Paris 2024 : Jeux Olympiques et bande dessinée

À l’occasion de la 33e olympiade, Paris accueillera les Jeux Olympiques du 26 juillet au 11 août 2024, puis les Jeux Paralympiques du 28 août au 8 septembre 2024. L’occasion était trop belle chez Comixtrip de revenir sur la thématique du sport qui est très présente dans le monde du 9e Art et sur notre site.

En 2021, pour les Jeux de Tokyo, Damien Canteau avait rédigé un article intitulé Jeux Olympiques et BD, des albums dans presque toutes les disciplines. Il réalisait ainsi un recensement de tous les sports présents aux Jeux olympiques, ceux-ci étaient illustrés par des albums les concernant.

Dans cet article, nous avons choisi de vous parler d’albums sortis depuis 2021. Ceux-ci auront un rapport avec les Jeux olympiques, que ce soit pour parler de cette organisation. Ou bien pour mettre en valeur un sportif, une sportive. Voire une personnalité qui a œuvré dans l’intérêt du sport olympique. Ou alors une épreuve mythique qui a marqué l’olympisme. Et enfin et surtout, pour lier sport et bande dessinée.

Pierre de Coubertin, entre ombre et lumière

de Xavier Bétaucourt (scénario) et Didier Pagot (dessin) sorti chez Steinkis le 24 avril 2024. 

Parler des Jeux Olympiques de l’ère moderne sans parler de l’homme qui les a fait revivre en 1896, voilà qui semble impossible. Le nom de Pierre de Coubertin est fortement lié à cet événement sportif devenu planétaire. Mais comment cet homme a-t-il eu l’idée d’instaurer à nouveau cette compétition sportive après la disparition des Jeux antiques en 393 ?

L’album Pierre de Coubertin, Entre ombre et lumière se propose donc de faire découvrir qui était cet aristocrate, à travers certaines facettes, pas toujours les plus élogieuses, de sa personnalité.

C’est en 1892, lors du discours de clôture à la Sorbonne du 5e anniversaire de l’USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques) que Pierre de Coubertin, son secrétaire général, proposa de rétablir les Jeux Olympiques. Son idée était de faire disparaître la guerre grâce au sport et à l’entente entre les peuples. À travers des compétitions sportives, des hommes de toutes nationalités pourraient se confronter pacifiquement. Des hommes seulement, puisque l’optique du Baron n’était pas que les femmes puissent s’aligner pendant ces rencontres.

Un Comité International Olympique (CIO) fut créé et Coubertin en devint le secrétaire général. C’est ainsi qu’Athènes fut désignée pour accueillir les premiers Jeux modernes en 1896, dont les débuts furent imparfaits. Rapidement d’autres sports firent leur apparition et le nombre de sportifs s’accrut. Mais ces jeux devaient rester une affaire d’hommes, même si certaines femmes furent autorisées à participer à certaines compétitions adaptées à leur statut.

En 1904, à l’occasion des Jeux de Saint-Louis (Missouri), le baron estime peu probable la participation d’athlètes de couleur aux côtés des Blancs, de peur que cela affecte l’image des Jeux Olympiques.

C’est à travers les échanges entre deux journalistes présents aux Jeux de Berlin de 1936, que Xavier Bétaucourt (scénario) et Didier Pagot (dessin) nous présentent les deux faces de Pierre de Coubertin. Un homme inventif et déterminé, mais fortement marqué par les idées de son temps qui, à la fin de sa vie, se sentit incompris et humilié par les modifications que subissaient les Jeux. L’évolution dans le sport et la société allait à l’encontre de ce qu’il avait imaginé pour ses Jeux Olympiques.

 

Alice Milliat, Pionnière olympique

de Didier Quella-Guyot (scénario), Laurent Lessous (dossier documentaire), Chandre (dessin) et Marie Millotte (couleur) sorti le 11 février 2022 chez Petit à Petit.

Qu’en est-il de la présence des femmes aux Jeux Olympiques depuis 1896, date de la première olympiade de l’ère moderne ?
Quand Pierre de Coubertin a relancé ce projet sportif, c’était pour d’unifier le sport masculin car il voyait en l’homme le seul véritable héros olympique. Quant à la présence des femmes, “Ce serait inintéressant, inesthétique et incorrect”. C’est ce qu’il affirma à Alice Milliat lors de l’une de leurs rencontres. Cette militante pour le droit des femmes à pratiquer des activités sportives, et également grande sportive, voulait obtenir de la part du CIO la possibilité pour les femmes de s’aligner dans toutes les épreuves.

En effet, lors des premiers Jeux en 1896 à Athènes, aucune femme n’était présente. En 1900, à Paris, 22 femmes purent participer aux épreuves de tennis, voile, croquet, équitation et golf, des sports qualifiés d’aristocratiques, donc décents ! Face au refus du comité olympique, Alice Milliat, qui avait déjà créé la FSFSF (Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France), décida de mettre en place en 1921 le premier meeting international d’éducation physique féminine et de sports.

Le but de cette pionnière était de sortir les femmes de leur foyer et de leur rôle de mère. Mais surtout de faire évoluer la place qu’avait la femme dans la société. Cette révolution ne pouvait passer que par le sport et par un changement d’habillement. En l’état, les tenues des femmes ne pouvaient plus convenir à la pratique d’une activité physique.

Le succès des premières rencontres sportives amena Alice Milliat à créer une Fédération Sportive Féminine Internationale afin d’instaurer des compétitions qui pourraient rivaliser avec celles prévues pour les hommes. Les jeux mondiaux féminins, qui se sont déroulés à Paris en 1922, étaient nés.

Près de 100 ans plus tard, le nom d’Alice Milliat est presque tombé dans l’anonymat. Mais les JO de Paris 2024 seront paritaires, pour la première fois dans l’histoire olympique. Une belle revanche pour cette femme au destin incroyable à découvrir absolument grâce à cet album

 

Géostratégix : Un monde de jeux

de Pascal Boniface (scénario) et Tommy (dessin et couleur) sorti le 02 mai 2024 chez Dunod Graphic.

Géopolitique et sport ont toujours été liés. Comment pourrait-il en être autrement pour les Jeux Olympiques modernes ? C’est ce qu’ont voulu nous montrer les auteurs de ce troisième tome de la série Géostratégix, intitulé Un Monde de Jeux.

À travers six chapitres, suivant un ordre chronologique depuis “La renaissance de l’olympisme” jusqu’aux Jeux de Paris de 2024, le géopolitologue Pascal Boniface nous dresse un état des lieux de cet événement qui se déroule tous les quatre ans, tout comme pour les Jeux antiques. Ces derniers, qui se sont déroulés jusqu’en 393 de notre ère, ont été réinstaurés sous leur version moderne à l’initiative du baron Pierre de Coubertin (1836-1937). La première édition des Jeux Olympiques modernes se déroula en 1896 à Athènes, berceau de ce qui est depuis devenu une institution sportive et politique.

Mais les Jeux Olympiques n’ont pas toujours été à l’image de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Il y a 128 ans, seulement treize pays étaient représentés et les athlètes masculins concouraient dans neuf disciplines. Les femmes ont dû se battre pour revendiquer le droit d’y participer, Pierre de Coubertin étant, pour le moins, défavorable à leur concours.

Cette bande dessinée revient également sur les événements dramatiques qui émaillèrent différentes éditions et sur les boycotts organisés par certaines nations pour protester contre les régimes politiques des pays hôtes.

Avec de très nombreuses anecdotes, et surtout le dessin très humoristique de Tommy, cet ouvrage nous montre les enjeux liés aux Jeux Olympiques qui sont le parfait endroit pour mettre en lumière des revendications de la part d’athlètes (Mexico 1968) ou des idéologies de la part des pays (Berlin 1936). La façon de le faire (Munich 1972) ayant parfois largement outrepassé le cadre pacifique auxquels les Jeux Olympiques sont attachés.

Ce Géostratégix, Un Monde de Jeux, publié chez Dunod Graphic, est le parfait album pour enfin découvrir “Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Jeux Olympiques (sans jamais oser le demander)”.

Vies en jeux – Leur flamme éclaire l’Histoire

d’Églantine Chesneau (scénario, dessin et couleur) sorti le 15 mai 2024 chez Vents d’Ouest Glénat

Vies en jeux ou comment les Jeux peuvent changer la vie de ceux qui ont l’honneur de pouvoir y participer. S’il est bien un événement incontournable dans la vie des sportifs et sportives, ce sont les Jeux Olympiques. En raison de leur récurrence, tous les quatre ans et certainement de leur aura, puisque la plupart des états y participent. En 2024, à Paris, 206 pays s’aligneront dans 28 sports représentant 329 disciplines.

Au-delà de l’aspect sportif, il ne faut pas négliger l’aspect politique que peuvent représenter ces Jeux. Mais également les enjeux au niveau de la société.

 

C’est ce que cet album, intitulé Vies en jeux, sous-titré Leur flamme éclaire l’Histoire et réalisé par Églantine Chesneau, tient à nous montrer. À travers le parcours de 16 sportifs et sportives de haut niveau, on peut ainsi mieux comprendre comment le sport va impacter leur vie, mais également la société.

– 1928, Betty Robinson est la première femme médaillée d’or en athlétisme. Elle a ouvert la porte aux autres femmes.

– 1936, Jesse Owens montre qu’avec quatre médailles d’or, il peut ébranler les théories raciales du régime nazi.

– 1952, Lis Hartel, handicapée en raison d’une poliomyélite contractée enfant, participe à l’épreuve de dressage. Elle obtient la médaille d’argent et va promouvoir le handisport.

– 1960, Wilma Randolph remporte trois médailles d’or en athlétisme. Elle favorisera ainsi la pratique du sport auprès des petites filles noires.

– 1976, Nadia Comaneci remporte le premier 10 aux barres asymétriques. Instrumentalisée par le régime communiste roumain, elle finira par quitter son pays pour trouver la liberté.

– 1988, Greg Louganis, plongeur américain cache son homosexualité et sa séropositivité. Il effectue son coming out en 1996, faisant ainsi avancer la cause des sportifs homosexuels.

Des exemples comme ceux-ci, cet album en regorge. Il nous montre que le sport, à travers les Jeux olympiques, peut faire évoluer les mentalités et mettre en lumière les enjeux de notre société.

 

Iconiques , Quand les jeux changent le monde

de Greg Lacouture (textes), dessins réalisés par les auteurs cités ci-dessous sorti le 05 juillet 2024 chez Eidola

Que peuvent avoir en commun treize dessinatrices et dessinateurs et le monde olympique ? Originaires de différents pays, ils ont collectivement illustré les textes de Greg Lacouture dans cet album Iconiques, Quand les Jeux changent le monde. Un florilège d’exploits et de gestes olympiques à retrouver chez l’éditeur angoumoisin Eidola.

Stockholm 1912 et le meilleur athlète du monde. Quand l’athlète amérindien Jim Thorpe se voit retirer ses titres olympiques et pour ne les récupérer qu’en 2022.
Marcel O’Leary (Angleterre)

 

Anvers 1920 et la Divine. Comment Suzanne Lenglen révolutionna le tennis en modifiant les codes vestimentaires. Varya Yakovleva (Russie)

Berlin 1936 et la ressuscitée. Le retour d’Elizabeth Robinson, médaillée d’or du 100m de 1928, au plus haut niveau de la compétition après un accident d’avion. Miroslav Sekulić-Struja (Croatie)

Melbourne 1956 et les amants de la Guerre Froide. L’amour plus fort que la géopolitique pour la tchécoslovaque Olga Fikotova et l’américain Harold Connolly. Kateřina Čupová (République Tchèque)

Rome 1960 et Avé Bikila. La revanche d’un marathonien éthiopien aux pieds nus dont le pays fut envahi par les troupes de Mussolini en 1935. Adjim Danngar (Tchad)

Tokyo 1964 et les Sorcières orientales. L’incroyable victoire de sportives japonaises “vieillissantes” face à des sportives soviétiques “surentraînées”. Adriano Fruch (Italie)

Mexico 1968 et le Black Power. Les Américains Tommie Smith et John Carlos en or et bronze sur le podium du 200m avec le poing levé pour protester contre le racisme.
Ivan Stojkovic (Serbie)

Munich 1972 et le moineau de Minsk. Le rapprochement entre l’Est et l’Ouest par la diplomatie du sport grâce à Olga Korbut, une jeune gymnaste soviétique.
Lola Lorente (Espagne)

Moscou 1980 et le spasme musculaire. Le bras d’honneur au régime de l’URSS par le perchiste polonais Wladyslaw Kozakiewicz. Un geste mis sur le compte « d’une réaction musculaire due à l’effort ». Benoît Hamet (France)

Barcelone 1992 et l’idéal olympique. Son sport et sa patrie avant l’appel de l’argent pour le boxeur en or cubain Félix Savón. Greg Lacouture et Delphine Rieu (France)

Atlanta 1996 et Petit Raisin. Après une médaille d’or en lutte à Olympie en 281 aux Jeux antiques, un autre champion arménien, Armen Nazaryan, remporte une médaille du même métal, 1715 ans plus tard. Maran Hrachyan (Arménie)

Pékin 2008 et Blade Swimmer. Natalie du Toit est la première nageuse amputée à avoir participé aux Jeux Olympiques avec les athlètes valides. Silki (Corée du Sud)

Iconiques, c’est le plaisir de se plonger collectivement, et d’une aussi belle manière, dans ce que l’olympisme a de meilleur.

L’Or d’El Ouafi

de Pierre-Roland Saint-Dizier (scénario), Paul Carcenac (scénario) et Christophe Girard (dessin et couleur) sorti le 24 février 2022 chez Michel Lafon.

 

Le français Boughera El Ouafi remporte le marathon d’Amsterdam en 1928. Après Marathon de Nicolas Debon, Paul Carcenac, Christophe Girard et Pierre-Roland Saint-Dizier mettent en scène la vie de cet athlète dans L’or d’El Ouafi aux éditions Michel Lafon.

Sortie en février 2022 aux éditions Michel Lafon, la bande dessinée L’Or d’El Ouafi est un excellent complément à l’album Marathon de Nicolas Debon, Prix Bulles de Sport 2022, de la meilleure bande dessinée sportive de l’année.

 

Dans un superbe style épuré, cette dernière œuvre racontait magnifiquement la victoire de l’athlète français, Boughera El Ouafi, au marathon olympique d’Amsterdam en 1928.

Avec L’Or d’El Ouafi, les scénaristes Paul Carcenac et Pierre-Roland Saint-Dizier embrassent une période beaucoup plus longue : ils nous racontent l’ensemble de la vie de cet athlète algérien qui remporta la plus célèbre des courses sous le maillot français.

Suite de l’article de Medionok à retrouver ici.

Jesse Owens, des miles et des miles

de Gradimir Smudja (scénario, dessin et couleur) sorti le 05 juin 2024 chez Futuropolis.

Jesse Owens comme vous ne l’avez jamais lu ! Une sublime bande dessinée de Gradimir Smudja sur cet athlète noir américain qui par ses exploits sportifs a défié Hitler et le régime nazi.

De la fureur du Führer : Jesse Owens plus fort que la haine.
On connaît par cœur la célèbre histoire de Jesse Owens (1913-1980). On a entendu mille fois comment il remporta quatre médailles d’or aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, sous les yeux d’Adolf Hitler. L’Afro-Américain provoqua la fureur du Führer car le champion mettait à mal les thèses nazies sur la supériorité aryenne. Narrer le tout en faisant preuve d’originalité était donc une gageure. On peut dire que Gradimir Smudja a largement relevé le défi. Publié chez Futuropolis et traduit de l’italien par Hélène Dauniol-Renaud ce Jesse Owens est un véritable petit bijou.

 

Suite de l’article de Medionok à retrouver ici.

À l’occasion des Rendez-Vous de la Bande dessinée d’Amiens, Comixtrip a eu la très grande chance de pouvoir rencontrer Gradimir Smudja. L’auteur de Mausart participait à la 28e édition de ce festival afin d’y présenter, en avant-première, son dernier album, Jesse Owens, Des miles et des miles, sorti chez Futuropolis. Un échange riche en propos et en découverte d’incroyables dessins originaux.

Interview de Gradimir Smudja à retrouver ici.

 

Marguerite Broquedis, L’histoire de la première championne olympique française

de Paul Carcenac (scénario) et Fabien Ronteix (dessin et couleur) sorti le 29 mai chez Des Ronds dans l’O.

Comme pour la plupart des personnes, le nom qui nous vient automatiquement à l’esprit, quand on parle d’une ancienne championne de tennis, c’est bien évidemment celui de Suzanne Lenglen. Un nom attribué à un court bien connu de celles et ceux qui ne manqueraient pour rien au monde la quinzaine de Roland Garros.

Mais avant Suzanne Lenglen, il y eut Marguerite Broquedis. Née en 1893, la fillette avait à peine 9 ans, qu’elle jouait déjà au jeu de paume, qu’on peut qualifier d’ancêtre du tennis. Il faut dire que Marguerite était à bonne école, son père étant son entraîneur.

Quand la famille déménage à Paris, c’est au lawn-tennis, un nouveau sport anglais, que la jeune fille va s’essayer. Très rapidement, celle qui est devenue une énergique et déterminée jeune femme se glisse en finale des tournois régionaux, puis nationaux.

C’est ainsi qu’elle rencontre Jules Fallières, journaliste à La Vie au grand air, le plus grand hebdomadaire illustré sportif. Flairant qu’une championne de tennis est en train de naître sous ses yeux, il décide de suivre son parcours. Alors que les Jeux Olympiques de Stockholm se profilent, comment faire pour que Marguerite puisse y participer, puisque le tennis fait enfin partie des épreuves autorisées pour les femmes ? Mais un rempart infranchissable se dresse face à cette jeune joueuse et il porte le nom Baron de Coubertin !

En cette période pré-olympique, voilà une excellente idée que de mettre en lumière, l’incroyable parcours de Marguerite Broquedis, qui ne dut qu’à sa détermination de faire changer les mentalités dans le milieu de son sport. Paul Carcenac (scénariste) et Fabien Ronteix (dessinateur) ont parfaitement, dans ce bel album, retranscrit, avec leurs mots et leurs dessins, l’ambiance et les mœurs de ce début de 20e siècle, à l’égard des femmes et, en l’espèce, à l’égard des sportives.

Parce qu’en se coupant les cheveux, en raccourcissant leurs robes, en enlevant leur corset et en participant aux Jeux Olympiques, des femmes se sont battues pour faire évoluer les droits des femmes et ouvrir la voie aux sportives qui vinrent après elles.

Rêve d’Olympe, Le destin de Samia Yusuf Omar

de Reinhard Kleist (scénario, dessin et couleur) réédité le 03 juillet 2024 chez La Boîte à Bulles

Aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, une frêle jeune femme participe pour la première fois à cet événement planétaire. Arrivée de Somalie, Samia boucle son tour de piste très loin des autres concurrentes. Acclamée, elle sera ravie. Mais son but était ailleurs : fuir la misère de son pays natal. Reinhard Kleist raconte la parcours chaotique de cette femme courage dans Rêve d’Olympe, un album La Boîte à Bulles.

Mogadiscio, Somalie, 2008. Tous les membres de la famille de Samia Yusuf Omar se sont réunis autour de la télévision pour regarder sa course à Pékin pendant les JO. Outsider, la frêle Somalienne terminera dernière. Ovationnée comme personne par le public du Nid d’Oiseau, elle finira néanmoins exténuée.

De retour au pays, elle est pourtant fêtée comme il se doit. Malgré les soldats de Dieu, partisans de la charia dans les rues, elle veut coûte que coûte continuer de s’entraîner en se rendant dans le stade vétuste de la capitale, étrillé par les bombes d’où de nombreux trous dans la piste. Pourtant, lorsqu’elle court, elle oublie tous les malheurs et l’insécurité liée aux miliciens islamistes.

Suite dans l’article de Nicolas Albert

 

La course du siècle

de Kid Toussaint (scénario), Jose Luis Munuera (dessin) et Sedyas (couleur) sorti le 13 octobre 2023 chez Le Lombard.

1900, les deuxièmes Jeux de l’ère moderne se sont déroulés à Paris. Les athlètes français, présents en plus grand nombre, ont raflé deux fois plus de médailles que les athlètes américains. Les Jeux olympiques de 1904 devant se dérouler à Saint-Louis (Missouri), en même temps que l’Exposition universelle, les organisateurs décident de prendre leur revanche.
Les épreuves seront organisées de manière à ce que les sportifs américains puissent se surpasser et surpasser les autres. Et c’est en partie sur la ligne de départ du marathon que va se jouer l’affrontement.

 

Trente-deux hommes sont présents au départ de ce marathon qui commencera par des tours de stade. Les organisateurs ont eu la surprenante idée de faire débuter l’épreuve dans l’après-midi, au moment où les températures sont les plus chaudes en cette fin août.
Une fois sortis de la ville, les marathoniens vont se trouver confrontés à la terre sèche et poussiéreuse qui va voler autour d’eux pendant qu’ils fournissent leurs efforts.
De plus, le premier ravitaillement en eau se tiendra à vingt kilomètres du départ.

Des conditions dantesques pour tous ces athlètes, y compris ceux qui recevront un mélange dopant pour espérer gagner l’épreuve. Cette course est d’ailleurs restée dans les esprits comme une des pires qui se soit tenue. Moins de la moitié des coureurs franchiront la ligne d’arrivée, mettant trente minutes de plus que les participants au marathon de Paris quatre ans plus tôt !

Cet album La Course du siècle signé José Luis Munuera (dessin), Kid Toussaint (scénario) et Sedyas (couleur) retrace bien les conditions dans lesquelles s’est déroulée cette épreuve devenue mythique aux Jeux olympiques. Mais cet album met également l’accent sur la façon dont étaient traités certains athlètes en ce début de 20e siècle, quand le racisme et la notion de race entraînèrent certaines dérives afin de montrer la supériorité des athlètes blancs sur les athlètes de couleur. Ce qui était effectivement le but recherché par les organisateurs de cette course.

Attraper la course

de Maria Pourchet (texte) et Lorenzo Mattotti (dessin et couleur) sorti le 01 mai 2024 chez Casterman et 9e Art+ éditions

Olympisme et culture ont décidé, en cette année 2024, de faire équipe. Le 51e Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême ne pouvait pas ne pas saisir cette perche qui lui était lancée.

C’est donc à Lorenzo Mattotti que le FIBD a demandé de se mettre sur la ligne de départ. Et pour l’accompagner dans ce relais à deux, la romancière Maria Pourchet a attrapé le témoin en écrivant quatre courtes fictions.
Celles-ci rythmaient la visite de l’exposition « Attraper la course, L’art de courir par Lorenzo Mattotti » qui avait pris place au Musée d’Angoulême jusqu’au 10 mars 2024. Une exposition que l’on peut encore visiter au château de Malbrouck (Moselle) jusqu’au 31 octobre 2024.

Pour « Attraper la course», plus d’une centaine de d’œuvres ont été réalisées par l’artiste à cet effet. Peintures ou dessins, encadrés, sous vitrines ou reproduits aux murs, ils ont nous entraînés dans une course à en perdre le souffle. Des athlètes, seuls ou en groupe, montraient ainsi les efforts qu’ils devaient déployer pour arriver sur la plus haute marche du podium.

Lorenzo Matteotti avait réussi, que les athlètes soient de face ou de profil, à insuffler un sentiment de vitesse pour toutes ces courses. Sprint, demi-fond ou fond, quelle qu’était la nature de la course, on ressentait avec ces traits sur le sol, avec ces mouvements de jambes ou avec le balancier des bras que cette course serait peut-être celle d’une vie. Celle que l’on dédie entièrement à son sport. Celle que l’on dédie également à son pays, que l’on soit coureur valide ou paralympique.

Si vous appréciez le travail de ces auteurs et que vous n’avez malheureusement pas pu vous rendre à ces expositions, ce magnifique artbook est disponible pour pallier ce manque.
À travers les 128 pages de cette très belle édition en grand format, vous pourrez voyager dans le monde du sport avec ces corps en mouvement.

Un catalogue d’exposition pour faire plaisir ou pour se faire plaisir en cette période olympique.

 

Avec la lecture de ces onze bandes dessinées illustrant les Jeux Olympiques de façons diverses et variées, vous serez, à n’en point douter, sur le podium pour cet événement sportif que tous les athlètes olympiques ou paralympiques attendent avec impatience.

Bons Jeux et bonnes lectures à tous.

Article posté le jeudi 11 juillet 2024 par Claire Karius

À propos de l'auteur de cet article

Claire Karius

Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.

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