Papa Zoglu

Notre avis : Après l’excellent Junker (en 2015), Simon Spruyt est enfin de retour avec Papa Zoglu, un conte drôle et absurde aux éditions Même pas mal.

Riche grâce à sa fortune amassée dans l’élevage de bétail, un prince attendait depuis des lustres un héritier. Malgré deux épouses, rien n’y fit.

Il entendit parler d’une vieille femme capable de faire naître 77 veaux en même temps avec une seule vache. Il la fit chercher mais son épouse mit au monde un veau. Pris de colère, il tua l’animal. De son côté, chez elle, une vache mit au monde un bébé humain…

Loin de la Première guerre mondiale de son précédent ouvrage, Simon Spruyt met de nouveau en scène une histoire autour de la filiation. Si Junker contait le récit de deux frères qui s’engageaient dans l’armée, ici c’est plutôt l’enfantement qui est présenté. Construit comme un conte populaire (tous les codes y apparaissent) faisant intervenir le merveilleux, de la magie et du fantastique, Papa Zoglu est néanmoins absurde et drôle.

L’auteur belge confirme son immense talent de conteur par un récit soigné, précis et captivant. Sa partie graphique n’est pas en reste. Il réalise des planches à l’aquarelle légères et aériennes malgré le propos sombre de l’histoire.

  • Papa Zoglu
  • Auteur : Simon Spruyt
  • Éditer : Même pas mal
  • Prix : 22€
  • Parution : 12 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Un récit entre conte initiatique et farce sociale, dans lequel se mêlent les questions de l’identité sexuelle et de la condition humaine, la superstition, l’érudition, le loufoque et la tragédie.

Back street girls, volume 1

Notre avis : Des yakuzas qui deviennent un groupe d’idols (girls band) ça n’est pas commun. Découvrez leur transformation dans Back street girls, un manga de Jasmine Gyuh.

Clan Inugane. Le chef des yakuzas n’en peut plus : Ryô, Kentarô et Kuzihiko ont encore fait échouer une mission qui leur a été confiée (on ne sait pas laquelle).

Deux sanctions s’offrent à eux : avoir les jambes coupées ou devenir les membres d’un idols, un groupe de chanteuses pour adolescents. Les trois choisissent la deuxième solution. Ainsi Ryô devient Mari, Kentarô devient Airi et Kazuhiko devient Chika. Après leur opération, transformées en femme, elle composent Gokudolls, un groupe à succès.

Se comportant en vraie adolescentes sur scène, en dehors, elle continuent d’être des yakuzas. Pour leur faire franchir un nouveau cap, elles vont subir un entrainement intensif donné par Mandarine Kinoshita, la crème des managers. Il va tenter de les faire changer et de trouver leur vraie identité…

Prépublié dans la revue Gekkan young Magazine des éditions Kodansha depuis 2015, Back street girls est un véritable succès au Japon. Le récit de Jasmine Gyuth est grinçant et semble être une véritable satyre des clans mafieux mais surtout des idols, groupes montés de toutes pièces et formatés.

Elle fait un petit clin d’œil aux Backstreet boys (groupe américain des années 90) pour le nom du groupe. Sous ses faux airs de comédie pour adolescentes (les groupes de K-Pop ou J-Pop sont lisses et aseptisés) le fond du sujet est sombre, notamment par la dureté du chef de clan, des entrainements mais aussi de la quasi dépression des ex-yakuzas maintenant en femmes adulées.

Les planches concernant ces scènes (dans les loges, lors des entrainements) sont celles les plus réussies. Les yeux des filles étant assombries pour ne plus les voir.

  • Back street girls, volume 1
  • Auteure : Jasmine Guyh
  • Éditer : Soleil Manga
  • Prix : 7.99€
  • Parution : 24 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Pour les punir d’une faute, un chef yakuza décide de forcer trois de ses hommes à devenir un groupe d’idols. Kentarô, Ryô et Kazu vont alors devenir Chika, Maru et Airi, les Gokudolls ! Et même s’ils ressemblent dorénavant à des jeunes filles en fleurs, leurs âmes seront toujours celles de yakuzas, les hommes parmi les hommes, voués au gokudô ! Ou peut-être pas !?!… Faites du bruit pour les Gokudolls, le plus viril des groupes d’idols !

Le pays des purs

Notre avis : Le Pakistan – le pays des purs – a été bouleversé par l’assassinat de Benazir Bhutto en 2007. La reporter-photographe Sarah Caron a assisté aux événements qui suivirent. Elle conte ces moments dans Le pays des purs mis en image par Hubert Maury.

Novembre 2007. Sarah Caron débarque au Pakistan après un reportage à Katmandou. Le pays des purs est en état d’urgence après de nombreuses vagues de violences terroristes. Le pouvoir de Pervez Musharraf est étendu et ses opposants sont de plus en plus nombreux dans la rue. A leur tête, Benazir Bhutto, l’ex première ministre.

Dès les premières minutes, la journaliste le sent, elle va vivre quelque chose d’intense. Alors que sa valise a été égarée, elle décide d’aller acheter des sous-vêtements en pleine nuit – plus facile à dire qu’à faire – dans un pays où les Hommes détiennent tout. Là, elle assiste à une manifestation pro-gouvernementale et rencontre Hafiza, l’une des figures de l’événement.

Mais le grand défi de Sarah est de rencontrer Benazir Bhutto, assignée à résidence après les violences. Elle réussit par l’entremise de Hafiza. Elle prend alors de nombreux clichés mais quelques jours plus tard, la femme politique est assassinée dans un attentat…

Le récit de Sarah Caron est intense et captivant ! Il faut souligner que son sujet – Benazir Bhutto – est un sujet de fantasme chez les Occidentaux, voyant en cette femme politique, le renouveau du Pakistan. Il faut dire que nous avons des images d’elle comme ouverte sur le monde, pacifiste et moderne malgré les quelques affaires sombres de sa carrière.

Une coïncidence étonnante fit rencontrer la reporter avec l’ex première ministre quelques jours avant son meurtre. L’attentat, l’hôpital – simple et populaire – et les jours qui suivirent sont bien expliqués par Sarah Caron à travers le prisme de son objectif. Ce moment clef est méconnu en France; encore un point positif ! De plus, elle raconte les difficultés des reporters et photographes sur le terrain – entre information contrôlée par le pouvoir et réalité – mais aussi les conditions spartiates ou les fixeurs (interprètes qui permettent de rencontrer les bonnes personnes). Ainsi le lecteur découvre son chauffeur – le meilleur du Sud de l’Indus – qui la lâche le soir de l’attentat mais aussi Faris Khan le pachtoun.

Si cette bande dessinée-reportage est importante et accrocheuse, nous sommes moins convaincu par la partie graphique. Le dessin de Hubert Maury est trop sobre, trop lisse pour soutenir le propos très fort du récit. Nous aurions préféré plus d’audace. L’ensemble est néanmoins plaisant.

  • Le pays des purs
  • Scénariste : Sarah Caron
  • Dessinateur : Hubert Maury
  • Editeur : La Boîte à Bulles, collection Contre-Coeur
  • Prix : 25€
  • Parution : 10 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Le 27 décembre 2007, la ville de Rawalpindi, au Pakistan, est la proie de violentes émeutes, suite à l’assassinat de Benazir Bhutto, principale opposante au régime en place. Dans la foule, Sarah Caron, photographe française, saisit avec son appareil les moindres détails de la scène. Mais très vite, la jeune femme est repérée et se retrouve poursuivie, craignant pour sa vie. Un mois plus tôt, Sarah rencontrait Benazir Bhutto afin de réaliser une série de portraits commandées par le magazine « Time ». Une entrevue difficilement décrochée et qui, par un pur hasard, survenait le jour même de l’assignation à résidence de l’opposante. Une aubaine pour Sarah : pendant 4 jours, elle se retrouvait aux premières loges de l’actualité ! De jour, elle mitraillait les lieux, de nuit, elle transférait ses clichés. En immersion totale et au gré des commandes, la jeune femme passe cette année-là du monde de l’élite pakistanaise à celui des talibans, avec l’aide d’un fier guerrier pachtoune. Son objectif est une arme dont elle se sert pour frapper les esprits et franchir les frontières, qu’elles soient physiques ou culturelles, et ce malgré le danger des lieux et des situations.

Tizombi, tome 1 : Toujours affamé

Notre avis : Toujours affamé est le premier volume de Tizombi, la nouvelle série humoristique pour adolescents de Christophe Cazenove et William chez Bamboo.

Margotik, une jeune adolescente, est énervée par une énième dispute de ses parents. La gothique décide de partir le plus loin possible de son foyer. Elle cherche un lieu plus tranquille pour écrire et se retrouve dans le cimetière du village. Là, elle rencontre de drôles de personnages : des zombies ! Il y a là Fat Al ou Tékaté. L’humaine colle même une claque à Tizombi, le seul zombie, né zombie sans avoir été une être humain !

C’est le début d’aventures rocambolesques avec ses nouveaux amis qu’elle apprend à connaître et qu’elle apprécie de plus en plus…

Après la série à succès Les sisters, William et Christophe Cazenove dévoilent leur nouvelle série Tizombi, un univers gothique riche plutôt amusant. C’est le dessinateur qui eu l’idée de départ comme il le confie : « Il y a quelques années, je l’avais imaginé sur mon blog. Je le mettais en scène dans de petits gags. Petit à petit, j’ai ajouté d’autres personnages. J’ai créé l’héroïne, Margotik mais aussi Fat et Tékaté, la zombinette ».

Attiré par les films et séries de zombie et d’horreur, William aime aussi Walking dead ou Zombillénium de Arthur de Pins. Après, il propose à Cazenove de le suivre dans l’aventure. Le scénariste invente un passé à Margotik, à Tizombi mais aussi l’idylle naissante entre eux. Il glisse aussi des clins d’œil aux films de séries Z ou au comics de Adlard et Kirkman. Ainsi, l’on peut dire que Tizombi s’adresse plutôt aux adolescents ou aux adultes.

La série commence plutôt bien, est sympathique et amusante. L’ambiance est joyeuse – un comble – et détendue à travers des gags en deux planches réussis.

  • Tizombi, tome 1 : Toujours affamé
  • Scénariste : Cazenove
  • Dessinateur : William
  • Coloriste : Elodie Jacquemoire
  • Editeur : Bamboo
  • Prix : 10.60€
  • Parution : 31 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Même s’il est le plus mignon de tous, Tizombi n’en reste pas moins un zombie à l’appétit insatiable. Véritable trou sans fond, il dévore, avale, gobe et croque tout ce qui passe à portée de sa dentition acérée. Tout, sauf la jeune Margotik qui écrit un livre sur lui : elle est fascinée par celui qui reste le seul zombie à être né zombie !

Mémoires de Marie-Antoinette, tome 1 : Versailles

Notre avis : Enfermée à la Tour du Temple, Marie-Antoinette décide de raconter par écrit ses souvenirs, de ses derniers jours en Autriche à la naissance de son fils dans Mémoires de Marie-Antoinette de Noël Simsolo et Isa Python.

Paris, 13 août 1992. Louis XVI, Marie-Antoinette et leurs enfants sont de retour dans la capitale après leur tentative de fuite vers l’Angleterre. Sur fond de Révolution Française, les souverains sont conspués. La reine, Louis et Marie-Thérèse sont enfermés à la Tour du Temple. Pour faire passer ses longues journées, Marie-Antoinette débute l’écriture de ses mémoires.

Née en 1755, Marie-Antoine est la fille de Marie-Thérèse d’Autriche qui lui prédit un grand destin en la mariant au futur roi de France, Louis XVI. Lettrée, aimant le théâtre, très moderne dans la façon de se vêtir et plutôt libre, la jeune femme de 16 ans se prépare à rallier son nouveau royaume. Avant cela, étonnamment un premier mariage – sans le mari – est célébré en Autriche.

Très aimée et sous les hourras de la foule, elle quitte le palais des Habsbourg pour la frontière. En chemin, elle s’arrête voir son frère, tombe malade et arrive enfin au rendez-vous où elle découvre pour la première fois son futur mari. Avant cela, elle est confiée à Madame de Noailles qui doit veiller sur elle.

C’est le début d’un destin hors-norme et un peu à la marge, entre les noces, les difficultés de procréer et la chute de la monarchie…

Ecrit à la première personne – la narratrice est Marie Antoinette – l’album est facile de lecture et plaisant. Se basant sur une solide documentation, Noël Simsolo livre un premier volume accrocheur. Il faut souligner que ce style de biographie n’est jamais très intéressant et plutôt indigeste mais pour une fois, cela n’est pas vrai. De nombreux films, romans, essais, recherches historiques et bandes dessinées ont déjà été écrits sur la Révolution Française et la Reine, délicat donc de sortir la tête de ce flot important. Comixtrip recommande donc Mémoires de Marie-Antoinette.

Tous les moments clef de la vie de la souveraine sont mis en lumière : le départ d’Autriche, la rencontre avec Louis XVI, les noces, les difficultés de procréation mais aussi le théâtre, la Bergerie et le Trianon. Il faut ajouter les personnages qui gravitent autour de la Reine : Fersen, Mercy, Madame de Noailles ou encore Beaumarchais. L’on découvre une Marie-Antoinette très loin de l’étiquette – qui l’ennuie – des standards d’une souveraine, de sa liberté, de son insouciance mais aussi de sa difficulté de se faire aimer de ses sujets malgré les tentatives pour influencer son mari sur les questions internationales. Ainsi, l’album tente de la réhabiliter.

Pour accompagner le scénariste, Isa Python se charge de la partie graphique, plutôt réussie. Malgré quelques erreurs dans la composition des visages, le reste est plaisant. Aidée aux couleurs par la talentueuse Scarlett, elle réalise de très belles planches aux costumes et décors soignés.

Pour prolonger cette thématique, vous pouvez parcourir la chronique de Marie-Antoinette, la jeunesse d’un reine, un manga de Fuyumi Soryo.

  • Mémoires de Marie-Antoinette, tome 1 : Versailles
  • Scénariste : Noël Simsolo
  • Dessinatrice : Isa Python
  • Coloriste : Scarlett
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 19.50€
  • Parution : 24 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Paris, le 13 août 1792. La monarchie est abolie. Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI, est internée à la Tour du Temple. Installée dans une cellule en attente de son procès, elle écrit ses mémoires… Du départ de son Autriche natale à ses noces avec le dauphin de France, en passant par le quotidien parfois impitoyable de la cour du roi et sa rencontre avec Axel de Fersen qui deviendra son amant et ami, celle qui passa des ors du Trianon à la puanteur des cachots s’y livre entièrement et sincèrement. En choisissant de raconter la vie de Marie-Antoinette comme si elle écrivait ses propres mémoires, Noël Simsolo trouve le ton juste pour brosser un portrait à la fois complet et touchant de la plus célèbre reine de France, auquel le trait léger et délicat d’Isa Python vient apporter un supplément d’élégance.

Fire force, volume 1

Notre avis : Avec ses pouvoirs autour du feu, Shinra intègre la Fire Force, une brigade spéciale qui lutte contre les combustions humaines. Après Soul eater, voici la nouvelle très bonne série de Atsushi Ohkubo !

Japon, an 198 du calendrier solaire. Dans une rame de métro, un homme se consume de l’intérieur. Étonnamment, Shinra attend patiemment son train sur le quai. Le jeune adolescent intègre le jour-même la Fire Force, lui qui possède des pouvoirs autour du feu. Il tente de circonscrire la combustion mais il n’y arrive pas. Des membres de l’unité s’en chargent alors.  Quelques instants après, il sauve Iris – une religieuse qui fait aussi partie de la Fire Force – grâce à la rapidité de ses pieds.

Après cet événement, il se retrouve dans l’académie des pompiers. Il fait la connaissance de Obi, le capitaine de la 8e brigade qu’il vient de rallier mais aussi Hinawa, Oze et retrouve Iris

Prépublié depuis septembre 2015 dans la revue Weekly Shōnen Magazine de l’éditeur Kōdansha au Japon, Fire force est déjà composé de huit tomes. Atsushi Ohkubo imagine un univers fantastique accrocheur et des histoires qui happent le lecteur. Il faut souligner que les chapitres sont très addictifs et possèdent beaucoup d’action. Shônen bien écrit, le mangaka mise avant tout sur le fantastique et sur des personnages très caractéristiques. En premier lieu, Shinra, un jeune adolescent qui sait ce qu’il veut, qui rêve de réussir, parfois un peu trop sûr de lui et qui arbore un sourire démoniaque lorsqu’il est stressé. C’est d’ailleurs à cause de cela qu’il sera surnommé le Démon !

Les situations cocasses parfois et les dialogues apportent forcément de l’humour, essentiel dans tout bon shônen. Titre très attendu par le public après le succès de Soul eater, Fire Force ne devrait pas déplaire aux amateurs du genre et ceux de Ohkubo. Les dessins sont très efficaces, d’une belle lisibilité et le découpage très rythmé.

  • Fire force, volume 1
  • Auteur : Atsushi Ohkubo
  • Éditer : Kana
  • Prix : 5.45€
  • Parution : 19 mai 2017

Résumé de l’éditeur : L’humanité est terrifiée par le phénomène de combustion humaine. Des brigades spéciales Fire Force ont donc été mises en place avec pour mission de trouver la cause de ce mystérieux phénomène ! Le jeune Shinra, nouvelle recrue surnommée le Démon, rêve de devenir un héros. Mais le chemin sera long et il devra, avec ses camarades, apprendre à affronter quotidiennement des Torches humaines !!

Tristan et Yseult

Notre avis : Agnès Maupré et Singeon donnent leur version moderne de Tristan et Yseult, le fameuse légende arthurienne. Un album Gallimard.

Fille du roi d’Irlande, Yseult aime se moquer des jeunes garçons près de chez elle. Cachée près d’un arbre avec son ami, elle observe effrayée le combat titanesque d’un jeune adolescent contre un dragon. Après ce combat épique, l’animal fabuleux est mort mais le garçon est recouvert de brûlures, telle une coque mais il vit.

Yseult le ramène chez lui et le soigne. avec force magie, sa mère réussit même à fracturer l’enveloppe très dure. Tristan, c’est son nom, est à la recherche de la jeune femme qui a perdu un cheveu blond afin de la ramener au roi Marc afin qu’il l’épouse. Il découvre que celui-ci appartient à Yseult.

En aucun cas, la jeune adolescente ne veut partir pour le royaume de Marc et se marier avec lui, elle préférerait que ce soit Tristan qui la demande en mariage. Forcée par sa mère, elle embarque sur un navire avec son chevalier avec un filtre d’amour concoctée par la Reine afin de faire chavirer son amoureux secret…

Il existe de nombreuses version de Tristan et Yseult (BD, romans, films…) et il est difficile de sortir la tête de ce flot important. Agnès Maupré – auteure du magnifique Le chevalier d’Eon (deux volumes chez Ankama) – livre ici une adaptation libre et très moderne de la légende arthurienne. Pour cela, elle utilise des dialogues actuels qui dépoussièrent ceux de la version originale. Erotisant au maximum son ouvrage, elle réussit à captiver son lectorat qui n’aurait pas franchit le pas de la découverte sans cela. Son récit est très rythmé et use de beaucoup d’actions. Hymne aux premières amours, à la passion juvénile, Tristan et Yseult plaira aux amateurs de légende, de fantastique mais aussi de bandes dessinées romantiques.

Nous sommes pour une fois agréablement surpris par la partie graphique de Singeon. Par le passé, ses ouvrages (Sauvetage et Bienvenue) ne nous avait pas convaincu. Pour Tristan et Yseult, il met en scène le récit de manière moderne (comme le veut sa scénariste), énergique et coloré.

  • Tristan et Yseult
  • Scénariste : Agnès Maupré
  • Dessinateur : Singeon
  • Editeur : Gallimard
  • Prix : 22.50€
  • Parution : 18 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Quand le jeune et joli Tristan arrive sur sa terre et massacre le dragon qui terrifiait le pays, la princesse Yseult se dit qu’elle ne détesterait pas être sa récompense. Mais si Tristan demande effectivement sa main, c’est pour son oncle, le roi Marc. Afin de ne pas condamner sa fille à un mariage hasardeux, la mère d’Yseult, grande magicienne, lui offre un filtre d’amour à partager avec Marc, le jour de leurs noces. Mais on ne confie pas un filtre d’amour à une adolescente… Tristan et Yseult seront bientôt unis d’un amour magique, magnétique, qui ne demande qu’à dévorer leurs existences…

Les nuits d’Aksehir, volume 1

Notre avis : Ayako – étudiante en école de mode – réussit à se faire embaucher dans une restaurant turc au Japon. Cette rencontre avec une autre culture la fait progresser dans sa propre vie. Raku Ichikawa propose son histoire dans Les nuits d’Aksehir chez Akata.

Hodja, un vieil homme aborde Ayako dans la rue. Menaçant, il l’emmène dans une salle sombre. Surprise mais n’ayant pas spécialement peur, elle découvre qu’elle est dans un restaurant turc. Elle est par la suite rassurée par Zakuro, une serveuse.

Le cuisinier est coutumier du fait : séquestrer des jeunes femmes afin qu’elles travaillent pour lui. En ce qui concerne Ayako, il était persuadé qu’elle connaissait la culture turque puisqu’elle possédait une amulette de son pays mais en fait, c’était un cadeau d’une amie.

Sans être rebutée par la façon un peu cavalière du vieil homme, elle accepte de devenir serveuse dans le restaurant L’Aksehir. Rapidement à l’aise avec les mots et les plats, l’étudiante en école de mode se plait dans ce décor. D’ailleurs, elle s’inspire de tout ce qui l’entoure dans le restaurant pour ses propres réalisations en cours…

Publié par Enterbrain (Bride Stories, Minuscules, Reine d’Égypte) entre 2013 à 2015 au Japon, Les nuits d’Aksehir est un très beau seinen qui mêle avec pertinence les cultures japonaises et turques. Raku Ichikawa imagine un pont entre ces deux mondes – qui se rencontrent que rarement – à travers L’Aksehir, un lieu de restauration chaleureux et très accueillant. Pour incarner son histoire, la mangaka met en scène une jeune japonaise Ayaka qui ne sait plus trop où elle en est dans sa vie. La rencontre avec le restaurant et les membres qui le composent va la faire reprendre confiance en elle, la faire évoluer dans sa vie et dans ses cours à l’école de mode.

Au-delà de la mode, de la danse orientale, des plats et des coutumes, Les nuits d’Aksehir est avant tout un hymne à la tolérance, à l’ouverture au monde et à l’intégration. Les amateurs de culture orientale seront ravis de ce début de série comme les amateurs de manga pur. Le mélange des deux est d’ailleurs très accrocheur. Raku Ichikawa fonde son récit sur ses propres expériences, elle qui vit actuellement à Istanbul, ce qui fait que son manga est très positif. Sa partie graphique est d’elle très belle élégance, douce et chaleureuse. Ses personnages sont d’une belle expressivité.

A noter que l’éditeur nous allèche avec les deux prochains volumes où il sera question de conversion à l’Islam. En ces temps troublés avec les religions, la série Les nuits d’Aksehir tombe à pic !

  • Les nuits d’Aksehir, volume 1
  • Auteure : Raku Ichikawa
  • Éditer : Akata
  • Prix : 8.50€
  • Parution : 13 avril 2017

Résumé de l’éditeur : Ayako est une jeune étudiante à Tokyo, en école de mode. Pourtant, peu motivée, elle ne trouve pas l’inspiration pour créer des design satisfaisants et orginaux. Mais grâce à l’amulette qu’elle porte autour cou, une inatendue opportunité va s’ouvrir à elle : Hodja, imigré turc, va lui proposer de travailler en tant que serveur au sein d’Akşehir, son petit restaurant égaré au coeur de Shinjuku. Au fil de ses rencontres et de ses nuits de service, mais aussi au contact de Zakuro, fascinante danseuse orientale, Ayako va découvrir tout le charme de la culture turque… au-delà de tous clichés ! Et si cette nouvelle ouverture sur l’étranger lui montrait enfin la Voie à suivre ?

Tess

Notre avis : Avoir des cheveux magiques, quel pouvoir extraordinaire pour la petite Tess qui va tenter de s’en servir dans des aventures rocambolesques signées Christine Nauman-Villemin et Sess. Un bel album Jungle !

Tess, petite fille de 4/5 ans, vit avec ses parents et son frère dans un appartement douillet. Son père lui lance le défi de se démêler les cheveux le plus vite possible. En moins de 100 secondes, elle tente de le faire. Elle se rend alors dans la salle de bain et distille sur ses bouclettes des produits plus fous les uns que les autres.

Plus tard, sa maman trop occupée à corriger des cahiers, demande à Tess de surveiller son frère. Trop prise par son dessin, elle en oublie sa mission. Le garçon grimpe sur son parc et manque de tomber. Étonnamment, ce sont ses cheveux qui récupèrent l’enfant. Elle découvre stupéfaite qu’ils ont un pouvoir magique…

Très jolie série jeunesse (à partir de 5 ans), Tess va enchanter les plus jeunes par une partie graphique chaleureuse et des courts récits à l’humour très agréable.

Christine Naumann-Villemin imagine une formidable petite fille curieuse, enjouée, sympathique et dynamique. Elle distille une belle dose de fantastique à travers sa chevelure blonde tel Samson, le héros de la légende biblique. Mais Tess ne peut pas vraiment contrôler ce pouvoir magique ce qui lui cause quelques déboires très drôles. Ses aventures rocambolesques sont construites sous la forme de petits chapitres (avec des titres rigolos) idéaux pour la fluidité de la lecture et qui dynamisent l’album.

Les personnages secondaires (un chat faire-valoir, un petit frère attachant et des parents d’une grande modernité dans leur éducation) forment une galerie sympathique.

La professeure-documentaliste s’est adjointe le talent de Sess. L’auteur du merveilleux Papa pas prêt (Vraoum) réalise de très belles planches à l’aquarelle et aux crayons de couleur avec peu de cadre et de vignettes. Son trait tout en rondeur restitue admirablement l’ambiance joyeuse du récit.

A noter que Sess a pris la suite de Thomas Priou dans la réalisation des aventures de Lionell, le gentil lion féru d’art, qui paraît chaque mois dans l’excellent magazine jeunesse Olalar.

  • Tess, tome 1
  • Scénariste : Christine Neuman-Villemin
  • Dessinateur : Sess
  • Editeur : Jungle, collection Jungle Jeunesse
  • Prix : 9.95€
  • Parution : 24 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Après un étrange shampoing concocté par ses soins, Tess découvre que son incroyable tignasse blonde est magique ! Vous n’y croirez peut être pas, mais ses cheveux agissent selon leur propre volonté. Voilà un pouvoir farfelu que Tess va devoir apprendre à contrôler !

Père et fils, volume 6

Notre avis : Torakichi et Shiro sont de retour dans leur village pour la Fête des morts. Dans ce nouvel opus de Père et Fils, le lecteur découvre le père de Shiori mais aussi les bribes d’enfance de l’herboriste. Encore un sublime volume de Mi Tagawa.

Dans les premières pages du 6e volume de Père et fils, le lecteur en apprend plus sur le père de Shiori, la femme de Tora décédée lorsque Shiro avait un an. La mère de Shiori avait décidé très tôt de marier sa fille à un riche héritier alors que la jeune femme était déjà en couple avec Tora. Si le père était partant pour leur union – il leur offre même les alliances – la mère n’aimait pas le futur herboriste.

Plus tard lorsque que Shiori disparait, Tora arrive même à revoir son père mais il ne souhaite pas voir Shiro, pire il lui demande de ne pas mentionner sa famille à son fils.

Que dire de plus que nous n’ayons dit sur Père et fils ? Pas grand chose : nous n’avons plus de superlatifs pour ! Juste que Mi Tagawa arrive toujours à happer son lectorat, se renouveler en distillant avec parcimonie des bribes du passé des protagonistes. Ainsi les lecteurs peuvent reconstituer au fur et à mesure le puzzle de l’existence de Tora, Shiro et Shiori.

Dans ce sixième volet, elle imagine même une maladie à Tatsumi – la sœur de Tora – qui éleva un temps son fils à la mort de sa femme. Le lecteur observe les progrès de Shiro qui grandit, devient autonome et s’émancipe. Comixtrip aime énormément cette merveilleuse saga japonaise chaleureuse, optimiste malgré la part sombre du passé des personnages.

  • Père et fils, volume 6
  • Auteure : Mi Tagawa
  • Éditeur : Ki oon
  • Prix : 7.90€
  • Parution : 24 mai 2017

 

L’art du 9e Art

Notre avis : Les éditions Fluide Glacial publient L’art du 9e art, un excellent recueil parodique signé Emmanuel Reuzé.

Prépubliés dans les revues Fluide Glacial ou Psikopat entre 2002 et 2011, ces récits courts ont enfin les honneurs d’un album complet ! Sous forme de chapitre – au nombre de 17 ainsi qu’une introduction – les histoires parodient avec délice le 9e art, les auteurs et les études sur la bande dessinée.

Emmanuel Reuzé a une grande ambition : parler de bande dessinée et en faire connaître les arcanes. Vulgariser dites-vous ? Pour cela, il invite Scott McCloud, le génial auteur de L’art invisible, Réinventé la bande dessinée ou Faire de la bande dessinée. Mais voilà, son personnage appartenant à un autre éditeur, il ne peut rester avec Reuzé. Le spécialiste du 9e art décide de lui envoyer son cousin Scott McCrawd, un auteur raté et aviné. La suite risque d’être amusante.

Les deux compères débutent par La bande dessinée à travers les âges (Préhistoire, roman-photo ou bande dessinée cryptée), puis une Etude du style (heroic-fantasy, l’autobio…), Anatomie des héros (Bidochon, Tintin, Hulk, la coccinelle de Gotlib…), La bédé et l’argent (un art alimentaire, mainstream…), Les remakes qui cartonnent (Mickey, Pim Pam Poum, Spiderman…), Bédé et complot, Bédé et arnaque (des faux-strips de Uderzo, Pratt, Vance…), Présenter un projet (synopsis, planches finalisées…), Les projets refusés, Comment que ça se passe après, Les critiques de bande dessinée, La bande dessinée déméchantisée, Les lecteurs, Les iconoclastes de la bande dessinée ou Les métiers extravagants de la bande dessinée.

Tous les sujets autour du 9e art sont donc abordés mais triturés. Ces excellentes parodies sont appréciables puisqu’elles sont cyniques, grinçantes mais surtout très drôles. Pour démontrer l’indémontrable, il pastiche avec une grande aisance les différents styles graphiques des grands auteurs.

  • L’Art du 9e Art
  • Auteur : Emmanuel Reuzé
  • Editeur : Fluide Glacial
  • Prix : 18.90€
  • Parution : 17 mai 2017

Résumé de l’éditeur : L’Art du 9e Art est l’ouvrage de référence pour apprendre tout ce qu’il faut savoir (ou pas) sur la bande dessinée : dessiner avec un Boeing, réaliser une BD en apnée comme Joann Sfar, étudier l’anatomie de Gros Dégueulasse de Reiser ou réussir une BD autobiographique de fille. Tous les libraires BD connaissent le fameux livre L’Art de la BD de Duc ainsi que les best-sellers de Scott McCloud. Autant d’opuscules insignifiants comparés à l’ambitieux L’Art du 9e Art de l’immense Reuzé ! La BD est évoquée depuis ses origines et répertoriée par professions et par styles. Le mauvais esprit de Reuzé n’épargne rien ni personne, à commencer par les théoriciens du 9e art qu’il convoque pour mieux les pasticher. La bible des lecteurs et des auteurs de BD existe enfin. Grandiose, exhaustive et surtout définitive !

Kushi, volume 2 : La tanière du loup

Notre avis : Après un très bon premier volume, Golo Zhao et Patrick Marty dévoilent la suite des aventures de Kushi, la petite fille des steppes.

Au milieu des steppes de Mongolie. Kushi est toujours en fuite entourée de loups et de Khulan, sa compagne à pattes. A ses trousses, il y a l’infâme Bold et ses hommes armés jusqu’aux dents. Les loups livrent alors une bataille en faisant fuir les chevaux des malfrats. Non loin de là, Tilik assiste hilare à la scène. Il est alors obligé de se faire voir de Kushi et continuent alors leur chemin ensemble.

Au village, Chen est inquiet par la situation, il a peur pour Kushi. Bayan – la grand-mère de la fillette – tente de le rassurer : Kushi est protégée par Khulan mais surtout par Tengger, l’esprit des steppes…

Après un premier volume qui nous avait séduit, Kushi s’offre un deuxième volume dans la même veine. Patrick Marty poursuit son récit de la même façon et de belle manière. Il sublime la Mongolie des années 80 et plus particulièrement les villages traditionnels. Il glisse aussi des rites ancestraux, la magie et les légendes de cette région autonome de Chine.

Il souffle un parfum d’aventure et d’action sur cette belle fable pour le jeune lectorat. Une héroïne forte, ingénieuse, malicieuse et débrouillarde, un camarade fidèle et loyal, une chienne qui la défend, des loups qui la protège et des ennemis féroces; tout les ingrédients sont réunis pour passer un très bon moment de lecture.

Golo Zhao (Au gré du vent, Hello Viviane) poursuit avec maestria sa partie graphique de grande valeur. Son magnifique trait est moderne et aérien – idéal pour sublimer les décors mongols – mais qui tranche avec la tension du récit.

Premier tome en janvier 2017, le deuxième en mai, le troisième en septembre et le dernier en janvier de l’année prochaine pour Kushi : un rythme de publication soutenu, qui permet de ne pas attendre et de captiver les plus jeunes lecteurs. Une très bonne initiative !

  • Kushi, tome 2/4 : La tanière du loup
  • Scénariste : Patrick Marty
  • Dessinateur : Golo Zhao
  • Editeur : Fei
  • Prix : 9.50€
  • Parution : 05 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Kushi est en fugue, traquée par le grand méchant Bold et ses hommes. À l’aide de Khulan et d’une meute de loup, elle va se débarrasser de ses poursuivants. Pendant ce temps, au village, tout le monde s’agite et prépare la grande fête du Naadam. Tilik, trop malheureux sans son amie, va rejoindre Kushi et les deux enfants vont découvrir le secret de Bold… mais c’est se jeter dans la gueule du loup, car leur ennemi est impitoyable…