Inferni, tome 1 : Héritage

Notre avis : Anton doit aller vivre chez sa tante dans un manoir mystérieux. Très galère pour le jeune garçon, des phénomènes étranges apparaissent la nuit. Grelin, sur un scénario de David Boriau, dévoile le premier opus de Inferni, une belle histoire fantastique jeunesse.

Anton, 9 ans, est sur la route pour aller chez sa tante, Méryl. Ses parents ne s’entendent plus et vont divorcer. Le jeune garçon doit donc rester au moins deux mois chez cette femme mystérieuse, très renfermée sur elle et qui s’habille tout en noir.

Depuis la mort de son mari, elle ne parle plus beaucoup et son immense demeure tombe en ruine. Dès l’entrée, Anton se sent mal, il est persuadé que le manoir est hanté. Contrairement à sa tante, il est accueilli chaleureusement par Léonie, la gouvernante noire qui fait les meilleures crêpes du monde et par Méphy, un petit bouc très gentil.

La première nuit, il doit d’ailleurs se défendre d’une poupée animée qui le fixe. Armé d’une batte et aidé par le petit animal, il réussit à la mettre hors état de nuire.

A l’école, cela n’est pas mieux. Sa tante, Léonie et sa maison font l’objet de moqueries très dures de la part des autres enfants. Seule Alice essaie de discuter avec lui et le comprendre. Elle est aussi un peu à l’écart de ses camarades. Enthousiasmée par ce qu’il lui raconte, elle veut voir de près ces phénomènes étranges. Tandis qu’Anton veut partir de ce village où il s’ennuie…

Sans être très révolutionnaire, le récit de David Boriau est néanmoins agréable et extrêmement accrocheur. Il mêle avec malice le fantastique, l’action, l’aventure et la magie très noire. Il imprime une très belle ambiance à son histoire : du mystère, du suspense et même un peu d’angoisse; tout cela est idéal pour captiver les jeunes lecteurs.

L’univers riche en aventures porte aussi de nombreuses thématiques contemporaines très bien amenées : les relations parents-enfants, les couples qui divorcent avec fracas et au centre un petit garçon, le fanatisme religieux par 3 frères inquiétants, mais aussi le rejet des personnes différentes (Méryl, Anton ou Alice). Tout cela confère au récit une très belle dimension moderne.

Le scénariste de Passages secrets (avec Goum, KSTR) pimente son récit de moments cocasses et de dialogues savoureux qui apportent beaucoup d’humour, très appréciable.

Pour mettre en image ce bon début de série, David Boriau a fait appel à Grelin, auteur notamment de La colo (avec Benjamin Ferré), de Boufbowl (avec Maxe L’Hermenier) ou Une petite tentation (avec Jim). Il dévoile des planches vives et dynamiques dans la veine manga. L’ambiance mystérieuse et humoristique est bien restituée par un dessin punchy.

  • Inferni, tome 1 : Héritage
  • Scénariste : David Boriau
  • Dessinateur : Grelin
  • Editeur : Jungle
  • Prix : 12.95€
  • Parution : 22 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Et si votre héritage était un monde secret ? Suite au divorce de ses parents, Anton doit aller vivre chez sa tante Méryl qu’il n’a pas vu depuis des années… Elle vit dans un manoir effrayant où se cache un secret qu’aucun homme ne devrait découvrir !

Famille nombreuse

Notre avis : Chadia Chaibi Loueslati raconte son enfance dans Famille nombreuse, un très beau roman graphique aux éditions Marabulles.

Paris dans les années 70. Immigrés tunisiens, les membres de la famille Chaibi sont au nombre de 5 à leur arrivée : Omi, le daron, Zed l’aîné, Badad le matheux et Lam. Rapidement, la famille s’agrandit et arrive Chadia en 1974.

Après Paris, ils s’installent à Drancy dans un appartement beaucoup plus grand que le précédent. Ce logement social est composé de 5 chambres. Les enfants de plus en plus nombreux, doivent donc les partager. En 1977, ils vivent dans un immeuble avec des familles portugaises, martiniquaises, françaises, tunisiennes ou algériennes. Ce beau melting-pot, ce métissage réussit bien au Chaibi.

Le daron nettoie les stations de métro, possède un accent à couper au couteau qui apporte de la bonne humeur et de l’humour au récit. Quant à Omi, femme au foyer, est pugnace et arrive toujours à ses fins.

Au milieu des 12 enfants, il y a donc Chadia, qui raconte cette vie de Famille nombreuse à 14 dans son premier album publié. Très amusante, touchante parfois, cette autobiographie conte aussi l’arrivée des premières générations d’immigrées du nord de l’Afrique; leurs conditions de travail et de vie délicates. Tout est expliqué : les naissances qui se succèdent. « Ci grâce à moua » comme dit le daron ! Mais aussi les difficultés du quotidien : les machines à laver tous les jours, le séchage des vêtements – qui sont confectionnés par la mère et qui se transmettent de frère en frère ou de sœur en sœur, voire de frère à sœur – les repas, l’attente devant la salle de bain ou les jours d’école de Chadia.

De plus, la partie graphique de Chadia Chaibi Loueslati en noir et blanc est réussie. Immigration et intégration sont au cœur de ce bel album.

  • Famille nombreuse
  • Auteure : Chadia Chaibi Louelsati
  • Editeur : Marabulles
  • Prix : 17,90€
  • Parution : 08 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Chadia Chaibi Loueslati signe ici son premier roman graphique. Elle raconte l’histoire de sa famille et de ses parents, le Daron et Omi, qui ayant quitté la Tunisie, sont venus s’installer en France dans les années 1960.
C’est une saga familiale, la découverte d’un pays et de toutes ses bizarreries culturelles et administratives au travers de l’épopée d’une famille immigrée.
La ténacité et le courage, l’humour et la chaleur de cette famille nombreuse, le talent de l’auteure font de ce livre une œuvre originale et passionnante.

Les classiques en manga – Soleil

Notre avis : Les grandes œuvres littéraires de la pensée humaine adaptées en manga par les éditions Soleil.

Le 8 mars, les éditions Soleil Manga dévoilent les quatre premières adaptations d’œuvres littéraires fortes et fondatrices de nos sociétés : Le discours de la méthode, La théorie de l’évolution, Une vie et la réédition des Misérables. Les mangas ont été réalisé par un collectif d’auteurs japonais du studio Variety Art Works.

  • La théorie de l’évolution de Charles Darwin.

1835. Alors que depuis la nuit des temps, l’homme cherche à savoir ses origines de la vie. Charles Darwin et ses amis jouent aux cartes. Le jeune anglais de 26 ans commence à parler de la théorie de l’évolution en prenant pour exemple l’Arche de Noé mais surtout le Dodo, oiseau qui a disparu au XVIIIe siècle. Il faut souligner que depuis tout jeune, il est attiré par les mystères de la nature et qu’il devient ensuite naturaliste. Son père lui rappelle que dans sa famille, il y eut de grandes figures de l’Angleterre : James Watt, Joseph Priestley ou Josiah Wedgwood. Il débute ainsi la grande aventure de sa vie, un projet qui va rencontrer de nombreux obstacles.

Un manga simple, assez didactique où l’humour est présent. La ligne graphique est quant à elle pas d’une excellente qualité.

  • Discours de la méthode de René Descartes.

Riko et Eitaro, deux étudiants, viennent suivre les cours de leur professeur de philosophie qui débute par la vie de Descartes et décrypte plus particulièrement son Discours de la méthode. Pour commencer, il détaille son enfance, met en perspective le contexte historique et philosophique de l’époque. Puis entre dans la pensée de Descartes.

Un manga très réussi, notamment par la mise en parallèle de l’existence du philosophe et des cours du professeur : ingénieux et qui rend l’histoire plus vivante et moins rébarbative.

  • Une vie de Guy de Maupassant.

1815, Rouen. Les parents de Jeanne – baron et baronne – viennent de vendre leur ferme et de restaurer leur vieux manoir. Là, la jeune fille se sent bien et attend avec impatience son futur époux qui a été choisi pour elle. En effet, le lendemain arrive le vicomte Julien de Lamare, jeune et bel homme. Tout va très vite : le mariage, la nuit de noces et la lune de miel en Corse. Pourtant rapidement Jeanne découvre la vraie personnalité de son mari…

Là encore, un manga plutôt réussi. L’adaptation est fidèle, simple et d’une grande efficacité. Graphiquement, cela est aussi bon.

  • Les Misérables de Victor Hugo (réédition).

1815. Jean Valjean se présente à Myriel, un ecclésiastique afin qu’il l’héberge. Tout de suite, il est obligé de lui dire qu’il a passé ses 19 dernières années au bagne. Le lendemain, étonnamment l’invité est déjà parti avec les chandeliers en argent. Rattrapé par la police, il est ramené chez Myriel. Mais au lieu de l’accabler, il dit aux policiers que c’est un présent. Plus tard, l’homme d’église fait promettre à l’ancien bagnard qu’il doit se racheter de tous ses crimes.

Quelques années plus tard, Valjean devient Monsieur Madeleine et se fait élire maire de Montreuil-sur-mer. Il croise la route de Fantine, la mère de Causette qu’il arrachera de sa condition inhumaine chez les Tenardier

Enorme risque que de vouloir adapter en manga le chef-d’œuvre de Victor Hugo. L’énorme roman assez fidèlement retranscrit (quelques ellipses néamoins). C’est simple, c’est fort et l’on ne s’ennuie pas une minute. Graphiquement cela tient la route mais cela donne surtout envie de relire l’ouvre originale !

  • Les classiques en manga
  • Auteurs : Variety Art Works
  • Editeur : Soleil manga
  • Prix : 7.99€ par volume
  • Parution : 08 mars 2017

 

 

Lili Crochette et Monsieur Mouche, tome 1

Notre avis : Lili, la fille du gouverneur, mène une double vie : la nuit elle est Lili Crochette, une pirate qui joue les justicières. Excellent début de saga signé Joris Chamblain et Olivier Supiot.

Une île au milieu des Caraïbes. Solange, la nounou, court après Elizabeth, la fille du gouverneur. Elle tente de récupérer la carte au trésor de son employeur des mains de la petite fille. Espiègle et tourbillon de vie, elle veut avant tout s’amuser parce que souvent elle s’ennuie ferme dans sa vaste demeure.

Il faut souligner que son père doit s’occuper de mettre à genoux Viggo Barbelongue, le sinistre pirate et ses sbires et qu’il n’a pas le temps de jouer avec sa fille. Il la consigne alors dans sa chambre. Mais c’était sans compter sur l’imagination débordante d’Elizabeth : elle se fabrique une corde avec des draps et prend la poudre d’escampette. Elle se rend dans sa petite cabane au bord de la mer pour y retrouver Monsieur Mouche, son colibri, et se transformer en Lili, la fille-pirate. Ainsi, elle devient une justicière…

Voilà une série jeunesse d’aventure qui part sur les chapeaux de roue. Le récit de Joris Chamblain est fou, rythmé, drôle et accrocheur. Le scénariste des Carnets de Cerise & de Enola et les animaux extraordinaires imagine une fillette qui n’a pas froid aux yeux même devant Viggo Barbelongue, forte, intelligente et imaginative. Dans la veine de Peter Pan, l’auteur multiplie les clins d’œil au roman de J.M. Barrie, notamment le nom du colibri : Monsieur Mouche.

Le lecteur est embarqué dans ce tourbillon dès la première page grâce aux surprises et aux rebondissements nombreux. Pour mettre en image Lili Crochette, Joris Chamblain a fait appel à Olivier Supiot, lui aussi un grand auteur jeunesse. Le dessinateur de Pieter et le Loken ou Marie Frisson met tout son talent au service de cette série d’aventure. Son dessin aux contours marqués est magnifié par des couleurs vives et pétillantes.

  • Lili Crochette et Monsieur Mouche, tome 1 : Le fléau du bord de l’eau
  • Scénariste : Joris Chamblain
  • Dessinateur : Olivier Supiot
  • Editeur : La Gouttière
  • Prix : 10.70€
  • Parution : 17 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Fille du gouverneur, Elizabeth est plus souvent gardée par Solange, sa nourrice, que par ses parents. Fille unique, c’est une enfant qui a la bougeotte et qui n’a pas la langue dans sa poche. Mais Elizabeth la petite princesse a une deuxième vie ! Dès qu’elle peut s’échapper en douce, elle devient Lili Crochette, une piratesse prête pour l’aventure. Un jour, après une énième bêtise, Elizabeth se retrouve consignée dans sa chambre. Pas pour longtemps… À l’abordage ! Dans ce premier tome, Elizabeth, alias Lili Crochette, et son ami colibri Monsieur Mouche se retrouvent confrontés au grand Viggo Barbelongue, l’ennemi juré du père de la fillette. Dès les premières cases, l’héroïne nous entraîne avec dynamisme dans une aventure pleine de rebondissements. Cette reine de l’évasion, comme elle aime s’appeler, est très rusée et arrive à se sortir des situations les plus ardues.

Shikigami, volume 1

Notre avis : Les éditions Panini Manga dévoilent le premier volume de Shikigami, une série jeunesse d’aventure fantastique de Toshiaki Iwashiro.

Dans un parc de Tokyo sont découverts 4 corps déchiquetés. Arrive alors Mako, une jeune adolescente qui possède un étrange pouvoir surnaturel : elle peut voir le lien qui unit un objet à son propriétaire. Alors que ce don a disparu depuis quelque temps, elle décide néanmoins de proposer ses services à la police concernant cet éventreur.

Sur les lieux du crime, elle observe Kyosuke, un jeune garçon qui lui aussi utilise de la magie. Il est le maître des Shikigami, mystérieuses créatures fantastiques qui peuvent entrer dans l’esprit des objets. Accompagné de Haku – un renard facétieux – il découvre un rasoir à trois lames qui a servi au tueur. Ils sont alors surpris par ce même homme…

Prépublié depuis 2015 au Japon dans la revue Shônen Jump des éditions Shûeisha, Shikigami est une petite série fantastique de qualité. Prévue en cinq volumes – très court donc – elle est accrocheuse dès les premières pages. Sans être révolutionnaire, le récit de Toshiaki Iwashiro possède un charme fou notamment grâce aux deux personnages principaux mystérieux. Teintée d’humour très shônen par la personnalité de Kyosuke, l’histoire est simple mais efficace.

Le lecteur passe un excellent moment grâce à une succession d’actions et de créatures fantastiques très impressionnantes. Le découpage est rythmé et le dessin plutôt agréable.

  • Shikigami, volume 1
  • Auteur : Toshiaki Iwashiro
  • Editeur : Panini Manga
  • Prix : 6.99€
  • Parution : 11 janvier 2017

Résumé de l’éditeur : Enfant, Mako Miyoshi, pouvait voir le lien unissant les objets à leurs propriétaires, mais devenue adulte cet étrange pouvoir à disparu. En tentant d’arrêter le tristement célèbre tueur en série, l’Eventreur, elle rencontre Kyosuke Kagami et de son acolyte, Haku. Le jeune garçon est un utilisateur de Shikigami et peut donc faire appel aux esprits pour posséder des objets. Mais certaines personnes sans scrupules utilisent les Shikigami pour de mauvaises raisons. Ensemble, ils vont essayer de les empêcher de nuire.

Le mari de mon frère, tome 3

Notre avis : Mike poursuit son séjour chez Kana et Yaichi, le mari de son frère. Ensemble, ils décident même d’aller faire un tour aux bains publics. Formidable série, Le mari de mon frère est signée Gengoroh Tagame.

Cela fait plusieurs jours maintenant que Mike, le mari canadien de Ryôji parti trop tôt, habite chez Yaichi et Kana. La cohabitation se passe de mieux en mieux grâce à la petite fille. Elle aime cet oncle venu de loin. D’ailleurs, lorsqu’il n’est pas là, elle s’ennuie.

De son côté, le frère jumeau du défunt se pose toujours autant de question. A-t-il vraiment accepté l’homosexualité de Ryôji, ne l’a-t-il pas rejeté inconsciemment ? Que fera-t-il si sa fille aimait une autre fille ?

Le jour-même, après l’école, Kana s’assoie à côté de Mike qui regarde la télévision. Il est admiratif des bains thermaux. Il aimerait pouvoir y aller. Poussé par la petite fille, Yaichi accepte d’aller y faire un tour. Elle propose même que sa mère les accompagne. Le week-end suivant, les 4 se retrouvent dans un train en direction des sources chaudes. Ils ont loué des chambres dans un gîte et débutent alors leur séance de relaxation…

Comixtrip vous avez recommandé chaudement la lecture de Le mari de mon frère, faisant de cette série le meilleur manga 2016. Gengoroh Tagame poursuit les aventures de ce trio avec douceur et justesse. Si la petite fille a apprécié Mike tout de suite, ce n’est pas le cas de Yaichi, le frère jumeau de Ryôchi. Mais cela se décante de plus en plus et leur relation commence à être plus simple et plus chaleureuse.

Toutes les questions autour de Mike, du couple qu’il composait avec son défunt mari, de l’homosexualité sont posées. Le Canadien est au Japon pour découvrir le passé de Ryôchi, ses passions, les lieux de son enfance.

Pour pimenter son récit, le mangaka ajoute un personnage dans la seconde partie de l’album : Katoyan, un camarade de lycée de Yaichi et Ryôchi, qui était secrètement amoureux de ce dernier.

Le mari de mon frère : une fabuleuse série à lire de toute urgence !

  • Le mari de mon frère, volume 3
  • Auteur : Gengoroh Tagame
  • Editeur : Akata
  • Prix : 7.95€
  • Parution : 26 janvier 2017

Résumé de l’éditeur : Peu à peu, Yaichi s’est habitué à la présence de Mike. Réussissant même à se comporter avec son beau-frère de manière très naturelle ! C’est à l’occasion d’un voyage en famille aux sources thermales que le père de Kana va réaliser à quel point il a déjà évolué. Mais à leur retour, quelques surprises pourraient bien les attendre…

Pays de neige

Notre avis : Utsugi Sakuko adapte fidèlement Pays de neige, le roman de Kawabata Yasunari, un magnifique manga édité par Philippe Picquier.

Nord du Japon. Shimamura, un très jeune rentier, est marié et père de deux enfants. Son regard se perd dans les paysages enneigés. Il pense au moment où il est venu la première fois de Tokyo dans cette région étrangère pour lui.

Il avait été captivé par la beauté de Komako. La jeune geisha était alors hypnotique et très mystérieuse. Comme un aimant, il était attiré par cette femme insaisissable.

Dans le train qui le mène vers la ville de Komako, son attention était de nouveau attiré par une adolescente du nom de Yôko. Elle prenait soin d’un homme allongé et mal en point à côté d’elle. Tout lui faisait penser à Komako

Considéré comme l’un des maîtres romanciers japonais Kawabata Yasunari a écrit Pays de neige dans les années 30. Cette très belle romance a été adapté en manga par Utsugi Sakuko et publié pour la première fois au Japon en 2010 par les éditions Shûeisha.

Si l’action et les événements sont très peu présents dans ce shôjo, il se dégage de son histoire une ambiance évanescente, quasi envoutante. Ainsi, le lecteur suit pas à pas, d’une manière diffuse et lente, les relations entre les trois personnages que sont Komako, Yôko et Shimamura.

Il faut souligner que le texte est extrêmement bien écrit, le vocabulaire d’une grande richesse lexicale. Les mots sont pesés et soupesés pour décrire finement les liens entre les protagonistes.

Utsugi Sakuko magnifie ce roman par des planches très belles. Les décors sont très beaux et les corps qui se frôlent et se touchent avec délicatesse attirent le lecteur. Le tout est suggéré de manière subtile et l’on ne voit pas vraiment les scènes de nu. Les costumes sont dessinés avec un grand soin. Les silences et les non-dits sont nombreux et sublimement mis en scène.

  • Pays de neige
  • Auteur : Utsugi Sakuko d’après le roman de Kawabata Yasunari
  • Editeur : Philippe Picquier
  • Prix : 14.50€
  • Parution : 02 février 2017

Résumé de l’éditeur : Dans les montagnes du Nord, la neige est le symbole de la pureté perdue. Elle délimite le champ clos où va se nouer le drame entre Shimamura, un oisif originaire de T okyo venu dans le Pays de Neige pour retrouver Komako, une geisha, et Yôko, une jeune femme rencontrée dans le train…

La craie des étoiles, tome 2

Notre avis : Deuxième opus de la série jeunesse Bamboo, La craie des étoiles signé Raphaël Drommelschlager. L’auteur poursuit les aventures continentales de Max parti à la rencontres d’animaux.

Sur le marché, Max découvre le portrait de son ancêtre explorateur (voir le volume 1) sur un stand tenu par un vieil homme très étrange. Il propose les 30€ que sa mère lui a donner pour faire des courses afin d’acquérir Shiba, la perruche qui aurait appartenu à Théophile, son arrière-grand-père, mort il y a 150 ans. Mais le brocanteur décide de garder l’argent sans lui donner l’oiseau. Le garçon décide de récupérer la cage et de s’enfuir.

Tombé dans un cul-de-sac, il utilise sa craie des étoiles magique pour ouvrir une porte dimensionnelle. Accompagné du volatile, il se retrouve en Afrique, à l’ombre des baobabs. Il croise alors des lions, un rhinocéros en furie mais aussi Walé, un petit garçon chassé par des habitants de son village. En courant, ils plongent dans un fleuve. Mais des chutes arrivent à grand pas…

Nous avions été un peu trop durs avec le premier volume de La craie des étoiles, il faut l’avouer. En effet, en se penchant un peu plus sur cette série, nous pouvons dire qu’elle contient beaucoup plus de qualités que de défauts; le deuxième opus atteste de cela. Le gros point fort est la partie graphique de Raphaël Drommelschlager ! L’auteur de Paris-New-York New-York Paris (Casterman), de Les effacés (avec Bertrand Puard, Hachette Comics) ou Les voyages de Kaël (Delcourt) dévoile de magnifiques planches aux couleurs lumineuses. Il possède le talent de magnifier les animaux. Il faut voir la facilité qu’il a de dessiner les oiseaux (perruche, pélican ou aigle dont les ramages sont très beaux). Ses personnages sont emplis de mouvements grâce à un découpage très rythmé.

Les pays visités par Max sont bien choisis  et variés (Afrique, Kazakhstan, Grèce et l’île de Pâques), les animaux aussi. En choisissant Walé pour l’accompagner pendant une partie de l’album, Raphaël Drommelschlager apporte ainsi une relation quasi amicale à son récit. Pourchassés par des Hommes peu scrupuleux ou des animaux un peu furieux, Max parcourt le monde à une vitesse folle.

On tombe donc sous le charme de La craie des étoiles par ce deuxième tome plus réussi que le précédent !

  • La craie des étoiles, tome 2
  • Auteur : Raphaël Drommelschlager
  • Editeur : Bamboo
  • Prix : 10,90€
  • Parution : 08 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Grâce à sa craie magique, Max a acquis l’étrange pouvoir de se déplacer partout dans le monde et de pouvoir discuter avec les animaux. Mais les péripéties s’enchaînent et l’empêchent de retourner chez lui. Sautant d’un pays à l’autre, du Kenya au Kazakhstan en passant par la Grèce, Max poursuit sa découverte des peuples et des animaux du monde. Au bout du voyage, il découvrira peut-être d’où vient cette « craie des étoiles » et qui se cache derrière l’étrange personnage qui semble toujours le précéder de quelques instants.

Kadogo

Notre avis : Que faire d’une kalachnikov que l’on reçoit pour son anniversaire alors que l’on est encore enfant ? Accompagnée par Joël Alessandra, Ingrid Chabbert imagine Kadogo, un album jeunesse sur le thème délicat des enfants-soldats.

Aujourd’hui est un jour de fête au village : Gabriel a 11 ans. Il est enfin un homme ! Son oncle lui tend alors un paquet en toile de jute. Son cadeau d’anniversaire, c’est une kalachnikov ! La nuit suivante, arme à la main, il est emmené de force dans un camp d’entrainement pour devenir un vrai soldat, lui qui n’a pas encore quitté l’enfance…

Soutenu par Amnesty International, Kadogo est un très bel album autour de la guerre et des enfants-soldats. Point de départ idéal pour discuter dans les familles mais aussi pour les enseignants, cette histoire délicate est proposée aux lecteurs à partir de 8 ans.

Le texte d’une grande sobriété de Ingrid Chabbert (L’étrange boutique de Miss Potimary & Ecumes) est d’une grande force narrative. Il faut dire que la thématique peut interpeller les plus jeunes en s’identifiant à Gabriel et plus largement à leurs pairs englués dans les conflits armés. Selon l’ONU, il y aurait 250 000 enfants impliqués directement ou indirectement dans les différentes guerres sur Terre. Plus fort encore, 40% seraient des filles et 1/3 seraient dénombrés sur le continent africain. Pire, 2 millions d’entre eux auraient été tués dans des situations de conflit armé.

En proposant cette fiction, la scénariste veut aussi faire réagir les plus jeunes : Comment nous, enfants intégrés, instruits, bien au chaud dans nos familles, nous pouvons agir pour ces enfants qui ne vont pas à l’école, tiennent des armes à la main et dont la situation personnelle est instable et invivable ?

Cet album jeunesse de 34 pages est magnifiquement mis en image par Joël Alessandra. Les grandes illustrations à l’aquarelle de l’auteur de Petit-fils d’Algérie (Casterman) sont très douces, chaleureuses et tranchent avec le propos très sombre du récit.

  • Kadogo
  • Scénariste : Ingrid Chabbert
  • Dessinateur : Joël Alessandra
  • Editeur : Des ronds dans l’o
  • Prix : 13.50€
  • Parution : 15 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Pour ses onze ans, Gabriel reçoit une kalachnikov en cadeau. Fier, il s’en amuse la première journée mais alors qu’il va se coucher, son oncle le pousse brutalement dans une Jeep qui l’emmènera dans un camp d’entraînement pour les enfants soldats.

Mother’s spirit

Notre avis : Ryôichirô se voit attribué la mission d’aider à l’intégration d’un nouvel étudiant en la personne de Qaltaqa de la tribu des Lutah. Des premiers pas hésitants au rapprochement physique, Enzo dévoile cette histoire dans Mother’s spirit, un beau manga – yaoi.

Ryôichirô est un brillant étudiant mais très réservé. Après un voyage chez les Lutah, le président de l’université lui impose la présence de Qaltaqa, le chef de la tribu.

Ni parlant ni l’anglais ni le japonais, l’immense colosse débarque à l’aéroport affublé d’un masque. L’accolade du Lutah surprend le jeune élève. Il l’accueille alors chez lui et commence à lui apprendre les rudiments du Japon : ses codes et sa langue. Qaltaqa est la curiosité de la fac, les filles sont séduites mais lui se rapproche de plus en plus de Ryô…

Prépublié dans la magazine Chara Selection des éditions Takuma Shoten en 2014 au Japon, Mother’s spirit est une belle comédie romantique teintée de yaoi. Pour son récit, Enzo fait croiser deux êtres que tout oppose : un étudiant japonais timide et brillant et un chef de clan, athlète immense. Ce dernier vient étudier à Tokyo, loin de son village et de ses coutumes. Lui, le chef, se trouve comme un petit garçon émerveillé par ce qui l’entoure, perdu dans l’immensité de la capitale et ne sachant pas parler la langue.

Ce programme d’échange international apporte ainsi son lot d’humour : les situations cocasses mais aussi les quiproquos et les non-dits sont nombreux. Le double-jeu de Qaltaqa perturbe énormément le jeune étudiant qui est déstabilisé dès le premier regard à l’aéroport.

Ce yaoi très soft ravira les amateurs du genre mais aussi ceux qui aiment les histoires de rencontres interculturelles. Le trait de Enzo est sobre et efficace ce qui rend l’album chaleureux et accrocheur.

  • Mother’s spirit
  • Auteur : Enzo
  • Editeur : Taifu Comics
  • Prix : 8.99€
  • Parution : 23 février 2017

Résumé de l’éditeur : Ryouichirou est contraint d’accueillir un étudiant étranger chez lui. Qaltaqa, originaire d’une tribu qui vit en autarcie, est perdu dans ce nouvel environnement. Son hôte est exaspéré par cette situation, mais peu à peu il commence à s’attendrir.

Olympus mons, tome 1 : Anomalie un

Notre avis : Christophe Bec et Stefano Raffaele dévoilent le premier volume de Olympus mons, une bonne série de science-fiction aux éditions Soleil.

1492. Les trois caravelles de Christophe Colomb voguent ce que le célèbre explorateur pense être l’Est. Mais les membres de l’équipage s’impatientent. Pas l’ombre d’une terre en vue. Ils laissent alors trois jours où Colomb par cela. Miracle, à la fin de l’ultimatum, ils accostent au Salvador.

2026. Iowa. Médium, Mark pressent la présence d’une mystérieuse épave au fond de l’océan. Loin d’être un simple navire, elle ressemble à un vaisseau spatial. Il se voit la contourner en plongeur dans un rêve. Dans le même temps, il est appelé sur une affaire de disparition de deux soeurs jumelles.

Enfin, sur Mars, c’est Elena Chevtchenko qui foule pour la première fois la planète. Accompagnée de deux autres membres, la cosmonaute russe sait qu’elle ne pourra pas rentrer sur Terre. Les trois sont sacrifiés sur l’autel de la rapidité, pour devancer les Américains qui avaient aussi le même projet…

Olympus mons est une série de science-fiction comme seul Christophe Bec peut en imaginer. Il aime à faire se croiser dans ses albums différentes histoires dans son récit. L’auteur de Bikini Atoll et Carthago pimente son histoire d’une touche malicieuse de suspense. Pour ce premier opus, il multiplie les pistes pour prendre à revers son lectorat. Il met ainsi en parallèle le voyage d’exploration de Christophe Colomb, l’exploration de Mars par les Russes et la découverte d’un OVNI dans la mer. Quelles sont les connections entre les trois récits ? Pourquoi les mettre en parallèle ?

Classique mais diablement efficace, ce premier tome ravira les amateurs de science-fiction, de suspense et de Christophe Bec.

Pour mettre en image cette série, le scénariste a de nouveau fait appel à son complice Stefano Raffaele avec lequel il avait publié Prométhée, Pandemonium et Deepwater prison. Le style réaliste du dessinateur italien convient idéalement à cet univers futuriste et angoissant. Accompagné aux couleurs par le Studio Digikore, il dévoile de très belles planches au découpage efficace.

A noter que Olympus mons est le nom latin pour Mont Olympe, un volcan bouclier de la planète Mars.

  • Olympus mons, tome 1 : Anomalie un
  • Scénariste : Christophe Bec
  • Dessinateur : Stefano Raffaele
  • Editeur : Soleil
  • Prix : 14.95€
  • Parution : 25 janvier 2017

Résumé de l’éditeur : 2026 : des phénomènes inexpliqués et étranges se produisent simultanément en différents lieux. Dans les profondeurs de la Mer Baltique, des chasseurs de trésors sous-marins découvrent ce qui semble être les vestiges d’un artefact inconnu ; dans l’Iowa, un medium est hanté par d’étranges visions dans lesquelles il visite une épave mystérieuse au fond de la mer. Sur un écran, un message adressé aux habitants de la Terre ; sur Mars, des cosmonautes trouvent une série d’objets énigmatiques. En suivant leur piste, ils arrivent sur les pentes de la plus haute éminence de Mars, le mont Olympus, où ils découvrent la carcasse d’un vaisseau spatial. L’énigme est totale mais aucun doute : ces différents phénomènes sont bien liés entre eux !

Portrait de la France

Notre avis : Les éditions I publient un recueil d’illustrations et de planches de François Boucq intitulé Portrait de la France.

Nouvelles venues dans le secteur de la bande dessinée, les éditions I (comme la 9e lettre de l’alphabet, comme 9e art), démarrent fort leur catalogue avec ce très beau recueil de François Boucq. Viendront par la suite, les publications de maîtres de la BD comme Manara, Jeff Darrow, Liberatore, Rossi, Cabanes et Jacovitti (Kamasultra en avril 2017).

Dans Portrait de la France, les lecteurs pourront (re)découvrir huit chapitres de Jérôme Moucherot, le personnage fétiche du Grand Prix d’Angoulême 1998. Sous le titre Bistrosophie, l’homme au crayon dans le nez et au costume léopard s’invite au zinc pour palabrer avec des clients – et c’est très drôle – parle démocratie, de mariage pour tous ou de bi-nationalité.

L’auteur de Bouncer ou Super-Dupont a fait aussi une sélection d’illustrations publiées çà et là (Fluide Glacial, Science et Vie Junior, couvertures de San Antonio, Libération ou Charente Libre) et visibles parfois sur sa page Facebook : le quinquennat Hollande, la menace Marine Le Pen, l’état d’urgence, les attentats mais aussi les solutions apportées par les hommes politiques aux problèmes des Français : économies budgétaires, l’effet girouette ou l’école. Il consacre un chapitre à la France bien enveloppée sur le surpoids des habitants, la cuisine du pays, un autre sur le sport (foot, rugby, catch ou cyclisme) ou encore les vacances (plage, abdos, train ou campagne).

Portrait de la France : pour réfléchir, pour sourire et pour rire !

  • Portrait de la France
  • Auteur : François Boucq
  • Editeur : Editions I
  • Prix : 18€
  • Parution : 8 mars 2017

Résumé de l’éditeur : La France selon Boucq : Une grande leçon de bistrosophie en huit chapitres animée par Jérôme Moucherot: lepénite aiguë, dessous de la Mairie de Paris, poubelles du Carlton, augmentation du coût de la vie, rigolos sans frontière, investisseurs d’outre-espace, corps qui n’en font qu’à leurs têtes … Un extrait de rigolade mélangé à une rasade de bonne humeur ! Si la réalité vous dépasse, ne vous laissez pas abattre.