Entretien avec Timothé Le Boucher pour 47 cordes

À l’occasion de la sortie 47 cordes chez Glénat, Timothé Le Boucher est venu nous parler de son dernier album. Un entretien qui s’est tenu le 17 novembre 2021, lors du live diffusé sur la page Instagram de Yoann, @livressesdesbulles.

Timothé, peux-tu nous dire qui tu es ?

Je suis Timothé Le Boucher, auteur de bandes dessinées. J’ai fait cinq albums dont le dernier 47 cordes.

Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Je savais que je voulais faire de la bande dessinée, mais je ne savais pas trop quoi faire. Je faisais des dessins tout le temps. J’ai eu la chance d’entrer à l’école d’Angoulême, des Beaux Arts classiques avec des cours de bande dessinée. Ça m’a rendu curieux. J’ai fait le master bande dessinée, puis un dnsep, l’équivalent d’un bac +5. Très intéressant et très formateur. Plein d’amis qui étaient là bas ont continué à faire de la bande dessinée.

Ça permet de se retrouver ?

Notre rêve est de sortir un album en même temps et d’être invités, tous ensemble, en dédicace.

Ta première bande dessinée s’intitule Skins party.

Elle est introuvable. Manolosanctis l’éditeur a été en liquidation judiciaire peu de temps après sa sortie. Je ne l’ai jamais dédicacée. Elle était en sélection à Angoulême et je n’avais même pas d’entrée pour le festival. J’étais encore à l’école. Comme pour Les vestiaires.

D’ailleurs cet album, on le connaît plus dans sa version rééditée Dans les vestiaires. Pourquoi ce changement de titre ?

Je ne sais pas. Mon éditeur La boîte à bulles me l’a proposé et ça ne changeait pas grand-chose pour moi. On est partis là dessus.

 

     

Tu as donc travaillé sur ces deux albums en même temps ?

Skins party c’était en 2011. À cette époque je m’étais mis en tête de faire plein de concours. C’étaient des petits exercices d’entraînement, pour voir ce que les gens pensaient. J’ai eu la chance d’être publié dans des recueils chez Manolosanctis. Ils m’ont demandé de faire mon premier album. C’était un peu fou. Je leur ai proposé trois histoires et ils ont choisi celle-là. Elle est sortie quand j’étais en troisième année à Angoulême. Et en 2014 Les vestiaires sont sortis.

Qu’est ce que ta formation t’a apporté ?

Dans ma famille, on ne lisait pas beaucoup de bandes dessinées. Ma culture se limitait à ce que je trouvais. Une amie me passait des bandes dessinées, j’ai pu découvrir ainsi. Et le manga en particulier grâce à elle.

En première année, mes références étaient Sky-doll, Lanfeust. J’ai vu une rupture avec les goûts des autres élèves. Il fallait que je découvre. Heureusement, il y avait une bibliothèque et je me suis mis à lire énormément.

On apprend également des autres élèves, dans un élan de découvrir, de s’entraîner, de s’améliorer.
Skins party était mal dessiné. J’ai essayé d’évoluer au fur et à mesure des albums.

Ensuite tu as signé chez Glénat, c’était pour Ces jours qui disparaissent.

J’étais dans un nouvel élan. Après mes études, je voulais faire un projet qui me plaisait vraiment. Il fallait que je me concentre sur la bande dessinée. Cet album parle de ça. Un personnage qui hésite entre prendre une voie pragmatique, professionnelle et une voie artistique. C’est l’état dans lequel j’étais à ce moment. Je ne savais pas si je pouvais vivre de la bande dessinée, si je pouvais me lancer ou aller vers un autre type de métier. C’étaient les questions que je me posais à l’époque.

De là, m’est venue l’idée de ce personnage qui vit un jour sur deux avec une personnalité opposée à lui.

Comment as-tu trouvé un éditeur pour cet album ?

J’ai envoyé mon projet à beaucoup d’éditeurs et j’ai eu de la chance, plusieurs étaient intéressés. Ça m’a donné la force pour essayer de négocier un peu. Ce n’est pas facile quand on commence. J’ai choisi Glénat même si ce n’était pas ceux qui donnaient la plus grosse avance. J’ai eu un très bon feeling avec mon éditeur, une belle manière d’approcher le récit. C’est plutôt un ensemble qui me l’a fait choisir.

Sais-tu à combien d’exemplaires s’est vendu Ces jours qui disparaissent ?

Plus de 80 000, mais je n’ai pas les chiffres récents.

C’était la première fois que j’étais chez un gros éditeur et j’avais du mal à m’en rendre compte. C’est toujours un peu abstrait pour moi. C’était progressif et personne ne me connaissait. L’album n’était pas attendu, même si Glénat y croyait pas mal. Ils ont fait beaucoup pour le livre. Les libraires également. J’étais très surpris.

 

        Couverture Ces jours qui disparaissent - édition spéciale 50 ans

Alors comment s’est passé la présentation de ton autre projet Le patient ?

Pour celui-là , je suis directement allé voir Glénat. Comme tout s’était bien passé, je voulais rester chez eux. Mon dossier était donc moins important puisque je discutais avec mon éditeur. J’ai présenté des idées, des dessins d’ambiance, des galeries de personnages.

Mais j’avais peur de décevoir après Ces jours qui disparaissent.

     

Est-ce qu’il pourrait y avoir une suite au Patient ?

J’y avais réfléchi , une suite qui se passerait en prison avec une continuité. Mais il n’y aura pas de suite. C’est vrai que c’est tellement ouvert qu’on peut y penser.

Connais-tu les chiffres pour cet album ?

Oui 45 000, c’est moins que le précédent mais c’est cool.

Les paginations de ces albums sont très importantes, étaient-elles prévues ainsi dès le départ ?

J’ai de la chance parce que c’est la collection 1000 Feuilles, donc je suis assez libre. Pour Le patient, je l’avais estimé à 120 pages. Finalement, il en fait 190. J’ai vraiment des problèmes dans l’estimation des pages. Pour 47 cordes, je l’avais estimé à 350 pages et finalement ça en fera deux fois 400 pages.

Connais-tu la définition de la collection  1000 Feuilles ?

Une collection avec laquelle Glénat prend peut être un peu plus de risques, des albums avec beaucoup de pages. Pour moi ce serait un défi d’arriver à écrire un album de 48 pages. Quand il faut penser l’histoire pour qu’elle soit courte, travailler l’ellipse, un autre rythme. Ce doit être intéressant.

Comment as-tu fait pour faire évoluer ton dessin depuis dix ans ?

Quand Skins party est sorti, j’étais encore à l’école. J’essaie d’apprendre, de m’améliorer. Chaque nouvel album est un défi, c’est intéressant et stimulant de faire de son mieux.

Comment se fait-il que 47 cordes soit un si gros album ?

Je l’avais pensé en 350 pages. Mais quand j’ai travaillé sur le scénario, quand je l’ai découpé, on a vu que ça allait prendre plus de place. Et je voulais prendre la place de raconter. Il y avait dans le récit un passage intéressant pour le couper en deux. J’avais le choix, faire un gros one-shot ou pas. C’était différent pour le contrat, mais j’étais libre.

Quand on découvre l’album, 400 pages ça peut effrayer ?

Le récit est volontairement chapitré pour que le lecteur puisse faire des pauses. J’essaie de faire attention au rythme, en créant des moments d’aération dans le récit. C’est un travail intéressant de fractionner le rythme.

Les personnages et leur genre sont très importants dans tes albums. Y a-t-il une raison à cela ?

Quand on crée des personnages, on peut participer à une imagerie collective, des archétypes pour la société. J’essaie de ne faire de mal à personne. Donc, je fais attention à la façon dont je les représente même si je peux faire des erreurs.

Certains de tes personnages dans 47 cordes sont androgynes.

Comme ce sont des métamorphes, j’ai travaillé sur le corps et sa fluidité. De même, pour d’autres personnages qui ont une problématique avec leur corps ou qui sont enfermés de manière différente. C’est toujours en fonction de l’écriture ce que doit faire ressortir un personnage.

Peux-tu nous dire de quoi parle 47 cordes ?

C’est l’histoire d’une métamorphe qui tombe amoureuse d’un harpiste. Elle essaie de se transformer pour le séduire.

D’où t’es venue l’idée de 47 cordes ?

En fait j’avais le pitch mais je ne savais pas comment écrire l’histoire. L’idée m’est venue en voyant ma coloc sur Tinder, qui regardait des gars. Je me suis dit que si cette personne pouvait recommencer, elle aurait pu vivre une histoire d’amour. Donc l’idée d’un personnage qui peut changer de forme et refaire la rencontre.

Est-ce que la forme initiale de la métamorphe est celle que l’on découvre au début du premier tome ?

La réponse sera au début du tome deux. Elle a plusieurs formes. Celle avec les cheveux rouges est celle qu’elle aime utiliser, mais ce n’est pas une forme officielle. Celle qu’elle utilise dans la société est celle de la cantatrice. Elle a une vraie forme, une vraie histoire. Donc elle doit faire vieillir son personnage pour que ça passe aux yeux des gens. Elle a plusieurs formes en fonction de son mood.

On a l’impression que certains personnages vont avoir plus d’importance dans le second tome.

Déjà au niveau du récit, je voulais une sorte d’éclatement pour que toutes les intrigues se rejoignent dans le second. Il y a plein de fils narratifs et il fallait un bon terrain de jeu pour les dissimuler. Donc tout un travail au niveau des personnages et de la forme. C’était intéressant d’avoir beaucoup de personnages et de les utiliser de manière ponctuelle quand le récit en avait besoin. Le défi était qu’on arrive à tous les identifier globalement. Et tous seront utiles. Le premier tome est une sorte de préparation.

Certains personnages ont des problèmes avec leurs corps, on a l’impression que tu accordes beaucoup de place à la diversité.

Comme il y a un orchestre, la narration s’attarde sur une toute petite partie des musiciens. Comme la métamorphe n’a pas de couleur de peau, de physique strict, je trouvais intéressant de faire résonner le récit dans sa globalité .

Certains types de personnages peuvent se retrouver d’un album à l’autre, pourquoi ?

Il y a tellement de variétés de physiques qu’à un moment, il y a forcément des personnages qui font écho. Quand je crée des nouveaux personnages, j’essaie d’ouvrir mon panel. Mais il y a toujours des personnages qui se ressemblent ou qui ont la même coiffure. Des parallèles qu’on peut faire parce que c’est le même type de dessin.

Comment procèdes-tu pour écrire ton récit ?

Je fais tout un travail préparatoire écrit. Mais ça change selon les albums. J’oublie parfois les bonnes astuces et je galère pour le nouveau. J’essaie d’écrire tout l’arc narratif, avec toutes les scènes précises. Mais ce n’est pas encore dialogué à ce moment-là. Je découpe tout et ensuite vient une phase de storyboard dialogué. Avec des phrases que j’ai notées en amont. Parfois, j’ajoute des éléments qui peuvent changer l’intrigue.

En phase de relecture, j’affine les dialogues et je fais lire à des amis. C’est intéressant d’avoir des retours. Il faut que ce soit le plus fluide possible. J’essaie d’y faire attention.

Dans cet album, on ressent une fluidité dans la lecture.

Je pense que cela vient de ce que j’ai appris à l’école. Il y a des techniques. Un dialogue je ne le mets pas entièrement dans la même case. Je crée des phrases qui se lisent facilement en passant d’une case à l’autre.
J’aime créer des mini suspenses de fin de page pour donner envie de la tourner. Ces techniques deviennent intuitives.

Le résumé éditeur de 47 cordes fait référence à Stanley Kubrick, David Lynch, Naoki Urasawa et Suehiro Maruo. Sont-ils des sources d’inspiration pour toi ?

Je n’aurais jamais osé écrire cela mais ce sont des auteurs que j’aime beaucoup. Ils m’ont influencé, mais comme plein d’autres. Dans 47 cordes, il y a peut-être plus de références à ces univers là. Comme la fête masquée dans Eyes wide shut, on peut trouver des éléments qui y font écho.

Ce sont des œuvres qui nous marquent et dont on prend des éléments. Ça stimule notre manière de travailler.

Parfois de façon inconsciente ?

Il y a des références plus conscientes que d’autres. Mais la plupart du temps, c’est inconscient.

Dans 47 cordes, il est question de Pygmalion.

C’est ce que j’avais commencé à construire dans Le patient. Je trouvais intéressant de continuer à en parler, mais d’une manière différente. Cette relation ressemble à une relation de Pygmalion mais elle est également oppressive et toxique.

Est-ce que tu es musicien ?

Je suis assez nul en musique. C’est un univers que j’ai découvert petit à petit ces derniers temps et j’avais envie de le dessiner. J’ai pu demander des conseils à des amis même si j’ai choisi des parti-pris comme le harpiste qui joue du mauvais côté. J’avais besoin que son regard accompagne le lecteur et il ne fallait pas qu’il soit caché par la harpe.

De même pour la couleur des cordes que j’ai préférées uniformes. Pour ne pas qu’elles alourdissent le dessin.

Pourquoi ce titre 47 cordes ?

Parce que les harpes classiques, comme celle qu’utilise Amboise, ont 47 cordes. Les harpes celtiques sont différentes.

Si tu devais choisir, serais-tu plus scénariste ou  dessinateur ?

Naturellement j’ai voulu tout faire. Ce que je préfère, c’est raconter des histoires et ça passe par le dessin et le scénario. J’ai beaucoup d’idées de scénarios. Mais le dessin prend tellement de temps, que je n’aurais jamais le temps de tous les faire. J’aimerais bien travailler en tant que scénariste sur certains projets. Quitte à choisir, je préfère être scénariste, mon dessin est parfois un peu faible. Je fais ce que je peux, de mon mieux.

Y a-t-il des dessinateurs avec qui tu aimerais travailler ?

Ça dépend des histoires. Ce sont des questions que je ne me suis pas trop posées parce que pour le moment je ne me sens pas légitime à travailler avec quelqu’un. Si mon histoire n’est pas bonne, ça me fait un peu peur. Il faut vraiment travailler quand on est deux.

Quels sont ceux dont tu apprécies le travail ?

Il y en a beaucoup, je vais surement en oublier alors qu’ils m’ont influencé. À plein de périodes différentes, j’ai découvert des auteurs, des dessinateurs. Je n’arrive pas à répondre à ce genre de question.

Le personnage de la cantatrice est-il une référence aux grandes cantatrices du 20e siècle, telle que Maria Callas ?

Ce personnage utilise une forme qui est plutôt rassurante pour les gens. Elle a créé le personnage avec l’archétype qu’on pourrait s’en faire.

De nombreuses scènes se déroulent à proximité de l’eau, y a-t-il une explication à cela ?

Chacune de mes bandes dessinées a un arbre thématique. Dans 47 cordes, il y a beaucoup de palmiers de bord de mer. Une façade idyllique qu’on pourrait imaginer pour le bonheur. C’est en lien avec la métamorphe qui essaie de séduire en prenant une forme.

En bord de mer, l’eau permet de voir des reflets, des effets indirects. C’est assez pratique l’eau, on peut l’utiliser de plein de manières différentes pour raconter des histoires.

Quelle est la date de sortie prévue pour le tome deux ?

La date idéalisée, pour l’instant, je me fixe fin 2022. Soit courant 2023. Ce qui a pris du temps dans la première partie, c’est la création des personnages, de l’univers, de l’histoire. Toute la partie deux est déjà pensée. Quand on dessine, on a le temps de réfléchir à tout ça. Le processus est installé et sera dans la continuité du tome un. Donc ça me prendra moins de temps. J’essaie de faire attention à ne rien accepter d’autre à côté, pour que le tome deux ne prenne pas trop de temps.

Travailles-tu sur plusieurs projets en même temps ?

Je suis plus efficace quand je suis sur un seul projet. Quand j’en fais un autre en même temps, ça casse mon rythme. Par contre pour le scénario, je travaille au fur et à mesure. Une sorte de veille. Dès que je vois des films ou que je lis des livres, il me suffit de noter les réflexions Et mon scénario se construit progressivement, avec le temps. Pour les dessins et les projets, je les fais en un bloc. Pour les scénarios, ça part dans tous les sens.

Combien de temps s’est écoulé entre ton projet et la sortie de ce premier tome de 47 cordes ?

Juste après Le patient, j’ai commencé à avoir plein d’idées. Ça a mis quelques mois à se décider. On est partis sur l’histoire de 47 cordes à partir de là. Une phase plus longue pour établir le scénario, les personnages. Comme j’avais le temps, j’ai fait les premières planches pendant que je réfléchissais à l’histoire. Elle bougeait et s’affinait au fur et à mesure.

Quand la sortie de l’album a été annoncée, j’ai travaillé de manière plus intensive. Je faisais deux planches par jour en noir et blanc. La couleur, j’ai fait neuf planches par jour pour réaliser toutes les couleurs d’un seul coup.

Comment organises-tu en général tes journées quand tu travailles ?

Depuis décembre, je suis reparti sur le scénario, donc je me lève tôt. Je commence à travailler à 8h30 jusqu’à 20h, 21h. Quand c’est du long terme, je dois avoir un rythme pour travailler efficacement, longtemps. Je n’ai pas de weekend, pas de congés. C’est un peu difficile.

Pour le tome 2, je vais essayer de bien travailler, tout le temps.

Quels sont tes outils de travail ?

Je travaille à la Cintiq, une tablette écran. Tout est à l’ordinateur sauf mes storyboards, qui sont illisibles, sauf par moi. Je dessine tout à l’ordinateur. C’est pour cela qu’en dédicace, je foire tout le temps. Je n’ai pas l’habitude de ne pas pouvoir annuler mon trait.

Aimerais-tu travailler sur papier ?

J’ai des carnets sur lesquels je dessine. Mais j’ai deux problèmes. Je ne suis pas patient et je suis maladroit. Quand il y a des pots d’encre de Chine, je les renverse tout le temps sur mes pages. Donc je suis incapable de faire du tradi. Il me faudrait une concentration énorme. Sur des albums comme ça, je n’y arriverais pas.

Petit déjà, naturellement, je dessinais sur l’ordi. Il permet d’être plus malléable dans le récit. On peut déplacer les personnages et mettre plus facilement en avant la narration.

Comment t’es-tu inspiré pour les dessins en rapport avec la musique ?

J’ai surtout regardé des vidéos pour la gestuelle. Le premier dessin préparatoire, j’avais mis la harpe à l’envers. Je me suis renseigné.

Les scènes d’orchestre sont très pénibles à dessiner, pour chaque instrument, il faut regarder comment le dessiner. Mais c’était marrant à faire.

Ton album est sorti avec trois couvertures différentes, pourquoi ces choix ?

Je suis un peu un flippé de la couverture. Quand je dois en faire une, je fais plein de croquis pour pouvoir avoir le choix après. La plus intéressante est celle qu’on a choisie.

Pour celle de Canal BD, on a pioché parmi les autres. C’est celle avec la cantatrice. Elle est assez différente et évoque une autre ambiance de la bande dessinée.

Rayon : Albums (Fantastique), Série : 47 Cordes T1, 47 Cordes : Première Partie (Édition Collector Canal BD)

Pour la version librairie Bulles, il y a un petit scénario en plus, j’ai fait un dessin qui m’a plu tout de suite.

 

Rayon : Albums (Fantastique), Série : 47 Cordes T1, 47 Cordes : Première Partie (Version Bulle)

Donc trois couvertures différentes ! J’ai pensé la version originale d’une certaine manière, pour qu’elle soit intrigante. Les deux autres versions donnent un peu plus d’indices sur le tome deux. Il y a un peu de spoil sur les couvertures mais les gens ne le savent pas.

Qu’est-ce que ces trois versions apportent de plus à 47 cordes ?

Ça m’a permis d’expérimenter et de faire des choix différents. Et comme il y avait des cahiers graphiques, j’ai pu y glisser plein de dessins préparatoires.

Comment se passe ta relation avec ton éditeur chez Glénat ?

Si je suis resté chez Glénat, c’est que j’ai la chance d’y être bien accompagné. Mais parfois, j’ai peur de les décevoir ou que cela se passe mal. De faillir à cette confiance.

Mais ça me donne aussi un espace de liberté dans la création. J’aime cette liberté qu’on m’offre. J’ai le même éditeur sur mes trois albums, Frank Marguin.

Pourquoi le choix de ce prénom Ambroise ?

Je trouvais ce prénom intéressant. Je réfléchis à ce que les prénoms ne se ressemblent pas trop dans leur tonalité. Et ils ne commencent pas par la même lettre.

On ne peut pas retenir tous les prénoms des personnages, mais le prénom doit faciliter le travail pour le lecteur.

On retrouve des thématiques communes dans tes trois derniers albums.

Il y a des thématiques j’ai commencées à développer sur Ces jours qui disparaissent. Puis j’ai continué à en parler d’une autre manière dans les autres albums. Je vois comme une sorte de continuité entre les trois. Après 47 cordes, j’aimerais aller dans des directions différentes, changer de type d’histoire.

Où en es-tu dans ton travail sur le tome deux ?

Tout est quasiment écrit. Je suis en train de faire le découpage, le storyboard du quatrième chapitre. Ça avance. Je veux prendre le temps nécessaire pour la phase d’écriture, prendre le soin d’écrire. Au pire, je peux aller vite pendant le dessin et rattraper à ce moment-là. Pour le prochain tome, je sais le nombre de chapitre et j’essaie de faire en sorte de ne pas trop dépasser pour que les deux albums soient cohérents

Des séances de dédicaces sont-elles prévues pour le tome un de 47 cordes ?

Oui, mais très peu. Je veux me concentrer sur le prochain tome pour qu’il n’y ait pas beaucoup d’attente entre les deux. Je veux aller vite sur la suite, à mon rythme. Mais de ne pas perdre de temps à faire autre chose que l’album. Je ferai plus de dédicaces à la sortie du tome deux.

Où en sont les adaptations de tes albums en film  ?

Pour Ces jours qui disparaissent, c’est en cours, mais je n’ai pas de nouvelles. Des réalisateurs ont travaillé sur le projet mais ça a changé. C’est signé avec un producteur.

Pour Le patient, le tournage est en cours, donc c’est génial. Le réalisateur est Christophe Charrier, avec un projet pour Arte. Je vais même pouvoir aller sur le plateau.

Qu’est-ce que ces adaptations vont t’apporter ?

Pour moi, c’est une découverte du milieu du cinéma que j’aime beaucoup. Ma manière de raconter en bande dessinée est influencée par le cinéma. Parfois je m’imagine faire des travelings dans certaines scènes, alors que ce ne sont juste que des cases.

As-tu ton mot à dire sur ces adaptations ?

Si j’étais réalisateur ou scénariste, je n’aimerais pas qu’on m’impose trop de choses. C’est important de s’approprier l’œuvre. Je voulais les laisser libre. On a fait le choix des personnes avec qui on voulait travailler. Mais si on me demande mon avis, je le donnerais.

Pour terminer cet entretien, peux-tu nous dire quel a été ton dernier coup de cœur graphique ?

C’est ma dernière lecture, Le grand vide de Léa Murawiec, un super album Le dessin est fou et le scénario est génial. Il est plébiscité par plein de gens et c’est amplement mérité.

Le Grand Vide

Merci encore Timothé Le Boucher de nous avoir accordé tout ce temps pour nous parler de ton travail et nous présenter 47 cordes ton dernier album.

 

CET ENTRETIEN ET SA RETRANSCRIPTION ONT ÉTÉ RÉALISÉS DANS LE CADRE DU LIVE QUI S’EST TENU MERCREDI 17  NOVEMBRE 2021 SUR LA PAGE INSTAGRAM DE YOANN DEBIAIS @LIVRESSEDESBULLES .
SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS, N’HÉSITEZ PAS À REGARDER CI-CONTRE LE REPLAY DU LIVE.
Article posté le jeudi 03 février 2022 par Claire & Yoann

47 cordes tome 1 de Timothé Le Boucher chez Glénat
  • 47 cordes
  • Auteur : Timothé Le Boucher
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 25,00 €
  • Parution : 25 novembre 2021
  • ISBN : 9782344042052

Résumé de l’éditeur : Tu finiras bien par m’appartenir, ma jolie proie. Un jour, une métamorphe tombe amoureuse d’un jeune homme nommé Ambroise. Elle peut changer de forme à volonté, mais des questions finissent par la hanter: quel visage doit-elle incarner pour se faire aimer? Qui doit-elle être pour conquérir sa proie? Inconscient de l’obsession dont il est l’objet, ignorant la vraie nature de la créature, Ambroise cherche à acquérir une légitimité au sein de l’orchestre qu’il vient d’intégrer en tant que harpiste. C’est alors qu’il rencontre Francesca Forabosco – cantatrice aussi excentrique que renommée – qui va le prendre sous son aile. Elle lui propose un marché. S’il veut obtenir la harpe de ses rêves, Ambroise devra relever 47 défis. Un seul échec, et l’instrument lui échappe…47 Cordes est l’oeuvre la plus dense et ambitieuse de Timothé Le Boucher. Conçue en deux parties, ce premier tome expose sur près de 400 pages un univers hypnotique, plein de tensions sensuelles et de personnages incarnés. Timothé Le Boucher construit une nouvelle fois un thriller psychologique singulier qui aborde l’obsession et le rapport à l’autre tout en évoquant les travaux de conteurs majeurs tels que Stanley Kubrick, David Lynch, Naoki Urasawa ou Suehiro Maruo…

À propos de l'auteur de cet article

Claire & Yoann

Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.

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