Spider-Man – De père en fils

Sous la plume de J.J. Abrams et les crayons de Sara Pichelli, les responsabilités de Spider-Man vont passer de Père en fils : une histoire marquante parue chez Panini Comics.

NEW-YORK SANS TOI…

Gisant sous une épaisse couche de neige grisâtre, New-York est à feu à sang.

Le bras en lambeaux et le costume rouge et bleu déchiré, son protecteur sort péniblement des décombres.

Mary Jane le rejoint rapidement. Et bien que mal en point, le justicier sait qu’accompagné de l’amour de sa vie, la mère de son fils Ben, rien ne peut lui arriver.

Mais Peter Parker a à peine le temps de tisser un bon mot que son Spider-sens se met en alerte.

Et dans une colonne de feu, apparaît le démoniaque Cadavérique entouré de ses soldats : des monstres faits de chair et d’acier.

« Aid-d-d-de-nous Spiiider-Man… Nous avooons besoin de toiiiii… »

Mais la notion d’aide est parfois trompeuse chez les super-vilains… S’en suit alors un combat aussi bref que les forces en présence sont inégales.

Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’issue fatale survient.

« Spider-Man nous a tous sauvés. Comme toujours. »

Spider-Man n’a pas été vaincu. Mais l’issue de la bataille lui laisse un goût si amer que le Tisseur décide de quitter New-York. Pendant douze ans Peter Parker délaisse sa mission de super-héros et de père, confiant Ben à la valeureuse tante May.

Le fils peut-il devenir le père ? La question va se poser, mais avant, une autre s’impose : le fils souhaite-t-il devenir le père ?

QUAND ABRAMS RENCONTRE SPIDER-MAN.

Lorsqu’en 2019 Marvel (Punisher, X-Men…), annonce sa collaboration avec J.J. Abrams pour une mini-série sur Spider-Man, ils ont conscience de frapper un grand coup.

Le fait est qu’en créant des séries à succès telles qu’Alias ou Lost, le scénariste avait attiré la lumière sur ses œuvres. Mais en réalisant les épisodes VII et IX de Star Wars, il avait acquis une autre dimension à Hollywood.

Pourtant, jamais J.J. Abrams n’avait œuvré pour le neuvième art. Et ce n’est pas faute d’opportunités, car dans la préface de l’édition de De père en fils, on apprend que depuis de nombreuses années, Nick Lowe, le responsable de la publication des aventures de Spider-Man avait sollicité le cinéaste pour concrétiser une collaboration. Mais par manque de temps, la demande avait été déclinée. Jusqu’au jour où Jeffrey Jacob, en tant que père cette fois-ci, commence à écrire le scénario d’un titre de Spider-Man, aidé de Henry, son fils.

PARKER, ABRAMS, DE PÈRE EN FILS.

Et ce n’est pas un hasard si Abrams père a enfin accepté d’écrire l’histoire qui nous intéresse ici, accompagné par Abrams fils.

En effet, on y retrouve les thèmes chers au scénariste, tels que la construction de son identité propre, le rôle du destin, en constante lutte avec le libre-arbitre, ou encore la révélation de facultés enfouies. Par ailleurs, avec J.J. Abrams, les personnages connus évoluent, vieillissent quitte à n’être plus que l’ombre de ce qu’ils ont été.

Mais précisément, c’est dans cette ombre que leur descendance va grandir et s’épanouir. Ainsi, De père en fils est bien entendu une aventure de Spider-Man, mais avant tout, c’est le message d’un père à son fils.

On l’aura compris, le but recherché n’est pas d’innover, mais plutôt de réemployer des thèmes forts qui tiennent à cœur à J.J. et Henry Abrams afin de créer une œuvre rythmée, dynamique et entrainante.

Les films et séries signées Abrams en étaient une illustration, sa contribution à l’univers de comics en est la confirmation. Spider-Man – De père en fils porte la patte de J.J. Abrams, et ce, jusque dans l’humour qui parsème ses œuvres. A ce titre, il convient de saluer le très beau travail de traduction réalisé par Jérémy Manesse. Les calembours et pointes d’humour, si compliqués à traduire, mais si importants dans la bouche du Tisseur, sont parfaitement perceptibles.

L’ART DE SARA PICHELLI.

Côté dessins, on a le plaisir d’admirer la magnifique prestation de Sara Pichelli.  Elle connaît parfaitement l’univers de Spider-Man, puisqu’elle est la cocréatrice, avec Brian Michael Bendis, du personnage de Miles Morales dans l’univers Ultimate.

Dans le même esprit que J.J. Abrams, la talentueuse dessinatrice fait montre d’un style qu’elle maîtrise parfaitement. Grâce à l’emploi de plans variés, les planches acquièrent un dynamisme saisissant. Les mouvements du personnage principal, primordiaux quand il s’agit de Spider-Man, sont dignes des plus grands acrobates et sont couchés sur le papier avec une grande efficacité, ce qui donne une ampleur très appréciée aux combats.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, dans De père en fils, l’action n’est pas la seule à importer. Ainsi, les expressions des personnages sont rendues avec finesse pour accompagner magistralement l’histoire et ses côtés sombres.

Soulignons par ailleurs le très beau travail de colorisation de Dave Stewart qui, tout en nuances, parvient à sublimer l’œuvre de sa consœur.

Enfin, on appréciera tout particulièrement la présence des couvertures réalisées par le Français Olivier Coipel que les éditions Panini Comics ont placées judicieusement au début des cinq chapitres que composent ce bel ouvrage.

En signant De père en fils, le cinéaste J.J. Abrams réalise son entrée dans l’univers des comics. Cette mini-série, qui a le gros avantage de s’inscrire hors continuité, allie action efficace au développement de thèmes chers au scénariste. Accompagné de la très talentueuse Sara Pichelli, il présente une aventure originale, tantôt drôle et divertissante, tantôt sombre et touchante.

Article posté le lundi 29 mars 2021 par Victor Benelbaz

Spider-Man De père en fils de J.J. Abrams et Sara Pichelli (Panini comics)
  • Spider-Man – De père en fils
  • Auteur : J.J. Abrams, Henry Abrams
  • Dessinateur : Sara Pichelli
  • Coloriste : Dave Stewart
  • Traductrice : Jérémy Manesse
  • Editeur : Panini
  • Collection : 100% Marvel
  • Prix : 18
  • Parution : 25 février 2021
  • ISBN : 9782809496154

Résumé de l’éditeur : Ce fût le combat de trop… Quand Mary Jane est tuée par un nouveau super-vilain, Peter Parker perd l’envie de se battre contre le crime. Il se concentre alors sur sa vie professionnelle. Les années passent jusqu’au jour où leur fils Ben apprend qu’il possède des pouvoirs qui font de lui le nouveau Spider-Man. Découvrez une histoire d’héritage écrite par J.J. Abrams et son fils Henry. Le réalisateur J.J. Abrams (connu pour ses deux Star Wars, ses deux Star Trek mais aussi les séries Alias et Fringe) s’essaie pour la première fois aux comics, dans une mini-série événement créée avec son fils. Aux dessins, la crème des artistes avec la dessinatrice Sara Pichelli (Fantastic Four et les deux mini-séries Spider-Men) et Olivier Coipel (House of M, Magic Order) qui signe les couvertures.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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