Les chroniques de Liber, cycle 3

Notre avis : Les éditions Asiatika présentent le deuxième volume de la série fantasy Les chroniques de Liber signée A. Crochet.

Dans le premier volume, le lecteur faisait la connaissance de Mégumi Valone– orpheline et élevée par un dragon – qui avait pris le parti de venger la mort de ses parents. Pendant cette quête personnelle, elle croisa l’épée de Liber aux pouvoirs surpuissants qui viennent de sa propre confection, entre sang et larmes. Ce premier tome regroupait les cycles 1 et 2.

Volume 2 : Océan Atlantique sur une île mystérieuse. Dans ce lieu idyllique se dresse une cité magnifique où vivent  des Dragons. Gouvernée par un collège de 15 sages issus de 15 clans, la ville vit paisiblement depuis plusieurs années. Mais l’un des conseils est interrompu par une sentinelle-dragon quasi invisible. Le pire est arrivé : une armée de Dragons démoniaques attaque l’île.

Chaque clan envoie des Dragons pour protéger leur lieu enchanteur. Mais rapidement toutes les villes tombent et il ne reste que Liber, la seule cité qui résiste…

A. Crochet développe une nouvelle histoire des Chroniques de Liber sous-titrée Liber Origines. Préquel au tome précédent, il met en scène l’île aux Dragons et la cité de Liber bien avant la naissance de l’héroïne Négumi. Peu originale, l’histoire se concentre donc sur les combats entre les habitants de ce lieu paradisiaque paisible et des Dragons démoniaques venus en découdre. Pourquoi ? Cela ne semble pas si évident à comprendre. On vous rassure, les assaillants seront repoussés et la cité de Liber reconstruite.

Le récit manque cruellement de verve et la narration accumule un nombre impressionnant d’erreurs (enchaînements quasi inexistants, intérêts de la quête, une lecture très rapide, des dialogues insipides et quelques erreurs orthographiques – personne ne relit ?). Reste la partie graphique qui est servie par un découpage efficace mais les postures des personnages sont figées et il y a des problèmes de mise en scène dans les cases.

*Si vous voulez découvrir le travail des éditions Asiatika, nous vous conseillons de lire Cassandra, un polar efficace et intelligent de Leonardo Valenti et Marco Casseli.

  • Les chroniques de Liber, cycle 3 : Liber Origines
  • Auteur : A. Crochet
  • Éditeur : Asiatika
  • Prix : 10€
  • Parution : juin 2016

 

 

Billion dogs, volume 1

Notre avis : Le père d’Ichiru, maire d’une grande ville japonaise, détourne de l’argent avec l’aide de la mafia. Avec l’aide de son ami Kyôsuke, le jeune lycéen décide de récupérer la forte somme d’argent dans le très bon Billion dogs de Noaki Serizawa et Muneyuki Kaneshiro.

Ichiru et Kyôsuke sont deux lycéens que tout oppose : le premier est le fils du maire richissime de la ville de Ichimatsu – il est aussi le président de l’association des lycéens –  et le second est un garçon fauché. Pourtant ces deux là s’apprécient.

Le fils du maire est pris à partie par le vice-président de l’association lors d’une cérémonie au lycée. Blessé légèrement au flanc, Ichiru ne veut pas aller à l’hôpital ni alerter son père. Il faut dire que ce dernier gère sa ville avec l’aide des yakuzas. En contrepartie de votes et de protection, la mafia reçoit de l’argent indirectement (marchés publics…). Le jeune lycéen a découvert depuis longtemps les agissements de malfrat de son père. Avec l’aide de Kyôsuke, il décide de faire tomber le système et de récupérer les 3 milliards de yens cachés par son paternel…

Très belle chronique sociale, l’histoire imaginée par Muneyuki Kaneshiro est très intelligente. Le récit est parsemé de nombreux rebondissements qui laissent le lecteur sur le qui-vive. La grosse surprise du début du manga ravira les amateurs de shônen sociaux. Ichiru doit manœuvrer avec délicatesse et prudemment afin de ne pas éveiller les soupçons de son père. Les yakuzas sont de vrais malfrats et la violence se retrouve fréquemment dans les pages de l’album.

Prépublié dans la revue Manga Box des éditions Kôdansha au Japon à partir de 2013, la manga fustige les malversations des hommes politiques, les accointances avec les réseaux mafieux et donc la toute puissance de l’argent sur le petites gens. En choisissant Kôsyoke comme lycéen modeste et fauché, le scénariste met aussi en opposition l’argent et la pauvreté. Cette dernière étant quasi sûre de prendre la pas sur la première. De plus, l’auteur de Jeux d’enfants (Pika) met en scène une relation étonnante et mystérieuse entre les deux lycéens.  A la limite de la relation homo – ou plutôt une amitié au-delà de l’amitié – il joue sur ce rapport dominant-dominé.

La partie graphique de Naoki Serizawa est tout simplement d’une redoutable efficacité. Le trait réaliste de l’auteur de La main droite de Lucifer (Ki oon) ou de Shiro le détective catastrophe (Taifu Comics) restitue parfaitement l’ambiance sombre du récit. Les visages de protagonistes mais aussi les scènes de combat sont somptueuses.

  • Billion dogs, volume 1
  • Scénariste : Muneyuki Kaneshiro
  • Dessinateur : Naoki Serizawa
  • Éditeur : Akata
  • Prix : 6.95€
  • Parution : 26 mai 2016

Résumé de l’éditeur : Trois millions de yens, c’est l’incroyable somme d’argent détournée par le maire de la ville d’Ichimatsu. Politicien véreux jusqu’à la moelle, il n’hésite pas à fricoter avec les yakuzas pour financer sa future campagne électorale, avec un seul objectif en tête : devenir premier ministre du Japon. Mais Ichiru, son propre fils, lycéen brillant au futur prometteur, ne l’entend pas de la même oreille… Choqué par la corruption dont fait preuve son père, il décide de retrouver où se cache l’argent sale de ce dernier. Pour cela, il fera appel à un de ses camarades, issu d’un milieu social bien plus défavorisé : Kyôsuke, l’élève fauché lycée. Tandis que l’un évoluera au sein des milieux mafieux, l’autre devra enquêter dans des sphères plus politiques… Mais leur quête pourrait les mener bien plus loin qu’ils n’auraient pu l’imaginer !

Saint-Barthélemy, tome 1 : Sauveterre

Notre avis : Après La croix de Cazenac (Dargaud), Pierre Boisserie et Eric Stalner poursuivent leur travaux communs avec un nouveau titre historique, Saint-Barthélemy aux éditions Les Arènes.

Sauveterre, 1562. Clément et Elie, les enfants du Baron de Sauveterre s’amusent à se battre contre l’avis de leur père, un huguenot. Rapidement, le combat est interrompu pour la gouvernante du château qui interpelle son maître : des villageois protestants se sont faits assassinés par des papistes !

Faisant le serment qu’il les tuerait jusqu’au dernier, le vieil homme part à leur recherche, laissant le château sans protection. C’était une ruse des catholiques romains qui ont égorgé la gouvernante et enlevé Elie et Loïse, sa petite sœur.

Dix années ont passé, Elie – qui a juré de retrouver son frère et sa sœur – s’est engagé dans les rangs du prince de Condé, huguenot. Alors qu’il a participé à de nombreuses batailles entre huguenots et papistes, le jeune homme peut enfin jouir d’un calme relatif avec la paix signée entre les deux parties après la victoire d’Arnay-le-Duc par les hommes de Coligny.

Deux jours avant le massacre de la Saint-Barthélemy, Elie et son père font le voyage à Paris pour célébrer le mariage de Henri IV, le protestant, et Marguerite de Valois, la catholique Reine Margot. Charles IX, très diminué physiquement par ses saignements et mentalement, manipulé par sa mère, la régente Catherine de Médicis, ordonne le début des massacres…

Faisant un écho à l’actualité (le terrorisme des gens de Daesch au nom de Dieu), ce Saint-Barthélemy est agréable à la lecture. Plutôt bien documenté et sans trop d’erreurs historiques (voir le dossier adossé à l’album signé Olivier Poncet) – ça change des récits historiques vus ces dernières années – l’histoire de Pierre Boisserie se lit bien. Ce premier volume est bien plus qu’une mise en place et l’intelligence du récit réside dans sa personnalisation : il met en scène des nobles provinciaux fictifs pour raconter la grande Histoire. Il ne faut pas longtemps pour que Elie et son père croisent de vrais personnages historiques et que le lecteur soit plongé dans les massacres de la Saint-Barthélémy. Pendant ces nuits de colère, les morts se cumulent, le sang gicle à toutes les pages, le tout au nom de Dieu. Ces actes gratuits et ces corps qui jonchent le sol ne peuvent néanmoins pas faire dévier Elie dans sa recherche de Loïse et Clément. Leur sort – alors que le scénariste parsème l’histoire de quelques éléments – sera plus visible dans les tomes suivants.

Les complots de Cour, les alliances, le cynisme des uns et des autres et le fanatisme sont plutôt bien mis en valeur dans ce album. Du côté graphique, Eric Stalner – accompagné aux couleurs par Florence Fantini – rend une belle copie malgré quelques erreurs déjà entrevues dans ses précédentes séries (des postures trop figées et des visages qui parfois changent d’une case à l’autre, notamment la gouvernante). Les décors, les panoramas et les vêtements sont quant à eux d’une grande richesse. Son découpage est d’une redoutable efficacité.

Saint-Barthélemy : Un bon début de saga. A recommander pour les amateurs de récits historiques. Pour prolonger cette période, Comixtrip vous conseille la lecture de l’excellent Charly 9 de Richard Guérineau (Delcourt) basé sur le formidable roman de Jean Teulé.

  • Saint-Barthélemy, tome 1 : Sauveterre
  • Scénariste : Pierre Boisserie
  • Dessinateur : Eric Stalner
  • Éditeur : Les Arènes
  • Prix : 15€
  • Parution : 24 août 2016

Résumé de l’éditeur : En 1562, Élie de Sauveterre, un jeune protestant, rejoint l’armée du prince de Condé pour retrouver son frère et sa sœur enlevés par les papistes. Des premières escarmouches au déchaînement ultime de la Saint-Barthélemy, emporté comme les autres par cette vague de violence frénétique, il sera bien malgré lui le héros de cette histoire-là.

Mystery society

Notre avis : Après l’excellent Airboy de Greg Hinkle et James Robinson, les éditions Jungle proposent Mystery society, un nouveau comics de Steve Niles, Ashley Wood et Fiona Staples.

C’est l’effervescence à la prison Hoover ! Nick Hammond est sur le point d’être incarcéré : il a été reconnu coupable de trahison envers le gouvernement. En effet, l’homme est le leader de la Mystery society qui s’est donné pour mission de révéler les secrets des dirigeants américains.

Cette organisation secrète regroupe des êtres humains dotés de super-pouvoirs. D’ailleurs Nick a décidé d’expliquer ce qu’est la Mystery society et qui en était membre. En plus du cerveau de l’équipe, il y avait : Anastacia, sa petite amie, Secret skull – une fille mort vivant – et Jules Verne – ou plutôt le cerveau du célèbre écrivain enfermé dans un robot. Tous ensemble, ils viennent chercher des jumelles qui ont le don de télékinésie….

A l’instar de La Ligue des gentlemen extraordinaires, la Mystery society regroupe donc des êtres surpuissants. Teinté de fantastique et d’un bel humour, ce recueil qui regroupe l’ensemble de la série est assez agréable. Le récit de Steve Niles et Ashley Wood n’est pourtant pas d’une grande originalité et le lecteur se sent vite perdu car l’histoire est très (trop ?) légère. Les actions sont nombreuses, les personnages attachants et sympathiques (Jules Verne ou Secret Skull) mais ce n’est pas assez pour en faire un très bon titre comics.

Les buts de l’organisation sont décevants et peu emballants, dommage ! Il reste l’excellente partie graphique de Fiona Staples – la dessinatrice de Saga (Urban Comics) – un régal visuel. Son trait aérien est idéal pour restituer l’ambiance humoristique de la série. C’est là bien le seul point positif de Mystery society !

  • Mystery society
  • Scénaristes : Steve Niles et Ashley Wood
  • Dessinatrice : Fiona Staples
  • Éditeur : Jungle Comics
  • Prix : 16€
  • Parution : 02 juin 2016

Résumé de l’éditeur : Nick Hammond et Anastasia Collins dirigent la Mystery Society, une agence d’investigation spécialisée dans le paranormal et les forces occultes. Mais la vie n’est pas rose pour nos enquêteurs de l’impossible. Non seulement ils vont chercher à résoudre le fameux mystère de la Zone 51, mais aussi, recruter une équipe façon « Mission Impossible » et régler leurs problèmes de couples !

De la chevalerie

Notre avis : Inclassable mais ô combien original, De la chevalerie de Juliette Mancini est un bel album publié par Atrabile.

Tout d’abord, une gageure que de vouloir résumer De la chevalerie, tellement l’album est un OVNI. Nous pouvons juste dire qu’un roi tente tant bien que mal de diriger son pays. Joyeux bazar dans tout le royaume. Tout y passe avec malice et humour : la religion, les discours pour haranguer la foule, les folies de Bidule le fou du roi, la reine et ses histoires à dormir debout, les habitants, la stratégie militaire, la guerre, les morts à enterrer ou l’apprentissage du dauphin. On est très loin des légendes romantiques sur le Moyen-Age et les preux chevaliers.

Finalement, Juliette Mancini parvient à faire de subtil parallèles avec notre époque actuelle : l’esclavagisme proche de notre ultra-libéralisme actuel, la famille patriarcale (avec la domination de l’Homme sur la Femme), la religion qui régit la vie des fidèles mais surtout la guerre avec ses morts envoyés à l’abattoir et un certain dédain des gens de pouvoir pour les sujets ou les électeurs.

Chaque petit chapitre est introduit par une sorte de fresque explicative, répétitive en gaufrier (timbre poste) d’une belle intelligence et très drôle. Ce côté désinvolte, en prise de recul lointain apporte une dose acerbe et amusante au récit.

L’auteur, qui a reçu le Prix Jeunes Talents en 2014 à Angoulême, dévoile des planches sans cases pourtant très équilibrés. Le trait au fusain de la créatrice de la revue Bien, monsieur, ressemble à un dessin enfantin, très minimaliste.

  • De la chevalerie
  • Auteure : Juliette Mancini
  • Éditeur : Atrabile, Hors-collection
  • Prix : 18€
  • Parution : 13 juin 2016

Résumé de l’éditeur : Pas sûr que les hommes aient jamais chassé les autruches à dos de cochons, et pourtant, dans la société médiévale décrite par Juliette Mancini dans De la chevalerie, bien des choses à part celle-ci rappelle « notre » Moyen-Âge : l’aristocrate commande aux paysans, l’homme domine la femme et, en coulisses, l’Eglise tire les ficelles… Si on ajoute que dans ce monde, démagogie et manipulation marchent main dans la main, que les travailleurs (surtout les mécontents) sont remplaçables à souhait, que les étrangers font toujours de bons coupables, on commence même à se dire que tout ça n’est peut-être pas si loin que ça de notre époque… On sent bien que Juliette Mancini est portée par une belle envie d’en découdre avec le monde qui l’entoure, et plus particulièrement avec cette bonne vieille société patriarcale dont on a tant de mal à sortir, mais De la chevalerie est bien plus qu’une oeuvre à thèse ou qu’un pur défouloir, c’est avant tout une superbe bande dessinée bourrée d’humour et pleine d’inventivité. Et c’est avec une désinvolture qui n’est qu’apparente que la jeune auteure saisit à bras le corps son medium, jouant avec la forme, se débarrassant des cases ou les multipliant sur d’autres pages et questionnant, in fine, ce que l’on peut considérer de si chevaleresque chez tous ces « chevaliers ». De la chevalerie est le premier livre de Juliette Mancini, 2e prix Jeunes Talents à Angoulême en 2014 et instigatrice du fanzine Bien, Monsieur.

 

 

La flamme et l’orage, tome 2 : Les alchimistes

Notre avis : Après un premier tome très convaincant, Karim Friha dévoile le deuxième volume de sa série pour fantastique pour adolescents La flamme et l’orage, édité par Gallimard.

Dans le premier volet de cette belle saga, le lecteur faisait la connaissance de Léor, Carmine et Estevan, trois jeunes adolescents – qui associés – devaient combattre La flamme, un groupe sectaire qui avait mis la main sur leur ville. Contraints par les sbires de ces dirigeants, les habitants vivaient dans un grand dénuement. Il faut souligner que tous les récalcitrants sont changés en statue de pierre.

Dans le deuxième tome, le lecteur retrouve les trois protagonistes ainsi que Dahliane toujours pourchassés par La Flamme. De son côté, Estevan comprend le rôle important des Alchimistes – un groupe de rebelles au pouvoir en place – dont son grand-père fait partie. Quant à Léor, il découvre enfin le secret de sa naissance : il serait l’espoir de tout un peuple parce que le seul à pouvoir éteindre le pouvoir de La Flamme…

Un formidable souffle épique se fait sentir dans cette belle saga fantastique de Karim Friha. En mettant en scène, un peuple soumis au dictat d’une mystérieuse secte mais aussi des personnes principaux attachants, il mène le lecteur dans un récit d’action et de magie, mais surtout le maintient en haleine tout au long de l’album. Son univers fantasy très riche à l’ambiance steampunck ravira les amateurs du genre. Rondement menée, l’histoire comporte tous les ingrédients pour passer un excellent moment : de la magie, des combats, des complots, de l’endoctrinement, des privations de libertés et des rebelles au pouvoir. D’ailleurs, l’on peut faire de nombreux parallèles avec des situations contemporaines proches des dictatures mises en lumière dans cette série.

Ses héros de papier forment un cercle d’amis très complémentaires; chacun ayant un rôle bien précis dans la quête de liberté et de démocratie. L’ambiance de révolution, mais aussi de romantisme plane sur la série.

L’auteur du Réveil de Zelphire (Gallimard) fait fonctionner à merveille son imagination – sans révolutionner le genre – mais la narration est tout de même très efficace. Le gros point fort de l’album réside dans une formidable partie graphique aux influences manga. L’ambiance de mystère et de magie est servie par un trait d’une grande clarté, agrémenté par des couleurs sombres qui sont bienvenues.

  • La flamme et l’orage, tome 2 : Les Alchimistes
  • Auteur : Karim Friha
  • Éditeur : Gallimard
  • Prix : 14.50€
  • Parution : 02 juin 2016

Résumé de l’éditeur : Leor est recherché. Il a découvert que la Flamme se nourrit des consciences de ses adeptes pour ouvrir un passage vers une autre dimension, où attend le Messie. Tandis que l’Apôtre travaille activement à l’avènement de ce dernier, Dahlianne est fiancée de force au capitaine Calran et le bon Mickel est fait prisonnier. La menace s’étend ! Léor, qui a gagné à la naissance le pouvoir d’incarner un orage cosmique, porte en lui la seule arme capable d’éteindre la Flamme. Devra-t-il se sacrifier pour sauver la cité ?

Mei Lanfang, livre 1 : Une vie à l’opéra de Pékin

Notre avis : Lin Ying met en image la vie de Mei Lanfang, l’un des plus grands chanteurs de l’opéra de Pékin dans un premier livre qui dévoile son enfance.

Chine, 1904. Le maître Tan – grand artisan de l’opéra à Pékin – est en retard pour la présentation d’une de ses œuvres. Ce qui n’est plait forcément pas à l’Impératrice Cixi, qui est en colère et qui le menace de décapitation. Il explique qu’il ne s’est pas réveillé après sa sieste. Les règles strictes dans sa famille plaisent à la souveraine qui lui offre une somptueuse robe jaune, signe de clémence.

Après cette événement et depuis un certain temps, le vieil homme cherche un nouveau disciple. Il remarque Wanhua, fils d’un ténor et neveu d’un célèbre violoniste. Malgré les doutes de ce dernier, Tan offre sa chance au jeune garçon de 10 ans…

Au début du XXe siècle, les rôles féminins des opéras et du théâtre chinois étaient tenus par des hommes. C’est ainsi que Wanhua va devenir l’un des plus grands chanteurs de rôles féminins et devenir Mei Lanfang. Lin Ying propose de découvrir son histoire et plus particulièrement ses débuts chez maître Tan dans ce premier livre. Il faut dire que les Occidentaux ne connaissent que très peu ces artistes chinois.

Le récit de l’auteure chinoise est agréable, parfois un peu lent, parfois un peu lointain mais cela reste un bon titre Urban China. Au-delà de l’histoire du jeune garçon, le lecteur découvre l’envers du décor et plus particulièrement les conditions très rudes des disciples chez les maîtres de l’opéra qui ont souvent la main lourde. La partie graphique est très belle à l’œil. Si les décors sont à minima, la richesse des vêtements est parfaitement restituée. Chaque chapitre est introduit par une sublime illustration au fusain.

Découvrez l’univers de l’opéra, en parcourant le dossier Wagner en BD, L’anneau du Nibelung de Numa Sadoul et France Renoncé édité par Dargaud à partir de 1982.

  • Mei Lanfang, livre 1 : Une vie à l’opéra de Pékin
  • Auteure : Lin Ying
  • Éditeur : Urban China
  • Prix : 15€
  • Parution : 03 juin 2016

Résumé de l’éditeur : Le 8 aout 1961, la Chine pleura la mort d’un de ses artistes les plus populaires : Mei Lanfang. Ce chanteur de l’Opéra de Pékin, qui faisait frémir d’émotion ses diverses audiences lors de ses interprétations de rôles féminins, commença sa carrière en 1904, à l’âge de dix ans. Pendant des heures, il entraina sa voix, appris la danse et répéta ses acrobaties, jusqu’à atteindre un niveau de raffinement qui le propulsa en Chine, mais également sur la scène internationale. Yin Ling retrace d’un trait délicat la vie et la carrière de ce personnage extraordinaire, et nous offre également une plongée dans l’univers magique et méconnu de l’Opéra de Pékin.

Maudite !

Notre avis : La maison d’édition L’Association dévoile Maudite ! un recueil d’histoires courtes autour de la Première Guerre Mondiale.

Pas de reconstitutions de batailles, ni de grandes envolées lyriques mais des récits qui laissent place à l’imaginaire des 22 auteurs de bande dessinée. Sous la houlette de Vincent Vanoli, le recueil lève le voile sur 27 récits marquants – vision contemporaine du conflit – à travers leur sensibilité et leur univers graphique différents.

Parmi les histoires proposées, nous pouvons mettre en lumière celles de Vincent Vanoli – qui a piloté le projet et qui a illustré la couverture – auteur du remarquable Rocco et la toison, Nylso – auteur de Gros ours et Petit Lapin – qui met en parallèle son travail et celui de Jacques Tardi sur cette période, Troubs – auteur de Sables noirs – qui met en lumière la Première Guerre Mondiale et les îles françaises du Pacifique, particulièrement la non-présence de monuments au morts, David B – auteur de Hâsib et la reine des serpents – qui met en scène la non-incorporation d’Alfred Kubin, dessinateur; Karine Bernadou – auteure de Azolla – qui propose une variation autour des écrits de Guillaume Apollinaire ou encore Edmond Baudoin – auteur des Rêveurs lunaires – qui parle des monuments aux morts et du fameux « Plus jamais ça ».

Maudite ! maudite guerre comme le titre de l’album, le résultat est agréable à la lecture, étonnant par la richesse des propos et des dessins.

  • Maudite !
  • Auteurs : Collectif
  • Éditeur : L’Association, Hors Collection
  • Prix : 20€
  • Parution : 23 mai 2016

Résumé de l’éditeur : La Grande Guerre véhicule aujourd’hui encore une iconographie très marquée : le froid, la faim, les tranchées, les paysages dévastés, la violence des combats, l’horreur, l’uniforme des poilus, les gueules cassées, les masques à gaz, les baïonnettes, les explosions. La liste est longue, tant et si bien qu’il ne semble plus rester grand chose à apprendre de la guerre de 14-18. Les histoires créées pour Maudite ! reposent sur cet événement majeur du XXe siècle, mais les auteurs l’ont utilisé comme une matière première pour se livrer à leur propre imaginaire. Ici, vous ne trouverez pas de reconstitutions académiques de grandes batailles, de récits héroïques et encore moins de fictions documentaires. Vincent Vanoli a regroupé une vingtaine d’artistes afin de les faire travailler autour de ce sujet pour qu’ils réagissent avec leurs sensibilités individuelles. Résultat, ce collectif fait vivre une multiplicité de points de vue créatifs. Tous ont d’ailleurs pensé et réalisé leurs créations de différentes manières, mais ensemble ils façonnent une interprétation contemporaine, celle des auteurs de L’Association. Vous l’aurez compris, Maudite ! n’est pas un simple document commémoratif sur la Première Guerre Mondiale mais bien un lieu de confrontation des imaginaires à travers les symboles qui ont été engendré par ce conflit mondial.

BB.Hell, volumes 1 et 2

Notre avis : Arrivant des Enfers, un damné vient en aide à Yumeji, une lycéenne qui tente de découvrir la vérité sur la mort de son père. Rei Wataru propose BB.Hell, un manga publié par Pika.

Dans un ancien complexe immobilier maintenant désaffecté, Yumeji est effarée par la scène qui se déroule sous ses yeux. Cachée dans un recoin, elle assiste à une pendaison. Elle est alors surprise par les meurtriers, mais elle est sauvée in extremis par un damné.

Saturé par les innombrables malfrats, le monde des Enfers tente de les renvoyer sur Terre afin d’expier leurs fautes et ainsi désengorger les geôles. Pour améliorer leur karma, ils doivent aider un maximum de personnes. Leur pouvoir est proportionnel à la faute qu’ils ont pu commettre. Pour cela, ils ont trois possibilités : sauver des gentils, vaincre des méchants ou tuer d’autres damnés comme eux. C’est ainsi que le petit démon est intervenu auprès de Yumeji et qu’il aide le malheureux pendu…

Rien de très original dans BB.Hell mais un manga qui se lit avec beaucoup de plaisir. Le récit de Rei Wataru est empli d’action et d’humour. Les deux protagonistes sont diamétralement opposés : Yumeji est un jeune lycéenne droite qui cherche la vérité sur la mort de son père, tandis que le Damné est un peu fou, complétement déconnecté de la vie actuelle (ses habits sont old school). Leur relation fait des étincelles, les dialogues sont savoureux et les situations cocasses. Le tout est pimenté par une intrigue policière – un peu en retrait de l’histoire – autour de morts violentes. La partie graphique de Rei Wataru est simple mais d’une grande efficacité.

BB.Hell : un manga efficace, drôle et rythmé mais qui ne révolutionne pas le genre.

  • BB.Hell, volumes 1 & 2
  • Auteur : Rei Wataru
  • Éditeur : Pika
  • Prix : 6.95€
  • Parution : 25 mai 2016

Résumé de l’éditeur : Himeji Utagawa est lycéenne. Elle patrouille dans un complexe immobilier en ruines, qui doit à une série de morts aussi violentes que mystérieuses, le surnom d’«Enfer», et dans lequel toutes sortes de délinquants viennent traîner. Ayant tenté de sauver une de leurs victimes, elle se retrouve à leur merci quand un tuyau géant tombe du ciel. Il en sort un homme étrange, qui se présente comme Yumeji et prétend être revenu de l’Enfer, le vrai ! En effet, suite à un problème de surpopulation, les geôliers ont eu une idée pour désengorger la Prison Infernale : renvoyer les damnés sur terre, où, s’ils se rachètent de leurs crimes, grâce à leur karma devenu pouvoir surnaturel, ils pourront revenir à la vie pour de bon. Pour Himeji commence un quotidien d’enfer !

 

Manger, quelle aventure !

Notre avis : Les éditions Glénat poursuivent leur beau travail de conservation et de (re)découverte de l’œuvre immense de Quino. Après Quino 60 ans d’humour en avril 2014, elles proposent Manger, quelle aventure ! un recueil de dessins autour des arts de la table.

Quino, le talentueux créateur de Mafalda, est né le 17 juillet 1932 en Argentine. Joaquin Salvador Lavado Tejon commence à étudier le dessin en 1945. Trois ans plus tard, il se consacre au dessin d’humour et en 1963 est édité son premier recueil de travaux Mundo Quino. L’année suivante, il crée Mafalda qu’il animera pendant 10 ans. En 1974, il revient à ses premières amours en livrant des dessins sans héros récurent. Le merveilleux papa de la petite fille rêveuse, reconnu dans le monde entier pour son personnage fétiche, le sera également et avant tout pour son dessin d’humour, comme ici Manger quelle aventure !

A travers une centaine de pages, Quino nous invite à un repas gourmand aux allures humoristiques. D’un menu illustré en 1995 à Dieu qui préfère aller manger dans les Enfers, en passant par un acteur qui n’arrive pas à se décider, un homme qui mange à l’opéra, aux bouchers ou aux garçons de café, tout est matière à plaisanter, avec malice et tendresse. Les dessins en noir et blanc n’ont que rarement pris une ride. Ils semblent encore d’une grande actualité et d’une belle fraîcheur !

  • Manger, quelle aventure !
  • Auteur : Quino
  • Éditeur : Marabulles
  • Prix : 12.75€
  • Parution : 12 juin 2016

Résumé de l’éditeur : On connait surtout Quino pour le personnage de Mafalda, célèbre à travers le monde. Mais le talent du génial auteur argentin ne s’arrête pas là. Illustrateur pour la presse internationale, il a également mis sa plume et son pinceau à contribution pour croquer l’absurdité du monde et dresser le portrait acide de notre quotidien. Ce recueil inédit est centré autour de la table et du repas. En strips ou en illustrations pleine-page, on y retrouve toute la sensibilité, la poésie et la tendre insolence du trait de ce maître du dessin d’humour, pour un thème on ne peut plus universel.

Marins d’audace !

Notre avis : L’auteur Guillaume de Bats a suivi l’aventure de la Team Jolokia dans une course au large. Il compile ses impressions à bord lors de la compétition dans Marins d’audace !

A Paris, Guillaume rencontre Pierre qui lui dévoile un projet qu’il met en place depuis deux ans : la Team Jolokia. Formule 1 des mers de 19.50 m de long, ce bateau participe à plusieurs courses au large. Après avoir lu 140 dossiers de candidature pour embarquer sur le navire, les créateurs du projet ne retiennent que 12 nouveaux équipiers tous les ans. En tout 24 personnes se relaient sur les différentes compétitions. Le but est de démontrer qu’en intégrant et en manageant correctement des hommes et des femmes d’horizons et d’âges différents, le bateau peut être performant et participer aux plus grandes courses en mer.

Pierre propose à Guillaume d’intégrer l’équipage et de faire un compte-rendu dessiné de l’une d’entre elles. Le défi est de taille pour l’auteur, il n’a jamais peint sur un bateau. Après un entrainement intensif, la découverte de ses compagnons de voyage, la vue du confort très spartiate et la mise au point de certains termes techniques, le bateau sort pour la première fois de la rade de Port-Louis… Le but étant de participer à la fameuse course Québec-Saint-Malo.

Pour son premier roman graphique, Guillaume de Bats livre un album d’une grande originalité. Rarement mis en lumière en bande dessinée –  à part Seul autour du monde de Alexandre Chenet et Renaud Garreta, Dargaud qui raconte une traversée lors du Vendée Globe – il dévoile l’envers du décor, non sans une petite pointe d’humour bienvenue. Même si l’on n’est pas un spécialiste des bateaux, on peut facilement lire cet ouvrage.

Construit en 4 chapitres, l’auteur du blog deuxtroisdessins met en lumière avant tout une très belle aventure humaine. Les personnages sont savoureux, très divers et attachants. A l’intérieur de ses chapitres, il prend le temps de brosser le portrait de quelques-uns d’entre eux sur un page, tels Hervé qui n’a qu’une jambe, Olivier aveugle qui tiendra même la barre ou Davide, l’italien. Sans vouloir assister les personnes en situation de handicap, le Jolokia essaie de fournir les outils pour une réelle autonomie. Un sacré challenge, mais une belle leçon de vie !

Pour mettre en scène tous ces beaux moments de vie quotidienne et de défi sportif, de Bats propose des illustrations à l’aquarelle d’une grande force graphique. Ce très beau carnet de bord aurait bien pu figurer en bonne place dans notre Top 10 des Bd sur les bateaux !

  • Marins d’audace !
  • Auteur : Guillaume de Bats
  • Éditeur : Marabulles
  • Prix : 17.95€
  • Parution : 6 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Embarquez avec Team Jolokia pour un magnifique voyage en aquarelles ! WANTED «Recherche hommes et femmes pour voyages hasardeux. Pas de salaire. Vie spartiate, tâches d’équipage rudes ou impitoyables, implication et courtoisie exigées. Recrutement sévère non-ouvert à tous et à toutes, priorité aux borgne-fesse sociaux ou physiques. Pas de cour des miracles mais trop normal s’abstenir. Honneur et reconnaissance garantis en cas de succès.» J’embarque. Team Jolokia est un équipage constitué de personnes d’horizons différents, amateurs de voile, qui concoure chaque année pour les plus prestigieuses courses. Dans cette micro-société reconstituée, sorte de laboratoire social, l’objectif est de montrer comment la diversité, si elle est bien intégrée en amont, peut se révéler être un puissant moteur de progrès, permettant à une équipe de se mobiliser et de se surpasser. Guillaume De Bats, aquarelliste de talent, missionné pour réaliser un journal de bord de Team Jolokia, nous livre dans cette BD magnifiquement illustrée, le quotidien de cet équipage hors norme dans un voyage poétique et vibrant d’humanité.

 

Androïdes, tome 1 : Résurrection

Notre avis : Après Elfes, Maîtres inquisiteurs et Nains, Jean-Luc Istin dévoile le premier volume de sa nouvelle série-concept Androïdes. Intitulé Résurrection, l’album est mis en image par Jesus Hervas.

La Terre, an 2545. Une pluie de météorite s’abat sur la planète, détruisant de nombreuses villes. Au milieu du chaos, Liv Anderson, policière doit continuer d’enquêter avec ses collègues androïdes. Depuis des centaines d’années, la société Microcorp fournit gratuitement des « pilules bleues » aux habitants. Sensées leur garantir l’immortalité, elles avilissent les êtres humains. Esclaves de ce remède miracle, les Hommes vivent de nombreuses années. Ainsi, Liv a déjà atteint l’âge canonique de 500 ans.

Dans le même temps, Anna Hopkins se plaint de douleurs violentes au ventre. Après un passage chez son médecin, il lui apprend qu’elle est enceinte, une première depuis des siècles. Elle devient ainsi, sans le vouloir, le seul espoir de la race humaine…

Androïdes est une nouvelle série de science-fiction prévue en 4 tomes indépendants par 4 duos d’auteurs différents – une sortie tous les 3 mois – qui formeront un tout autour des robots androïdes (ressemblants aux humains). Le récit de Jean-Luc Istin possède la grande force d’être accrocheur sans réellement révolutionner le genre. Revendiquant les influences des grands maîtres du genre (Isaac Asimov), il invite même les lecteurs de l’album à lire l’œuvre de Philip K. Dick, auquel il rend un bel hommage ici. Il mélange alors les genres pour garder son lectorat en haleine : enquête policière mais aussi quête impossible pour faire triompher les êtres humains et complot par la société Microcorp. Les deux histoires se rencontrant forcément avant la fin de l’album.

C’est plaisant sans plus. Ça se lit bien mais ça ne reste pas dans la mémoire après avoir refermé l’album. Difficile d’éprouver de l’empathie pour les personnages tant il y a matières – condensé de plusieurs idées fortes – et d’action. Plusieurs tomes n’auraient pas été un luxe pour tout développer. Néanmoins, on sera enchanté par la partie graphique de Jesus Hervas. Dessinateur espagnol de la série Déluge (avec Nicolas Pona, Soleil), il dévoile des planches d’une belle uniformité aux décors futuristes très recherchés. Un régal pour les yeux.

  • Androïdes, tome 1 : Résurrection
  • Scénariste : Jean-Luc Istin
  • Dessinateur : Jesus Hervas Millan
  • Editeur : Soleil
  • Prix : 15.50€
  • Parution : 15 juin 2016

Résumé de l’éditeur : En 2545, l’humanité est frappée de stérilité. Plus personne sur terre n’a engendré d’enfants depuis 500 ans. Si la société Microcorp n’avait pas inventé le mélange « la pilule bleue », la Terre serait aujourd’hui inhabitée. Grâce au « mélange », la jeunesse éternelle est garantie. Plus de maladies, plus de vieillesse. C’est dans ce contexte que Liv Anderson, flic au caractère bien trempé, enquête sur le meurtre d’un directeur de musée, retrouvé chez lui criblé de balles. Très vite, ce qui ressemble à une banale affaire semble conduire à une donnée si secrète qu’elle pousse ses gardiens à tuer quiconque s’en approche. Parallèlement, Anna Hopkins, restauratrice d’oeuvres d’art, se sent de plus en plus mal. Elle consulte le Dr Castle et le verdict tombe. Depuis 500 ans, l’humanité est stérile, mais. Anna est enceinte.