Derf Backderf Américain, mais pas trop ! Tel est l’intitulé de cette autre exposition que l’on pouvait visiter dans le Palais du Grand Large à Saint-Malo, pendant cette 41e édition du festival Quai des Bulles. La venue de ce grand de la bande dessinée américaine était prévue pour l’année dernière, mais avait été reportée en raison des conditions sanitaires.
L’occasion de retrouver ce natif du nord-est des États-Unis qui n’hésite jamais à montrer et dénoncer ce qui ne va pas dans son pays.
Derf Backderf, un auteur attaché à son état d’origine
Originaire de Richtfield, une ville de l’Ohio, John (son vrai prénom) Backderf a d’abord été journaliste, avant de devenir dessinateur de presse pendant 25 ans. Son activité, dessiner des strips sur quatre cases, qui étaient publiés dans des journaux gratuits du weekend. Une partie de ses dessins a été compilée dans l’album True stories sorti en 2019 chez Çà et Là.
Mais le dessinateur ne sentait pas libre de s’exprimer comme il l’entendait avec ce format. C’est ainsi qu’en 1997, il décide de travailler sur un roman graphique. Et quelle meilleure inspiration que son copain de classe, Jeffrey Dahmer, surnommé le cannibale de Milwaukee. En effet celui-ci est devenu par la suite un des pire tueur en série de l’histoire américaine. Backderf dépeint dans Mon ami Dahmer, l’enfant qu’il était. Bien avant qu’il ne commette les meurtres de 17 jeunes hommes, dans d’horribles conditions.
Une expérience personnelle au service de son art.
Avant de travailler comme dessinateur pour la presse papier et après avoir abandonné ses études d’art, Backderf a travaillé comme éboueur dans sa ville natale. C’est son expérience qu’il raconte dans Trashed paru en France en 2015 chez Çà et Là. Cet album sera repris en 2021 dans sa version initiale sous le titre L’année des ordures. L’auteur nous montre la société de consommation américaine telle qu’elle est réellement. Une autobiographie qui ressemble peu à l’image idéalisée qu’on se fait de l’American way of life.
C’est ainsi que Backderf s’est également attaché à parler de la crise économique dans les années 1980 dans son album Punk rock et mobile homes paru en 2014 chez Çà et Là.
Kent State, l’Ohio en version documentaire
Fidèle à son état d’origine, Backderf a voulu revenir sur un événement sanglant qui s’est déroulé sur le campus de l’université de Kent State. Les États-Unis se trouvaient à cette époque en pleine guerre du Vietnam. Les appels à la manifestation étaient légions et la répression faisait rage. Le 4 mai 1970, la Garde nationale est intervenue et cet affrontement a fait 4 morts chez les manifestants. L’auteur a réalisé un travail de journaliste très poussé pour revenir sur cet épisode sanglant.
Kent State, quatre morts dans l’Ohio est actuellement le dernier ouvrage de Derf Backderf.
Une exposition en noir et blanc
Avec Derf Backderf, Américain mais pas trop !, le festival Quai des bulles nous propose de déambuler à travers une centaine de planches. Elles sont caractéristiques du travail de l’auteur et permettent de mieux le découvrir.
Ces planches originales en noir et blanc ont été complétées par des mises en scènes emblématiques pour chaque album : un tas d’ordures, une chambre d’adolescent… Comme si on entrait de plain-pied dans la vie de Backderf.
Les onomatopées très présentes dans les albums ont elles aussi trouvée une place, en grand format et en noir et blanc également, sur les différents murs de l’exposition.
Un travail scénographique très réussi que l’on doit à Simon Rochepeau, Simon Eve, Fred Bé et Lionel Chouin. Ceci afin de mieux connaître ou découvrir un des auteurs américains les plus représentatifs de la bande dessinée d’Outre-Atlantique.
Derf Backderf a également accordé un entretien à Comixtrip, vous pourrez le retrouver ici.
À propos de l'auteur de cet article
Claire Karius
Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.
En savoir