Les 6 et 7 juin derniers, l’université de Poitiers accueillait les Journées nationales BD et enseignement supérieur. Au programme des rencontres et des débats sur la place du 9e art dans l’enseignement universitaire. Organisées par Art Université Culture, elles se déroulaient à la Maison des étudiants de la cité pictave.
Journées nationale BD et enseignement supérieur, un lieu de débats
Les Journées nationale BD et enseignement supérieur se sont ouvertes le mardi 6 juin avec la rencontre de Thomas Verhille. Cet auteur de bande dessinée fut en résidence à l’Université de Poitiers plusieurs mois.
Il a animé des ateliers d’écriture et de dessin mais a également rencontré des professeurs et chercheurs sur le campus poitevin. A l’image de Robin Cousin avec Des milliards de miroirs, Thomas Verhille publiera son album conçu pendant cette période aux éditions FLBLB, maison d’édition pictave. Des planches étaient déjà visibles dans le hall de la Maison des étudiants.
Deux tables rondes et deux focus
Cette première journée fut riche en débat. Deux tables rondes furent organisées autour des Spécificités et apports de la bande dessinée dans l’action culturelle universitaire & La BD comme outil de valorisation de la recherche et de médiation scientifique.
Des autrices et auteurs (Morgane Parisi, Bearboz et Daniel Alexandre) ainsi que des enseignants-chercheurs (Frédéric Chauvaud, Julien Gaillard, Viviane Alary…) sont intervenus dans ces deux tables rondes.
Deux focus furent aussi organisés. Un sur la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême avec Jean-Philippe Martin, un de ses conseiller scientifique. Un autre sur Ma thèse en 2 planches avec PEB, auteur de BD.
Une deuxième journée très riche
Le mercredi 7 juin, deux temps forts étaient organisés pour les Journées nationale BD et enseignement supérieur.
Un focus sur Bandes de labos. En mars 2021, Anaïs Leroux et Grace Akrong se lançaient dans un projet ambitieux. Celui de créer un album de bande dessinée de 184 pages autour des 36 laboratoires scientifiques du campus de Poitiers.
Chaque laboratoire, avec l’aide d’illustratrices et illustrateurs, propose trois planches de bande dessinée pour vulgariser des concepts scientifiques.
Bandes de labos : un outil de vulgarisation scientifique
Les deux chargées de médiation scientifique ont donc fait appel à Nathalie Brousse, éditrice spécialisée dans les projets scientifiques. Elle a ensuite constitué un groupe de neuf dessinatrices et dessinateurs se partageant les 36 laboratoires. Anne Bernadi, Maxime Jeune, Naïs Coq, Olivier Crépin, Céline Penot, Giorgia Marras, Nicolas Gazeau, Tristan Lagrange et Jim Jourdane (Les mésaventuriers de la science) fondent ainsi le pool d’artistes. Leurs univers graphiques permettent de donner une grande richesse au futur livre
Tiré à 5 000 exemplaires, ce recueil ne sera pas vendu mais sera proposé en version papier et numérique aux collégiens et lycéens de l’académie de Poitiers. Il sera également décliné en anglais et accessible en avril 2024. Des outils de médiation seront aussi proposés aux établissements scolaires et au grand public.
36 labos, 36 histoires
Ce projet Bandes de labos est doté d’un budget de 150 000 € pour la fabrication de l’ouvrage, l’intervention d’une maquettiste et payer les artistes.
Chaque laboratoire dispose donc de 4 pages pour développer son concept. La première page permet de présenter l’unité scientifique puis les trois suivantes la bande dessinée.
L’artiste doit se mettre dans la peau de quelqu’un qui visite un laboratoire. Il a carte blanche pour le ton de son récit. L’autrice ou l’auteur peut venir en immersion dans le laboratoire s’il le souhaite. Il peut ainsi rencontrer le directeur, des enseignants-chercheurs ou des doctorants. Il prépare ses recherche, réalise les trois planches et les fait valider par le personne référente.
Journées nationale BD et enseignement supérieur : la formation par la BD
Après le focus sur Bandes de labos, les Journées nationale BD et enseignement supérieur se sont poursuivies par une table ronde animée par Justin Wadlow, enseignant, co-responsable de la licence Métiers de la BD à l’université de Picardie et bénévole à On a marché sur la Bulle.
Trois témoins sont intervenus pour raconter leur travail autour de la Formation par la BD :
- Corinne Faucheux, maître de conférence, unité de biologie à l’université de Bordeaux. Elle fait utiliser la bande dessinée dans les Travaux pratiques des élèves de Licence 2, Licence 3 et Master 1. Au départ un roman-photos, les documents sont rapidement devenus des bandes dessinées. La fiche est distribuée avant le TP. Ce qui permet à l’étudiant.e de préparer le TP. Elle sert également de fiche de révision. Plus ludique et plus visuelle, elle a permis de faire de réel progrès aux élèves. 80% des étudiant.es ont lu la bande dessinée avant de venir au TP, ce qui est un pourcentage important.
- Lucie Goussard, maître de conférence en sociologie à l’université d’Evry Paris-Saclay. Elle a organisé des ateliers d’écriture dessinés afin de créer un recueil illustré de concepts de sociologie. La vingtaine d’élèves, avec l’aide d’une artiste – il y eut notamment Léa Mazé, autrice des Croques et Elma une vie d’ourse – devait décliner une notion de sociologie (genres, habitus, mobilité sociale…). De ces ateliers fut créé un album de 70 pages avec 26 concepts. Il est distribué gratuitement à la rentrée scolaire aux nouveaux étudiant.es.
- Philippe Baryga, artiste et enseignant-chercheur à l’INSPé de Bordeaux. Les élèves de CAPES réalisent une planche autour de l’enseignement de l’Histoire de l’art. Cette page équivaut à une copie de CAPES. Pour corriger les concepts choisis ou les erreurs graphiques, Philippe Baryga répond en dessin lui aussi.
Les Journées nationale BD et enseignement supérieur : deux journées passionnantes autour du 9e art et d’enseignement universitaire.
À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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