Oriane Lassus : le repaire d’une autrice de talent

Lauréate du Prix Révélation Blog en 2011, Oriane Lassus a publié Le meilleurissme repaire de la Terre en 2017 aux éditions Biscoto. Ce très joli album Jeunesse fait l’objet d’une exposition dans le Pavillon Jeunes Talents du Festival BD d’Angoulême. Entretien cette jeune autrice de talent.

Après 10 années d’études de graphisme (Bac Arts Appliqués, BTS Communication Visuelle Option Multimédia et Beaux-Arts à Bruxelles), Oriane Lassus remporte le Prix Révélation Blog en 2011 avec Spongiculture, ce qui lui permet de publier Ça va derrière ? son premier album chez Vraoum. En 2015, Biscoto entre en contacte avec elle. Elle est prépubliée dans le Journal et réalise l’album Le meilleurissime repaire de la Terre. Nous avons posé quelques questions à cette jeune autrice originaire de Besançon sur cette très belle histoire fantastique jeunesse.

Comment êtes-vous entrée en contact avec Biscoto ?

C’est Biscoto qui est venu vers moi. Julie Staebler – éditrice – étudiait aussi à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles lorsque j’y étais. Quelques années après lorsqu’elle a monté le Journal, elle m’a contacté en me demandant si je voulais faire des strips.

J’ai ainsi travaillé dans Biscoto pendant trois ans, quasiment tous les numéros. La dernière année, Catherine et Julie m’ont proposé de faire le feuilleton dans le journal.

Comment est né Le meilleurisme repaire de la Terre ?

Biscoto me propose ce feuilleton. Je ne sais pas vraiment comment les choses sont arrivées. J’ai utilisé les thèmes des trois premiers numéros pour démarrer mon histoire. Chaque mois, dans le Journal, il y a une thématique différente et c’était l’occasion que le feuilleton entre en résonance avec le thème.

Je leur ai donc demandé tous les thèmes qui étaient prévus et j’ai essayé d’intégrer cela aux épisodes de mon récit. Cela devenait une contrainte très productrice.

Pouvez-vous nous présenter Leia, votre héroïne ?

C’est une petite fille qui vient d’emménager avec son père dans une nouvel appartement, dans une toute nouvelle ville. N’étant pas encore totalement chez elle, elle s’ennuie. Elle se construit donc des cabanes pour tenter de s’amuser toute seule et faire fonctionner son imagination.

D’où vient son prénom ?

Je l’ai choisi en référence à Star Wars. Je voulais que ses parents soient des geeks et qu’ils soient branchés sur cette culture pop. Ce prénom permettait assez facilement de l’évoquer – on ne le connaît pratiquement que par le film – et c’est une référence universelle.

L’album est multi-genres : il y a du suspense, du fantastique et de l’aventure. Pourquoi avoir voulu lui donner ces directions ?

Je n’ai pas du tout réfléchi à cela en fait. J’ai composé une histoire qui se tenait mais je ne me suis pas dit qu’elle devait entrer dans des cases. Je voulais imaginer quelque chose d’excitant à lire.

Comme c’était un feuilleton – deux pages par mois – il fallait que ce soit intéressant et qu’il se passe quelque chose. L’histoire devait donc avoir beaucoup de suspense pour tenir les lecteurs en haleine.

Il y a une exposition qui se tient au Pavillon Jeunes Talents (Le Nil) sur votre album. Comment le Festival d’Angoulême est-il entré en contact avec vous pour cela ?

Cette exposition a été conçue par Catherine Staebler de Biscoto pour le Festival BD de Colomiers, qui se déroulait en novembre. C’est elle qui a fait toute la scénographie. Elle est partie de mes dessins pour inventer tout le concept. Je me suis donc laissée porter et je n’ai donc pas fait grand chose.

Les festivaliers peuvent découvrir vos planches déclinées en diorama. Qu’est-ce que cela vous procure comme émotion en les voyant ?

C’est une super idée, cela marche très bien. J’ai beaucoup aimé ce travail, c’est très beau. Je trouvais cela chouette pour une planche de bande dessinée que cela donne un résultat aussi intéressant visuellement.

Je n’ai donc aucun mérite quant à la qualité de l’exposition. Cela revient entièrement à Catherine qui a eu de riches idées.

Pourquoi était-ce important qu’il y ait un coin lecture dans l’exposition ?

A Colomiers, l’exposition était conçue pour être dans la médiathèque de la ville, Le pavillon blanc. C’était donc assez évident de créer cela puisque l’espace dédié se trouvait en son centre .

Catherine voulait incarner la cabane de Leia, sa chambre et ses meubles. A Colomiers, il y avait des tentures pour délimiter l’espace mais les équipes du Festival d’Angoulême les ont refusé parce qu’elles n’étaient pas ignifugées, contrairement aux normes en vigueur.

Entretien réalisé le 26 janvier 2018
Article posté le samedi 27 janvier 2018 par Damien Canteau

L'exposition

Communiqué du Festival :

Oriane Lassus se lance en 2009 sous le pseudonyme d’Aspirine, dévoilant ses premiers travaux sur son blog Spongiculture. Après un Master en illustration à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, elle publie Ça va derrière ? , sa première bande dessinée (Vraoum). Avec son trait nerveux et dynamique, elle révèle alors un humour acerbe et un vrai sens de l’observation pour décrire les microévénements qui parsèment la route des vacances en famille. En 2016 paraît Quoi de plus normal qu’infliger la vie ? (Arbitraire), où est abordé un thème singulier : la nulliparité. En s’intéressant à une jeune femme qui fait le choix de ne pas avoir d’enfants, le livre interroge les normes sociales, familiales et affectives qui s’imposent à l’âge adulte. L’autrice déforme les corps et les cases, et appuie son propos sur un humour acide et lucide. Son dessin libre et inventif continue par ailleurs à s’exprimer sur le blog qu’elle alimente régulièrement et que le Festival avait consacré en 2011 par le Prix Révélation Blog.

La publication du Meilleurissime Repaire de la Terre , début 2017, est l’occasion de mettre en lumière l’oeuvre déjà fournie d’une artiste singulière. Dans ce dernier ouvrage tout en couleurs, le lecteur suit les aventures de Leïa, une petite fille à l’imagination débordante qui préfère construire des cabanes plutôt que de ranger sa chambre comme le lui demande son père. Lorsqu’un tamanoir mystérieux apparaît à travers une latte du plancher, et alors que la voisine de dessous semble avoir mystérieusement disparu, Leïa fait la rencontre des neveux de cette dernière, Un et Deux. Tous trois vont s’aventurer dans l’étrange appartement de la voisine et découvrir un drôle de monde… Pour les visiteurs, c’est l’univers déjà riche d’une jeune autrice d’aujourd’hui qui se dévoilera au Festival.

Renseignements complémentaires

Oriane Lassus, le meilleurissime repaire de la Terre

  • Pavillon Jeunes Talents du 25 au 28 janvier 2018
  • 134 Rue de Bordeaux
  • Production : 9eArt+ / FIBD et Biscoto éditions
  • Scénographie : Biscoto Éditions et Élodie Descoubes
  • Commissariat : Biscoto Éditions

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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