Le Festival International de la Bande Dessinée dans les gares

Crise oblige, cette année le Festival International de la Bande-Dessinée est reporté du 24 au 27 juin. Mais pour ne pas laisser les mordus de BD en manque, le Festival s’associe avec la SNCF pour amener la bande-dessinée … dans les gares.

Toutes la sélection : 75 titres adaptés à 41 gares …

Si vous avez voyagé par le rail pendant les fêtes, peut être les avez vous déjà vu : Ces grandes planches de Bande dessinée dans le halle de la gare. Sylvain Bailly est directeur des affaires culturelles, Gares et Connexions, à la SNCF. Il nous explique que pour eux, il était inenvisageable de ne pas innover avec le festival pour qu’il puisse quand même aller à la rencontre de ses lecteurs.

Il appelle cela « un véritable pari« . Car les deux organismes ont choisi d’exposer, non pas une, ni deux, mais les 75 titres de la sélection officielle du Festival d’Angoulême.

Chaque exposition montre une dizaine de planches d’une BD sélectionnée. Chaque gare accueille une, deux ou trois ouvrages. Et chaque titre est pourvu de panneaux explicatifs. Ils racontent le synopsis, l’auteur ou encore le festival.

Sylvain Bailly rappelle que contrairement à certaines idées préconçues, les gares ne sont pas que des lieux de passage, mais aussi des lieux de vie. Les gens n’y courent pas toujours et ils sont curieux des expositions que le Service Gare et Connections propose. Certains se mettent même à les attendre, prennent le temps de lire, de se promener dans cette culture accessible, gratuite et follement diversifiée.

C’est donc une exposition nationale, répartie dans 41 gares sur l’ensemble du territoire.

… Dans toutes la France.

Dans toutes les gares parisiennes, mais aussi à Poitiers, Vichy, Montpellier, Toulouse, Chambéry ou Caen. Le choix des gares peut parfois étonner, et pourtant. Franck Bondoux, délégué général du Festival d’Angoulême explique qu’elles ont été méticuleusement choisi. En fonction de leur espace et de leur structure. Pour mieux adapter les planches aux lieux qu’elles occupent.

Pour le Festival aussi, le projet est un véritable pari. Car si la SNCF est rompu cet exercice – adapter des œuvres à l’espace et inversement – pour le FIBD c’est une première. En tout cas de cet envergure. Un exercice réalisé conjointement avec les auteurs et les maisons d’éditions, afin de choisir la bonne planche avant de monter les expositions.

Un partenariat de long court

Le Festival d’Angoulême et la SNCF sont partenaires depuis 15 ans. Et même si, selon les mots de Sylvain Bailly, durant longtemps la Bande-Dessinée n’a pas eu beaucoup de place dans les gares, c’est une tendance qui est en train de changer.

Plusieurs fois la Bande-Dessinée a occupé ces lieux de voyages. Comme la gare de Lyon, à Paris, par l’autrice Pénélope Bagieu et son adaptation BD de Sacrées Sorcières, le roman de Roald Dahl. C’est aussi l’occasion d’aborder des questions dures avec un esprit ludique. Par exemple sur le racisme avec le dernier Lucky Luck, « Un Cow-Boy dans le coton » scénarisé par Jul (non pas le rappeur).

La culture se conjugue avec le territoire

Pour Franck Bondoux, amener la bande-dessinée dans les gares est une façon d’habiter l’espace, de le rendre vivant. Le Festival d’Angoulême réalise un sorte de brassage des créations de tous les continents. Dans un esprit d’ouverture au monde, c’est aussi ce que le Festival tente de faire en exposant la sélection officielle.

« Voilà le meilleur de la bande-dessinée internationale. Et on l’amène jusqu’à vous » – Franck Bondoux

Alors les expositions jouent du ping-pong d’un continent à l’autre. Prenons un exemple ou deux :

A Poitiers, on retrouve un peu de Venezuela et d’Angleterre avec le dessinateur Jorge Corona et l’auteur Scottie Young dans leur BD MiddleWest. On passe en Égypte avec « Edika – Anthology » de l’auteur – aujourd’hui en France – Edika. Puis on revient en Aquitaine avec Flipette et Vénère de l’autrice bordelaise Lucrèce Andreae. A Vichy aussi on voyage d’un continent à l’autre : avec le manga Asadora! de Naoki Urasawa et Coda Omnibus du dessinateur uruguayen Matias Bergara et l’auteur britannique Simon Spurrier.

Le Festival International de la Bande Dessinée dans les gares, c’est un peu comme faire le tour du monde en attendant le train. C’est ainsi que les passants deviennent des voyageurs-lecteurs-spectateurs. Des lecteurs du rail et des voyageurs de page.

L’Exposition des 75 titres de la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée dure jusqu’à mi-février.

Un couac dans l’air et un problème qui dure

Cependant Le collectif des Autrices et Auteurs en Action proteste contre l’exposition des œuvres de BD dans les gares par le festival d’Angoulême et la SNCF. Le hic : ils n’ont pas été rémunéré pour l’exposition de leur travail.

Une protestation qui vient 1 an après la publication du rapport Racine qui témoigne de la précarité de la situation des artistes-auteurs. Tandis que les chiffres de vente de la BD on drastiquement augmenter en 2020 – plus 9% par rapport au vente de l’année précédente – la rémunération des artistes-auteurs, elle, n’a pas évolué.

Dans sa réponse le FIBD explique ne pas pouvoir rémunérer les auteurs pour ces affichages dû à l’endettement investi pour réaliser le projet dans les conditions sanitaires et économique actuelles. Il explique avoir tenu un dialogue préalable avec les maisons d’éditions. Il évoque l’accord signé avec eux au nom des auteurs et exprime la volonté de promouvoir un art ainsi que le souhait d’amener les voyageurs-lecteurs vers les œuvres originales grâces aux affichages des BD….

Article posté le samedi 06 février 2021 par Marie Lonni

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

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