Dans un monde où tous les corps sont augmentés, une salariée du gouvernement disparait. Michael DeForge décrit un futur non-désirable dans Un visage familier aux éditions Atrabile.
Il est comme ça, Michael DeForge, toujours à titiller notre conscience, à nous interroger sur le monde qui nous entoure. Mais souvent, si ses histoires sont géniales, ça fait mal au plus profond de nous. Après des fourmis cherchant de la nourriture dans La fourmilière, les 14 mini-récits de Dressing, l’homosexualité d’un jeune ado dans Big Kids ou la surmédiatisation dans Brat, il imagine Un visage familier, encore un formidable album, subtil, intelligent et beau graphiquement.
S’il fustige la course effrénée vers toujours plus de progrès technologique, Un visage familier n’est pas si manichéen qu’il n’y parait. A travers cette employée – inutile ? – du gouvernement, Michael DeForge parle aussi de déshumanisation, des relations par un tiers, sans être directes. Qui sont les gens autour de nous ? Qui dirige les machines, quelles sont leurs vraies fonctions ?
Tous les matins, les habitants sont rebootés, les plongeant dans un total désarroi parce que ne savant plus trop où ils en sont. Alors que ces changements nocturnes devaient leur donner un maximum de capacité, cela était tout autre; bouleversant et déstabilisant…
Tout est fascinant et repoussant dans cet univers d’Un visage familier. Les descriptions sont folles et chirurgicales. Michael DeForge brosse le portrait réaliste (?) de ce qui pourrait nous arriver dans quelques décennies ? Peut être. Mais on a vraiment pas envie de le connaître ce monde si froid. On est toujours autant bluffé par le dessin de l’auteur canadien. Son trait original et unique nous charme. Ses personnages filiformes conviennent parfaitement avec le propos de son récit.
- Un visage familier
- Auteur : Michael DeForge
- Editeur : Atrabile
- Prix : 17 €
- Parution : 05 novembre 2021
- ISBN : 9782889231096
Résumé de l’éditeur : « Chaque année, nos corps étaient un peu plus optimisés. Mais optimisés comment? Il était impossible de le dire. Nos villes aussi avaient été optimisées, au point de se muer en machines minutieusement réglées et diablement efficaces. Mais efficaces comment? ». Marchant sur les traces d’un Georges Orwell ou d’un Aldous Huxley, Michael DeForge décrit dans Un Visage familier une dystopie inquiétante, un monde futuriste où règne une forme de dictature de la technologie. Dans ce monde, les routes, les villes, mais également leurs habitants, sont régulièrement «updatés»; d’un jour à l’autre les immeubles changent de forme et place, les chemins ne mènent plus aux mêmes destinations, et les êtres humains se réveillent avec des visages différents, des côtes en moins ou des jambes en plus.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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