Le cheval d’orgueil

Notre avis : Il y a 40 ans, Pierre-Jakez Hélias publiait Le cheval d’orgueil. Pour commémorer le succès de ce roman (2 millions d’exemplaires vendus), Bertrand Galic le décline en bande dessinée aidé par Marc Lizano aux pinceaux.

Sous-titré Mémoires d’un breton au pays bigouden, l’album retrace l’enfance et l’adolescence de Pierre-Jakez Hélias entre la Première Guerre Mondiale et les années 30. Le lecteur découvre ainsi la vie des villageois, la famille du héros – plus particulièrement le grand-père – ses amis et surtout un région à l’identité forte qui lutte pour sa survie. A l’époque, le pouvoir souhaite que les langues régionales laissent la place au français en cours.

Pour le scénariste, le roman « évoque un territoire cher à [son] cœur et surtout des thèmes qui [le] touchent énormément : la quête d’identité, la filiation, la transmission ». Quant à Marc Lizano « les valeurs défendues par Pierre-Jakez Hélias autour de l’éducation, de l’humanisme, des racines et de la culture » sont importantes à transmettre.

Plutôt réussie, cette adaptation de l’autobiographie de l’auteur breton possède un charme désuet et est emplie de belle nostalgie. Reste la dessin de l’auteur de La petite famille (La Gouttière) qui rend le récit merveilleux.

  • Le cheval d’orgueil
  • Scénariste : Bertrand Galic, d’après Pierre-Jakez Hélias
  • Dessinateur : Marc Lizano
  • Editeur : Soleil, collection Noctambule
  • Prix : 17.95€
  • Parution : 16 décembre 2015

Résumé de l’éditeur : Récit autobiographique, Le Cheval d’Orgueil de Pierre-Jakez Hélias a rencontré un succès phénoménal

en librairie (près de 2 millions d’exemplaires circulent à ce jour dans le monde).
Cette oeuvre, qui brille par son authenticité et sa force, retrace l’enfance et l’adolescence d’un petit Breton du pays bigouden, entre la Première Guerre mondiale et le milieu des années 30. Avec lui, se révèlent les visages d’une famille, la personnalité d’un village, les contours d’une région. On découvre un « pays », celui d’une nation paysanne luttant pour sa survie. Touchés par la sensibilité qui émane du regard de l’enfant, Bertrand Galicet Marc Lizano ont souhaité revisiter un passé, un patrimoine en explorant, dépoussiérant et adaptant ce récit pétri de mystère, de rêve et d’aventure.

Et quel plus beau moment que celui de la commémoration des 20 ans de la disparition de l’auteur et des 40 ans de l’oeuvre !

 

Esmera

Notre avis : Tel le sticker collé sur la couverture « Pour public averti », l’album Esmera de Zep et Vince trouble par son côté cru et pornographique. Le créateur de Titeuf, pour une fois se retrouve au scénario. Son récit à la fois fantasmagorique et fantastique ravira les amateurs d’érotisme et de porno-chic, les autres n’y trouveront pas leur compte.

Pour mener à bien son propos, il met en scène Esmera, une femme d’une soixantaine d’années, qui se rappelle ses premiers émois physiques lorsqu’elle avait 16/18 ans. Avec son amie Rachele, plus expérimentée dans ce domaine qu’elle, elle rêve d’une première fois magique. Pourtant ce sera un coup vite fait de quelques minutes avec Gabriele dans une clairière en marge d’une fête de village. Essayant toutes les acrobaties possibles, même avec sa copine, elle n’est pas satisfaite. Jusqu’au jour où elle découvre qu’au moment ultime du plaisir, elle se retrouve avec un attribut masculin entre ses cuisses et qu’elle prend l’aspect d’un homme. Horreur ! Que faire ? Elle qui espère toujours une vraie relation fait fuir les prétendants lorsqu’ils découvrent cette métamorphose. Elle se dit alors que le mieux est d’en profiter, enchainant les coups d’un soir. Lassée, elle sortira avec une femme bi puis un homme bi, pouvant jouer sur les deux côtés de sa nouvelle sexualité.

Disons-le tout net : cet album n’est pas très bon ! L’histoire qui navigue avec le rêve et le fantastique n’emballe guère. Le schéma narratif et la narration est d’un classicisme attendu et même l’idée originale du début n’affole guère les émotions du lecteur. Se voulant une histoire moderne par sa thématique contemporaine : la recherche d’identité sexuelle, le bissexualité, l’homosexualité ou le genre; tout semble ici si artificiel. Coincée dans un corps interchangeable mais incontrôlable, nous avons plutôt de la pitié pour Esmera que de l’admiration pour cette forme de liberté dans sa sexualité.

Alors qu’il s’était essayé à une histoire plus adulte (Une histoire d’hommes, Rue de Sèvres), s’en sortant avec les honneurs, il n’arrive pas à franchir le pas dans l’érotisme.Ce n’est pas parce que l’on met dans son récit des fellations, sodomies ou cunnilingus que cela va toucher le lecteur ! Il faut un peu plus de corps dans le texte. Son complice sur Les chronokids (avec Stan, Glénat) propose une partie graphique plutôt aboutie. Son trait semi-réaliste, agrémenté de couleur sépia, lui permet de composer des planches efficaces. Des erreurs dans les visages et les expressions sont vite oubliées par les courbes généreuses des femmes.

  • Esmera
  • Scénariste : Zep
  • Dessinateur : Vince
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 24€
  • Parution : 16 décembre 2015

Résumé de l’éditeur :

À la fin des années 1960, Esmera Santeneo grandit à l’école pour fille du Sacro Cuore en Italie. C’est dans cet environnement austère que la jeune fille voit ses premiers désirs charnels naître en elle. Partageant ses sentiments avec son amie Rachele, Esmera vivra ses premières expériences avec des garçons. Dans l’Italie des années 1960, l’éducation sexuelle est balbutiante et le plaisir de la femme, optionnel. Les premières aventures d’Esmera sont souvent décevantes mais riches en enseignements. Quand enfin elle parvient à maîtriser son plaisir, elle découvre que son corps possède un pouvoir unique et exceptionnel : elle change de sexe avec chaque orgasme ! En se retrouvant dans la peau d’une femme ou d’un homme, Esmera aura la possibilité d’explorer relations amoureuses et jouissances d’un double point de vue : masculin et féminin. De plus, vieillissant deux fois moins vite que le commun des mortels, cette « super-héroïne » charnelle traversera le siècle jusqu’aux années 2010 et sera le témoin privilégié de l’évolution de la sexualité et du plaisir au cœur de notre société.

Les vieux fourneaux # 3

Notre avis : Wilfrid Lupano et Paul Cauuet dévoilent la troisième aventure de leur série Les vieux fourneaux, intitulée Celui qui part, qui met en lumière la vie de Mimile dit La Biouche.

Pour lutter contre les grands groupes pétro-chimiques qui produisent des pesticides, Pierrot se déguise en abeille mais se fait arrêter par la police. De leur côté, Antoine et Mimile se retrouvent sous un déluge immense dans le Sud de la France. Obligés d’écoper, ils distribuent les bassines et aident les habitants plongés sous d’immenses inondations. De plus côté, les brebis de Berthe risquent la noyade mais sont sauvées in extremis. Il faut dire que la vieille femme fait peur et plus personne ne lui parle depuis des décennies. Pourtant Sophie aime aller lui acheter des oeufs et elle ne comprend pas d’où vient cette tradition ridicule.

Avec plus de 300 000 albums vendus, la série a trouvé son public.  Il faut dire que le trio de papis est sympathique et les trois personnages truculents. Le premier volume a d’ailleurs obtenu le Prix du Public à Angoulême en 2015 et c’était mérité. Alors que l’univers était bien installé, l’idée des plus intéressantes; patatras, le deuxième opus était moins bon. Quant à  celui que l’on tient en main, c’est dans la veine de Bonny and Pierrot très moyen. Alors que l’intrigue met en lumière des problématiques actuelles (les pesticides ou les inondations dans le Sud de la France à cause du sur-bétonnage), il faut attendre la seconde partie de l’album pour enfin connaître la vie de Mimile. Le début est donc enlevé mais pas réellement nécessaire. La partie graphique est quant à elle plutôt bonne, dans la veine des deux précédentes.

Est-ce que les deux auteurs ont été pressé par l’éditeur pour sortir trois albums en deux ans ? Pour surfer sur le succès avant qu’il ne décline ? D’où la difficulté à se renouveler. Dommage cette série méritait mieux.

  • Les vieux fourneaux, tome 3 : Celui qui part
  • Scénariste : Wilfrid Lupano
  • Dessinateur : Paul Cauuet
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 11.99€
  • Parution : 13 novembre 2015

Résumé de l’éditeur : Après deux albums en 2014, voici le troisième tome, très attendu, des Vieux Fourneaux ! Lupano et Cauuet se penchent cette fois sur le cas de Mimile, qui a passé sa vie à bourlinguer dans le Pacifique, entre bourre-pifs, rugby et amitiés au long court. Pirate un jour, pirate toujours ! En parallèle : Pierrot et son collectif « Ni Yeux Ni Maître » jouent les abeilles tueuses, et Sophie apprend qu’à la campagne, on ne prend pas ses oeufs de poule chez les vieilles chouettes. Bref, les « vieux fourneaux » sont de retour, pétant la forme !

Pieter et le Lokken

Notre avis : Après le très bon La poudre d’escampette, de Chloé Cruchaudet, la collection Les enfants gâtés de la maison d’édition Delcourt propose Pieter et le Lokken, une fable pour jeune lecteur signée Olivier Supiot sur un scénario de Olivier Ka.

Autour du village de Pieter, les oiseaux ont disparu et les habitants ont peur depuis que les lokkens ont élu domicile dans la forêt. Le père du jeune garçon part souvent avec d’autres hommes détruire les larves de ces êtres terribles. Sous leurs airs d’ange lorsqu’elles naissent, les créatures en grandissant, se transforment en véritable démons destructeurs. Mais un jour, Pieter tombe sous le charme de l’une d’elles, encore bébé; il désobéit aux adultes en la gardant. La ville est alors menacée.

On a connu Olivier Ka plus inspiré dans ses autres scénarios (l’excellent Pourquoi j’ai tué Pierre, avec Alfred, Delcourt) ! Pour cette fable pour enfants, il distille du fantastique avec ces drôles de créatures, Les lokkens (doux petits animaux se transformant en méchants comme Les Grimlins). Même si son petit personnage est ambivalent (charmant mais naïf et désobéissant) et le décor merveilleux (un village du nord de l’Europe sous la neige au milieu d’une forêt), l’intrigue s’avère très (trop ?) classique. Il faut dire que la morale de l’histoire est un peu trop gentillette : ne désobéissez jamais aux adultes !

Voulant rendre un bel hommage au peintre flamand Brueghel, Olivier Suppiot réussit un peu son entreprise. Les décors enneigés et les effets graphiques « contes de Noël » sont plutôt bien rendus. Son trait tout en rondeur est efficace, agrémenté de couleurs chaleureuses aux crayons et à la gouache.

  • Pieter et le Lokken
  • Scénariste : Olivier Ka
  • Dessinateur : Olivier Supiot
  • Editeur : Delcourt, collection Les enfants gâtés
  • Prix : 14.50€
  • Parution : 18 novembre 2015

Résumé de l’éditeur : Dans le village de Pieter, cela fait longtemps que les oiseaux ont disparu à cause des Lokken. Les larves de ces êtres fantastiques sont charmantes et pourtant, c’est à cette étape de leur vie qu’il faut les tuer, avant qu’elles ne se transforment en monstres destructeurs. Mais Pieter tombe sous le charme de l’une des chimères, qui lui procure d’incroyables et dangereux pouvoirs.

 

HMS, l’intégrale

Notre avis : Parues entre 2005 et 2011 (trois dyptiques) chez Casterman, les aventures de HMS (Her Majesty’s ship ou His Majesty’s ship) sont compilées en intégrale, cette fois-ci aux éditions du Long Bec. Cette grande fresque historique autour de la thématique de la mer est mise en page par Johannes Roussel sur un scénario de Roger Seiter.

1795. Pris en pleine tempête, trois navires La Danaé, le Thames et la Miranda sont au plus mal. Ce dernier sombre et les rares rescapés réussissent à monter sur le premier cité. John Fenton, l’un d’entre eux, est un tout jeune diplômé en médecine. Il est accusé de la mort d’une juge lorsqu’il était à terre. Embarqué un peu de force sur le premier bateau, il se retrouvera avec les vrais assassins du magistrat. De plus, le commandant de bord le nomme docteur du navire après les décès de Wood qui serait tombé en mer et du chirurgien en chef.

Ce récit de trame classique sur la thématique maritime du XVIIIe siècle est pimenté par une intrigue policière à bord. Ce huis-clos permet donc d’installer une ambiance lourde. Ajouter à cela un jeune médecin qui doit découvrir les meurtriers et l’on obtient une histoire plutôt réussie et qui plaira aux amateurs de ce genre de bande dessinée. La seule coïncidence trouble est la présence des assassins du juge (un peu facile, non ?).

Roger Seiter, en vieux routier du scénario (une quarantaine d’albums chez Casterman et Glénat, dont Lefranc, Le policier qui rit ou l’excellent Trou de mémoire) utilise à merveille une toile de fond historique propice à l’aventure et aux enquêtes. Le point fort de cette histoire est la belle mise en valeur du milieu maritime. Le lecteur ressent la houle, les embruns et les vagues. Le quotidien à bord est lui aussi un sans faute historique.

Nous apprécions moins la partie graphique proposée par Johannes Roussel. Le dessinateur allemand, qui a travaillé sur une dizaine d’albums (Après un si long hiver, Trajectoires ou Alsace 1576) s’il est à l’aise sur les décors, les navires ou les combats maritimes (il a obtenu des conseils précieux de Jean-Yves Delitte, peintre officiel de la Marine et auteur de nombreux ouvrages sur la marine) a beaucoup plus de mal concernant les personnages et plus particulièrement les visages (nous ne distinguons pas toujours qui est qui).

  • HMS, l’intégrale
  • Scénariste : Roger Seiter
  • Dessinateur : Johannes Roussel
  • Editeur : Long Bec
  • Prix : 39.50€
  • Parution : 20 novembre 2015

Résumé de l’éditeur : Les trois lettres HMS sont un préfixe de navire utilisé dans la Royal Navy qui correspondent à l’abréviation de Her Majesty’s Ship ou His Majesty’s Ship selon que le monarque anglais est de sexe féminin ou masculin…

La série met en scène des navires britanniques à la fin du 18eme siècle, à une période qui se situe entre la Révolution Française et les guerres napoléoniennes. Il s’agit donc de récits qui s’apparentent au genre littéraire des « récits maritimes ».

Les six volumes initialement parus chez Casterman racontent les aventures de John Fenton, un jeune médecin accusé de qui est emmené de force à bord de la Danaë, un navire de ligne de 74 canons. Il y fait ses débuts de matelot aux côtés de son ami Byam avant de se voir confié la charge de médecin du bord.A bord de la Danaë, John mène avec brio une enquête policière qui le fait remarquer par les services secrets de l’Amirauté britannique.

Fox’s garden

Notre avis : Au cœur de l’hiver, un jeune garçon aide une renarde à mettre au monde ses renardeaux. Camille Garoche dévoile cette sublime histoire d’amitié et d’entraide dans Fox’s Garden, publiée par Soleil.

Après les magnifiques Marie-Antoinette carnet de reine de Benjamin Lacombe, Billy Brouillard de Guillaume Bianco, Carnets de Cerise de Chamblain & Neyret, Chemin Perdu d’Amélie Fléchais ou encore Pinocchio de Jérémie Almanza, la collection Métamorphose donne carte blanche à la jeune auteure qui a fait ses études d’Arts graphiques aux Beaux-Arts de Cergy. Pour son récit muet d’une grande tendresse, elle réalise ses pages en papier découpé (elle explique son travail dans cinq pages à la fin de l’album).

Idéal pour les tout-petits, elle imagine une drôle de rencontre entre une renard et un jeune garçon. Cette opposition être humain-animal sauvage, si elle est peu originale, fonctionne ici à merveille. Chassée par les autres habitants du village, elle trouve refuge chez l’enfant qui lui apporte même de la nourriture.

Simple mais tellement bienveillante, cette histoire est poétique et d’un grand optimisme. A lire, à offrir !

  • Fox’s garden
  • Auteure : Camille Garoche
  • Editeur : Soleil, collection Métamorphose
  • Prix : 12.99€
  • Parution : 25 octobre 2015

Résumé de l’éditeur : Par une froide nuit d’hiver, une renarde cherche désespérément un abri pour mettre au monde ses petits… Les premiers flocons font leur apparition. Chassé tour à tour par les habitants du village, l’animal sauvage finit par se réfugier dans une serre, au fond d’un jardin… Depuis la fenêtre de sa chambre, un petit garçon l’aperçoit et décide de lui apporter son aide. Trouvera-t-elle une idée singulière pour le remercier ?…

 

Ritournelle

Notre avis : Lieu secret et mystérieux par excellence, le couvent a toujours fasciné et intrigué certains auteurs. Vivre en autarcie, sans le regard des autres permet d’imaginer des histoires ambitieuses. C’est le cas de Ritournelle, un manga de Aoi Ikebe aux éditions Komikku.

Ce très beau roman graphique frappe le lecteur tout d’abord par sa partie graphique d’une grande beauté. Ce manga est composé d’un trait très fin, quasi aérien grâce à des couleurs d’une belle luminosité. Le visage de ces religieuses presque diaphane rompt avec l’habituelle représentation plutôt austère de ces lieux de prières.

Les longs silences présents dans l’histoire sont entrecoupés de dialogues concernant Dieu ou les taches quotidiennes. Au milieu de ces femmes sans âge, mais que l’on devine plutôt jeunes, se trouvent de très jeunes filles (orphelines ?) qui ont pour but de devenir à leur tour, nonne.

Le dévouement et le don de soi pour dieu semblent pourtant ébranlés par les hommes et plus particulièrement un qui se présente pour acheter des racines d’igname récoltées dans le couvent. Qui est-il ? Pourquoi Soeur Marwena semble-t-elle si troublée à sa vue ? Dans cet endroit fermé comment se positionner face aux Hommes ? (Ils sont désignés comme le mal, Satan). Peut-il y avoir des espaces de liberté ?

Plutôt réussi, Ritournelle plaira aux amateurs de bandes dessinées contemplatives, qui appellent la réflexion.

  • Ritournelle
  • Auteure : Aoi Ikebe
  • Editeur : Komikku
  • Prix : 18€
  • Parution : 25 novembre 2015

Résumé de l’éditeur : Plusieurs enfants orphelins vivent dans un monastère sous la protection de plusieurs soeurs. Le monde, elles ne le connaissent que très peu puisqu’elles se rendent en ville une fois tous les 7 ans. Pourtant, soeur Maruena ne peut oublier un homme qu’elle a rencontré il y a longtemps et son coeur oscille depuis entre amour et foi. Amila, la petite protégé de soeur Maruena suit son enseignement inconditionnellement. Pourtant lors d’une de ces fameuses excursions en ville, leurs routes se sépareront. Maruena trahira dieu et épousera un homme et Amila se dévouera à die

Chroniques de Tindharia #2

Notre avis : Habituée aux publications familiales pour les plus jeunes, la maison d’édition française Nobi Nobi ! a fait le choix de faire découvrir des artistes japonais; comme le soulignent les créateurs Pierre-Alain Dufour et Olivier Pacciani « Apporter de réelles émotions esthétiques à chaque enfant et contribuer à leur patrimoine culturel grâce à la générosité des œuvres japonaises ». Depuis 2010, elle a mis en lumière le travail de Sato Horakura avec Pan’Pan Panda, de Mariko Shinju avec Mamie faut pas gâcher ou encore Shiitake avec Yôsei le cadeau des fées.

Avec le deuxième volume de Chroniques de Tindharia, elle fait le grand saut vers le shônen pur (pour les adolescent). Dans ce manga signé Ayumi Fujimura, le jeune lecteur suit les aventures de Leyle et Citra, deux jeunes adolescents vivant dans un petit village qui vient d’être attaqué par des Chevaliers noirs accompagnés de Nerls, créatures fabuleuses.

Prévu en trois volumes, Chroniques de Tindharia est un joli jôsei édité en 2011 au Japon et prépublié par la revue Comic Zero Sum. Le récit de Ayumi Fujimura utilise habilement les codes des histoires de type shônen pour son histoire. Afin d’accrocher son lectorat féminin adolescent, elle met en scène Layle et Citra, deux personnages auxquels les lectrices se reconnaîtront.

Dans le premier volume : Layle est un jeune garçon orphelin de père et qui vit avec sa maman dans une petite maison dans le village de Rhubarb. Vaillant, il manie les épées comme personne. Son amie, Citra possède un don exceptionnel : elle utilise sa voix pour interpréter des chansons ayant des effets magiques. Pourtant, elle n’arrive toujours pas à atteindre son but, car elle est timide et peu sûre d’elle. Sa sœur Rosa possède ce don unique mais elle n’habite plus dans le village. Le dernier du trio d’amis est Elfyn, qui adore défier Layle, possède un œuf de Nerl et rêve de quitter le village, trop petit pour lui.

Alors que Rhubarb est protégée par des enchantements, un jour, des Chevaliers noirs se rendent chez la Matriarche, la shamane du village. Cette dernière est la préceptrice de Citra pour lui apprendre l’art du chant magique. Accompagnés de nerls, les individus malmènent les villageois. Elfyn est alors tué et Layle décide de partir à la recherche des assassins de son ami.

Tous les ingrédients sont réunis pour accrocher la lectrice : magie, quête initiatique, jeune héros vaillant, vengeance personnelle, épopée et ennemis sanguinaires. La partie graphique est très classique mais soignée. Connue des joueurs de jeu vidéo, Ayumi Fujimura ayant imaginé en 2006 les personnages de Tales of legendia (Playstation 2), propose des planches d’une belle lisibilité.

  • Chroniques de Tindharia, volume 2
  • Auteur : Ayumi Fujimura, d’après Haruka Shimotsuki et Nao Hiyama
  • Editeur : nobi nobi !
  • Prix : 7.65€
  • Parution : décembre 2015

Résumé de l’éditeur : Dans l’univers médiéval fantastique de Tindharia, le petit village de Rhubarb est le dernier endroit où naissent les Mesyaria, jeunes magiciennes qui tirent leur pouvoir de chansons ancestrales. Cherchant à vivre en paix, les habitants de Rhubarb se sont retranchés depuis de nombreuses années loin des guerres de territoires en jeu à la Capitale mais surtout loin des dangers des attaques de Nerls, bêtes mystiques avides de sang.

Vivant à Rhubarb depuis leur naissance, Layle, fils d’un héros mort à la guerre et Citra, apprentie Mesyaria, ne connaissent rien du monde extérieur. Pourtant suite à l’arrivée de mystérieux chevaliers noirs, une terrible tragédie vient frapper le village : le destin de nos deux enfants en est alors bouleversé à jamais, et c’est un voyage épique qui commence pour eux !

Le journal d’une soubrette (album pour adulte)

Notre avis : Les éditions Tabou BD dévoile la nouvelle version de Le journal d’une soubrette, un album pour adulte signé Xavier Duvet. Pour ce bel album érotique-porno, l’auteur français met en scène une femme immigrée dans les Etats-Unis des années 50, qui joue les soubrettes pour gagner un peu d’argent.

Pour pimenter les parties fines, il distille une intrigue policière : un procureur est retrouvé mort en lingerie chez une tenancière d’un bar à prostituées. N’ayant pas le choix, elle doit aider la police et mener sa propre enquête en soumettant de belles jeunes femmes qui seraient mêlées de près ou de loin à l’affaire.

De la scène soft à la scène plus hard, Xavier Duvet réussit plutôt son entreprise. Mettre en scène le fantasme de quelques hommes – la soubrette française – fonctionne bien. Docile, serviable, elle est prête à tout pour engranger quelques dollars. Le côté polar noir américain comme toile de fond lui permet de jouer sur les décors et les sous-vêtements de l’époque.

Le trait en noir et blanc au fusain est idéal pour l’ambiance d’après Seconde Guerre Mondiale. Si les postures et les trois-quarts sont abouties, la mise en scène dans les vignettes est très classique et peu originale.

  • Le journal d’une soubrette
  • Auteur : Xavier Duvet
  • Editeur : Tabou BD
  • Prix : 15€
  • Parution : 27 novembre 2015

Résumé de l’éditeur : Ah, le fantasme de la soubrette française, docile, serviable, à la pudeur légère… Notre soubrette nationale a fait le tour du monde et aujourd’hui encore la French maid est un classique érotique outre-Atlantique.

Avec le style old fashion de la BD noire des annés 50, Xavier Duvet nous narre l’histoire de cette petite française partie aux Amériques pour y faire fortune. Mais l’affaire tourne mal et, prenant exemple sur Philip Marlowe, elle devra mener l’enquête pour se tirer de ce mauvais pas…

Le jour où ça bascule

Notre avis : Pour célébrer les 40 ans d’existence des Humanoïdes Associés, la maison d’édition a proposé à 14 auteurs, une variation sur le thème : Le jour où ça bascule. Avec : Boulet, Eddie Campbell, John Cassaday, Bob Fingerman, Atsushi Kaneko, Keiichi Koike, Emmanuel Lepage, Taiyô Matsumoto, Frederik Peeters, Paul Pope, Katsuya Terada, Naoki Urasawa, Bastien Vives, et Enki Bilal qui signe la couverture.

Pour chacune des 13 histoires, le dessinateur a imaginé ce moment crucial, nœud obligatoire et indispensable d’un récit. Seul dans son coin, il a mis en image comme il le souhaitait et l’entendait, ce temps ô combien important. Toutes ces fictions font alors resurgir des émotions au lecteur : la biographie fictionnelle de Emmanuel Lepage ou Eddie Campbell, de la chronique intimiste au récit d’anticipation, du rire à la mélancolie.

Pour ce recueil, nous retiendrons particulièrement : Le pet de Hanako par Taiyô Matsumoto, L’éveil d’Emmanuel Lepage, Screwed ! de Atsushi Kaneko, I want to believe de Boulet, La femme du prédateur de Paul Pope, L’enfant de Bastien Vivès ou Laïka de Frédérik Peeters.

  • Le jour où ça bascule
  • Auteurs : Collectif
  • Editeur : Les Humanoïdes Associés
  • Prix : 21.99€
  • Parution : 02 décembre 2015

Résumé de l’éditeur : « Le jour où ça bascule  » : ces quelques mots ont inspiré quatorze auteurs internationaux, tous reconnus, et tous différents. Le résultat est drôle, dramatique, terrifiant ou mystérieux. Mais il est surtout une ode à la création qui exprime la richesse inépuisable du neuvième Art. Répondant à l’exigence d’innovation graphique défendue depuis 40 ans par Les Humanoïdes Associés, cette anthologie anniversaire est le fruit du développement international de la maison d’édition, la seule française présente directement sur les territoires américain et japonais.

Sword art online, phantom bullet #1

Notre avis : L’univers de Reki Kawahara, Sword Art Online est riche. Tout d’abord proposé en nouvelles, il est ensuite décliné en manga (le design est signé Abec) : le premier arc narratif Aincraid est illustré par Tamako Nakamura (paru entre 2010 et 2012), puis Fairy Dance mis en image par Hazuki Tsubasa (entre avril 2012 et avril 2014), Phantom Bullet dessiné par Kōtarō Yamada (depuis avril 2014) et enfin Calibur dessinée par Shii Kiya (depuis 2014).

En ce qui concerne le spin-off qui nous concerne, Phantom Bullet, le lecteur retrouve Kirito, le personnage principal de Sword Art Online peu de temps après les soucis qu’il a eu avec le célèbre jeu de rôle en ligne massivement multijoueur en réalité virtuelle (VRMMORPG). Il est sommé de travailler, non sans réticence, avec le Ministère des Affaires Internes et de la Communication et plus particulièrement Kikuoka. Il doit mettre tout en œuvre pour enquêter sur le mystérieux et inquiétant Death Gun, un personnage trouble du jeu Gun Gale Online. Il se connecte alors à cet univers et s’inscrit au tournoi Bullets of the bullets et ainsi éveille l’intérêt de Death Gun. Il sera aidé par Sinon, une joueuse professionnelle très habile.

Alors que Aincraid et Fairy Dance se déroulaient dans un univers très fantasy, celui-ci a pour toile de fond une époque qui voue un culte aux armes à feu. L’histoire repose sur des ressorts très (trop ?) classiques mais elle est plutôt réussie et assez accrocheuse. La partie graphique de Kōtarō Yamada est le gros point fort de cet premier opus. Les décors sont détaillés et les personnages fidèles au design de Abec.

  • Sword art online, Phantom Bullet, volume 1
  • Scénariste : Reki kawahara
  • Dessinateur : Kotaro Yamada
  • Editeur : Ototo
  • Prix : 6.99€
  • Parution : 29 octobre 2015

Résumé de l’éditeur : Vous êtes ici dans un jeu vidéo, mais vous n’êtes plus là pour jouer. » Un an après son retour dans le monde réel, Kirito se voit confier une mission dans le nouveau VRMMO à la mode, Gun Gale Online, pour enquêter sur la mort mystérieuse de joueurs décédés après avoir été tués à
l’intérieur du jeu…

Pendant ce temps, une mystérieuse joueuse du nom de Shinon semble à la recherche permanente d’un adversaire capable de lui procurer des sensations de jeu intenses… sans que personne ne sache rien de son véritable objectif…

Séki, mon voisin de classe #2

Notre avis : Les éditions Akata dévoilent le deuxième volet de Séki mon voisin de classe, un manga léger et un peu amusant signé Takuma Morishige.

Alors que le succès de L’élève Ducobu (Zidrou et Godi, Le Lombard) est un mystère de l’édition pour moi, au même titre que Les Profs (Pica et Erroc, Bamboo), Akata a acquis la licence de Séki mon voisin de classe, sorte de version plus intelligente et plus amusante que le héros des deux premiers auteurs. Succès public au Japon avec plus de 3 millions d’exemplaires vendus (en 6 tomes), Tonari no seki-kun, plonge le lecteur dans le quotidien de deux lycéens : Séki, inventeur fou, maniaque du bricolage et des matériaux en tout genre ; et Rumi, sa voisine de classe, bonne élève. Intelligent, le jeune adolescent n’écoute jamais aucun cours au grand dam de sa camarade qui ne comprend pas pourquoi il passe son temps à imaginer des trucs plus fous les uns que les autres. Fulminant, contenant sa colère, elle est toujours étonnée qu’aucun professeur ne le voit, ne lui dise, ne le sanctionne ou ne le renvoie.

Le manga est donc un enchaînement de mini-récits concernant une invention de Séki. Parfois bien amené, les gags sont assez inégaux, ne faisant pas réellement rire à chaque fois. Le pari risqué de Takuma Morishige est donc de trouver une multitude d’inventions pour alimenter son histoire. Il faut souligner que la partie narrative est assez astucieuse puisque c’est par la narratrice Rumi, que l’on découvre les objets imaginés par Séki, par ses pensées et ses dialogues ; l’adolescent ne parlant quasiment jamais. Le lecteur ressent donc toutes les émotions qui traversent l’esprit de sa camarade mais de lui on ne sait rien, on devine et encore ! C’est donc là que se trouve la limite de l’exercice : Qui est-il ? Pourquoi ne parle-t-il pas ? Que ressent-il ? Pourquoi se comporte-t-il ainsi ? Pourquoi imagine-t-il ? Pourquoi personne ne lui dit rien ?

Nous refermons le manga, un peu déçu puisqu’il n’est pas toujours amusant et qu’il nous laisse trop sur notre faim. Trop sévère dans notre jugement ? Un peu puisque jusqu’à présent les éditions Akata nous avaient habitué à l’excellence…

A noter qu’un anime est disponible sur le service simulcast Crunchyroll.

  • Séki, mon voisin de classe, volume 2
  • Auteur : Takuma Morishige
  • Editeur : Akata
  • Prix : 7.95€
  • Parution : 08 octobre 2015

Résumé de l’éditeur : L’enfant terrible Séki est de retour, pour un second volume encore plus délirant ! L’auteur, tout comme Séki, va redouble d’ingéniosité pour mettre en scène des personnages de plus en plus attachants… Mais combien de temps encore, la pauvre Rumi pourra-t-elle supporter les pitreries de son voisin de classe ?