{ En Bref } avec Gaëtan Nocq

À l’occasion de la sortie de son dernier album Les grands cerfs édité chez Daniel Maghen, l’auteur du Rapport W est venu nous en parler. Un entretien avec Gaëtan Nocq, qui s’est tenu le 15 décembre 2021, lors du live diffusé sur la page Instagram de Yoann Debiais @livressesdesbulles.

Pour ce { En Bref } nous avons retenu quelques phrases pour vous faire découvrir Gaëtan Nocq et son dernier Album Les grands cerfs.

 

« Avant d’être auteur de bandes dessinées, j’ai beaucoup fait de carnets de voyage. J’ai un peu roulé ma bosse en faisant du dessin in situ dans différents pays du monde ou en banlieue parisienne. »

 

« Parallèlement, j’ai une activité, mais qui diminue parce que la bande dessinée prend plus d’importance maintenant dans ma vie professionnelle, qui est celle d’enseignant en Design graphique. »

 

« La Boîte à Bulles a été une bonne maison d’édition pour mettre le pied à l’étrier. Une bonne expérience pour ces deux projets (Soleil brûlant en Algérie et Capitaine Tikhomiroff). »

 

« Au mois de mars cette année, il y aura l’anniversaire des Accords d’Evian (18 mars 1962) et un documentaire va sortir sur les auteurs de bande dessinée qui ont travaillé sur la Guerre d’Algérie. Jacques Ferrandez, Joël Alessandra, deux autres auteurs, et moi. Un 52 minutes sortira sur France 3 qui s’appellera Nos ombres d’Algérie, chez Kanari films. »

Le rapport W

« Pour Le rapport W, je suis allé deux fois sur place parce que ma démarche d’investigation et de conception repose en amont sur une immersion sur place quand c’est possible. »

« C’est une adaptation du rapport écrit par Witold Pilecki, un mémoire qu’il a écrit sur sa mission à la fin de la guerre et qui a été traduit en français en 2014. C’est une amie Isabelle Davion, historienne, qui a travaillé sur les notes historiques, qui m’a présenté le projet. On est venu me chercher en fait. »

 

« Cette histoire est très complexe parce qu’on part des nazis et on finit avec le stalinisme. On suit cet acte très fort, cet engagement de cet officier qui sauve sa peau. Cette mission est un dépassement de soi. Son dernier acte de bravoure sera cette évasion, parce qu’il sait qu’il ne peut plus rien faire. »

 

« J’ai toujours de l’émotion quand je parle de ce projet. Isabelle Davion a été ma conseillère historique pendant tout le projet. Elle a écrit un opus à la fin de l’album, le discours du scientifique, alors que moi je fais un travail d’artiste. J’essaie de trouver un équilibre entre le fait historique et l’expression artistique. »

Les grands cerfs

« Le roman d’origine est celui de Claudie Hunzinger… J’ai adoré raconter cette immersion. Comment raconter l’apparition, le furtif, c’est un vrai défit en bande dessinée. Et puis on est dans un récit contemporain, mes trois précédents albums étaient des récits dits historiques. Là, on est dans l’aujourd’hui. »

Les grands cerfs

« Je considère que la couleur vient de la lumière. Si en plein soleil, la lumière tape sur les feuilles, on a du vert. Mais selon un certain point de vue, on peut avoir du blanc par effet de miroitement. A contre-jour, une feuille peut être dans les bleus, mauves, voire noirs. C’est la leçon des peintres impressionnistes, la couleur dépend de l’incidence de la lumière sur les choses. »

 

« Pour moi la couleur, à travers mes deux derniers récits, a plus l’ambition d’évoquer ou de connoter un climat psychologique. D’où les scènes en plein jour qui sont bleues. Enfin qui sont dans des bleus parce qu’il n’y a pas qu’un bleu. »

 

« Ma palette n’est pas le bleu. Je pars de deux couleurs fondamentales, le bleu et le magenta. En fonction de ça, je vais sur des bleus purs, des bleus violets si je mets plus de magenta. Il y a même des planches avec du magenta pur… Ma couleur n’est pas dans une logique naturaliste et descriptive. C’est plutôt de l’intériorisation. »

Mon travail

« J’aime bien sentir les lieux quand c’est possible, aller sur place dans un premier temps. J’ai repris mon sac à dos de carnetiste de voyage… J’ai d’abord rencontré Claudie. Une rencontre humaine. J’ai vu où elle vivait, parce que cette histoire, c’est un peu son double. Ce roman s’inspire de son expérience. »

 

« Je me suis enfoncé dans la forêt en fonction des points de vue. J’ai dessiné des arbres, des vues de vallées. Il fallait que je sente les choses. A partir de là j’ai trouvé une écriture… J’aime bien partir à l’aventure, en néophyte. »

 

« Une adaptation ça n’existe pas. Une adaptation littérale, même si on prend un texte ligne par ligne et qu’on illustre phrase par phrase, on arriverait à 250.000 pages. Chaque auteur aura une vision différente pour raconter telle scène. Une adaptation c’est un point de vue d’auteur et c’est ce qui m’intéresse. »

 

« Le rapport au temps est important. Avec la bande dessinée, ce qui est intéressant, c’est que c’est le lecteur qui décide. Dans un film, il y a un défilement. La bande dessinée, le livre en général, chacun a son rythme de lecture. »

 

Merci beaucoup Gaëtan Nocq d’avoir pris du temps pour venir nous parler de ton album Les grands cerfs.

CET ENTRETIEN ET SA RETRANSCRIPTION ONT ÉTÉ RÉALISÉS DANS LE CADRE DU LIVE QUI S’EST TENU MERCREDI 03 NOVEMBRE 2021 SUR LA PAGE INSTAGRAM DE YOANN DEBIAIS @LIVRESSEDESBULLES .
Article posté le jeudi 27 janvier 2022 par Claire & Yoann

Les grands cerfs de Gaëtan Nocq (Daniel Maghen)
  • Les grands cerfs
  • Auteur : Gaétan Nocq
  • Editeur : Daniel Maghen
  • Prix : 29 €
  • Parution : 23 septembre 2021
  • ISBN : 9782356741035

Résumé de l’éditeur : C’est dans les montagnes des Vosges, dans une ancienne métairie au coeur de la forêt, que Pamina a choisi de vivre isolée du monde avec son compagnon Nils. Elle se sait entourée par un clan de cerfs dont elle ne perçoit que les traces. Jusqu’au jour où un inconnu, Léo, photographe animalier, construit une cabane d’affût et l’initie à l’observation des grands cerfs. Au fil des saisons, par tous les temps et souvent de nuit, Pamina guette l’apparition des cerfs. Elle apprend à les distinguer, les nommer et découvre aussi toute une vie sauvage. Au fil de cette initiation, elle va découvrir d’autres clans plus cruels – les hommes qui gèrent la forêt et les chasseurs – et s’engager dans le combat pour la préservation de la nature et de ses espèces sauvages

À propos de l'auteur de cet article

Claire & Yoann

Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.

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