Escape journey, volume 1

Notre avis : Au lycée, Taichi et Naoto sortaient ensemble. Après une rupture, ils se retrouvent à la fac et décident de reprendre leur relation. Ogerestsu Tanaka dévoile le premier volume de Escape journey aux éditions Taifu Comics.

Taichi et Naoto sortaient ensemble au lycée. Leur relation était tendue et ils avaient arrêté les frais. Un an après, tous les deux entrent à l’université et se retrouvent dans la même classe. Nao a l’air de bien le prendre, cela n’a pas l’air de le gêner et en parle ouvertement à ses autres camarades.

De son côté Taichi n’a qu’il seul angoisse :  il craint de retomber amoureux de son ex. Après une soirée très arrosée, il ramène Nao chez lui et ce qui devait arriver, arriva : ils se retrouvent dans le même lit et font l’amour…

Prépublié dans B X Boy des éditions Libre Shuppan depuis 2015 au Japon, Escape journey est un petit yaoi sans prétention et classique dans la narration. Cette romance entre deux hommes est simple et efficace. Entre attirance et répulsion, le récit de Ogeretsu Tanaka joue avec les codes du genre. Les scènes dans le lit entre Nao et Taichi sont très sexe et cash. Le gros point fort de ce premier volume est la partie graphique, d’une belle élégance et dont les personnages soignés sont très expressifs.

  • Escape journey, volume 1
  • Auteur : Ogeretsu Tanaka
  • Editeur : Taifu Comics
  • Prix : 8.99€
  • Parution : 23 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dans la même université, Taichi et Naoto ne s’étaient pas revus. Malgré leur rupture en tant qu’amants, ils se rendent rapidement compte qu’ils peuvent toujours se fréquenter en tant que simples amis. Mais leurs sentiments d’antan sauront-ils rester enfouis loin dans leur coeur alors qu’ils sont redevenus si proches ?

Planète Gaspard, tome 2 : un amour de Lilas

Notre avis : Gaspard, petit garçon toujours dans la lune, vit de très belles aventures sous la plume de Beka et Domas. Dans sa vie, il y a aussi Lilas, une camarade de classe, qui est amoureuse de lui. Ce joli rapprochement est à lire dans le deuxième volume de Planète Gaspard aux éditons Bamboo.

Petit garçon de 6/7 ans, Gaspard est un être à part. Toujours dans la lune, il rêve et rêve encore. A l’imagination débordante, il s’invente des vies. Ainsi, il connait bien le Lunaire, un petit être tout blanc qui vit sur la lune. Néanmoins, ses absences lui jouent des tours et les personnes dans son entourage peuvent parfois être énervées par cela : ses parents, ses camarades, sa demi-sœur, sa psychologue et surtout sa maîtresse.

Mais parmi ses amies, il y a Lilas qui l’aime en secret depuis quelques temps. Après un quiproquos, elle arrive même à l’embrasser. C’est le début d’une très belle histoire…

Planète Gaspard est notre coup de cœur jeunesse de la semaine. Cette très belle petite série signée Beka et Domas est merveilleuse. Dans la même collection Enfance et imagination en bande dessinée que L’atelier Détectives (Beka et Goalec) et le génial Pilo (Mathieu Mariolle), les gags sur plusieurs pages sont attendrissants.

Les scénaristes de Le jour où le bus est reparti sans elle (avec Marko) imaginent un univers riche et d’une belle valeur poétique. Un enfant qui rêve est un enfant heureux comme le dit l’adage. Incompris par le reste de son entourage, Gaspard s’en fiche un peu, lui il est ailleurs et il aime cela. Il a une imagination débordante et c’est cela qui est sympathique dans ce deuxième volet de la saga.

Comme le souligne Domas, Gaspard est un enfant très heureux :« Non seulement il est heureux, mais on vient le chercher dans son univers, comme le fait la petite fille dans le deuxième tome de la série. Gaspard est vraiment l’exemple du gamin content dans son monde et qui a trouvé sa place. Il fait sa vie, ce qui lui permet de grandir à sa manière ».

D’ailleurs, il dit de son petit personnage qu’il lui ressemblait lorsqu’il était enfant. Il confie ainsi : « Je n’étais pas dans la lune comme lui, je savais que je me trouvais dans la réalité. Mais je vivais avec l’idée que chaque chose de la vie quotidienne est prétexte à un jeu ou une histoire. J’aimais bien rendre vivant tout ce que je voyais autour de moi ».

Planète Gaspard : un album drôle, attendrissant qui bénéficie d’une très jolie partie graphique.

  • Planète Gaspard, tome 2 : Un amour de Lilas
  • Scénaristes : Beka
  • Dessinateur : Domas
  • Editeur : Bamboo
  • Prix : 10.60€
  • Parution : 15 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Gaspard est un petit garçon rêveur, qui est toujours dans la lune. Mais alors, toujours ! … Ce qui lui crée souvent des ennuis avec ses parents, sa demi-soeur, son institutrice, ses copains, sa psy… enfin, avec tout le monde, quoi ! Même quand Lilas, une fille de sa classe, tombe amoureuse de lui, il ne s’en aperçoit pas ! Un album pour les garçons, les filles, les rêveurs, les mal-lunés, les poètes et bien sûr les amoureux !

Princesse Libellule déteste les contes de fées

Notre avis : Libellule n’en peut plus, elle attend toujours impatiemment son prince charmant qui n’arrive pas. Troisième et dernier volet de Princesse Libellule signé Alexandre Arlène et Stéphanie Bellat aux éditions La Boîte à Bulles.

En haut de son donjon, Libellule attend que son futur prince charmant pointe le nez mais personne ne vient. Même son Chevalier sans domicile fixe qu’elle héberge, elle n’en peut plus : il pleure tout le temps, elle le fatigue. Surtout qu’il en aime une autre – qui ne l’aime pas – et elle, elle est là, elle attend, seule.

Restent Moineau, son oiseau intellectuel, un peu froussard et qui donne tout le temps des leçons, ainsi que Pantoufle, son dragon sur le toit qui sert de chauffage naturel mais qui ne fait rien d’autre de la journée et enfin Plumeau, son ours des montagnes qu’elle envoie à l’autre bout du royaume pour trouver le bon chevalier.

Ajouter à cela, des chevaliers qui combattent en bas du château mais qui ne lèvent pas les yeux vers elle, des petits oiseaux voraces ou les princes voisins et l’on obtient un vrai bazar.

Loin de son pastiche très drôle de Harry Potter, Bloody Harry (Jungle), Alexandre Arlène a imaginé une belle petite série pour les jeunes lecteurs. Alors que dans tous les contes de fées, les princesses terminent toujours leur histoire au bras d’un prince charmant, ici : rien, pas de chevalier, pas de beau mariage ni d’enfants à élever. Libellule est désespéramment seule, sans amoureux, juste entourée d’amis pas très fiables.

Construit par petit chapitre, Princesse Libellule est décalé, amusant et agréable à lire. La série bénéficie d’une partie graphique réussie de Stéphanie Bellat. Déjà dessinatrice de Loulou ne veut pas grandir (2 tomes avec Vincent Henry, La Boîte à Bulles), elle dévoile des planches tout en rondeur, idéales pour accrocher le jeune lectorat.

Plein de clins d’œil aux contes populaires, Princesse Libellule est une vraie parodie amusante !

  • Princesse Libellule déteste les contes de fées
  • Scénariste : Alexandre Arlène
  • Dessinatrice : Stéphanie Bellat
  • Editeur : La Boîte à Bulles, collection La malle aux images
  • Prix : 13€
  • Parution : 08 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Du haut de son donjon, Libellule attend toujours. La jeune et jolie princesse n’a pas perdu espoir de voir venir l’amour, qu’elle n’a malheureusement pas trouvé en la personne de ce prince charmant inconsolable qu’elle a maintenant sur les bras… Heureusement, ses fidèles amis sont là pour la soutenir : Moineau – sa conscience trop rabat-joie – le miroir magique – pas si magique que ça – une horde d’oiseaux gloutons, un dragon passablement inutile et Plumeau, son fidèle serviteur parti en quête de princes à inviter. Mais de leur côté, l’Amour et le Destin s’en donnent à coeur joie pour faire tourner la jeune fille en bourrique. La vie de princesse est décidément bien difficile ! Mais ?… Mais ?… serait-ce un, deux, non, cent chevaliers que l’on aperçoit au loin ? Est-ce la délivrance tant attendue ? Ou le début des ennuis ?

A nos amours, tome 1

Notre avis : Jean-Paul Nishi – mangaka – est marié à une Française. Tous les deux sont installés au Japon et vont vivre une belle aventure avec l’arrivée de leur premier enfant. Le Japonais dévoile son histoire dans A nos amours chez Kana.

Jean-Paul Nishi – son prénom a été francisé – avait déjà raconté sa rencontre avec Karen – une Française qui travaille au Japon – son mariage et sa vie parisienne dans A nous deux Paris, Paris le retour et Paris toujours ! trois albums édités par Philippe Picquier. Il poursuit ses aventures humoristiques dans A nos amours.

Dans ce nouveau manga, l’auteur et son épouse attendent un heureux événement : ils vont être parents. Tout au long du récit, le lecteur découvre avec plaisir toutes les lubies et les folies autour de ce nouveau-né : les habits, les couches, les biberons mais aussi la crèche. Avec malice et avec beaucoup d’autodérision, le mangaka raconte le développement physique du bébé, son soi-disant « retard » vis-à-vis des autres enfants, ses premiers mots mais aussi la recherche du prénom. Le couple attend plus d’un mois pour le trouver. En effet, ils ne le veulent pas trop Français, pas trop Japonais, facile à dire pour les Nippons et dont les idéogrammes doivent signifier quelque chose de positif. Toutes les séquences autour de leur enfant sont irrésistibles et très drôles.

Jean-Paul Nishi dévoile aussi les différences culturelles entre les deux pays qu’il ne comprend pas toujours (les gags sur la bise sont amusants) mais aussi le fait qu’il a du mal à s’exprimer dans la langue de Molière, dont il ne saisit pas toutes les subtilités. Pire ! Son jeune fils connait plus de mots de vocabulaire du quotidien que lui à la fin de ce premier tome.

  • A nos amours, volume 1
  • Auteur : Jean-Paul Nishi
  • Editeur : Kana, collection Made in
  • Prix : 15€
  • Parution : 17 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Jean-Paul Nishi, auteur japonais, nous raconte dans ce manga tranches de vie sa rencontre avec sa future épouse Karen, une Française. Avec beaucoup d’humour et d’autodérision il dépeint la vie de couple, le mariage, la grossesse, la naissance du bébé et les anecdotes des mois passés à s’occuper du nourrisson à la maison, pendant que sa femme part travailler. C’est aussi l’occasion pour lui d’aborder toutes ces petites différences culturelles et normes sociales françaises qui étonnent, voir déstabilisent nos amis Japonais.

Riku Do, la rage aux poings, volume 1

Notre avis : Riku, un enfant empli de rage, veut devenir boxeur. Toshimitsu Matsubara imagine son parcours dans Riku Do la rage aux poings, un manga âpre et violent aux éditions Kazé.

Riku Azami n’a pas vraiment de chance : son enfance a été un calvaire. Entre un père ultra-violent envers lui qui vient de se suicider et une mère à la dérive, le jeune garçon s’est endurci.

Kyôsuke Tokorozawa retrouve Riku face au cadavre de son père en train de le boxer. Toute la rage est visible dans cette scène surréaliste. Ancien boxeur, l’homme est devenu une petite frappe et croule sous les dettes. Il emmène alors le jeune garçon chez sa mère.

Junkie, comme l’homme qui partage sa vie, elle ne peut pas s’occuper de son fils, qui lui non plus ne veut pas rester chez elle. Mal accueilli par son compagnon, Riku, dans un excès de folie, le tue. Il est alors placé dans un institut, sorte de maison de correction. Là-bas, il s’impose et ne se laisse pas marcher sur les pieds.

Il demande alors à Kyôsuke de lui enseigner la boxe. Ce dernier refuse mais il l’amène chez son ancien entraineur qui décèle tout de suite son potentiel…

Prépublié dans la revue Young Jump des éditions Shûeisha au Japon depuis 2014, Riku Do est une formidable seinen, dur, sombre et poignant. A travers ce manga, Toshimitsu Matsubara imagine une histoire de vengeance, de rédemption et de dépassement de soi. Déconseillé aux enfants de moins de 16 ans, ce récit est surtout d’un grand réalisme narratif et graphique. Le mangaka a pris beaucoup de soin pour développer la personnalité de Riku mais surtout son énorme détermination pour réussir.

Il faut souligner que la vie ne l’a pas épargnée, violenté dès son plus jeune âge, rejeté par ses parents, en manque d’amour et d’affection. Son parcours est donc finalement un exemple. Il a aussi une volonté farouche de casser son déterminisme social et ne pas sombrer comme ses parents. Il trouve alors la voie du sport et de la boxe pour cela. La dureté des entrainements et la salle de sport sont aussi criant de vérité et de justesse. Cet exutoire lui sert aussi à se défendre mais aussi ses amis.

Ainsi, il représente la lumière et l’espoir dans ce monde d’une grande noirceur. Pour sa première série, Toshimitsu Matsubara remplit parfaitement son contrat. Son manga est superbe et très réussi. Ses planches sont sombres comme l’ambiance de l’histoire le veut. Les visages sont expressifs et les scènes de boxe justes. Le découpage est lui très rythmé.

Riku Do : un premier volume fort et prometteur !

  • Riku Do, la rage aux poings, volume 1
  • Auteur : Toshimitsu Matsubara
  • Editeur : Kazé
  • Prix : 7.99€
  • Parution : 08 février 2017

Résumé de l’éditeur : Pour se venger des coups qu’il a reçus, Riku boxe le corps de son père qui vient de se pendre. Il veut vivre avec sa mère, mais il découvre avec horreur qu’elle est dépendante d’un dealer brutal et sadique. Empli de rage face à toutes ces tragédies, Riku demande à un ancien boxeur devenu yakuza de lui apprendre à se battre pour défendre ceux qu’il aime. L’ex-champion refuse mais l’envoie chez son ancien entraîneur de boxe. Le jeune garçon trouvera-t-il sa voie dans ce sport âpre et violent ?

Aquitania

Notre avis : Marcus et sa sœur Attisaga, deux jeunes Santons, sont confrontés à des cambrioleurs dans la Gaule gallo-romaine du 1er siècle après JC. Isabelle Dethan dévoile Aquitania, un joli petit album édité par Eidola.

Villa Lucianus. Trois hommes pénètrent dans la riche demeure pour y voler le contenu des coffres. Le lendemain à Mediolanum Santonum (Saintes) dans la ville voisine, Marcus, le jeune Santon, attend dehors que Luteva, la servante, termine de cuire les galettes. Il arrive à ses fins et obtient enfin un morceau.

Il faut souligner que le père du jeune garçon, Dunomagio, est un riche marchand fluvial de la Charente. Il possède donc une belle demeure et des domestiques. Cela attise donc les convoitises des voleurs de la Villa Lucianus…

Isabelle Dethan imagine une très jolie fiction se déroulant lors du premier siècle après JC dans la ville de Saintes. Passionnée par cette période – elle a publié notamment Les ombres du Styx – l’auteure angoumoisine se plonge avec délectation de nouveau dans cet ère si riche.

Très solidement documenté – son parcours universitaire (maîtrise de lettres et CAPES de documentation) et ses précédentes publications le prouvent – elle apprécie s’appuyer sur des sources historiques (voir la bibliographie en fin d’album) afin de restituer le plus fidèlement possible l’ambiance, les us et coutumes de la période.

Pour la première partie de l’album, elle dévoile un récit illustré, très bien écrit où les mots en réellement un sens. Idéale pour les jeunes lecteurs – dans la même collection que Mimo de Mazan – l’histoire est complétée par un dossier de 24 pages regroupant des articles sur la période sous le titre Les dossiers de Mlle Couette : un petit rappel historique, Les Gaulois et les Germains (le fameux « Nos ancêtres les Gaulois », les vêtements, les casques), la Volva (prêtresse-magicienne), la Gaule après la conquête romaine, Aquitania et la ville de Mediolanum Santonum, les chalands et les gabarres, la cuisine, la vaisselle sigilée, le prix des choses et des gens mais aussi les dieux et les cultes.

L’auteure de J’ai tué Philippe II de Macédoine a choisi la ville de Saintes, proche de son lieu de vie. Elle confie à Elsa Provenzano (20 minutes) : « Toute l’Antiquité m’intéresse. J’habite en Poitou-Charentes, qui fait partie de l’ancienne Aquitaine et mes enfants ont visité avec leur école les sites gallo-romains de la région dont ceux de Saintes ». Elle a ensuite visité le site de l’ancienne cité et dialogué avec des spécialistes du lieu pour construire son récit.

Aquitania : une façon ludique de découvrir la vie des « gallo-romains » par un excellent récit et un dossier pédagogique.

  • Aquitania
  • Auteure : Isabelle Dethan
  • Editeur : Eidola
  • Prix : 10€
  • Parution : 10 novembre 2016

Résumé de l’éditeur : La Gaule romaine de façon ludique et scientifique. Une histoire illustrée : Médiolanum Santonum*, 1er siècle ap J.-C. : sur les berges de la Carantanò*, Marcus et ses parents mènent une vie prospère, grâce à l’entreprise familiale de transport fluvial ; hélas, le jeune garçon va s’apercevoir que le nouvel associé romain de son père est impliqué dans une série de cambriolages, et qu’il compte sur les chalands de la famille pour transporter impunément son butin jusqu’à Ecolisma*… Il lui faudra du courage et surtout l’aide de Nanthildis, la petite esclave germanique : cette petite fille étrange possède en effet de curieux pouvoirs, apparemment nichés dans une collection de petits ossements décorés dont la fillette ne se sépare jamais… Médiolanum Santonum : Saintes. Carantanò : nom gaulois du fleuve Charente. Ecolisma : Angoulême. Un carnet de fouilles archéologiques : description en dessins des découvertes des fouilles archéologiques.

Couleurs

Notre avis : Un homme qui a perdu la mémoire est accueilli chez un vieil homme. Pris de maux de tête, il peint des tableaux la nuit sans s’en rendre compte. Sylvain Escallon propose Couleurs, une étonnante histoire aux éditions Sarbacane.

Un homme se réveille un peu groggy. En face de lui, dans le train, se tient Herman Desonge, un vieil homme avec un chapeau. Après une grande catastrophe – épidémie ou guerre ? – il fut envoyé dans un hôpital pour être soigné et c’est à la sortie de l’établissement que son voisin le récupéra.

Arrivés en gare de Calencourt – petite ville très calme – ils descendent et se rendent chez l’homme au chapeau. Il faut dire que le convalescent ne se souvient de rien : ni son nom ni son passé. C’est donc une coïncidence et une belle opportunité pour lui de se reposer dans la vaste demeure de son hôte. Installé dans le jardin d’hiver, il ne devra que s’occuper d’entretenir le jardin en contrepartie de son logement.

Pris de violents maux de tête, il se rend chez le médecin de la ville qui le soigne par chromothérapie. En revenant, la nuit, il peint des tableaux sans s’en souvenir le lendemain…

Il en a fait du chemin Sylvain Escallon depuis ses deux derniers albums chez Sarbacane (Après les zombies & 220 volts). Cela se ressent dans Couleurs. Nous avions déjà entrevue une graine de talent dans son graphisme et cela se confirme dans cette histoire. Son noir et blanc est fort et hypnotique. Dans les pas de Marc-Antoine Mathieu ou Comès, il propose de très belles planches aux aplats noirs très réussis. Les décors extérieurs aux arbres majestueux ou ses pages avec les papillons, sous la pluie sont très belles. Il distille avec soin et minutie des Couleurs lorsque son héros amnésique est soigné par chromothérapie.

Le récit fantastique du jeune auteur né en 1990 est empli de suspense. Qu’est-il arrivé au pays ? Pourquoi le personnage principal est-il amnésique ? Y a-t-il un lien entre cet état et la catastrophe ? Pourquoi Desonge l’accueille-t-il si facilement chez lui ? Le piège machiavélique se referme sur le héros comme si son destin était joué dès son réveil dans le train. La scène finale est très ingénieuse et originale.

Couleurs : un album à l’atmosphère mystérieuse au graphisme fort !

  • Couleurs
  • Auteur : Sylvain Escallon
  • Editeur : Sarabacane
  • Prix : 18.50€
  • Parution : 1er mars 2017

Résumé de l’éditeur : Dans un train, un homme, jeune, se réveille. Il est épuisé, malade. Il n’a plus aucun souvenir de son passé. Par la fenêtre du wagon, il voit défiler des villes et des campagnes : tout est dévasté. La guerre ? Une épidémie ?… Un homme engage alors la conversation avec lui. Il s’appelle Herman Desonge et il est artiste peintre. Contre de menus travaux au jardin, Herman propose au voyageur sans mémoire de l’héberger, le temps pour lui de reprendre des forces. La nuit, comme un zombie le jeune homme se lève, peint des toiles comme halluciné, des toiles dont il ne se souvient plus le matin… Herman Desonge semble le manipuler, oui, mais dans quel but ?

En Corée

Notre avis : Les éditions Misma rééditent en intégrale les trois albums de Yoon-sun Park : En Corée, En France et Encore en Corée, sous le titre En Corée.

Née en 1980 à Séoul en Corée-du-Sud, Yoon-sun Park dévoile sa vie dans ce bel album de 212 pages. Alors toute petite, elle apprend le décès de son jeune cousin d’un accident de voiture alors qu’il est enterré depuis plusieurs jours. Et ce sera ainsi toute son enfance et adolescence : mise de côté par sa mère, peu aimée. D’ailleurs, elle lui dira avec un étonnant sang-froid : « Tu n’es pas sociable, comme les autistes. Si tu n’as pas de spécialité comment tu pourras gagner ta vie ? Deviens designer ».

Son père décède d’une crise cardiaque à 56 ans, comme son père. Le lecteur découvre ainsi les coutumes liées aux funérailles en Corée, notamment les rituels des personnes qui viennent rendre hommage au défunt. Il faut souligner que Monsieur Park était professeur d’arts et que de nombreux élèves se prosternèrent alors devant sa photo.

Elle prend des cours de dessins mais est accidentée en marchant sur un passage-piétons (vertèbre fêlée) qui la laisse sur un lit engoncée dans un plâtre immense en 1998. L’année suivante, elle débute donc des études de design…

Etonnament c’est à chaque fois qu’il y a un enterrement que la vie de Yoon-sun Park change de direction. Elle a consigné en dessin ces changements fréquents. Cette autobiographie permet aussi au lecteur de découvrir la vie en Corée, ses us et coutumes et son histoire; notamment la Guerre de Corée et la séparation en deux pays si douloureuse dans sa famille (ses aïeux).

L’auteur du Club des chats (Misma) fait ainsi une belle chronique sociale de son pays. Très loin de ces précédentes publications – L’aventure de l’homme-chien, Sous l’eau ou Le jardin de Mimi – son style graphique est différent. Fait d’un lavis gris, son dessin est léger et aérien.

  • En Corée
  • Auteure : Yoon-sun Park
  • Editeur : Misma
  • Prix : 20€
  • Parution : 21 mars 2017

Résumé de l’éditeur : En Corée, lorsqu’on rêve que l’on perd une dent, cela signifie que quelqu’un va mourir dans la famille. Peu de temps après avoir fait ce rêve, Yoon-Sun reçoit un coup de téléphone qui l’avertit du décès de son cousin dans un accident de voiture. À ce moment-là, elle est en France, loin de son pays natal, et l’annonce de cette disparition va réveiller des souvenirs enfouis. En premier lieu celui de son père, emporté dix-sept ans plus tôt par une crise cardiaque au volant de sa voiture… Né d’un besoin presque vital d’extérioriser ses émotions, Yoon-Sun Park se lance dans l’écriture d’un journal dans lequel elle convoque ses souvenirs en Corée du Sud. Chaque enterrement est alors le point de départ d’une chronique où sont décrites non seulement les coutumes et traditions coréennes, mais aussi les querelles de famille et les non-dits. Sans jamais tomber dans le pathos, elle aborde le thème de la mort avec une infinie délicatesse et une immense pudeur et parvient à rendre son expérience universelle. Dans ce journal, elle dévoile un style beaucoup plus abouti, tout en retenu, pour coller au mieux aux émotions de son sujet. Son dessin subtil, souligné de légers lavis de gris, immortalise d’émouvantes tranches de vie et tente de figer les souvenirs évanescents de ces douloureuses épreuves. Sans doute une façon pour elle de faire face à la mort et de mieux la défier.

Je n’ai pas de projet professionnel

Notre avis : David Snug se dévoile dans Je n’ai pas de projet professionnel, une autobiographie-chronique sociale très drôle aux éditions Même pas Mal.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, David Snug – 41 ans en 2017 – a toujours voulu faire de la musique. Pas en tant que musicien professionnel, juste pour le fun, pour se sentir bien et être libre. Dans les années 90, alors lycéen en Arts Appliqués, il tente de réunir d’autres amateurs de musique pour créer un groupe.

Pas simple lorsque l’on habite Bayeux, petite ville-musée de Normandie. L’internat mais aussi les goûts musicaux des autres gus très éloignés des siens achèvent sont envie. Lui c’est Pavement et Sabadoh, les autres Bob Marley, Slayer, Motörhead, Van Halen ou Pearl Jam. Difficiles de faire des compromis.

Viennent ensuite les années de fac à Rouen. Toujours tranquille, il préfère l’alcool, la fumette et la liberté que les cours. Il attend le week-end chez ses parents pour jouer dans son groupe. Malgré les envies de chacun, ils trouvent un terrain d’entente et décide de chanter en français…

Loin de l’histoire des Rois de la récré (déjà chez Même pas mal), David Snug propose une autobiographie partielle teintée d’un bel humour. Il ne s’épargne rien, ne se donne pas le beau rôle et c’est cela qui est drôle. En racontant cette tranche de vie, il brosse ainsi le portrait d’une certaine jeunesse des petites villes dans les années 90. Une jeunesse insouciante, qui veut s’affranchir des codes et qui aspirent avant tout à être libre. Lui, il aime la glande et il le revendique ! Et surtout il a réalisé son rêve : faire de la musique avec son groupe Trotski Nautique (Steppe by steppe, entre autre).

  • Je n’ai pas de projet professionnel
  • Auteur : David Snug
  • Editeur : Même pas mal
  • Prix : 15€
  • Parution : 09 mars 2017

Résumé de l’éditeur : David Snug a 41 ans et autant qu’il s’en souvienne, a toujours voulu faire de la musique, mais n’a jamais voulu être musicien professionnel. C’est fort de son expérience de rocker dilettante que l’auteur livre ses petites astuces pour monter un groupe qui ne ressemble à rien, déjouer le succès et ne jamais réussir dans le monde de la musique. «Je n’ai pas de projet professionnel» est un manifeste sans compromis à ranger entre «Le Droit à la Paresse» de Paul Lafargue et les mémoires de Dick Rivers.

Emma et Capucine, tome 1 : un rêve pour trois

Notre avis : Depuis qu’elles sont toutes petites, Emma et Capucine n’ont qu’un rêve : devenir danseuses à l’opéra de Paris. Jérôme Hamon et Léna Sayaphoum dévoilent le premier volet de leur série jeunesse Emma et Capucine.

Dans leur très bel appartement parisien, Emma et Capucine travaillent leurs gammes sous les yeux de leur maman. Depuis toutes petites, elles sont formatées pour devenir de grandes danseuses et intégrer l’Opéra de Paris. Alors que leur mère n’a jamais réussi à y entrer et faire carrière, elle se projette en elles parfois très durement; ce qui apporte son lot de tensions et de crispations notamment Emma qui ne trouve pas cela toujours très justifié.

De plus, la jeune adolescente est attiré par Jake, un charmant garçon. Ce qui ne va pas faciliter le concours d’entrée pour la prestigieuse école. Le jour des auditions, le verdict tombe : Capucine est retenue mais pas Emma. Le directeur de l’établissement propose son soutien pour faire intégrer la perdante dans des conservatoires très réputés de la région…

Découvert par l’excellente série Nils (avec Antoine Carrion, Soleil), Jérôme Hamon réussit de nouveau son très beau pari. Si la couverture et le résumé de l’album pourrait laisser penser à une énième série pour adolescente très mièvre, ce n’est pas du tout le cas de Emma et Capucine. Il faut encourager les futurs lecteurs à ouvrir ce premier volet de saga.

Le scénariste de Yokozuna (avec Mac van Straceele) développe une histoire d’une très grande modernité où de nombreuses thématiques contemporaines sont mises en lumière de manière subtile. Ainsi l’adolescence par l’entremise des premiers émois amoureux est développé. Jake, le charmeur, est attiré par Emma qui ne sait plus trop où elle en est. Fête, premier baiser et amusements sont donc ses nouvelles envies depuis qu’elle a été recalée du concours. Elle veut beaucoup plus s’affirmer que Capucine. Elle cherche du sens à sa vie et affirme sa personnalité.

L’opposition marquée entre les deux sœurs : Emma, très libre dans son corps et dans sa tête, ses mouvements, proche de la danse contemporaine; tandis que Capucine, est plus formatée pour la danse classique, plus studieuse et se glisse plus facilement dans les pas de sa mère.

Le personnage de la maman est lui aussi en opposition avec celui de son mari. Cette femme qui n’a pas réussi de carrière dans la danse, mène la vie dure à ses filles pour qu’elles puissent atteindre leur rêve. Entrainements tous les jours dans une salle aménagée exprès dans leur appartement, nourriture surveillée… Tout est encadré. Mais ce transfère ne plaira pas à Emma qui le lui fera comprendre. Nous connaissons beaucoup de parents qui se projettent dans leurs enfants par le sport; cela est très fréquent et Jérôme Hamon aborde ce sujet frontalement.

Le père fait figure de modérateur, de tampon entre la mère et ses filles. Plus doux – cela change aussi cette vision et cela fait du bien – plus à l’écoute, il fait figure de père très moderne et aimant. Malgré les difficultés, il soutient aussi son épouse sans trop la juger.

Pour ne pas trop plomber l’atmosphère, Jérôme Hamon distille de l’humour dans son récit. Les rebondissements sont nombreux et le retournement de situation en fin d’album appelle le lecteur à attendre la suite !

Pour son premier album, Léna Sayaphoum dévoile de très belles planches. Ancienne danseuse, elle sent aussi les sacrifices et met beaucoup de mouvements dans les séquences de ce sport si exigent. Si certains pourraient être rebutés par un dessin à la palette graphique, il faut passer outre parce que les pages sont équilibrées, fortes et efficaces. Formée à l’infographie 2D et 3D, cela se ressent dans sa mise en page. Elle multiplie les flous en premier-plan ou arrière-plan pour mettre tout le focus sur les personnages; cela surprend au départ mais c’est très ingénieux de sa part. Elle s’inscrit ainsi dans la veine de Arthur de Pins (Zombillénium ou Osez…) et restitue aussi ses influences manga dans ses planches.

Jérôme Hamon a découvert le travail de Léna Sayaphoum sur internet : « J’avais vu des dessins d’elle sur Instagram, je crois et ça m’a beaucoup plus » confie le scénariste. « Je trouvais sa vision des choses très cinématographique, notamment la gestion des différents plans, ses couleurs mais surtout sa lumière » poursuit-il.

  • Emma et Capucine, tome 1 : Un rêve pour trois
  • Scénariste : Jérôme Hamon
  • Dessinatrice : Léna Sayaphoum
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 9.99€
  • Parution : 24 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Emma et Capucine sont soeurs et partagent un rêve : entrer ensemble dans la prestigieuse école de danse de l’Opéra de Paris pour devenir danseuses étoiles. Capucine passe les premières auditions avec succès. Pas Emma… et le monde de la jeune fille s’écroule. Mais sa vocation n’est-elle pas ailleurs ? Si son père l’encourage à chercher sa propre voie, sa mère n’envisage pas qu’elle puisse renoncer à la danse. Quant à Capucine, l’idée même d’évoluer sans sa soeur lui paraît un défi insurmontable. Néanmoins, Emma découvre de nouveaux horizons et de nouvelles sensations grâce au hip-hop…

Capitan Erik : L’idole africaine

Notre avis : Aventure, barbouzerie et suspense sont au cœur de L’idole africaine, nouveau tome de la série Capitan Erik signé Micheluzzi et Nizzi, aux éditions Mosquito.

Depuis 5 jours, le navire Adventurer a quitté Honolulu pour Tahiti. En croisant au large de l’île de Tao Tao, le jeune mousse aperçoit des signaux lumineux demandant un SOS. Pire, il indique aussi qu’il y a des bandits sur terre.

Pas effrayé, le capitaine Erik décide d’appareiller avec quelques hommes. Sur l’île, ça s’agite, ça bruisse, ça court. Il faut souligner que des malfrats manigancent des choses illégales, notamment la planque des pierres précieuses. L’arrivée des marins risque de tout mettre par terre. Pourtant ces derniers n’ont qu’une chose en tête : retrouver l’homme du signal et partir le plus rapidement possible…

Ce que l’on apprécie énormément à Comixtrip dans le catalogue des éditions Mosquito, c’est tout le travail mémoriel et de passage de témoin vers les plus jeunes lecteurs des œuvres de Sergio Toppi (plus d’une quarantaine de rééditions dont Colt Frontier) et celles de Attilio Micheluzzi (une douzaine d’albums réédités par la structure associative).

Né en 1930, l’auteur italien est décédé en 1990, laissant derrière lui une somme importante d’histoires d’une très grande valeur narrative et graphique. Considéré comme un des grands maîtres du 9e art italien, avec Battaglia et Hugo Pratt, tous les trois firent souffler un vent nouveau sur la bande dessinée européenne. Architecte de formation, il débute sa carrière de dessinateur sous le pseudonyme de Arzbajeff (du nom d’une de ses grands-mères) dans les années 70. Malgré une carrière très courte, il est productif. Il est influencé par les pays de son enfance (son père militaire fut envoyé en Afrique).

En France, les maisons d’édition les Humanoïdes Associés, Dargaud et Casterman publient ses albums (Marcel Labrume, Air Mail ou Bab El-Mandeb). Il reçoit de nombreux prix dont notamment l’Alfred du meilleur album à Angoulême en 1984 pour le deuxième tome de Marcel Labrume).

En ce qui concerne L’idole africaine, le récit de Nizzi est accrocheur et très bon. Malgré les années (1972), l’histoire n’a pas pris une ride par son côté aventureux. Des malfrats dans une île qui planquent un trésor et Capitan Erik qui s’en mêle avec ses hommes et ça part tout de suite. Même si l’intrigue pourrait sembler classique, le lecteur se laisse prendre au jeu grâce à un découpage rythmé et des dialogues percutants.

Ajouter à cela, une sublime partie graphique en noir et blanc de Micheluzzi et l’on obtient une merveilleuse histoire. L’idole africaine : Pour (re)découvrir le maître de la bande dessinée italienne. Somptueux !

  • Capitan Erik : L’idole africaine
  • Scénariste : Nizzi
  • Dessinateur : Attilio Micheluzzi
  • Editeur : Mosquito
  • Prix : 14€
  • Parution : 06 février 2017

Résumé de l’éditeur : L’île de Tao Tao, confetti perdu dans l’immensité du Pacifique… Un joli coin de paradis si d’ignobles crapules ne s’y disputaient pas une statuette africaine. Capitan Erik et son équipage se retrouvent mêlés malgré eux à une poursuite échevelée. Micheluzzi & Nizzi mettent en scène une galerie de personnages attachants qui vont désormais voguer dans les mers du Sud et se confronter aux multiples péripéties de l’Aventure…

Deux Hollandais à Naples

Notre avis : Gerard van Honthorst et Dirck van Baburen, deux peintres hollandais, quittent leur pays pour venir travailler en Italie et suivre les pas du Caravage. Alvaro Ortiz raconte ce périple dans Deux Hollandais à Naples, un joli album édité par Rackham.

Rome, 1617. Gerard van Honthorst et Dirck van Baburen tentent de convaincre leurs mécènes de les laisser partir pour Naples pour voir les tableaux et les retables du Caravage. Eux-même peintres, ils ne peuvent pas partir d’Italie sans avoir vu l’œuvre du maître.

Il faut souligner qu’à l’époque, la ville était la deuxième cité la plus peuplée d’Europe (350 000 habitants) et qu’un nombre impressionnant de peintres venus des quatre coins du continent venaient y travailler (500 entre 1600 et 1630).

Ils débutent alors leur périple d’églises en monastères, de tavernes en auberges. La vie du Caravage était quant à elle romanesque, y compris sa mort. Enterré à Porto Ercole, ils sont persuadés par un troisième larron qu’il n’est pas mort. Ils partent alors à sa recherche…

Solidement documenté, Deux Hollandais à Naples revient ainsi sur la mort controversée du Caravage. Très court – 32 pages – le récit de Alvaro Ortiz est accrocheur par son humour et sa concision. L’auteur du magnifique Cendres (Rackham 2013) est un vrai passionné du peintre milanais et cela se ressent dans cette belle histoire. Il l’avait d’ailleurs longuement évoqué dans son dernier album Murderabilia – sur les collections morbides d’un désaxé – et ainsi il développe son attirance pour le Caravage par l’entremise de deux peintres hollandais qui ne croient pas à sa mort.

Comme pour ses trois  précédentes publications, Alvaro Ortiz multiplie les actions et les rebondissements pour conter cette aventure originale. Ses vignettes minimalistes s’accordent bien avec l’ambiance décalée du récit.

  • Deux Hollandais à Naples
  • Auteur : Alvaro Ortiz
  • Editeur : Rackham
  • Prix : 12€
  • Parution : 16 mars 2017

Résumé de l’éditeur : Rome, Anno Domini 1617. Suivant les pas de nombreux peintres hollandais, Gerard van Honthorst et Dirck van Baburen quittent leur pays pour rejoindre les rives du Tibre. Fascinés par les toiles de Caravaggio, mort en des circonstances mystérieuses sept ans plus tôt, les deux artistes décident de se rendre à Naples pour admirer certains retables que le peintre lombard y a réalisés. Sitôt arrivés à destination, ils se hâtent d’aller contempler les oeuvres du maître. Mais, bien décidé à ajouter une bonne dose d’alcool à l’aventure, van Honthorst incite van Baburen à errer de taverne en taverne, jusqu’à tomber sur un jeune homme bavard et fantasque. Et voilà que la virée des deux compères prend une tout autre tournure, van Honthorst ayant semble-il caché à son compagnon le véritable but de leur voyage… Comme les personnages qu’il met en scène, Álvaro Ortiz est passionné par la vie et l’oeuvre de Caravaggio, auquel il a d’ailleurs consacré un chapitre entier de son précédent album, Rituels. Ce nouvel opus revient sur les derniers jours du maître milanais, qui suscitent aujourd’hui encore de nombreuses controverses. La version qu’en propose Ortiz est le fruit d’un travail de documentation méticuleux dans lequel faits, personnages et lieux sont filtrés par son imagination débordante. On y retrouve ainsi les principaux ingrédients chers au jeune auteur aragonais : un cocktail détonant d’humour, de mystère et de coups de théâtre.