Cosey, pérégrinations dessinées aux quatre coins du Monde

Cosey, Cosey Grand Prix d’Angoulême 2018, est à l’honneur avec une magnifique rétrospective de son œuvre à l’Hôtel Saint-Simon. Suivez les traces du créateur de Jonathan à travers ses pérégrinations dessinées aux quatre coins du monde.

Cosey : un auteur-voyageur

1969 est une année importante pour Bernard Cosendai – qui ne se fait pas encore appeler Cosey – puisqu’il rencontre Derib, le dessinateur de Yakari. Ce dernier va encourager le Suisse à tracer sa voie dans la bande dessinée. Il réalisera quelques couleurs des albums du Petit Indien ou de Buddy Longway.

En 1975, dans les pages du Journal de Tintin, il imagine la première histoire de Jonathan, son doux héros qui préfère les rencontres et les arts aux armes, une direction nouvelle pour l’époque qui célébrait plutôt Corto Maltese de Pratt qu’un personnage pacifiste.

Ce héros – alter ego de Cosey ? – parcourt les quatre coins du monde : Etats-Unis, Inde, Birmanie et surtout le Tibet, dont l’auteur suisse se passionne.

L’exposition du Grand Prix 2018 revient ainsi sur la passion de Cosey pour les voyages. Les murs immaculés des deux étages de l’Hôtel Saint-Simon permettent de goûter tout le sel des magnifiques planches de l’auteur de Zélie Nord-Sud.

DES ETATS-UNIS AU TIBET : COSEY SE DÉVOILE

Deux mondes qui s’opposent se dévoilent dans l’œuvre de Cosey : l’Asie d’un côté et les Etats-Unis de l’autre. Loin des westerns très en vogue à l’époque, le Suisse préfère les récits parus dans les années 60 ou les films de Wim Wanders. Ses albums « américains » sont nombreux : Oncle Howard est de retour, Le voyage en Italie, Saïgon-Hanoï, Orchidea ou Joyeux Noël May ! se concentrant sur les relations entre les personnages.

En ce qui concerne l’Asie, Cosey va énormément être attiré par le Tibet, pays sous le giron chinois. Alors que l’Empire du Milieu commence tout juste à ouvrir cette région au monde, le Suisse imagine les tomes 12 et 13 de Jonathan : Celui qui mène les fleuves à la mer (1997) et La saveur du Songrong (2002). Il crée aussi le merveilleux diptyque Le bouddha d’Azur qui met en scène un jeune britannique dans le Tibet occupé des années 60.

DE PETER PAN A MICKEY

Un pan entier du deuxième étage de l’exposition est consacré à la merveilleuse série A la recherche de Peter Pan. Ce petit chef-d’œuvre de Cosey mettant en scène Sir Melvin Woodworth venu se ressourcer au beau milieu des Alpes valaisannes. Pour écrire son nouveau roman ou pour se rendre sur les traces de Dragan, son frère décédé ? La pureté du trait, la texture de la neige et la force des personnages sont le cœur de ce diptyque d’une grande force narrative et graphique.

Attiré par les Etats-Unis comme nous l’avons vu, Cosey a aussi beaucoup rêvé de dessiner un Mickey. Quel joie lui fut faite lorsque Jacques Glénat lui proposa d’imaginer une histoire sur la célèbre souris. Premier auteur européen de cette nouvelle vague, le Suisse met en scène la rencontre entre Mikey et Minnie dans Une mystérieuse mélodie.

Une partie de l’exposition revient sur le sublime travail de Cosey autour de la typographie. Ne faisant pas de différence entre le dessin et le lettrage, il joue avec les courbes pour calligraphier les titres de certains de ses albums.

Une carrière riche et éclectique pour l’auteur suisse. Pour découvrir son travail, quoi de mieux que d’arpenter l’Hôtel Saint-Simon ou de regarder notre Top 10 des meilleures BD de Cosey, un panorama non-exhaustif.

Article posté le jeudi 25 janvier 2018 par Comixtrip

L'EXPOSITION

Communiqué du Festival :

Depuis plus de 40 ans, les personnages de Cosey sillonnent le monde à la découverte d’eux- mêmes. Élu Grand Prix du Festival en 2017, l’auteur suisse nous emmène une fois de plus en voyage, en quête de sens, dans l’exposition qui lui est consacrée à l’Hôtel Saint-Simon.

C’est sous l’influence décisive de Derib, créateur de Yakari rencontré en 1969, que Bernard Cosendai fait ses premiers pas et voit la possibilité de réaliser son rêve d’enfant : raconter en dessinant. En 1975, sollicité par la nouvelle direction de l’hebdomadaire Tintin, le jeune auteur entame ce qui sera sa série phare : Jonathan.

Son héros est un nouveau type d’aventurier dans la bande dessinée : c’est un descendant de la beat generation littéraire, un voyageur attentif qui préfère l’art et les livres aux armes, un esprit en quête de sa place dans le monde… Un alter ego fantasmé de Cosey lui-même.

Pendant près de 30 ans, Jonathan parcourt ainsi l’Himalaya (Inde, Népal et Tibet), mais aussi les États-Unis, la Birmanie et le Japon. Jamais dans la bande dessinée européenne la métaphore de la trace n’aura eu autant de force évocatrice que dans l’œuvre de Cosey. Des traces de la plume et du pinceau à celles que les personnages laissent dans les paysages qu’ils traversent, l’auteur
questionne le rapport à la mémoire et à l’oubli. Ce sont en effet bien souvent des indices de leur passé énigmatique que recherchent les êtres insatisfaits qu’il anime.

Dans cette œuvre spirituelle, la montagne, point de rencontre du ciel et de la terre, est à la fois le centre et le sommet. La quête de l’épure et l’influence de la philosophie orientale culminent dans Le Bouddha d’Azur, publié en 2005 chez Dupuis, dans lequel Cosey retourne au Tibet avec l’expérience que seuls fournissent de nombreux voyages de repérages.

Le goût immodéré pour l’ornement et les formes mystérieuses des typographies étrangères conduit parfois l’auteur aux frontières de l’abstraction, comme le confirme Calypso, son dernier album paru en 2017 aux éditions Futuropolis, où il fait preuve d’une grande maturité esthétique.

Souvent associé au Tibet et à l’Extrême-Orient, Cosey se nourrit également de l’imaginaire américain, notamment cinématographique, qui trouve une forte résonance dans ses livres publiés chez Dupuis dans la collection « Aire Libre ». Entre ces deux pôles, Cosey a réalisé au début des années 1980, avec À la recherche de Peter Pan (Le Lombard), un chef-d’œuvre centré sur sa Suisse natale et les Alpes valaisannes dans les années 1920. Mélomane perméable à la nostalgie, Cosey fut par ailleurs le premier à associer une bande son à une bande dessinée en conseillant l’écoute de certains disques durant la lecture de ses albums. Dans tous ses livres, la musique et les sons jouent en effet un rôle important.

La rétrospective consacrée à Cosey dévoilera au public plus d’une centaine d’originaux et de documents exceptionnels qui retracent la singularité de l’œuvre d’un grand auteur voyageur.

Renseignements complémentaires

Hôtel Saint-Simon du 25 au 28 janvier 2018

  • 15 Rue de la Cloche Verte, 16000 Angoulême
  • Production : 9e Art+ / FIBD
  • Commissariat : Vladimir Lecointre et Stéphane Beaujean

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