Entretien avec Richard Guérineau pour Seul le silence

Merci Richard Guérineau d’avoir accepté notre invitation à venir nous parler de Seul le silence. Cet album réalisé en collaboration avec Fabrice Colin, d’après un roman de RJ Elloryet édité chez Philéas est sorti le 28 octobre 2021. 

Pourrais-tu te présenter pour nous en dire un peu plus sur toi ?

Je suis Richard Guérineau, vieil auteur de bandes dessinées. Je fais ce métier depuis plus de 30 ans. Après avoir travaillé sur une série maintenant terminée, Le chant des Stryges, j’ai également adapté des romans de Jean Teulé, Charly 9 dont j’ai fait seul une suite Henriquet, l’homme reine et Entrez dans la danse. Ce serait trop long de tous les énumérer. Mon dernier album, c’est Seul le silence.

Couverture Le chant des stryges tome 18    Couverture Charly 9

Couverture Henriquet, l'homme reine    Couverture Entrez dans la danse

 

Tu as également travaillé sur XIII.

Oui, un XIII Mystery, un spin-off de la série, avec Fabien Nury au scénario, devenu depuis un bon copain. Une belle expérience.

Couverture XIII mystery tome 5 - steve rowland

Tu as une formation en Arts Plastiques, c’est ça ?

Oui, j’ai fait des études d’Arts Plastiques, j’ai failli être prof mais je me suis dit au bout d’une année que ce n’était pas pour moi. Donc je suis revenu à la bande dessinée.

J’avais commencé chez Dargaud à l’époque, trois albums qui n’avaient pas très bien marché. J’ai eu une phase où je n’arrivais pas à placer mes projets. Les éditeurs étaient frileux, Stryges par exemple, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Heureusement, c’est bien parti après.

Où te trouves-tu actuellement ?

Je suis basé à Bordeaux. J’ai partagé un atelier avec Alfred. Mais malheureusement on a fermé l’atelier et on est tous rentrés travailler chez soi, pour des raisons de confinement.

Quelles sont les influences qui t’ont amenées à faire ce métier ?

Depuis tout petit, j’étais fou de bande dessinée, je suis tombé dans la marmite.

Quand j’étais gamin, mon père était obligé de me lire les Lucky Luke et je les connaissais par cœur visiblement. Après j’ai lu beaucoup de bandes dessinées donc j’ai pas mal d’influences. À commencer par Girault, Moebius, Hugo Pratt, Tardi, je pourrais en citer des tas.

En entamant des études d’Arts Plastiques j’ai élargi mon horizon, notamment en termes d’art contemporain, puis d’illustration.
J’aime beaucoup les illustrateurs anglais, ça remonte jusqu’à Arthur Rackham (1867 – 1939) pour les plus anciens.

Arthur Rackham — Wikipédia    Arthur Rackham, l'enchanteur bien-aimé (1867-1939) | Le blog de Gallica

Quelle rencontre t’a marqué et a fait ce que tu es devenu ?

C’est une rencontre faite quand j’étais adolescent vers 15, 16 ans. Je participais à un atelier de bandes dessinées tous les mercredis.

Un des enseignants est venu donner quelques cours et c’était Didier Crisse. On le connait pour L’épée de cristal ou Atalante.

C’est lui qui m’a fait prendre conscience que la bande dessinée pouvait être un métier. Lui en vivait. Pour moi, jusque là, c’était une passion. Mes parents me disaient que ce n’était pas un vrai métier. C’est plus lui qui m’a mis le pied à l’étrier et fait découvrir le monde de la bande dessinée professionnelle.
Puis il y a eu d’autres rencontres notamment avec Corbeyran, Alfred.

Tu as une grande fidélité envers Delcourt.

Le fait qu’on reste chez un éditeur, c’est qu’il y a un petit succès. On m’a proposé des projets chez Delcourt, comme ils ont plutôt bien marché, ils étaient preneur pour la suite.

À l’époque Delcourt était une toute petite maison d’édition. Ils étaient quatre ou cinq à travailler dans la boîte. Il y a longtemps eu un côté familial, on était en contact très direct avec le patron. Beaucoup d’auteurs parlent avec nostalgie de cette époque. On était encore à échelle humaine. Aujourd’hui c’est carrément devenu un groupe, c’est très différent.

Maintenant tout se fait en fonction des affinités éditoriales et c’est comme ça qu’on va signer des projets.

Donc pour toi, le rapport le plus important est celui avec l’éditeur, l’éditrice personne physique ?

Même si on est dans une industrie, il ne faut pas se le cacher, il y a des histoires économiques. Mais ça reste quelque chose à échelle humaine la bande dessinée. Le rapport humain est encore présent, c’est ce qui est plutôt sympa dans ce milieu-là.

Comment es-tu alors arrivé chez Philéas pour Seul le silence ?

Une des éditrices, qui travaille chez Philéas et que je connaissais depuis Delcourt, m’a contacté pour me parler de cette nouvelle maison d’édition qui se montait. C’était axé sur les adaptations de romans puisqu’ils ont un partenariat avec Edit 8. Ils ont un gros catalogue de romans à succès.

Avais-tu déjà lu des romans de RJ Ellory ?

Je n’avais jamais lu Ellory, je le connaissais de nom. Comme beaucoup de gens, j’ai confondu avec Ellroy. Je devais avoir un blocage sur Ellory, alors je me suis dit que c’était l’occasion d’en lire un. Seul le silence était son premier roman, je m’attendais à du polar assez classique, à l’image du polar à l’américaine et j’en ai beaucoup lu .

Seul le silence - R. J. Ellory - Babelio

Honnêtement j’ai été cueilli par deux choses. D’abord par l’époque et l’ambiance de Seul le silence, l’Amérique rurale des années 1940 pendant la Guerre. C’était excitant à dessiner d’entrée de jeu. Et puis au niveau de l’intrigue policière, j’ai vraiment été cueilli par la fin.

Je ne m’y attendais pas du tout, donc je me suis dit :  « Banco, allons-y ! »

Comment s’est déroulée cette collaboration  ?

Au départ je pensais faire l’adaptation tout seul. Puis j’ai découvert que Fabrice Colin faisait les adaptations d’Ellory parce qu’ils se connaissent bien. Je n’avais pas prévu ça, mais c’est un gros roman et ça m’ allégerait le travail.

Au final, je ne regrette pas du tout. Si je l’avais fait tout seul, j’y aurais passé plus de temps et j’aurais eu du mal à condenser le roman comme Fabrice Colin l’a fait. Un roman de 500 pages en 100 pages de bande dessinée, franchement bravo, j’aurais fait un truc beaucoup plus long. Au final c’était parfait.

As-tu rencontré Fabrice Colin ?

On devait se voir, mais les choses étant, on ne s’est toujours pas rencontrés. On s’est parlé via les mails. Très vite, il m’a envoyé un plan de travail divisé en cinq parties comme le roman et le nombre de pages consacré à chaque partie. Tout était carré. Pour des raisons de temps, il m’a envoyé séquence par séquence. Ce n’est pas la méthode de travail qui me convient le mieux. Je préfère avoir une vision globale du récit pour prévoir des transitions entre deux scènes.

As-tu pu travailler en toute liberté sur Seul le silence ?

J’ai demandé d’emblée d’avoir une grande liberté dans le découpage, la mise en scène et la narration. Fabrice s’est lui focalisé sur le fait de bien résumer ce roman. Il a fait le choix d’utiliser la voix off à plein de reprises. Il y a un risque que ça fasse roman illustré. Mais là non, ça a du sens, Joseph Vaughan le personnage est écrivain, il raconte son histoire. C’était le bon choix pour être synthétique.

Comment as-tu procédé pour le découpage ?

Pour le découpage interne aux scènes, j’ai pu déplacer ou supprimer des choses, sans trop sabrer dans les textes. Mais parfois c’était trop dense. Et je ne voulais pas que la fin soit trop chargée.

Est-ce qu’une autre collaboration entre vous deux est prévue ?

L’éditrice m’a proposé d’en faire une autre. Actuellement, je ne pourrais pas m’y remettre tout de suite, j’ai d’autres projets. Si je devais refaire une adaptation, j’aimerais changer de registre.

À chaque nouveau projet, j’essaie d’explorer un nouvel univers, une nouvelle époque, un nouveau genre. C’est ce qui fait que j’ai envie de continuer.

Pour le moment, je n’ai pas nécessairement envie de remettre le couvert.

Trouves-tu que tu as plus de liberté quand tu travailles seul ?

Il y a évidemment plus de liberté quand on travaille seul. Particulièrement avec Jean Teulé qui est peut-être une exception. Il a cette politique de laisser une totale liberté aux gens qui adaptent ses romans. Il a fait son boulot, il a écrit le roman et il laisse faire ce qu’on veut dans l’adaptation. S’il n’aime pas, s’il est déçu, tant pis.

Sur les romans de Teulé j’ai pris des grosses libertés tout en respectant l’esprit du récit.

Donc pour toi, une adaptation ne doit pas être trop fidèle ?

Oui, ça ne doit pas être littéral, c’est impossible. En France,  la littérature est mise sur un piédestal. Certains auteurs de romans sont très regardants sur ce qu’on va faire de leur bouquin. J’aurais détesté avoir un auteur sur mon épaule. J’ai eu de la chance avec Teulé puisqu’il laisse une véritable liberté.

As-tu eu des échanges avec RJ Ellory ? Il a l’air content que son roman Seul le silence soit adapté en bande dessinée.

On s’est rencontrés via Instagram par hasard et on a échangé par ce biais là. Quand je postais des images de l’album en cours, à chaque fois, il avait des retours d’une grande gentillesse, bienveillants. Il m’encourageait, il trouvait ça super. Il a l’air très content et il pousse bien l’adaptation.

Ce n’est pas toujours le cas !

Je trouve cela royal de sa part. C’est encore une histoire de culture. La culture anglo-saxonne a moins de complexe envers la bande dessinée. Il n’y a pas la même hiérarchie. Il est tout simplement fier que son roman soit adapté.

Peux-tu nous dire de quoi parle Seul le silence ?

C’est un thriller qui se déroule dans l’Amérique des années 1940. Le roman va courir sur presque 30 ans et on suit, dans cet État de la Géorgie, un personnage qui s’appelle Joseph Vaughan. Il a 12, 13 ans quand le récit commence et va être hanté par des meurtres perpétrés autour de son village. Il y a un serial killer de petites filles qui sévit dans la région. Lui va être traumatisé par ces événements et va avoir envie de protéger ces gamines. Cela le poursuivra toute sa vie.

Dans certaines cases tu as trouvé une astuce pour qu’on ne voit pas tout, en particulier les corps. Comment t’es venue cette idée ?

C’est un procédé que j’aime beaucoup. Quand on a une grande image sur une pleine page ou un strip, on la tronque en trois, en six. Ça met de l’action dans une image où il n’y en a pas.

J’ai repris ce principe sur la page où on évoque Pearl Harbor et le bombardement. Je l’ai découpée en cases et c’était plus facile pour placer les huit blocs de texte. On est sûr que le lecteur va mieux suivre.

Seul le silence est à dominante sépia mais quelques pages comportent des teintes de rouge pourquoi ?

Oui comme à la fin, pour les scènes un peu marquantes pour leur violence. Le rouge est la meilleure couleur pour évoquer cela.

Pourquoi fais-tu apparaître des fantômes aux yeux de Joseph ?

J’ai souvent intégré des scènes comme celle-là dans mes livres. J’aime le genre fantastique et j’aime quand le fantastique s’immisce dans un récit dans lequel il ne devrait pas y en avoir. Quand je peux glisser des images fantomatiques, alors je le fais.

Il a également fallu dans certaines pages que tu imprimes l’horreur des faits.

La représentation de la violence en image pose toujours question. J’ai pris le parti d’y aller à fond dans la scène de la page 34. Au cinéma je ne l’aurais pas montrée comme cela, cela aurait été insoutenable. Là, on passe par le filtre du dessin et de la couleur. On montre l’horreur mais pas non plus trop frontalement.

Il fallait montrer que c’était véritablement un tueur.

Oui, il fallait vraiment le montrer. D’autant que la première victime est évoquée d’après les souvenirs que Joseph a d’elle. Pour les meurtres suivants il faut qu’il y ait une montée en tension pour réaliser l’horreur. Le tueur éventre et coupe en deux les fillettes. Cette scène, il fallait que je la représente de façon très crue.

D’autant plus que dans cette scène là, c’est Joseph qui découvre le cadavre. C’est la seule fois. Ce qui va contribuer à le traumatiser encore plus. Les autres fois, il en entend parler, parfois il va voir. Là, il est surpris, choqué. C’est ce qu’il fallait montrer.

La thématique de la peur de l’autre est également présente dans Seul le silence.

Oui, la xénophobie, la peur de l’étranger. On associe beaucoup cette période, dans le sud des États-Unis, aux lynchages de noirs. Là, c’est très peu évoqué, on y fait référence à quelques reprises. Mais comme on est pendant la Seconde guerre mondiale, le racisme se déplace. Ce sont les Allemands, comme le voisin de Joseph, qui vont être pris en grippe par une partie de la population.
D’autant plus qu’une des fillettes assassinées est juive.

Comment fait-on pour faire traverser plus de 30 ans à ses personnages ?

Pour Joseph, ce qui me préoccupait, c’était de trouver son visage enfant. Une fois satisfait, il s’agissait de le faire vieillir. Il y a des astuces, comme creuser les joues, forcer les pommettes. On joue également sur la coiffure, la barbe vieillit aussi.

Quand on fait une bande dessinée dans l’ordre chronologique, on se laisse porter par le personnage. On le fait vieillir plus naturellement.

D’un album à l’autre, n’est-il pas trop difficile de renouveler ses personnages ?

Comme plein de dessinateurs, on a des tics, on dessine toujours un peu le même type de gueules. C’est inévitable. Si je ne réfléchis pas, mes personnages vont toujours tendre vers le même genre.

C’est beaucoup plus compliqué sur les personnages féminins de varier les visages. Ils doivent être beaux, avoir du charme, sans avoir une beauté canonique ou stéréotypée. Un personnage féminin est plus difficile à caricaturer qu’un personnage masculin.

C’est difficile dans un projet quand on a plusieurs personnages féminins et qu’on doit les différencier.

Comment aurais-tu procédé si tu avais travaillé seul sur Seul le silence ?

J’aurais fait quelque chose de plus long. Je ne sais pas si j’aurais utilisé la voix off. Mais j’aurais été obligé. Pour faire un bande dessinée de 100 pages, qu’on peut lire d’une traite, Fabrice a réussi à trouver le bon dosage. Je n’aurais pas fait aussi condensé.

As-tu eu des contraintes inhérentes à la forme et la pagination de l’album ?

Le format de l’album est plus petit que le format standard. On ne pouvait pas mettre plus de dix cases par page. Il fallait que la typographie ne soit pas trop grosse pour que ce ne soit pas trop chargé. Je voulais de la place pour certaines images.

Il n’y a qu’une seule scène qui était dans le roman et qui manque dans la bande dessinée. Quand Joseph n’arrive pas à dormir. Il est à sa fenêtre et voit une silhouette qu’il ne reconnaît pas. Dans le roman cette scène m’avait marqué, elle était forte. Fabrice a lui fait le choix de ne pas la reprendre.

Comment s’est déroulé le travail sur la couverture ?

C’est un grand classique. Ce dessin part d’une recherche sur les personnages. Je m’amusais à faire des illustrations d’ambiance pour m’accoutumer à la campagne américaine, des vieilles voitures, les routes désertes. J’avais fait un dessin qui ressemblait à celui-là. Quand on a parlé de la couverture, j’ai pensé à celui-là, en le redessinant. Il pouvait faire une bonne base. L’éditeur m’a demandé de réfléchir à d’autres dessins, avec des décors différents. Pour finalement revenir à la première image, qui était la bonne.

L’important avec la couverture, c’est qu’elle dise quelque chose sans en dire trop.

Il y a des détails qui évoquent l’intrigue, les meurtres, les disparitions des fillettes. J’ai rajouté ensuite la chaussure.

L’écriture du titre Seul le silence est également particulière.

Il y a un embossage, c’est creusé. Eric Dérian a fait ce choix. J’ai trouvé ça très chic, très beau. De même pour le papier de couverture. J’aime beaucoup la texture.

L’objet est beau et sensuel.

Peux-tu nous parler de ta technique pour dessiner ?

Je travaille en mixte. Pour le dessin, je suis un amoureux du papier et du crayon. Je ne suis pas de la génération qui est née avec le numérique. Donc j’ai gardé cette tradition du dessin à la main.
Par contre le numérique c’est génial, c’est un outil merveilleux. J’utilise l’ordinateur pour la couleur. Je n’arrive pas à dessiner à la tablette graphique.

L’ordinateur est pratique pour les retouches. Je fais des crayonnés assez poussés dans un format plus petit que celui de l’album. Je suis plus synthétique et je vais plus vite. Ensuite je les scanne au bon format sous photoshop et je vais y insérer ma typo.

D’ailleurs ta typo est très agréable à lire.

Je me suis créé ma propre typographie manuscrite que j’ai mise dans mes polices d’ordinateur. Ça me permet d’avoir mon écriture et de la gérer. Le numérique me permet de retailler, recadrer, de réduire des cases s’il faut. Quand ma page crayonnée est bonne, je l’imprime et à la table lumineuse je fais l’encrage.

Combien de temps as-tu travaillé sur Seul le silence ?

Je dirai dix mois, quelque chose comme ça.

Comment t’organises-tu pour travailler ?

Quand je suis immergé dans un projet, je préfère aller jusqu’au bout. Jongler entre deux univers et deux albums différents, c’est compliqué pour moi. Une bande dessinée est un travail de longue haleine, entre six mois et un an de travail. Si je mélange deux projets, mon cerveau a du mal à connecter.
En revanche, des petits travaux annexes viennent s’intercaler, mais pour le coup ce sont plus des récréations.

Depuis que je suis revenu travailler à la maison, mon rythme s’est trouvé chamboulé.

L’intérêt de travailler en atelier, c’est de se forcer à s’organiser, sortir de chez soi, aller au bureau et se fixer des horaires réguliers. J’essaie dans la mesure du possible de garder mes weekends.

Il me faut du temps pour démarrer le matin. Je vais bouquiner, regarder des choses, fureter. Puis je me mets, en fin de matinée ou début d’après-midi, sur mes planches. Et ça peut aller jusqu’à 20h, 21h si je veux finir un truc.

À la maison je peux même m’y remettre. C’est bien, mais c’est aussi un problème de travailler chez soi. À l’atelier, je ne pouvais pas y revenir le soir.

Aimerais-tu travailler à nouveau en atelier ?

C’était l’idée de départ, mais on est tous pris dans nos activités, chacun de notre côté. On n’arrive pas à prendre le temps de chercher un local. Dans l’absolu, l’idée serait de se remettre en atelier.

Quel est l’avantage de travailler en atelier ?

Il y a des échanges et des interactions humaines dans la journée. Auteur de bandes dessinées est un métier solitaire. Alors avec des copains, des collègues, des amis, c’est chouette de discuter.

Professionnellement, c’est aussi pouvoir demander le regard des autres. Quand on bloque sur des détails, on ne sait plus quel choix faire, il suffit de demander aux copains de venir voir. On résout des problèmes vachement plus rapidement avec des regards extérieurs.

Ça nous a aussi donné envie de faire des choses en commun. Avec Alfred et Régis Lejonc, on a fait beaucoup de concerts de dessins à trois. Le fait d’être très complices et très potes, c’est hyper important dans ce cadre là.

Travailles-tu déjà sur un nouveau projet ?

Oui c’est tout frais. Un projet qui est dans les tuyaux depuis deux, trois ans. C’est un retour à une petite série après avoir travaillé sur des one shots avec une grosse pagination. J’avais envie de revenir à un modèle plus classique de bande dessinée, 50, 60 pages en plus grand format. C’est un projet avec Alain Ayroles, le scénariste de De capes et de crocs  et Les Indes fourbes, pour citer son dernier grand succès.

Les Indes fourbes de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido (Delcourt)

Cette série se déroulera au XVIIIe siècle, quelque chose de plus historique, truculent, très bien écrit. J’ai crayonné les premières pages, je suis dedans. C’est savoureux et agréable à dessiner.

Pour quand est prévue la sortie de ce premier tome ?

A priori le titre de la série serait L’ombre des lumières, en rapport avec le Siècle des Lumières. Et le titre du tome un serait L’ennemi du genre humain.

Pour l’instant pas de date prévue. C’est en discussion avec l’éditeur. Est-ce qu’on va essayer de rapprocher la sortie des deux premiers tomes pour lancer la série et que les gens n’aient pas trop longtemps à attendre ? Tout cela n’est pas encore bien défini pour le moment.

Donc tu ne devrais te consacrer qu’à cette série ?

Non, c’est un projet dans lequel je pourrai intercaler d’autres envies. J’ai des pistes de scénarios tout seul. Il me manque encore des éléments, que ça décante encore.

Et pour terminer cet entretien, voilà ma traditionnelle question. Quel est ton dernier coup de cœur graphique ?

Graphique mais pas uniquement, il y a un bouquin, il date un peu. C’est le dernier Gipi, que je trouve extraordinaire. Et des tas de choses que j’ai beaucoup aimées comme Le dernier Atlas.

Graphiquement également, Mauvaise réputation d’Antoine Ozanam et Emmanuel Bazin, sur la vie du dernier frère Dalton, les vrais, pas ceux de Lucky Luke. Ma seule frustration, c’est prévu en plusieurs tomes, je croyais que c’était un récit complet.

Couverture Moments extraordinaires sous faux applaudissements    Couverture Le dernier atlas tome 3

Couverture Mauvaise réputation tome 1

Merci beaucoup Richard Guérineau d’avoir pris du temps pour nous parler de ton dernier album,  Seul le silence.

CET ENTRETIEN ET SA RETRANSCRIPTION ONT ÉTÉ RÉALISÉS DANS LE CADRE DU LIVE QUI S’EST TENU MERCREDI 27 OCTOBRE 2021 SUR LA PAGE INSTAGRAM DE YOANN
DEBIAIS @LIVRESSEDESBULLES .
SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS, N’HÉSITEZ PAS À REGARDER  LE REPLAY DU LIVE.
Article posté le mardi 21 décembre 2021 par Claire & Yoann

Live Instagram

Seul le silence de Fabrice Colin et Richard Guérineau d'après RJ Ellory chez Philéas
  • Seul le silence
  • Scénariste : Fabrice Colin
  • Dessinateur : Richard Guérineau
  • Adapté de : RJ Ellory
  • Editeur : Philéas
  • Prix : 18,90 €
  • Parution : 28 octobre 2021
  • ISBN : 9782491467111

Résumé de l’éditeur : Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable… Joseph Vaughan, devenu écrivain à succès, tient en joue le tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Plus encore qu’un récit de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence a marqué une date dans l’histoire du thriller. Avec ce roman crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory révèle la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu. Adapté par Richard Guérineau (Prix Critiques Libres 2016 etc.) et Fabrice Colin (Grand Prix de l’Imaginaire 2004 et 2010, etc.).

À propos de l'auteur de cet article

Claire & Yoann

Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.

En savoir