Olympisme et culture ont décidé, en cette année 2024, de faire équipe. Le 51e Festival International de la Bande Dessinée ne pouvait pas ne pas saisir cette perche qui lui était lancée. C’est donc à Lorenzo Mattotti qu’il a demandé de se mettre sur la ligne de départ. Et pour l’accompagner dans ce relais à deux, la romancière Maria Pourchet a attrapé le témoin en écrivant quatre courtes fictions. Celles-ci rythment la visite de l’exposition « Attraper la course, L’art de courir par Lorenzo Mattotti » qui a pris place au Musée d’Angoulême jusqu’au 10 mars 2024.
Paris 2024, une Olympiade Culturelle
Depuis avril 2022, les acteurs de la culture ont été invités à participer à une programmation culturelle et artistique. Ceci afin de célébrer les Jeux Olympiques de 2024 sur tout le territoire français. Des entités labélisées Terre de Jeux 2024 pouvaient ainsi proposer des projets culturels en liaison avec l’olympisme et les jeux qui se dérouleront sur notre territoire du 26 juillet au 11 août 2024 et du 28 août au 08 septembre 2024 ( Jeux Paralympiques)
C’est donc Lorenzo Mattotti qui a mis son art au service du sport, et plus particulièrement de la course. Ses œuvres, en noir et blanc ou en couleur réalisées pour l’occasion, sont exposées au Musée d’Angoulême.
Lorenzo Mattotti, un artiste à corps
Qui mieux que le dessinateur, illustrateur, auteur de bande dessinées italien pouvait mettre en lumière des corps en plein effort sportif ? Lorenzo Mattotti, dans ses précédents albums, avait déjà fait la part belle à la poésie des corps. « Dessins et Peintures » en était le parfait exemple.
« Roméo et Juliette » avaient eux aussi, à travers 54 croquis publiés chez Martin du Halleux, pu exprimer leur amour inconditionnel. Les dessins réalisés au crayon allaient permettre à l’auteur de parler, avec beaucoup de sensualité, de la seule et unique nuit passée ensemble par les deux amoureux les plus célèbres de la littérature.
Une exposition de créations originales
Pour l’exposition « Attraper la course, l’art de courir par Lorenzo Mattotti », plus d’une centaine de d’œuvres ont été réalisées par l’artiste à cet effet. Peintures ou dessins, encadrés, sous vitrines ou reproduits aux murs, ils nous entraînent dans une course à en perdre le souffle. Des athlètes, seuls ou en groupe, montrent ainsi les efforts qu’ils déploient pour arriver sur la plus haute marche du podium.
L’auteur a réussi, que les athlètes soient de face ou de profil à insuffler un sentiment de vitesse pour toutes ces courses. Sprint, demi-fond ou fond, quelle que soit la nature de la course, on ressent avec ces traits sur le sol, avec ces mouvements de jambes ou avec le balancier des bras que cette course sera peut-être celle d’une vie. Celle que l’on dédie entièrement à son sport. Celle que l’on dédie également à son pays, que l’on soit coureur valide ou paralympique.
Mais aussi une course pour porter la flamme olympique, symbole des jeux olympiques modernes et référence à la Grèce antique. Des relayeurs vont eux aussi courir en portant la torche qui allumera la vasque dans le stade olympique. Lorenzo Mattotti leur a aussi laissé une place dans son travail. Un feu sacré brûlera le temps des jeux. Des anonymes et des champions permettront ainsi de rallier Olympie au pays à qui les Jeux ont été attribués. Paris en sera en 2024 la destination finale.
Une course de dessins et de mots
Les dessins et les peintures de Lorenzo Mattotti sont pour cette exposition angoumoise accompagnés de textes. Au nombre de quatre, ils ont été rédigés par la romancière Maria Pourchet.
Comme les filles ou le chemin parcouru par des jumelles pour avancer dans la vie.
Nenikekamen (nous sommes victorieux) ou le retour en – 490 pour l’épreuve mythique du marathon et de Marathon.
L’éclaireuse ou l’honneur de porter la flamme olympique.
Courir ou l’origine du western pour atteindre la liberté.
Quatre courses où les mots prennent la place des images comme afin de mieux les compléter. Pour se dépasser et aller au-delà des limites, au-delà de ses limites et au-delà des limites des autres compétiteurs.
Citius, altius, fortius. La devise des Jeux olympiques modernes, empruntée par le baron Pierre de Coubertin, s’applique bien évidemment à tous ces sportifs qui vont s’affronter dans le but de remporter ce Graal ultime. Mais les artistes, comme Lorenzo Mattotti pourrait fort bien s’approprier tellement leur art peut sembler une compétition dans laquelle ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Cette exposition en est un beau symbole.
Crédit photo : Yoann Debiais, texte : Claire Karius
L'art de courir
Communiqué du festival :
L’ART DE COURIR PAR LORENZO MATTOTTI ATTRAPER LA COURSE TEXTES DE MARIA POURCHET
Exposé pour la première fois au Festival d’Angoulême, au musée de la Ville, Lorenzo Mattotti se saisit de l’Olympiade Culturelle – alliance artistique et sportive dans le cadre des Jeux de Paris 2024 – pour livrer une vision flamboyante et plurielle d’un art de la course en pleine mutation. Vision que vient souligner pour l’occasion toute l’ardeur des textes de Maria Pourchet.
Du fondateur Feux à ses couvertures du New Yorker, en passant par son film d’animation La Fameuse Invasion des ours en Sicile sélectionné à Cannes en 2019, Lorenzo Mattotti excelle en artiste touche-à-tout, ouvrant la bande dessinée à tous les horizons. Il trouve dans la prose de Maria Pourchet un écho vif et intense. Entre les deux artistes, en effet, un passage originel de flambeau s’est effectué à des décennies d’écart : avec leurs voix personnelles, de Feux (L’Écho des Savanes, 1984) du maître italien à Feu (Fayard, 2021), roman multirécompensé de l’autrice vosgienne, s’ébauche le chemin de l’incandescence, sa couleur, sa fièvre.
Pour le Festival, la rencontre entre les arts opère non seulement autour de la course en tant que sport, mais aussi autour de la course en tant que fuite, dans une version animale et archaïque. Exposition de création inédite, L’art de courir. Attraper la course rassemble une centaine de dessins de Lorenzo Mattotti accompagnés de courtes fictions de Maria Pourchet. À leurs croisements résonnent les foulées des coureur·euse·s qui, depuis la nuit des temps, de l’humus des forêts au bitume des grandes villes, arpentent la terre.
De toutes techniques et de tous formats, les images sublimes de Lorenzo Mattotti habillent des couleurs de la course les murs du musée d’Angoulême. Ils montrent de quelle façon le dessin peut s’emparer d’un vaste mouvement planétaire, où l’individu se fond dans le groupe ou bien s’en dégage, privilégiant les sentiers naturels, hors des stades et des contraintes matérielles. Dans ce dialogue entre les expressions artistiques, ce sont les corps, la vitesse, la répétition, l’entraînement, le mouvement primaire, le souffle, l’élan, l’idée d’une course entravée ou émancipatrice qui s’envisagent.
Informations complémentaires
L’art de courir par Lorenzo Mattotti : attraper la course
(textes de Maria Pourchet)
du 25 janvier au 10 mars
Musée de la ville d’Angoulême – Square Girard II, Rue Corneille, 16000 Angoulême
Commissariat : Marguerite Demoëte
Scénographie : Studio Golem
Production : FIBD / 9e art +
À propos de l'auteur de cet article
Claire & Yoann
Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.
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