Héloïse et les larmes de givre est le nouvel album de la collection Les contes des cœurs perdus. Ses auteurs, Justine Cunha et Loïc Clément, ont consacré quelques minutes de leur temps lors du festival Quai des Bulles de Saint-Malo pour répondre à nos questions. Entre forêts luxuriantes, Hamadryades, oiseaux et écologie, un moment savoureux en compagnie de deux artistes que notre rédaction affectionne.
Quelle est la genèse de cet album ?
Justine Cunha : Ce projet qui n’était, au départ, pas celui-ci, mais une histoire de conte japonais avec une autrice japonaise.
Loïc et moi, nous sommes amis avant même d’avoir travaillé ensemble. Nous nous parlons quasiment tous les jours. Nous discutions alors des premières pages de ce projet. Rapidement, Loïc me dit que ce début ne fonctionne pas et qu’il va le réécrire.
Au fur et à mesure de cette refonte, il m’envoie le texte pour avoir mon avis et je m’extasie à toutes les pages. C’est vraiment tout ce que j’aime en termes de scénario, de thématiques et de dessin.
Il faut souligner qu’entre dessiner New York et dessiner une forêt magique, je préfère la seconde. Rapidement, apparaît une évidence : je dois mettre en image ce projet.
Loïc Clément : Il faut juste apporter la précision qu’à cette période, j’avais déjà proposé un autre projet à Justine. Mais, celui que je réécrivais se posait de manière évidente pour elle.
« Héloïse, c’est une Hamadryade éprise de liberté. »
Si vous aviez à présenter Héloïse, Oscar ou le petit Golem, comment les qualifieriez-vous ?
JC : Héloïse, c’est une Hamadryade éprise de liberté. Dans son design, c’est l’Enfant sauvage. J’ai tout de suite proposé une chevelure dense, avait des branchages dedans. Dans l’album, c’est moins le cas parce que cela aurait été long à dessiner. Pour moi, l’Enfant sauvage est libre !
LC : Le petit Golem est très important pour moi. C’est moi littéralement lorsque j’étais enfant. C’est le petit que l’on a envie de protéger des troubles du monde extérieur. Il fallait donc lui trouver une protectrice, une amie. Et ce fut Héloïse.
J’ai subi, plus petit, des trucs pas cool comme j’ai pu le décrire dans Chroniques de l’île perdue. Et je cherchais de la protection de la part des autres.
JC : Oscar, c’est le meilleur ami. Il est là en soutien, même s’il ne comprend pas. Il est loyal et dévoué. On peut ne pas se comprendre, ne pas être d’accord mais on se soutient, sans la moindre malveillance.
Avec Loïc, on n’est rarement pas d’accord, mais lorsque l’on est pas d’accord, c’est fort. Mais quoiqu’il arrive, on respecte ces divergences.
Héloïse n’est pas rejetée par les autres mais plutôt incomprise. Pourquoi est-il important qu’elle le soit ?
LC : A l’adolescence, on est souvent incompris, en décalage avec les autres. On est toujours le décalé de son voisin. Je voulais donc aborder ce sentiment. J’ai toujours dans le coin de ma tête, un garçon, le plus populaire et beau gosse de mon lycée. Il avait vraiment tout pour lui, y compris une superbe moto. Mais, il s’est suicide à cette période. J’ai retenu de faire attention au paraître et à ce décalage avec la réalité.
JC : Il est rare de connaître des gens qui disent qu’ils sont intégrés et ont leur place dans la société. Il y a des périodes plus ou moins longues sur ces décalages.
Dans Héloïse et les larmes de givre, c’est également les légendes et la mythologie. On sort des univers que Loïc a l’habitude d’inventer dans Les contes des cœurs perdus. Est-ce que tu penses que tu aurais pu imaginer cette histoire avec d’autres personnages, dans un autre univers ?
LC : J’ai hésité à tordre mon histoire pour qu’elle se fonde dans la collection. Le fil des autres Contes des coeurs perdus, c’est que l’on retrouve des personnages d’un album dans d’autres. C’est la première fois que ce n’est pas le cas.
J’ai débattu avec les deux hémisphères de mon cerveau, de moi-même à moi-même. J’en ai conclu que ça aurait été trop artificiel. Juste pour le faire entrer dans le moule des autres contes. J’ai bien aimé qu’il ait sa propre spécificité. Je trouvais ça tellement chouette que notre album soit en dehors de la collection.
Dans l’album, les Hamadryades sont en connexion avec la nature. Pourquoi avoir voulu parler de ce lien ?
LC : C’est une question qui m’obsède de plus en plus. Et qui peut parfois me rendre un peu fou. On vit dans un monde de plus en plus anxiogène et les questions écologiques – si je ne me mets pas de frein – sont omniprésentes chez moi.
Je ne suis pas un gars courageux et je ne vais pas aller m’enchaîner sur le tarmac d’une route comme mon amie Maureen, mais je suis en accord avec ses idées et ses pratiques.
Je vis en Bretagne et je suis sidéré qu’il ne pleuve pas autant qu’avant. Et ça m’a rendu malheureux tous les jours le mois dernier car c’était le cas. Contrairement aux personnes qui disent : “C’est génial, l’été indien se poursuit”, moi je pleure des larmes – non pas de givre – mais de sang qu’il ne pleuve pas en Bretagne. J’habite dans un moulin où la rivière est asséchée en septembre. Ça me déprime.
Avec Héloïse, je voulais aborder ce thème et donner aussi un peu d’espoir face à tout cela.
Est-ce que Héloïse et les larmes de givre, n’est pas finalement le conte le plus classique de la collection ?
LC : Oui et c’est peut-être l’un des plus contemporains dans ces thèmes. Je suis admiratif de Thomas Braille qui était perché dans des arbres pour manifester contre le chantier de l’autoroute A69. J’aimerai avoir le tiers du quart de son courage pour alerter. Et dire qu’il est traité de terroriste par nos gouvernants, j’en suis désolé.
Cet homme qui s’accroche à son arbre, c’est une Hamadryade. Il met sa vie en jeu pour qu’on ne les abatte pas.
Il y a une très belle fusion Hamadryade / arbre. Qu’apporte cette gémellité ?
LC : Ce sont nos vies, ces arbres. On sait bien que lorsque l’on coupe un chêne centenaire et qu’on en replante un nouveau, il n’y a pas d’équivalence du tout.
Est-ce que vous connaissiez déjà le mythe des Dryades ou des Hamadryades avant de réaliser l’album ?
LC : Oui, pour les Dryades depuis longtemps parce que je suis un joueur de jeux de cartes comme Magic. Et dedans, il y avait ces divinités. Et en plus, la mythologie grecque est une discipline que j’aime beaucoup.
Les Hamadryades, c’est plus récent. Je suis tombé, par hasard, sur cette race de Dryades. Je suis d’ailleurs très étonné qu’elles n’aient pas été plus souvent utilisées dans les œuvres de fiction. Et pourtant, il y a beaucoup de récits dessus.
En mettant à part le côté contemporain de la collection, est-ce que cela va durer ou c’est juste un pas de côté avec cet album ?
LC : En fait, ça m’est égal si c’est contemporain ou non, et de quel genre. Ce qui m’intéresse, c’est le sujet. Une bonne histoire, ça peut être dans n’importe quel contexte. Avec Justine, on aurait bien pu placer les Hamadryades dans un univers futuriste.
JC : Mais moi j’avais vraiment envie de cet univers. J’ai grandi du côté de la forêt de Compiègne et j’y allais tous les week-ends. Tous les deux, nous avons un amour de ces forêts et nous avions vraiment envie de le retranscrire.
Le réel m’ennuie, un peu, à dessiner. Et justement, que ce ne soit pas un monde contemporain, faisait partie de mon plaisir à dessiner.
Justine, as-tu changé tes méthodes de travail pour réaliser l’album ?
JC : En fait, c’est l’inverse. C’est Dans les yeux de Lya qui a changé mes méthodes de travail.
Lorsque j’étais étudiante, j’ai réalisé Water Lily, un court-métrage qui se déroulait dans une forêt magique au Japon. D’ailleurs, les personnes qui étaient avec moi en cours me disent qu’Héloïse, c’est la petite sœur de Water Lily.
Tout le monde connaît mes influences, ce que je regarde ou ce que je lis. Avec Loïc, nous avons les mêmes références et c’est très fort. Par exemple, nous adorons L’oiseau de feu dans Fantasia 2000.
J’ai adoré travaillé sur Lya parce que c’était une héroïne différente et moderne de ce que j’avais l’habitude de traiter. Et je trouvais cela très important de le montrer aux enfants. J’ai d’ailleurs dit plusieurs fois que Lya était la bande dessinée que je rêvais de dessiner mais pas celle que j’aurais lue enfant. J’aimais la magie, Harry Potter et Narnia. Rien d’autre n’existait à mes yeux.
Lya était un travail différent de ce que je faisais. C’était très difficile. D’ailleurs, ça se ressent sur le premier album, notamment sur les décors. Ce que j’aime, c’est les grands champs de coquelicots ou les forêts d’Héloïse.
Loïc, qu’est-ce qui t’a plu dans l’univers graphique de Justine ?
LC : Pendant très longtemps, je n’ai pas reconnu Justine dans son travail en bande dessinée. Je commençais à mieux la connaître mais je ne comprenais plus son travail sur Lya.
Comment avez-vous travaillé sur l’histoire ? Y a-t-il eu des échanges entre vous ou le scénario était-il bouclé ?
LC : Il y a eu les deux. Il y a eu des échanges parce que tous les jours on se téléphonait. C’est rare lorsqu’il n’y a pas de ping-pong avec des dessinateurs et dessinatrices. Tout simplement, parce que cela ne m’intéresse pas beaucoup de fonctionner sans des allers-retours.
Si tu ne communiques pas pendant ces échanges, tu ne peux pas tomber sur un “accident heureux”. C’est au détour d’une conversation, un petit personnage qui va prendre plus d’ampleur. Par exemple, dans l’album Mauvais sang que j’ai fait avec Lionel Richerand, j’avais beaucoup écrit avant. C’était très développé et des planches découpées. Et lui, à partir de ce que je lui ai décrit, il a commencé à dessiner un orang-outan. Et cet animal, Mister Jingle est devenu, grâce à cela, le majordome de Tristan, le vampire. C’est d’ailleurs mon personnage préféré de l’album.
Avec Justine, on en a eu plein “d’accidents heureux.” Ce n’était jamais figé dans les discussions.
JC : C’est vraiment un travail en binôme. Ça a fonctionné sur le scénario mais aussi sur le dessin. Ce que l’on voulait, c’était d’aimer l’album autant l’un que l’autre.
Y compris dans le story-board ?
JC : Oui exactement. Loïc est très clair dans ce qu’il écrit et de ce qu’il imagine de mise en scène.
Lorsque je lui envoie le premier story-board, c’est la première lecture de ce que l’on a imaginé. Il redécouvre l’histoire d’un autre œil.
C’était la première fois que je faisais un aussi gros story-board. C’était fort parce que l’on faisait la mise en scène ensemble.
Justine, comment travailles-tu tes planches ?
JC : Je travaille sur tablette avec Photoshop. J’ai des brushs, c’est-à-dire des crayons numériques qui me permettent d’avoir du grain, de la texture. Je n’aime pas quand c’est trop lisse.
Ce que j’aime c’est la lumière que peuvent apporter les couleurs digitales. L’éclairage est très important, et notamment dans ce livre.
Le story-board était assez abouti, quasiment des crayonnés et je suis passé à la couleur directement.
A la fin de l’album, Justine explique son travail sur les oiseaux. Comment les as-tu appréhendé ?
JC : Loïc m’a tout d’abord envoyé des photos parce que chaque personnage a son oiseau. Il m’a indiqué lequel allait avec quel personnage parce que ce sont des choix scénaristiques.
Comme je le dis dans le cahier graphique en fin d’album, ces oiseaux sont un peu des précieuses ridicules. Elles ont des houppettes incroyables. J’adore ça. Ce sont des compagnons de route, pas des animaux de compagnie. Ils sont des égaux à part entière.
La cause animale, c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. C’est d’ailleurs pour cela que les oiseaux ont des yeux comme ceux des humains, contrairement au golem. Ils sont sur le même pied d’égalité.
« Il arrive à faire du beau avec du laid ! »
Justine, qu’est-ce que tu apprécies dans le travail de Loïc ?
JC : Comme j’aime le raconter, j’ai lu les albums de Loïc avant de le connaître. C’est ma libraire qui m’avait conseillée Chroniques de l’île perdue. J’ai alors acheté le livre et ça m’a fait pleurer. Il m’a énormément émue. Parfois, le récit est très dur mais Loïc arrive à en faire quelque chose de beau.
Jeannot parle d’un trauma. Celui d’un père qui perd sa fille. Loïc en fait quelque chose de mélancolique, de touchant et émouvant.
Là, pour Héloïse, il aborde les problèmes d’écologie. Il arrive à faire du beau avec du laid ! Et à chaque fois que j’ai lu Loïc, c’est ce qui m’a frappé. Les sujets dont il parle sont durs. Mais Loïc, c’est Les fleurs du mal qu’il magnifie vers du beau.
Lorsqu’il m’a proposé de travailler avec lui, c’était inespéré.
« Ce que je voulais, c’était de réaliser une comédie humaine. »
Loïc, comment est née la collection Les contes des cœurs perdus ?
LC : C’est avant tout marketing. On est très loin de la création. Je faisais des one-shot avec des autrices et des auteurs. On s’est alors rendu compte que selon les artistes avec lesquels je travaille, les ventes n’étaient pas les mêmes selon leur notoriété.
C’est Bertrand Gatignol avec lequel j’ai réalisé Le voleur de souhaits qui a pris le dossier à bras le corps. Il pensait qu’il fallait unir tous les livres sous une même bannière. On avait un peu commencé ça parce qu’en quatrième de couverture, il y avait un damier pour chaque album. Que l’on retrouvait aussi, des personnages d’un tome à l’autre.
Chaussette, Chaque jour Dracula et Le voleur de souhaits ont alors été réédités sous la bannière de la collection. Mais tout cela uniquement pour des raisons commerciales.
Ce que je voulais, c’était de réaliser une comédie humaine. Je voulais que l’on retrouve les personnages d’une histoire à l’autre mais aussi des récits autonomes.
Loïc, lorsque tu crées ton histoire, as-tu déjà en tête l’artiste qui fera le dessin ?
A chaque fois que ce fut l’inverse – ce fut rare – l’album n’a pas marché.
Est-ce que tu mets de côté beaucoup de scénarios ?
LC : J’avais fait des sessions sur ma page Instagram : “Ces projets qui n’ont jamais vu le jour”. J’en ai publié une douzaine, je ne sais plus. J’ai arrêté parce que je me suis rendu compte que ça me déprimait. Je dois avoir une quarantaine de scénarios que j’ai laissés de côté. Mais s’ils sont de côté, c’est qu’ils ne devaient pas voir le jour et c’est très bien comme ça.
JC : Dans le cadre d’Héloïse, après un mariage qui n’avait pas fonctionné, tu m’avais dit que tu étais persuadé que les livres avaient une manière d’exister. Ce qui doit se faire, arrivera. Un peu comme un karma.
LC : D’ailleurs, Héloïse n’est pas le projet qui n’a pas vu le jour que je devais réaliser avec Yoko Fukushima. Ce n’est absolument pas le même livre.
Si j’enterre des projets, je peux néanmoins réutiliser des éléments. Ainsi, pour Héloïse, j’ai gardé ce qui me plaisait le plus du projet précédent. J’ai utilisé le début d’âme qui s’y trouvait et je l’ai insufflé à Héloïse.
Loïc, quel est l’avenir de la collection ? Les nouveautés de la collection ?
LC : L’année prochaine va sortir l’album des albums. Celui que j’aime le plus depuis que je fais ce métier. L’album que je suis incapable de relire car il me fait m’effondrer. Je l’ai relu une dernière fois et plus jamais je ne pourrais le lire de ma vie. C’est, je pense, ce que j’ai fait de mieux dans ma carrière d’auteur.
Un livre que je réalise avec Qin Leng, dont c’est le premier album de bande dessinée. Elle a publié beaucoup d’albums jeunesse et notamment elle a mis en image Les gens sont beaux de Baptiste Beaulieu.
De quoi va parler cet album avec Qin Leng ?
LC : Mitsuko aborde les sujets de racisme et de résilience. J’ai l’impression d’avoir atteint la quintessence en écrivant ce livre. D’ailleurs, j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui l’ait écrit. Je suis heureux d’avoir réussi à coucher sur papier ce que je voulais et d’avoir rencontré Qin.
C’est un grand livre et je dis rarement cela de mon travail !
Loïc, quels sont tes autres projets ?
LC : J’ai du travail devant moi pour les cinq ans qui arrivent. Je n’ai pas à m’en faire à titre personnel parce que des projets, il y en a même beaucoup. On en a aussi dans la tête et dans le cœur avec Justine.
« J’avais tellement envie de faire Héloïse que j’ai fait de la place dans mes projets pour l’inclure. »
Justine, quels sont tes projets ?
JC : Pendant Héloïse, j’étais déjà sur autre chose. J’ai plein de projets en tête.
Je réalise Le monde des cancres, une trilogie aux éditions Dupuis. Le premier tome sort en janvier 2024. Mais également, Je suis Fleur bleue, un roman graphique adulte de 180 pages avec un co-scénariste dont je commence les couleurs et qui sortira en 2025.
Et à côté, je fais toujours du dessin animé. Je travaille pour sept studios d’animation en ce moment.
J’avais tellement envie de faire Héloïse que j’ai fait de la place dans mes projets pour l’inclure.
Tous les deux, nous ne sommes pas en manque de projets et surtout en manque d’envies !
Quelle place tient Héloïse et les larmes de givre dans votre carrière ?
JC : J’en suis tout juste au début de mon parcours dans la bande dessinée, donc ce n’est pas simple d’avoir du recul sur cet album.
C’est la première pierre d’un chemin où je veux avant tout faire des livres qui me correspondent à 100%. Je n’aurais pas mieux fait si je l’avais écrit moi-même. C’est le début d’une vraie réflexion. Peut-être moins de livres, plus de one-shot mais surtout des albums avec les tripes.
Lya, t’as néanmoins permis de te faire connaître ?
JC : Comme je le redis, j’ai aimé faire Lya. Mais malgré tout, demain, je ne veux plus dessiner de cabinets d’avocats. Cette série est un point de départ professionnel. Je suis arrivée avec un scénario et une héroïne qui me plaisaient. Mais aussi des challenges de dessin.
Maintenant, je me dis que j’ai réussi à me faire ma place chez Dupuis et chez Delcourt – deux belles maisons d’édition – et j’ai le choix de refuser des projets dans la veine de Lya.
Lya fut une chance que l’on m’a donnée et que j’ai su saisir. Tout ce qui arrive là n’aurait pas pu arriver sans Lya.
LC : Par rapport à ce que dit Justine, ça fait écho à des réflexions personnelles. Un livre qu’on écrit, il nous suit toute notre vie. Ce n’est pas qu’un boulot. Le livre, il est derrière toi. Quand les années passent et que tu es moins fier d’un album, ce n’est pas facile à vivre.
Je suis hyper jusqu’au-boutiste sur la qualité de l’album. Je ne veux pas qu’il sorte alors que je suis à moitié satisfait. Et je ne veux pas me les taper pendant 10 – 20 ans et que j’en sois malheureux.
Je ne vise pas à faire un maximum de scénarios. Juste des albums qui me correspondent et que j’assume après.
Entretien réalisé par Fabrice Bauchet et Damien Canteau à Saint-Malo le vendredi 27 octobre 2023.
Retranscription et mise en page : Damien Canteau
Photos : Clémentine Sanchez
- Héloïse et les larmes de givre
- Scénariste : Loïc Clément
- Dessinatrice : Justine Cunha
- Editeur : Delcourt
- Collection : Les contes des coeurs perdus
- Prix : 11,50 €
- Parution : 24 octobre 2023
- Pages : 40 pages
- ISBN : 9782413015307
Résumé de l’éditeur : On raconte que le peuple des dryades aurait complètement disparu, or, rien n’est moins vrai ! Héloïse est l’une d’entre elles, elle vit dans un village d’hamadryades, ces nymphes liées à un arbre dont elles ne peuvent s’éloigner. Rêvant de pouvoir un jour voyager, le hasard lui fera rencontrer un étrange et mignon golem de pierre perdu très loin de sa terre natale…