2021 marquait la fin de la saga L’Attaque des Titans de Hajime Isayama chez Pika Editions. Pour l’occasion, en janvier 2023, le festival international de la Bande Dessinée consacre une exposition à cette œuvre à l’impact considérable.
L’attraction du festival
Nichée dans les salles de la médiathèque d’Angoulême, l’exposition consacrée à L’attaque des Titans se tient en attraction phare du festival. Sur inscription, avec jauge et tarifs (10€) supplémentaires, l’accès est réglementé sur du papier millimétré. Passez les portes du Mur Maria, vous entrez dans un univers sombres, comme derrière les murs d’un fort en guerre. Levez les yeux, un titan vous regarde par dessus le rempart ….
Entrez dans le manga
L’exposition se divise en quatre salles et quatre parties. La première sur la naissance des Titans. La seconde sur l’art de la guerre, la troisième sur les corps et les arts martiaux, la dernière sur les regards. Se succèdent tout au long de ces salles une ambiance pesante. Les trois premières sont encastrées entre des murs étroits. La scénographie ponctue le parcours de murs effondré, de plage de débarquement (seule exposition où vous pourrez marcher sur du sable) et salle de commandement.
Fausto Fasulo, le commissaire d’exposition, nous emmène dans un paysage de guerre étouffant. Puis les salles exiguës s’ouvrent sur le quatrième espace. Le visage d’un titan surgit au-dessus de nos têtes.
Vous connaissez cette image, celle d’un mur effondrée, un titan colossale figé dedans et l’état de sidération qui s’empare de vous. La salle est plus grande, un instant vous pensez vous trouver dans un espace plus large et aéré. Mais les planches d’Hajime Isayama nous happent. Vous êtes dans la salle des yeux. Ici, toutes les planches mettent en valeurs les jeux de regard des personnages. Ceux de la peur, ceux du désespoir, de la haine, de la détermination, du défis…. Ces yeux ont vite fait de vous coller à la peau. Et l’oppression ambiante de l’exposition et du manga vous saisi à nouveau.
Un public très ciblé
La mise en scène de l’exposition sur L’Attaque des Titans est tournée toute entière vers les fans. Vers celles et ceux qui ont engloutis l’œuvre et seront saisi de nostalgie en voyant les planches et les références du décors. C’est une petite plongée dans l’univers que les lecteurs sauront apprécier.
Mais du reste, l’exposition est peu bavarde. Quatre panneaux explicatifs en tout, une par salle. Les textes de Fausto Fasulo sont beaux, bien écrits. Ils rendent hommage à l’artiste qu’est Hajime Isayama. Le tout ponctué de quelques références. Le commissaire d’exposition citera L’Art de la Guerre de Sun Tsu et Quentin Tarantino. Mais aussi Umberto Eco pour son concept « d’œuvre ouverte« . Ne serait-ce que parce-que l’Attaque des Titans divise autant qu’il ressemble, parce que les lecteurs se sont déchirés autant qu’ils ont pleuré ensemble, on ne peut que donner raison à Fausto Fasulo et Umberto Eco. L’Attaque des Titans est une oeuvre ouverte, « affranchie de toute interprétation unique« . Tout ce texte, pourtant, est un peu court.
Désordre
L’exposition en somme, est un peu courte. Quatre salles exiguës, dont on a vite fait le tour. En lisant le texte ou non. D’autant que cette belle scénographie est mise à mal par quelques faux-pas d’éclairage – un texte explicatif difficilement lisible car dans l’ombre – mais aussi par le manque de lien de planche en planche.
Ayant fait le choix d’exposer les pages du manga – bien sûr en grand format – sans chronologie, seules les thématiques les relient entre elles. Patchwork certes impressionnant à voir, mais patchwork tout de même. Il a le mérite cependant, de faire redécouvrir des pages du manga fortes en émotions et lourdes de sens. Une fois de plus, les fans seront ravis.
A la question enfin : Est-ce que l’Exposition L’Attaque des Titans vaut-elle le tarif supplémentaire nécessaire pour y avoir accès ? Notre réponse – chez Comixtrip – est non. Et ce, même avec une jauge permettant de visiter l’exposition sans finir comme un troupeau d’humain face au Grand Terrassement.
Communiqué du festival
Un récit exalté, des partis pris graphiques audacieux, un caractère inclassable manifeste… Le phénomène L’Attaque des Titans, fruit de l’imagination débordante du jeune mangaka Hajime Isayama, s’expose dans le cadre de la 50e édition du Festival.
En 2006, Hajime Isayama, alors âgé d’à peine vingt ans, pose les bases de son futur magnum opus avec un one-shot séminal qui interpelle l’éditeur Kodansha. Consciente du potentiel du jeune auteur, la célèbre maison d’édition lui accorde quelques années de maturation et lui ouvre les portes, dès 2009, du Bessatsu Shônen Magazine, publication qui accueillera pendant douze ans les épisodes de L’Attaque des Titans.
Le succès, quasi immédiat dans l’Archipel, s’étend rapidement à l’international, générant alors une fanbase dévouée et souvent encline à quelques frénétiques décryptages d’une intrigue complexe et ouverte à de multiples interprétations. Une profondeur dramatique due à l’écriture ambitieuse de Hajime Isayama, dont la nervosité du trait donne corps à des visions parmi les plus terrassantes jamais vues en bande dessinée.
L’exposition L’Attaque des Titans, de l’ombre à la lumière que lui consacre le Festival sera la première en Europe.
Avec ses décors d’inspiration médiévale éventrés par des colosses anthropophages, ses scènes d’action aériennes aux accents steampunk et ses chorégraphies martiales empruntées aux techniques pugilistes du MMA (arts martiaux mixtes), Hajime Isayama amalgame les univers et les genres.
Il convoque aussi bien le panthéon mythologique que les imageries fantastiques – dark fantasy, films de zombies, de monstres géants, etc. – et fait résonner l’Histoire contemporaine. Au croisement de références et d’influences hétéroclites, l’auteur tisse un drame universel et violent qui interpelle l’homme sur ses capacités à apprendre de ses erreurs.
L’exposition présente plus de 150 planches originales couvrant l’intégralité du manga, dans le cadre des dix ans de la publication de la série en France chez Pika. Exploration graphique et thématique à la mesure de cette œuvre titanesque, la scénographie se veut spectaculaire, pour offrir au visiteur l’expérience d’une immersion unique au cœur d’un univers parmi les plus stimulants de la culture populaire contemporaine.
Renseignements complémentaires
L’attaque des Titans, de l’ombre à la lumière
À propos de l'auteur de cet article
Marie Lonni
"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !
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