L’arabe du futur, tome 4

Après trois premiers formidables volumes, Riad Sattouf propose le quatrième tome de L’arabe du futur, son excellente série autobiographique aux éditions Allary.

Après les séries humoristiques, Pipite Farlouz, Retour au collège, La vie secrète des jeunes, Pascal Brutal ou Les cahiers d’Esther, Riad Sattouf livre une œuvre tendre, parfois touchante et très drôle avec L’arabe du futur. Ce récit autobiographique sur plusieurs volumes est un véritable coup de cœur de la rédaction Comixtrip (volume 1, volume 2 et volume 3) !

Avec plus de 1.5 millions d’exemplaires vendus et traduit dans 22 langues, L’arabe du futur est la série de bande dessinée qu’il faut avoir dans sa bibliothèque. Unanimement saluée par la critique, elle raconte les années d’enfance de Riad Sattouf.

Dans ce 4e volume (courant de 1987 à 1992), les lecteurs retrouvent le petit garçon blond balloté entre la Bretagne et la Syrie. Tout au long de l’album, la famille Sattouf – les trois enfants, la mère et le père – vont être obligés de déménager soit au Moyen-Orient soit en France chez les parents de la mère.

Excédée par les balivernes de son mari, la Française ne veut plus le suivre aveuglément dans ces délires. Surtout depuis son passage en Arabie Saoudite, Abdel-Razak est tombé dans une hyper-religiosité. Lui si ouvert et laïc dans les précédents tomes, fait du Coran sont livre de chevet au point d’imposer des cours à son fils Riad – qui a perdu tout son arabe en France – et à devenir le pire des homophobes.

A chaque déménagement au Moyen-Orient, c’est la même rengaine, la mère s’ennuie et doit restée cloîtrée chez elle, Riad doit retourner à l’école et se faire insulter (de juif, d’homosexuel ou de sale Français…) et le père de faire miroiter monts et merveille à tout le monde. Il serait riche. Obsédé par l’argent, il est pourtant pingre lorsqu’il doit en envoyer à sa femme en Bretagne.

Le grand-père maternel, quant à lui, n’a qu’une peur : celle que son petit-fils soit homosexuel. Il multiplie donc les remarques pour l’inciter à regarder les femmes et parfois cela est extrêmement gênant.

Au milieu de tous ces adultes, il y a Riad qui jouissait jusqu’à présent d’une grande aura (le plus beau grâce à sa chevelure blonde et le plus intelligent) mais qui va tomber de haut juste après une nouvelle coupe de cheveux.

A travers 288 pages, le réalisateur des 2 excellents films – Les beaux gosses et Jacky au royaume des filles – dévoile encore un pan de son histoire personnelle qui se mêle à celle de la Syrie ou de celle de l’Arabie Saoudite. Alors qu’il lui arrive les pires ennuis, il arrive toujours à les tourner en ridicule pour faire rire son lectorat. Sans avoir pris aucune note, Sattouf se souvient de tout et surtout n’invente rien. Un exploit !

L’ultime pied de nez de Riad Sattouf, c’est qu’à la fin de la première semaine de la sortie de ce volume 4, il détrôna le livre de Zemmour. Un arabe du futur qui met à terre un aigri du passé, chapeau !!!

Article posté le jeudi 18 octobre 2018 par Damien Canteau

L'arabe du futur 4 de Riad Sattouf (Allary)
  • L’arabe du futur, volume 4 : une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1992)
  • Auteur : Riad Sattouf
  • Editeur : Allary
  • Prix : 25.90€
  • Parution : 27 septembre 2018
  • IBAN : 9782707192561

Résumé de l’éditeur : Âgé de neuf ans au début de ce volume, le petit Riad devient adolescent. Une adolescence d’autant plus compliquée qu’il est tiraillé entre ses deux cultures – française et syrienne – et que ses parents ne s’entendent plus. Son père est parti seul travailler en Arabie saoudite et se tourne de plus en plus vers la religion… Sa mère est rentrée en Bretagne avec les enfants, elle ne supporte plus le virage religieux de son mari. C’est alors que la famille au complet doit retourner en Syrie… Dans le premier tome (1978-1984), le petit Riad était ballotte´, de sa naissance a` ses six ans, entre la Libye de Kadhafi, la Bretagne de ses grands-parents et la Syrie de Hafez Al-Assad. Le deuxième tome (1984-1985) racontait sa première année d’école en Syrie. Le troisième tome (1985-1987) était celui de sa circoncision. Ce quatrième tome, exceptionnel par son format (288 pages) et par ce qu’il révèle (le coup d’État de son père), est le point d’orgue de la série.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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