Petit Robot

Une petite fille trouve un robot au bord de l’eau. Ensemble, ils vont vivre de belles aventures dans Petit robot, un formidable album de Ben Hatke aux éditions Frimousse.

Un pont au-dessus d’une rivière. Un paquet tombe d’un camion et se retrouve à l’eau. Une petite fille qui habite dans un mobilhome non loin de là découvre intriguée le colis. Elle l’ouvre, appuie sur un bouton sur le capot. Se déploie alors un petit robot aussi grand qu’elle. Lui apprenant à marcher, ils gambadent alors dans la campagne. Il apprend alors la vie au dehors, celle qu’il ne connaît pas. Mais à l’usine, tout s’affole : il manque un robot. Une terrible boîte de conserve intelligente jaune se met alors en marche pour le retrouver…

Comme à son habitude, Ben Hatke nous régale ! Après Zita la fille de l’espace, Personne n’aime les gobelins ou Jack le téméraire, les lecteurs français découvrent Petit Robot, un merveilleux album pour les plus jeunes. Avec peu de textes et des vignettes d’une grande lisibilité, même les non ou primo-lecteurs pourront savourer l’histoire. Il faut souligner que le dessin de l’auteur américain s’y prête magnifiquement : grandes cases, personnages identifiables facilement et décors a minima pour faire la part belle aux actions et aux émotions des protagonistes.

Avec Petit Robot, Ben Hatke met en scène ses thématiques de prédilection : l’amitié, l’entraide mais aussi le fantastique et la science-fiction. Souvent malmené et peu abordé par les auteurs pour le jeune lectorat, ce genre prend tout son sens sous la plume de l’auteur américain. Prétexte pour une belle aventure, avec des obstacles et de l’action, cette amitié petite fille / robot ravira toute la famille. Construit en petits chapitres comme une belle fable très moderne, Petit Robot est de nouveau un album majeur de l’auteur de Julia et les Monstres perdus.

Décidément, Comixtrip est toujours autant charmé par ses récits simples mais très universels. Après Dargaud ou Rue de Sèvres, Frimousse entre dans la danse avec la publication d’une histoire de Ben Hatke. Bravo à cette petite structure qui s’est lancée depuis peu dans la bande dessinée (Ultraviolette et Tine& Junior) et merci pour notre plaisir de lecture !

  • Petit Robot
  • Auteur : Ben Hatke
  • Editeur : Frimousse, collection BD Mousse
  • Parution : 12 octobre 2017
  • Prix : 16€
  • ISBN : 9782352413363

Résumé de l’éditeur : D’un côté, il y a une petite fille. Elle est bricoleuse et débrouillarde. De l’autre un petit robot tombé d’un camion… La rencontre a lieu et l’aventure commence. Il faut tout d’abord réparer ce petit robot qui visiblement est cassé. Mais heureusement la petite fille a de l’idée. Et les voilà bien vite à marcher tous les deux. Elle lui montre son univers. Mais à l’usine, les machines implacables donnent l’alerte. Il manque un robot… Bientôt, les deux amis jouent ensemble. Après une course dans la forêt, ils se retrouvent tous les deux face au grillage de l’usine et découvrent un énorme trou. Un énorme robot a pour mission de retrouver l’élément manquant. La course-poursuite entre les deux robots commencent. Et le duel est inégal. Petit robot se retrouve vite à l’usine, de nouveau prisonnier. C’est sans compter sur l’imagination bricoleuse de la petite qui va bien vite trouver la solution et libérer le petit Robot. Ils vont retrouver la liberté… et de nombreux amis, car la demoiselle n’a pas chômé. Elle a réparé et « redonné vie » à de nombreuses machines. La balade et la complicité entre la petite et le robot peut reprendre son cours…

Seule à la récré

Comment parler de harcèlement scolaire aux jeunes enfants ? Comment ne pas tomber dans la caricature et être efficace ? C’est le projet de Seule à la récré, un album signé Ana et Bloz.

Emma va tomber dans une spirale infernale, celle de l’élève humiliée, frappée et insultée. Sans grand pouvoir pour se libérer du joug de Clarisse, elle tente de faire bonne figure auprès de ses parents, de son institutrice, la directrice et pire de son bourreau. Plus on donne l’impression d’être faible et plus les brimades s’accélèrent.

En choisissant de conter les aventures de Emma dans un contexte d’école élémentaire, Ana et Bloz font un choix audacieux. Sujet contemporain tabou, il a plus souvent été abordé dans un univers adolescent (au collège ou au lycée, comme par exemple Les vestiaires de Timothé Le Boucher) mais peu par des auteurs francophones. Plus fréquente en manga (A silent voice ou encore Revenge classroom), cette thématique manquait chez les plus petits. Pour cela le duo d’auteurs tente d’apporter de l’humour – cela ne fonctionne pas toujours – afin de ne pas trop alourdir le sujet.

Le récit de Ana est fondé sur sa propre histoire. En effet, Anaïs est la fille du dessinateur – aujourd’hui âgée de 17 ans – et fut maltraitée par une autre élève entre le CP et le CE2.

Pour aider les lecteurs, un dossier est adossé à l’album et revient sur les caractéristiques du harcèlement, la victime, le harceleur, les témoins, les émotions ressenties, les conséquences, ce que dit la loi ou le cyber-harcèlement.

Seule à la récré : un album comme porte d’entrée pour dialoguer avec les autres, les adultes, entre enfants.

  • Seule à la récré
  • Scénaristes : Ana et Bloz
  • Dessinateur : Bloz
  • Editeur : Bamboo
  • Parution : 04 octobre 2017
  • Prix : 10.60€
  • ISBN : 972818942871

Résumé de l’éditeur : La vie pourrait être parfaite pour Emma. Mais voilà, il y a Clarisse. Et Clarisse lui fait vivre un enfer à l’école. Elle a même réussi à monter les autres élèves contre elle. Ses parents ne remarquent presque rien, si ce n’est son changement de comportement, et les maîtresses ne prêtent pas attention à ce que l’on pourrait prendre pour « des jeux », mais qui relève de quelque chose de beaucoup plus grave. Parfois drôle, tendre tout le temps et se basant sur leur propre expérience, Ana et Bloz composent un album engagé sur un problème de plus en plus fréquent de notre société.

La horde du Contrevent, tome 1 : Le cosmos est mon campement

Grand Prix de l’imaginaire en 2006, La horde du contrevent – une saga romancière de Alain Damasio – fait l’objet d’une adaptation dessinée par Eric Henninot.

Il a fallu six années à Eric Henninot pour réussir son entreprise : adapter en bande dessinée cette saga débutée par Alain Damasio en 2004. A grande force d’écriture et de réécriture, le dessinateur de Carthago (deux volumes avec Christophe Bec) a mis en image ce que d’aucun disait impossible. Il faut souligner que les romans parus chez La Volte sont très denses et très riches. Il a donc fallu à Henninot de repenser le scénario pour que celui-ci soit lisible en bande dessinée.

Il faut dire qu’ils sont 23 personnages avec chacun leurs caractéristiques à composer la 34e horde : de Golgoth le traceur à Boscavo Silamphre l’artisan du bois, en passant par Sov le scribe ou Caracole le troubadour. Il est donc délicat de décrire une si grand groupe sans délaisser aucun des protagonistes. Dans cette entité chacun à un rôle bien précis pour faire avancer et fonctionner la horde. Le groupe doit sortir pour parcourir le monde d’Ouest en Est pour atteindre la source de tous les vents, l’Extrême-Amont, pour qu’enfin les Hommes les domptent. Mais les lieux qu’il traverse sont balayés par des vents effroyables et forts. En marchant côte à côte, ils font bloc et avancent.

Eric Henninot réussit à faire ressentir ces vents à ses lecteurs par un dessin fort et délicat. Son trait réaliste et ses couleurs participent à ces sensations étranges. La grande force de la partie graphique réside aussi dans les décors, entre aridité et monde post-apocalyptique.

La horde du contrevent : un premier volume prometteur pour cette adaptation intelligente de l’œuvre de Alain Damasio.

  • La horde du Contrevent, tome 1 : Le cosmos est mon campement
  • Auteur : Eric Henninot d’après les romans de Alain Damasio
  • Editeur : Delcourt, collection Neopolis
  • Parution : 18 octobre 2017
  • Prix : 16.95€
  • ISBN : 9782756067261

Résumé de l’éditeur : Après une formation impitoyable, et alors qu’ils étaient encore enfants, ils ont quitté Aberlaas, la cité des confins. Leur mission : marcher d’ouest en est jusqu’à atteindre l’Extrême-Amont, source mythique du vent qui balaye leur monde jour et nuit, sans trêve ni répit. Ils sont la 34e Horde du Contrevent. Golgoth ouvre la marche ; derrière lui, Sov, le scribe, sur les épaules duquel l’avenir de la Horde tout entière va bientôt reposer…

Quatre jours de descente

Juré d’assises ce n’est jamais très simple lorsque l’on est désigné. Charles va en faire l’amère expérience dans Quatre jours de descente, un album de Bonne aux éditions Mosquito.

Voici un très bel album polar imaginé par Bonne. Dans la veine de 12 hommes en colère (la pièce de Reginald Rose), il met en scène Charles Myrmetz plongé dans le tourment de la machine judiciaire couplé à ses propres doutes. Très consciencieux -il note tout – il va néanmoins être pris dans un étrange tourbillon, voyant la scène du meurtre lorsqu’il rêve. Ce bon père de famille, ne sait plus top où il en est : cette affaire de meurtre lui revient comme un boomerang en pleine figure, la mort de son fils. Les doutes sur lui-même et sur la culpabilité du meurtrier ressortent en plein jour.

Bien écrit, sans temps mort, Quatre jours de descente, ravira les amateurs du genre. Pour que son histoire soit la plus réaliste possible, Bonne a soigneusement travaillé la psychologie de son personnage principal. Le lecteur entre même en empathie avec ce pauvre homme pris dans une machinerie infernale, un thriller psychologique fin.

Tels celles des illustrateurs de procès, ses planches en noir et blanc agrémentées de teintes de gris apportent de la force au récit et une ambiance encore plus pesante.

  • Quatre jours de descente
  • Auteur : Bonne
  • Editeur : Mosquito
  • Parution : 1er septembre 2017
  • Prix : 18€
  • ISBN : 9782352834465

Résumé de l’éditeur : Charles Mirmetz a été désigné comme juré dans un procès d’assise dans les années soixante. Homme scrupuleux, il se rend compte que le présumé coupable, qui risque sa tête, est innocent. Perturbé par cette découverte, il constate avec effroi que son propre passé remonte de manière fantastique… Quel lien a-t-il avec ce crime ?

Premiers pas

Attention petite pépite ! Victor Lejeune imagine Premiers pas, un album sur Ham, le premier chimpanzé envoyé dans l’espace. Etonnant et envoutant !

Ham – qui ne s’appelle pas encore ainsi – naît dans une forêt du Cameron dans les années 50. Capturé par des braconniers, il est vendu sur un marché à un zoo. C’est là-bas que des chercheurs de la Nasa le rachètent et commencent sur lui des expériences scientifiques en vue de l’envoyer dans l’espace, quelques minutes…

Diplômé de l’Ecole internationale de gravure de Florence (2006), Victor Lejeune poursuit ses études de graphisme à Saint-Luc à Bruxelles (en 2010). Son œuvre regorge de cosmonautes, de nature mais aussi d’animaux, comme dans Premiers pas, qui conjugue magnifiquement les trois aspects.

Animal très proche de l’Homme, le chimpanzé a toujours fait l’objet de recherches scientifiques. Avant de faire décoller un homme, la Nasa – qui hésita quand même un peu – décida de tenter l’aventure avec un singe. Dans l’album, le lecteur voit ainsi l’évolution de Ham mais aussi toutes les relations qu’il va tisser avec les chercheurs. Entre l’intelligence de ce singe et parfois la dureté des hommes, notre lecture est malmenée.

En choisissant la conquête spatiale, Victor Lejeune nous parle plus généralement de notre rapport à la faune et à la flore, mais aussi à l’esprit des sciences adapté au monde qui nous entoure. Ainsi, des questions plus larges – philosophiques et éthiques – se posent aux lecteurs.

Par cet album muet, l’auteur de Par le petit bout de la lorgnettes (Polystyrène) choisit une narration en chapitre jouant avec les époques historiques. Ainsi la naissance de Ham représente la Préhistoire, sa capture l’Antiquité, son arrivée dans les locaux de la Nasa la Renaissance… et ainsi de suite. L’existence du chimpanzé est ainsi mise en parallèle des temps historiques, des temps des humains.

Il faut être un grand auteur pour livrer un album sans texte mais compréhensible de tous. C’est le cas de Victor Lejeune ! Ayant choisi la gravure sur celluloïds, ses planches sont sublimes. Son trait en noir et blanc possède une vraie force graphique, quasi envoûtante. Parfois très réalistes, parfois justes évocatrices, ses grandes vignettes font mouche.

Avec Premiers pas, Victor Lejeune frappe un grand coup. Un auteur à suivre !

  • Premiers pas
  • Auteur : Victor Lejeune
  • Editeur : Atrabile
  • Parution : 22 septembre 2017
  • Prix : 19€
  • ISBN : 9782889230617

Résumé de l’éditeur : Les premiers pas du titre, ce sont ceux de Ham, le premier chimpanzé à être allé dans l’espace – un singe au destin hors du commun, né dans les forêts du Cameroun (au milieu des années 50), capturé par l’homme, vendu dans un marché à viande, puis à un zoo, avant d’être finalement racheté par la Nasa. Malgré un caractère difficile et tout d’abord peu enclin à la collaboration avec l’homme, Ham va s’avérer être le meilleur « sujet » du progrès Mercury, jusqu’à finalement être envoyé dans l’espace, le 31 janvier 1961. Chaque chapitre de Premiers Pas porte le nom d’une grande période de l’histoire de l’homme (Antiquité, Moyen-Âge, Renaissance, etc.), ce qui permet à l’évocation du destin de ce singe de résonner avec l’histoire de l’être humain dans sa totalité, conférant par là-même à l’oeuvre une dimension et une portée métaphorique riche. Pour traiter son sujet, Victor Lejeune a fait le choix de la gravure sur celluloïds, produisant ainsi des planches d’une grande force visuelle, des planches sans texte, alliant réalisme, sens du détail et de la composition, beauté formelle et surtout puissance d’évocation. Premiers Pas fait partie de ces premiers livres rares, ceux qui annoncent l’arrivée d’un auteur qui a déjà trouvé sa voix, et sur lequel il faudra désormais compter.

Filmo graphique

Tenter de retracer l’histoire du cinéma en bande dessinée, voilà un projet fou et ambitieux ! Edward Ross parvient à le faire dans son excellent album Filmo Graphique, aux éditions çà et là.

Ayant suivi des études littéraires et de cinéma (il a travaillé six années pour le Festival International d’Edimbourg), Edward Ross nous surprend agréablement avec ce roman graphique. Au fil des 208 pages, tel un conteur de légendes anciennes, il égrène les moments forts du cinéma : actrices, acteurs, réalisatrices, réalisateurs, longs métrages qui ont compté dans cette Histoire universelle, tout y est.

Se mettant en scène par un avatar dessiné, il tente de faire comprendre à son lectorat que le 7e art n’est pas si obtus et que l’on peu s’y mouvoir facilement. Didactique sans être rébarbatif, il parcourt le 20e et le 21e siècle symbole du cinéma, prolongement du théâtre. Des premiers films des frères Lumières à Do the right thing, en passant pas Star Wars, les films muets de Buster Keaton, les longs métrages de genre (horreur, science-fiction, aventure) mais aussi la représentation des Femmes et des Hommes dans le cinéma. L’esthétisme n’est pas oublié avec les décors ou les corps. Le temps est aussi abordé : les films historiques mais aussi les distorsions du temps, le pouvoir fort d’un film qui permet de faire passer des messages, une idéologie mais aussi les techniques cinématographiques.

Le trait en noir et blanc de l’auteur écossais est idéal pour développer son propos. Sobre, son dessin parvient à coller aux films décrits sans être dans le réalisme (il n’est pas dans la caricature réaliste).

Dense et intelligent, Filmo Graphique passionnera tous les amateurs du 7e art. Un album à mettre en bonne place dans sa bédéthèque.

  • Filmo graphique
  • Auteur : Edward Ross
  • Editeur : çà et là
  • Parution : 22 septembre 2017
  • Prix : 22€
  • ISBN : 9782369902430

Résumé de l’éditeur : Grâce à Filmo Graphique, Edward Ross combine ses deux passions, le cinéma et la bande dessinée, et nous fait (re)découvrir des pans entiers de l’histoire du cinéma. Edward Ross a fait des études de littérature et de cinéma avant de travailler pendant six ans au Festival International du Film d’Édimbourg où il a vu des centaines de films. Avec Filmo Graphique, il traverse toute l’histoire du cinéma, de sa création, à la fin du XIXe siècle, jusqu’à l’avènement de la 3D, à travers des analyses de films regroupés par grandes thématiques (la représentation du corps, le son, les décors, la voix, le temps…) et des citations de spécialistes du cinéma. Edward a réalisé pour ce faire une sélection qui reflète son panthéon personnel, navigant des films grands publics les plus commerciaux à des longs-métrages beaucoup plus pointus, une sélection qui mélange les genres, les époques et les continents, de Star Wars à Hiroshima mon Amour en passant par Do the right thing. Au fil des pages, Edward Ross redessine des scènes iconiques du 7ème art, créant un impressionnant patchwork visuel et narratif constitué de plus de 300 films. Il compose ainsi une filmographie graphique dans laquelle il se met en scène, à la fois scénariste, réalisateur et acteur.

Les étoiles du temps

Auteur à l’univers original et d’une rare intelligence, Victor Hussenot propose à son lectorat son nouvel album Les étoiles du temps.

Victor Hussenot – que nous avions interviewé lors de la sortie de son album Chemin des souvenirs – est un artiste que nous apprécions énormément à Comixtrip : sa narration singulière, très recherchée et quasi philosophique mais aussi sa partie graphique (il joue avec les codes de la bande dessinée, les vignettes et le découpage comme dans La casa) nous enchante à chaque nouvelle publication. C’est de nouveau le cas avec Les étoiles du temps.

Son héros anonyme vagabonde en dehors comme en dedans, se perd dans ses rêves, réfléchit à ce qui l’entoure et philosophe comme personne. Il tente de comprendre comment les gens perçoivent le temps et ses dérivés. Pour cela, il questionne ses amis, très heureux de répondre à son interrogation. Pas de formule toute faite, chacun reçoit et vit le temps d’une manière différente, selon sa personnalité, les moments de son existence parfois même au sein d’une journée ou encore les inventions des hommes pour le quantifier. Souvenirs à restaurer, attention de tous les instants, il tente lui aussi de se faire sa propre représentation du temps à partir de mots de ses amis. Il cartographie ainsi ses échelles du temps (infini, les saisons, l’éternité, le moment présent « le temps du je »…). Comprendre le temps, lui permettrait d’avancer.

L’auteur de Au pays des lignes dévoile de nouveau un formidable album, étonnant et concernant. En le parcourant puis en le refermant, le lecteur se pose des questions sur cette thématique large, sans fin et sans véritable bonne réponse. Parce que oui, au fil des pages, le lecteur s’interroge en même temps que le héros. Que dire des merveilleuses planches de Victor Hussenot ? C’est magnifique, c’est sublime, c’est beau !

Les étoiles du temps : un album qui commence à construire une vraie œuvre, un véritable univers personnel pour Victor Hussenot. Chapeau !

  • Les étoiles du temps
  • Auteur : Victor Hussenot
  • Editeur : Gallimard BD
  • Parution : 21 septembre 2017
  • Prix : 20€
  • ISBN : 9782075076821

Résumé de l’éditeur : Le temps est mathématique, mais aussi aléatoire, subjectif… insaisissable. Pour preuve, plus on vieillit et plus il semble s’accélérer. De raisonnements logiques en déambulations imaginaires, le personnage principal de cette enquête singulière s’interroge sur notre perception du temps et ses représentations. Une quête qui le mène de l’enfance aux divers âges de la vie. Mêlant intime et universel, Victor Hussenot poursuit ici avec brio sa réflexion graphique et poétique sur l’existence humaine.

Mémoires de Viet Kieu : Les Linh Tho immigrés de force

Clément Baloup est un auteur que nous apprécions énormément chez Comixtrip. Ses trois albums précédents de la magnifique série Mémoires de Viet Kieu sont d’immenses témoignages de femmes et d’hommes du Vietnam ayant immigré aux Etats-Unis. Faisant un vrai travail d’historien et de mémoire, la série est une référence en bande dessinée et au-delà.

Pour Les Linh Tho immigrés de force, l’auteur de Un automne à Hanoï (La Boîte à Bulles) a choisi de mettre en image le formidable reportage de Pierre Daum, pan oublié de l’Histoire de France. Journaliste correspondant de Libération, il a découvert en 2008 une étonnante histoire : celle des Lin Tho envoyés de force en Camargue pour y cultiver du riz. Au détour d’un reportage sur la fermeture de l’usine Lustucru, il découvre par hasard ces 20 000 hommes déracinés d’Indochine alors française dans les années 30. Mal logés, mal nourris et travaillant sans aucun salaire, quelques uns se sont mariés à des françaises et sont toujours en métropole, tandis que d’autres ont pu repartir.

Ainsi, Pierre Daum réussit à retrouver des acteurs de l’époque à partir de listes ou de documents administratifs de l’état civil des mairies alentour. Pour cela, il a rencontré lors de ses investigations, ces hommes en France ou au Vietnam. Il fallait aller vite puisque certains étaient déjà très âgés. Il compilera ensuite ces témoignages dans son livre : Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952) qui sera par la suite adapté en long métrage par Lam Lê (Công Binh, la longue nuit indochinoise, en 2013).

Cet album rend ainsi justice à ces hommes arrachés de force à leur terre natale pour venir travailler en France alors gouvernée par Pétain. Comme le souligne Benjamin Stora (Histoire dessinée de la Guerre d’Algérie) dans la préface : « Au fil de ses nombreux albums en lien avec le Vietnam (Un automne à Hanoï, Chin Tri, Mémoires de Viet Kieu, La concubine rouge…), Clément Baloup a su trouver le trait juste pour évoquer l’humanité, les joies et les douleurs de ses personnages, ballotés entre leurs vies intimes et la Grande Histoire qu’ils subissent. » L’historien a entièrement raison, Clément Baloup est un auteur dont l’œuvre est devenue majeure en Histoire.

Les Linh Tho, immigrés de force : un sublime album pour rendre hommage à ces 20 000 Indochinois envoyés de force dans les rizières de Camargue.

  • Mémoires de Viet Kieu, les Linh Tho immigrés de force
  • Scénaristes : Pierre Daum et Clément Baloup
  • Dessinateur : Clément Baloup
  • Editeur : La Boîte à Bulles
  • Parution : 13septembre 2017
  • Prix : 14€
  • ISBN : 9782849532898

Résumé de l’éditeur : Mars 2004, Camargue. Alors qu’il couvre le conflit provoqué par la fermeture annoncée de l’usine Lustucru d’Arles, Pierre Daum, journaliste, découvre que cette usine ne fabrique pas seulement des pâtes : elle conditionne également du riz. Intrigué, il décide d’enquêter sur les conséquences de cette fermeture sur ces producteurs locaux. Au bord d’une route, il visite un Musée du riz où certaines photos l’interpellent : des Vietnamiens seraient venus planter du riz en Camargue pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Pourquoi ce fait est-il si peu connu ? Il entame alors une enquête minutieuse pour retrouver des témoins de cette époque qui pourraient lui en dire davantage. Il découvre que 20.000 travailleurs indochinois ont été forcés dans les années 1940 à venir travailler en métropole pour « participer à l’effort de guerre »…

Splatoon, volume 1

Jeu vidéo phénomène sur console, Splatoon fait l’objet d’une déclinaison en manga signée Sankichi Hinodeya aux éditons Soleil.

Beaucoup d’enfants dans le Monde ont déjà joué à Splatoon sur une Wii-U. Ils ne seront donc pas dépaysés par ce nouveau manga où ils retrouveront leurs personnages préférés en compétition autour de la peinture.

Sympathique petite série sans prétention, ce shônen ciblé pour les jeunes lecteurs est avant tout fondé sur de l’humour (parfois un peu gras des participants), les situations rocambolesques et les dialogues rigolos.

Sans révolutionner le genre, l’histoire permet de passer un très bon moment de lecture-détente sans trop réfléchir. Divertissant et joyeusement décalé, Splatoon bénéficie d’une partie graphique kawaï du plus bel effet, ce qui ajoute à l’ambiance humoristique de la série. Les scènes de combat-peinture ont beaucoup de vie grâce à un découpage dynamique très réussi.

  • Splatoon, volume 1
  • Auteur : Sankichi Hinodeya
  • Editeur : Soleil manga, collection Shônen
  • Parution : 04 octobre 2017
  • Prix : 7.99€
  • ISBN : 9782302064553

Résumé de l’éditeur : A Chromapolis vivent pleins d’adolescents, mi-homme, mi… calamars. La ville est le théâtre de titanesques affrontements entre deux équipes de quatre participants. Le but ? Gagner bien évidemment, quelles que soient les règles. Pour cela, tous les coups (de pinceaux) sont permis ! A l’aide de peinture, il va falloir repeindre chaque arène et triompher de ses adversaires. L’équipe bleue s’est forgée une solide réputation… de loosers idiots. Mais ils comptent sur leur esprit d’équipe pour aller le plus loin possible dans la compétition !

Maxime Valmont

Les éditions Long Bec dévoilent Maxime Valmont, un très bon polar historique signé Roger Seiter et Giuseppe Manunta.

Après H.M.S, Trou de mémoire et Seule contre la loi, Roger Seiter imagine Maxime Valmont, un récit historique construit comme un polar. Classique dans ses ressorts narratifs, le propos attractif est emballant. En choisissant comme toile de fond, les énigmes entourant l’assassinat de la famille Romanov en 1918, il peut jouer avec l’Histoire. Pour cela, il met en scène le vol de bijoux de Anastasia par deux soldats de la Révolution et ensuite leur revente.

En essayant de remonter le fil des événements, Maxime Valmont – embauché par une descendante des Romanov – va se heurter à l’omerta russe mais aussi trouver sur sa route, le cadavre d’un homme clef de l’enquête.

Si cette période est propice aux histoires romancées (de part le prestige de la famille, des mystères autour de leur disparition) mais aussi le lieu (la Russie des Tsars), Roger Seiter s’y engouffre avec efficacité. Tout cela concourt à délivrer un récit d’une belle qualité.

Pour accompagner le scénariste, Giuseppe Manunta – au dessin – restitue brillamment l’ambiance polar du récit. Son trait réaliste est idéal pour conter cette histoire entre aventure et enquête.

  • Maxime Valmont
  • Scénariste : Roger Seiter
  • Dessinateur : Giuseppe Manunta
  • Editeur : Long Bec
  • Parution : 07 septembre 2017
  • Prix : 15.50€
  • ISBN : 9791092499575

Résumé de l’éditeur : Paris, janvier 1927. Dans une vente aux enchères à Drouot, une jeune femme achète un oeuf de Fabergé. Quelques heures plus tard, elle se présente à l’hôtel particulier de Maxime Valmont dans le quartier du Marais. Maxime, intrigué, la reçoit. Elle lui explique qu’elle souhaite faire appel à ses talents de courtier en objets d’art. Plus précisément, elle souhaite qu’il l’aide à retrouver des individus impliqués dans le massacre de Nicolas II et de la famille impériale russe le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg. Après la guerre civile, plusieurs responsables de la tuerie ont quitté la Russie pour s’installer un peu partout dans le monde. L’un des assassins a en sa possession un objet que Nina veut absolument récupérer. Il s’agit de la montre du Tsar… Sans hésiter, Maxime, accepte d’aider la jeune femme…

A nos amours, volume 2

Après un premier tome qui nous avait beaucoup fait rire, JP Nishi dévoile le deuxième épisode de A nos amours aux éditions Kana.

Comme nous l’avions déjà expliqué pour le premier volume, JP Nishi – mangaka japonais – s’est marié avec Karen, une Française qui travaille à Tokyo. Ensemble, ils ont eu un enfant, Nao.

L’auteur poursuit ainsi ses réflexions autour des différences culturelles entre le Japon et la France. Ne parlant pas la langue de Molière, il observe la facilité déconcertante de Nao pour passer de l’une à l’autre des langues.

Si tout cela prête à rire – JP Nishi a beaucoup de recul sur lui et utilise à bon escient l’autodérision – Karen aussi est parfois surprise par l’attitude des Japonais, même si elle parle la langue et appréhende mieux les us et coutumes du pays. Ainsi, le plus étonnant pour elle, était de ne pas laisser sa place dans les transports en commun aux femmes enceintes. Même munie de son badge spécial, cela ne coulait pas de source pour tout le monde.

JP Nishi semble toujours aussi naïf et empoté vis-à-vis de son fils. Il est même trop souvent émerveillé par ses progrès. De même, lorsque le couple vient visiter sa famille à Paris, tout lui semble étrange.

Comme pour la précédente publication, l’humour est présent par les situations décrites, la personnalité du mangaka et le dessins décliné kawaï quand cela est important pour la scène. Nous avons de nouveau beaucoup rit avec A nos amours !

  • A nos amours, volume 2
  • Auteur : Jean-Paul Nishi
  • Editeur : Kana, collection Made in
  • Prix : 15€
  • Parution : 08 septembre 2017
  • IBAN : 9782505069850

Résumé de l’éditeur : Un regard croisé drôle et original sur l’amour et les couples mixtes franco-japonais !

My brother, volumes 1 et 2

Les éditions Pika sortent simultanément les deux premiers volumes de My brother, un shojô de Rize Shinba.

Voici un sympathique petit shojô mettant en scène un trio amoureux : Kotono, lycéenne amoureuse, heureuse et en couple avec Hariuchi, gentil garçon. Leur duo fonctionne à merveille, comme de nombreux adolescents sur Terre. La jeune fille est d’autant plus contente que Yûga son frère aîné est de retour à la maison. Etudiant à l’étranger depuis plus de 6 ans, il a décidé de revenir dans le foyer familial.

Le frère et la sœur se sont toujours parfaitement entendus. Mais voilà, Yûga est aussi attiré par Hariuchi. Il dévoile ainsi à sa famille sa bisexualité…

Enfin un manga qui parle ouvertement de bisexualité sans être trash, ni dans la surenchère, au détour d’une belle romance. Rize Shinba imagine un shojô simple et classique dans sa narration mais original dans sa thématique. L’autre point fort de My brother c’est sa parution en seulement deux volumes, qui plus est, en même temps.

Les planches de la mangaka sont efficaces, faisant la part belle aux personnages en occultant plutôt beaucoup les décors.

 

  • My brother, volumes 1 et 2
  • Autrice : Rize Shinba
  • Editeur : Pika
  • Parution : 23 août 2017
  • Prix : 6.95€
  • ISBN : 9782811633080

Résumé de l’éditeur : Kotono a un frère génialissime, Yûga, qui étudiait à l’étranger. Celui-ci possède un charisme et une beauté naturelle qui font craquer tous ceux qui le croisent. Garçon ou fille tombent sous son charme pour son plus grand plaisir… De retour au Japon, sa cible amoureuse ne serait-elle pas le petit ami de Kotono : Haruichi ?!