Osamu Tezuka : maître mangaka

Quelle riche idée de la part du Festival d’Angoulême : une exposition sur Osamu Tezuka, le grand maître mangaka. Plongée dans l’œuvre foisonnante du créateur de Astro Boy. Un sublime moment apaisant au Musée d’Angoulême. Une rétrospective digne du Dieu du manga !

OSAMU TEZUKA : MEDECIN-MANGAKA

Comme nous l’avons montré à travers notre chronique de Osamu Tezuka, une vie en manga, l’auteur japonais a mené une vie double de mangaka et d’étudiant en médecine (diplôme obtenu en 1961). Lors de sa riche et foisonnante carrière, il livrera plus de 170 000 planches pouvant en enchaîner plus de 20 par jour !

L’exposition au premier étage du Musée est magnifique. Quel lieu magistral pour accueillir le Dieu du manga. Comme Kamimura l’année dernière au même endroit, il fait bon y déambuler dans un calme olympien. Apaisé, le visiteur peut découvrir toute la richesse de l’oeuvre de Tezuka.

Pour plus de facilité, la partie en entrant est chronologique afin de bien appréhender la force graphique du maître. Ainsi, il peut admirer les premières planches de La nouvelle île au trésor ou Metropolis, ses œuvres de jeunesse.

ASTRO BOY : LE PETIT ROBOT AIMé DES ENFANTS

Sur la gauche en entrant, nous pouvons découvrir les planches de Astro Boy, plus connu sous le nom de Astro le petit robot, série télévisée diffusée dans les année 80. C’est ainsi que Tezuka fut connu mondialement, grâce à cet androïde très humain, justicier sur Terre. En face, un grand panneau illustré de deux Astro allongés est visible. Le visiteur muni d’une lampe pourra découvrir tous les rouages du petit robot. Vraiment top !

Passionné par l’animation et les films Disney, Tezuka travaillera aussi dans ce domaine. Longs métrages expérimentaux mais aussi séries animées. En plus de Astro Boy, les enfants ont vu dans la petite lucarne dans les années 80/90, Le roi Léo ou Princesse Saphir. Succès phénoménal pour ces trois titres ! Des recherches et des planches de ces mangas sont accrochés sur le mur de l’exposition.

Les autres coins montrent aussi les récits plus adultes de Tezuka comme L’histoire des 3 Adolf (une vision de la guerre par le japonais dont il fut très marqué), Néo Faust sa dernière production inachevée, Bouddha, Kaos, La femme insecte ou Alabaster.

Pour prolonger cette formidable exposition, parcourez notre Top 20 des mangas de Osamu Tezuka, une infime partie de son immense œuvre !

Courez au Musée d’Angoulême pour admirer (et rester parfois bouche bée) les planches originales de Tezuka. Une première en France grâce au Festival. Moment magique. Merci !

Article posté le jeudi 25 janvier 2018 par Comixtrip

L'exposition

Communiqué du Festival :

Considéré comme le fondateur du manga moderne, Osamu Tezuka naît à Osaka en 1928. Son père, amateur de cinéma, lui montre de nombreux films étrangers, tandis que sa mère, amatrice de théâtre, l’emmène régulièrement voir la célèbre troupe de Takarazuka, composée exclusivement de femmes qui se griment pour interpréter les rôles masculins.

La Seconde Guerre mondiale éclate durant son adolescence et l’aspirant mangaka se convainc qu’il faut prôner à tout prix la paix et le respect de toute forme de vie. À l’issue de la guerre, son humanisme passionnel devient le moteur d’une écriture et d’une
œuvre qui n’auront de cesse d’explorer tous les genres de la bande dessinée et de conquérir toutes les catégories d’âges.

Le long de sa carrière exemplaire, qui s’étend sur presque 50 ans et compte, selon les historiens, plus de 150 000 pages dessinées, Tezuka agence un univers immense et cohérent, peuplé de personnages célèbres. Au panthéon de ses créations trône bien évidement Astro Boy (Tetsuwan Atomu, 1952), l’enfant robot alimenté par une pile nucléaire, célèbre dans le monde entier puisqu’il joue de temps à autres le rôle d’ambassadeur du Japon !

C’est pourquoi, en plus des nombreuses récompenses qu’il a reçues pour son œuvre, Tezuka a été surnommé par ses pairs Manga no Kamisama. Le titre de Manga no Kamisama, en français, se traduit littéralement par « Dieu du manga ». Or, cette interprétation est trompeuse. La culture fondamentalement monothéiste de l’Occident sous-entend l’omnipotence de Dieu. Mais la situation est radicalement différente au Japon : entre le bouddhisme et le shintoïsme, les dieux se présentent plutôt comme des figures d’influence, dont on chercherait à s’attirer les bonnes grâces.

Tezuka ne serait ainsi pas tant le « Dieu du manga » dont découlerait tout un médium (et, il faut le dire, une industrie), qu’une sorte de « saint-patron » qui aurait accompagné l’éclosion d’un marché et aurait, surtout, donné ses lettres de noblesse au manga. Si Tezuka n’a pas inventé le manga, son œuvre pléthorique (les œuvres complètes publiées par Kodansha au début des années 1990 comptaient 400 volumes) est en effet jalonnée de récits incontournables, de purs moments de bravoure ou de génie graphique.

Bien évidemment, il exploite aussi quelques recettes bien rodées qui, d’ailleurs, lui ont été bien souvent empruntées par les générations suivantes. Surtout, domine dans toute son œuvre la foi indéfectible d’un auteur qui, dès l’adolescence, voulut faire de la bande dessinée, convaincu du potentiel qu’elle recelait, et l’utiliser pour diffuser un message profondément humaniste.

Osamu Tezuka n’a jamais fait l’objet d’une véritable rétrospective en France. L’exposition présentée par le Festival retracera le cheminement de son œuvre protéiforme avec une sélection exceptionnelle de 200 originaux. Il s’agira enfin de rendre hommage à un auteur venu au Festival en 1982 dans un relatif anonymat, quelques années avant que la bande dessinée japonaise s’exporte massivement à travers le monde.

Renseignements complémentaires

Osamu Tezuka Manga no Kamisama

  • Musée d’Angoulême
    Du 25 au 28 janvier 2018
  • square Girard II, 16000 Angoulême

 

  • Production : 9e Art+ / FIBD
    Avec le soutien de Tezuka Productions
    Commissariat : Stéphane Beaujean et Xavier Guilbert

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