Lisa, François et Eusèbe, les enfants de la Résistance du réseau le Lynx, sont de retour dans un neuvième volume Les jours heureux. Une aventure signée Dugomier et Ers se déroulant en 1944 entre maquis, milice répressive et coordination des réseaux de résistance. Encore un formidable tome pour une série historique Jeunesse essentielle à la lecture.
Le chantier des écluses comme camp d’entraînement secret
Pontain-L’écluse, janvier 1944. Le réseau de résistance Le Lynx est toujours autant actif. À sa tête, depuis le début de la guerre, Lisa, Eusèbe et François. Personne dans le réseau ne sait que ce trio est composé d’adolescents.
Si sa première mission est d’informer la population locale des actions de résistance, rapidement, le Lynx mobilise également des hommes et des femmes pour des actions de sabotage, d’aide aux renseignements des alliés ou des attentats contre l’occupant allemand.
Pour cela, le chantier de reconstruction des écluses, auparavant détruites par le réseau, sert de camp d’entraînement pour la lutte armée.
Le décret Sperrle
Lisa est maintenant d’une aide précieuse. Elle a été embauchée dans un manoir fortifié où les officiers allemands prennent des décisions de commandement. Au plus près, elle emmagasine des informations utiles à la résistance.
Les Allemands assez troublés par les actes de sabotage multiplient les arrestations et les exécutions des résistants. Ils sont aidés par la Milice française, armée depuis peu. Elle se charge des bases œuvres en arrêtant et interrogeant de manière forte tous les sympathisants. Parmi ces miliciens, il y a Hippolyte. Ce jeune homme jusqu’alors assez inoffensif, devient le pire de tous.
Cette période de terreur est appuyée par le décret Sperrle.
Une aide venue de Londres
François, Lisa et Eusèbe reçoivent alors un message de la résistance. Ils doivent accueillir de la meilleure manière un coordinateur venu de Londres. Il aura pour mission de fédérer les actions dans la région de Pontain-L’écluse.
Il leur suffira de lui trouver un logement secret et de l’assister dans ses déplacements…
Les Enfants de la Résistance : un énorme succès éditorial mérité
Les Enfants de la Résistance, c’est la série chouchou de la rédaction Comixtrip. Fréquemment, je vous en parle comme l’une des meilleures sagas historiques pour le jeune lectorat (ici, là, encore ici, encore là, toujours ici).
Depuis 2015 et le lancement du premier tome, Vincent Dugomier et Benoît Ers ont vendu plus de 2 millions d’exemplaires de leur merveilleuse série. D’ailleurs, le tome 1 a déjà atteint le chiffre vertigineux de 400 000 exemplaires vendus. Pour faire simple : 5 000 exemplaires des Enfants de la Résistance se vendent toutes les semaines ! Aujourd’hui, Les jours heureux bénéficie d’un tirage à 130 000 exemplaires.
Il faut y ajouter des romans déclinés de la série, des expositions, un podcast, des escape games, des fiches pédagogiques pour les enseignants et de nombreuses rencontres scolaires. Un vrai succès critique et éditorial. Vincent Dugomier explique le début de cet engouement : “On ne s’attendait pas à ce que les jeunes lecteurs s’intéressent autant à ce sujet. Nous, on y est allés avec notre cœur. On n’a fait ni plans ni calculs.”
Les jours heureux : un neuvième tome excellent
Ce neuvième volume est aussi intelligent et accrocheur que les précédents. Tous les ingrédients sont là pour happer le lecteur. Du suspense, des faits historiques, des moments de bravoure, de l’amitié, de l’action, des combats et même des morts !
Si Les enfants de la résistance fonctionne sur les plus jeunes, les adultes y trouveront leur compte aussi. On peut donc classer la série comme Grand public. Et en plus, elle est de grande qualité. Une volonté des deux auteurs.
Les jours heureux : hommage aux maquisards
Les jours heureux met en lumière la fonction très importante des maquis disséminés dans la France. Notamment le plateau des Glières en Haute-Savoie.On y découvre des femmes et des hommes menant des actions de sabotage, de renseignements pour les alliés et d’entraide. On y voit aussi des combattants étrangers venus d’Espagne (des Français étaient venus combattre les Phalanges de Franco en 1936).
Les jours heureux aborde la lourde question de la Milice française, par l’entremise du personnage d’Hippolyte. Des hommes prêts à tout pour servir l’occupant. Utilisant la manière forte et faisant du zèle.
Enfin, Les jours heureux, comme son titre l’indique, parle du programme du CNR, le Conseil national de la résistance. Ce programme politique adopté en mars 1944 avait pour but de prévoir la France d’après. Lorsque les Allemands auront été chassés, que faire de notre pays ? Comment l’organiser pour aider les Français ? Les réconcilier ? Les faire mieux vivre par des progrès sociaux que sont la Sécurité sociale, le suffrage universel ou des nationalisations.
Ces thématiques sont expliquées dans un dossier accolé à la fin de l’album.
Les Enfants de la Résistance : une série qui ressemble à Dugomier et Ers
Comme me l’avaient confié Vincent Dugomier et Benoît Ers lors d’une interview à Angoulême, Les Enfants de la Résistance est la série qui leur ressemble le plus. Il faut souligner que les deux auteurs travaillent ensemble depuis plus de 30 ans. Ils ont publié ensemble, auparavant, Muriel et Boulon, Les démons d’Alexia et Hell School. Et maintenant Les enfants de la résistance. Soit 22 albums.
“On est vraiment « frères de sang » dans la BD ! C’est aussi logique que ça fonctionne car il y a une vraie alchimie entre nous deux” souligne Dugomier. Tandis que Ers insiste sur le fait que “Vincent a fait le dessinateur qu’[il est] et [qu’il a] fait le scénariste qu’il est.”
Les Enfants de la Résistance : comprendre la Seconde Guerre mondiale à hauteur d’enfant
Vincent Dugomier et Benoît Ers ont tout compris. Pour intéresser les enfants et adolescents au second conflit mondial, quoi de mieux que mettre en scène des adolescents. Pour cela, ils se sont appuyés sur les rares réseaux de résistance adolescents ayant existé. Leurs documentations solides leur permettent d’être au plus juste dans leurs descriptions de leur fiction.
Si vous connaissez Les Enfants de la Résistance, vous constaterez que Les jours heureux est dans la même veine que les précédents tomes. En revanche, si vous ne connaissez pas la série éditée par Le Lombard, prenez le temps de la découvrir. C’est assurément une saga à posséder dans sa bédéthèque. Une belle manière de découvrir l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale alors que l’année 2024 célèbre les 80 ans du Débarquement en Normandie et la Libération de la France.
- Les Enfants de la Résistance, tome 9 : Les jours heureux
- Scénariste : Vincent Dugomier
- Dessinateur : Benoit Ers
- Éditeur : Le Lombard
- Prix : 12,50 €
- Parution : 06 septembre 2024
- Pagination : 56 pages
- ISBN : 9782808210966
Résumé de l’éditeur : La mère de François aimerait qu’il quitte la Résistance. En effet, la lutte s’intensifie. Partout, les cellules clandestines mettent à mal les ateliers et les hommes de l’occupant. On s’organise en vue d’un débarquement des Alliés qui semble imminent… En réponse, les nazis promulguent le décret Sperrle, qui fait monter d’un cran la répression en France, aidé par la Milice française. François, Lisa et Eusèbe sont maintenant de jeunes adultes… et s’ils se font prendre, ils seront condamnés comme tels. Pourtant, ce n’est pas le moment d’abandonner !
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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