NeoForest

Alors que Blanche sa fille est partie en excursion, le comte Cocto doit subir une intervention chirurgicale. Il confie les clefs de son royaume à son frère. Les complots ne sont pas loin. Fred Duval et Philippe Scoffoni dévoilent Neoforest, un récit post-apocalyptique écologique fort et beau.

Cocto citadelle, Royaume autonome

Le comte Cocto administre un royaume autonome au milieu de la forêt. La Cocto citadelle vit très bien  en autarcie. Elle est d’ailleurs protégée par des gardes à vélo. Mais aucune femme ni aucun homme n’est libre, ils appartiennent toutes et tous au comte.

Blanche est l’unique héritière de cet état autonome. Elle doit prendre la suite de son père, le comte. Très libre et peu au fait des dossiers du royaume, elle préfère la nature aux joies de la gestion de la citadelle.

Joute à vélo

Le comte de Cocto a un hobby des plus sérieux : il aime lutter à vélo dans de grandes joutes. Il est d’une grande dextérité et gagne à chaque tournoi.

Mais lors de l’un d’entre eux, le souverain de la citadelle est touché aux côtes. Il doit alors avancer sa régénération annuelle. Lors de ce moment, il est plongé dans un état de léthargie pendant trois mois. Dans ce laps de temps, il confie les affaires du royaume à sa fille. Mais cette dernière est partie explorer Neoforest avec des amies. Il doit alors demander à son frère de gérer Cocto. Tandis qu’il envoie Paul Greem, son opposant politique, à la recherche de sa fille…

Neoforest,  récit écologique et génétique

Tel un conte à dérouler, Fred Duval commence son récit par une fable. Une histoire où la France est redevenue une terre morcelée de petits royaumes. Ce conte post-apocalyptique est mené de main maître grâce à une narration extrêmement forte et soignée. Le scénariste de Renaissance, Nymphéas noirs et Un avion sans elle, rivalise d’intelligence pour raconter une intrigue où l’écologie et la génétique est au cœur des préoccupations des protagonistes.

Si le comte de Cocto régit les vies des femmes et des hommes de son royaume, il a développé une technologie au sein de sa citadelle qui permet à son royaume de vivre en autarcie.

Neoforest, un conte moderne

Neoforest est également un dystopie soignée. Une plongée dans un retour en arrière, vers une société médiévale, où règne les conflits et les complots, en dehors et à l’intérieur de la citadelle.

Les gardes se déplacent à vélo et les technologies ne sont pas à la portée des simples sujets. La génétique est aussi la matrice de Neoforest. Le comte Cocto se régénère par une puissante ingénierie et des habitants, tels des hommes-porcs, sont rejetés à la périphérie de la cité. Quant à la végétation, elle connaît aussi un développement rapide grâce à la génétique.

Neoforest, un album politique

Si l’on apprécie cette société néo-médiévale créée par Fred Duval, on apprécie aussi le propos très politique qui y est abordé.

Les sujets sont totalement sous le contrôle du comte Cocto. En cela, le scénariste s’est inspiré du roman Les furtifs d’Alain Damasio. Quant aux relations avec la nature, l’écologie mais également les animas (hommes transformés génétiquement) plaisent à la lecture.

Quant à la blessure du comte Cocto, elle ressemble à celle du roi Henri II. Il fut touché à l’œil lors d’une joute en 1559. Si ce dernier est mort dans d’atroces souffrances comme l’a montré Vésal, l’album de Fawzi et Victor Chassel, le premier ne succombe pas à ses blessures, car seulement touché au foie.

De la beauté des dessins

Après Milo et Exo, Philippe Scoffoni continue de nous subjuguer avec ses merveilleuses planches. La végétation luxuriante est belle sous ses pinceaux. Le vert et ses déclinaisons chromatiques nous enchantent. Il y a quelque chose de très attirant et hypnotique dans ses vignettes où il décline la nature.

Les laboratoires de Cocto Citadelle sont aussi très réalistes. Pour cela, le dessinateur a fait appel à un de ses confrères, Jean-Michel Ponzio, pour une modélisation en 3D de ces lieux. Et c’est très réussit ! De plus, les costumes et les personnages sont soignés et très finement mis en image.

NeoForest : un premier volet accrocheur et intelligent. La suite et la fin de ce diptyque est attendu pour 2024. A lire !

Article posté le lundi 20 février 2023 par Damien Canteau

Neoforest 1 de Fred Duval et Philippe Scoffoni (Dargaud)
  • Neoforest, tome 1/2 : Cocto Citadelle
  • Scénariste : Fred Duval
  • Dessinateur : Philippe Scoffoni
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 16,50 €
  • Parution : 20 janvier 2023
  • ISBN : 9782205203288

Résumé de l’éditeur : Trois personnages, trois destins et trois sentiers différents : voyage initiatique pour Blanche ; piège et intrigue de palais pour le comte Cocto, père de Blache ; chemin de la rédemption pour Greem. Le tout se jouera dans une seule histoire et dans un lieu unique : NeoForest, la Grande Forêt Centrale, au temps du NeoFéodalisme, quand les hommes maîtrisent la génétique, avec tous les problèmes et les drames que cette technologie peut engendrer.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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