Boys.

Mystérieuse judokate

Alors qu’il fait le pied de grue devant un immeuble, le journaliste sportif Matsuda est le témoin d’une scène surréaliste dans la rue : une jeune adolescente met à terre un voleur par une technique de judo. Son collègue sort alors son appareil photo mais le cliché est mauvais parce que l’on ne distingue pas du tout la jeune fille. Il décide néanmoins d’en faire un article pour le lendemain. Tout le monde est à la recherche de la justicière.

De son côté, comme tous les jours, Yawara Inokuma s’entraîne avec son grand-père Jigorou, un homme excentrique mais très grand maître. Il lui rappelle d’ailleurs sans cesse l’objectif qu’il lui a fixé : la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1992 et le Prix d’honneur de la nation.

Mais voilà, Yawara n’en peux plus, elle ne veut pas continuer le judo.

« Je veux être une fille comme les autres »

Après une petite enquête rapide, Matsuda pense que Yawara est la jeune adolescente justicière. Il se rend alors chez Jigorou avec son collègue afin d’éclaircir ce mystère.

A peine arrivé, le grand-père malicieux lui rit au nez lorsqu’il lui pose la question. Il faut dire que Inokuma est futé : il voudrait que sa petite-fille s’entraîne sans être vue afin de ménager le secret et ainsi éclater aux yeux de tous par surprise.

Il faut souligner que Yawara est élevée par Jigorou. Son père a disparu et sa mère, trop occupée par sa carrière, est rarement présente dans sa vie.

Et si Sayaka était l’adversaire idéale ?

Alors qu’elle se dispute avec son grand-père au milieu d’une route, une voiture manque de les écraser. Pour se faire pardonner Sayaka Honami et son chauffeur décident de les recevoir dans sa vaste demeure.

Jigourou découvre alors que l’adolescente est une vraie championne dans de nombreux sports. Ses trophées remplissent la cheminée principale. Mais plus rien ne la motive parce qu’elle a tout gagné. Tout non : elle ne s’est jamais frottée au judo.

Piquée au vif par le vieil homme, quelques jours plus tard, elle décide de suivre ses entrainements. Mais Yawara lui assène directement une prise qui lui casse sa fausse dent. Désormais, Sayaka sera la rivale de l’adolescente. Une aubaine pour Jigorou qui voit en cette adolescente, une adversaire pour motiver Yawara. Mais encore une fois, sa petite-fille lui oppose un refus. Elle ne veut plus faire de judo. Mais le facétieux grand-père a plus d’une tour dans son sac pour lui faire changer d’avis…

Yawara, le phénomène manga, enfin en français !

C’est avec Yawara que Naoki Urasawa connait son tout premier succès éditorial. Alors âgé de 26 ans, le mangaka né en 1960 est propulsé sur le devant de la scène. Le phénomène est immense avec 30 millions d’exemplaires vendus des 29 volumes, entre 1986 et 1993. La série est alors déclinée en dessin animé mais également en jeux vidéo et en film live. L’engouement est tel que les licenciés de la fédération japonaise de judo se multiplient. Il faut souligner que la discipline entre pour la première fois dans le programme des Jeux olympiques de Barcelone et que le mangaka situe l’action de son récit quelques mois auparavant.

Naoki Urasawa devient un auteur que tout le monde s’arrache puisque parallèlement à Yawara, il signe l’intrigue de Master Keaton mais également Monster.

De la fibre comique d’Urasawa

Loin des intrigues polar, fantastiques voire parfois sombres de Naoki Urasawa que l’on connait en France, Yawara est une série lumineuse et drôle. Avec ce récit, on découvre alors tout le génie comique du mangaka. Ce titre nous rappelle en cela les séries animées des années 1980, folles et déjantées.

Cette drôlerie, Naoki Urasawa, la met en scène par l’entremise de personnages secondaires complétement fadas. En premier lieu, il y a Jigorou. Cet ancien grand champion de judo est un entraîneur exigent. Il est porté sur la bonne bouffe, ingurgitant des tonnes de nourriture à pas d’heure. Sa curiosité mal placée, ses ingénieux stratagèmes et ses prises de bec avec sa petite-fille apportent énormément d’humour à la série.

Il y a également Matsuda, le journaliste, amoureux secret de Yawara. Légèrement malhabile, il enchaîne les catastrophes. En plus des camarades de classe ou les élèves judokas – très mauvais – on peut aussi noter Kazamatsuri, bel homme qui deviendra l’entraineur de sa rivale Sayaka, la seule très sérieuse, jalouse et envieuse du talent de la judokate.

Les jeux du chat et de la souris pour se cacher du monde mais aussi avec les prétendants de l’adolescente, apportent aussi de leur lots d’humour.

On apprécie aussi le côté bienveillant et toujours serviable de la jeune Yawara. Malgré sa réticence à pratiquer le judo, elle veut toujours bien faire et se laisse porter lorsqu’elle doit enfiler un kimono. Si elle veut être une adolescente comme les autres, l’héroïne éprouve aussi ses premiers émois. C’est ainsi que l’auteur d’Asadora et Atchoum met en scène des prétendants farfelus mais aussi des romances secrètes agréables à la lecture.

Yawara bénéficie d’une belle partie graphique. Le découpage est dynamique, les scènes de combats enlevés et les personnages très expressifs. La version française par Kana est prévue en 20 volumes : on a hâte !

Article posté le mercredi 23 décembre 2020 par Damien Canteau

  • Yawara, tomes 1 et 2
  • Auteur : Naoki Urasawa
  • Editeur : Kana, collection Big Kana
  • Prix : 15 €
  • Parution : 24 septembre 2020
  • ISBN : 9782505084952

Résumé de l’éditeur : Depuis toute petite, Yawara Inokuma a été entraînée par son grand-père Jigorô Inokuma, un champion de judo, qui voit en elle une future star de la discipline. Mais contrairement aux attentes de son aïeul, la jeune fille ne rêve que de mode, d’amour, d’idol… Bref, elle n’aspire qu’à une vie d’adolescente ordinaire, loin des entraînements et des compétitions. Mais c’est sans compter son talent inné pour le judo, que son entourage ne lui permettra pas d’oublier…!

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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