Les 3 finalistes pour le Grand Prix d’Angoulême 2024. Qui succèdera à Riad Sattouf comme Grand Prix d’Angoulême ? La 51e édition du festival met à l’honneur l’auteur de L’Arabe du futur et trois finalistes tenteront de s’y faire un nom en haut de l’affiche. Daniel Clowes, Catherine Meurisse et Posy Simmonds, qui aura les faveurs des votes des autrices et auteurs de bande dessinée ?
Portrait express des trois noms en lice pour le Grand Prix d’Angoulême.
Daniel Clowes, de l’indé aux Eisner Awards
Chicago chevillée au corps
Le changement d’éditeur de Daniel Clowes – de Cornélius à Delcourt – il y a deux ans, avait fait bruisser le petit monde de la bande dessinée. Il faut souligner que l’arrêt de ses publications par la structure indépendante bordelaise en avait surpris plus d’un. Le public français avait d’ailleurs découvert l’auteur américain grâce à Cornélius, Rackham ou Vertige Graphic. Logique pour un artiste de l’underground US.
Né en 1961, Daniel Clowes suit des études de dessin à l’Institut Pratt de Brooklyn. Il quitte alors New York par manque de travail. Il revient par la suite dans sa ville de naissance, Chicago. L’auteur chicagoan commence sa carrière en publiant ses premières histoires dans la revue Love & Rockets en 1985.
Une vie d’auteur indé
L’année suivante, Daniel Clowes publie ses premiers comics, Lloyd Llewellyn et Eigthball (Harvey Awards, réédité par Delcourt en 2023). Viennent ensuite Ghost World (Fantagraphics, adapté au cinéma), puis en France, Wilson (2010), Mister Wonderful (2011) ou encore Patience (2016).
Son talent immense est reconnu dans le monde entier, par les critiques et par un public qui le suit dans toutes ses publications. Il est le lauréat d’une dizaine d’Harvey Awards (récompenses d’œuvres publiées en anglais en Amérique du Nord), cinq Prix Ignatz (récompenses de la scène alternative américaine) et cinq Eisner Awards (prix de l’industrie de la bande dessinée américaine).
Et si la France décidait enfin de récompenser son immense œuvre avec le Grand prix d’Angoulême 2024 ?
Posy Simmonds, la reine de la bande dessinée britannique
Posy Simmonds, Flaubert et Hugo
S’il ne fallait citer qu’une seule autrice de bande dessinée britannique, alors ce serait Posy Simmonds. Francophile et francophone, l’artiste anglaise aime notre pays, au point d’avoir réalisé une déclinaison d’Emma Bovary de Gustave Flaubert – Gemma Bovery – son plus grand succès éditorial en France.
Née en 1945 à Cookham en Angleterre, Posy Simmonds s’émancipe grâce au dessin. Adolescente, elle réalise ses premiers comics mais son cœur penche également vers les auteurs classiques de la littérature française, Hugo et Flaubert, par l’entremise d’une enseignante de français.
Posy Simmonds et son amour pour la France
Ces deux passions se fondent grâce à sa venue à Paris en 1962. Elle suit alors les cours à la Sorbonne. Après ce passage en France, elle part pour Londres étudier le dessin et le graphisme à la Central School of Art and Design.
Elle entre alors au Sun pour y livrer des dessins de presse en 1969 puis au Guardian trois ans plus tard. Elle y illustre de grands textes d’auteurs. Puis, on lui donne sa chance en bande dessinée. Le journal publie The Silent Three of St Botolph’s qui la fait connaître au grand public. Elle réalise également des livres pour enfants (Fred, Lavender, Baker Cat).
En 1997, Gemma Bovery est publié. “Mais Gemma Bovery en français, cela voulait dire que la boucle était bouclée”, nous confia Posy Simmonds lors de notre interview à Blois en 2021.
Dix ans plus tard, sort Tamara Drew (Grand prix de la critique ACBD), puis Cassandra Dark en 2019.
Et si la France rendait à Posy Simmonds tout son amour pour notre pays en la désignant Grand Prix d’Angoulême 2024 ?
Catherine Meurisse, de Charlie Hebdo à la coupole
Catherine Meurisse et la bande dessinée, une passion ancienne
Avec son entrée à l’Académie des Beaux-Arts, c’est toute la bande dessinée qui entrait sous la coupole avec elle en décembre 2022. Une première historique pour le 9e art. Elle, c’est Catherine Meurisse, dessinatrice de presse et autrice de bandes dessinées.
Mais le parcours fut long avant cet avènement sous les ors de la République. Née en 1980, Catherine Meurisse grandit dans le Mellois, en Deux-Sèvres dans une famille très cultivée et passionnée par la littérature. Cette enfance, elle la raconte d’ailleurs dans Les grands espaces, un album autobiographique tendre et drôle.
Drôle pourrait d’ailleurs être le point commun de toutes ses œuvres. Même dans La légèreté, un ouvrage sur sa reconstruction après les Attentats de Charlie Hebdo, il y a de l’humour. Rescapée de ce tragique événement, qui laissa pour morts nombre de ses amis, elle poursuit néanmoins dans cette veine de la comédie, l’impertinence et la drôlerie chères à l’hebdomadaire satirique.
L’écureuil se transforme en autrice majeure du 9e art français
La bande dessinée fait partie intégrante de la vie de Catherine Meurisse depuis sa plus tendre enfance. En 1997, et alors qu’elle est âgée de 17 ans, elle remporte le prestigieux Prix de la bande dessinée scolaire du festival d’Angoulême. Pourtant le Grand écureuil d’or de cet événement ne lui permet pas de faire des réserves pour l’avenir.
Après des études à l’Université de Poitiers, puis à l’école de dessin Estienne à Paris, la future artiste continue sa formation à l’école nationale supérieure des Arts Décoratifs de la capitale.
Elle entre à Charlie Hebdo et y travaille de 2005 à 2015. Dix ans à côtoyer les illustres artistes du journal. Elle publie ses premiers ouvrages en parallèle comme Mes hommes de lettres ou Savoir-vivre ou mourir en 2008 et 2010.
Viennent ensuite, entre autres, Moderne Olympia, La légèreté, Scènes de la vie hormonale, Les grands espaces, La jeune femme et la mer & Humaine, trop humaine.
Et si la Festival d’Angoulême récompensait celle qui fait rayonner la bande dessinée à l’académie des Beaux-Arts et qui a commencé sa carrière grâce à lui ?