Louise Michel, La vierge rouge

Notre avis : Femme forte, révolutionnaire, qui voulait changer le monde, Louise Michel fait l’objet d’une très belle biographie dessinée de Mary M. Talbot et Bryan Talbot aux éditions Vuibert.

Paris, 1905. Louise Michel, figure emblématique de la Commune vient de décéder à 74 ans de mort naturelle. Charlotte Perkins Gilman, écrivaine anglaise, arrive à la gare pour une série de conférences sur le féminisme à Paris. Elle est accueillie par une amie de Louise. Ensemble, elle se replongent dans leurs souvenirs de cette rebelle révolutionnaire féministe : de sa naissance à son retour en France après sa condamnation en Nouvelle- Calédonie, en passant par la Guerre franco-prusse de 1870-1871 ou les moments intenses de la Communes.

Née en Haute-Marne en 1830, Louise Michel reçoit une éducation ouverte, libérale et libertaire par les écrits de Voltaire ou Rousseau. Elle obtient son diplôme d’institutrice et ouvre plusieurs écoles sans jamais y rester (un an, pas plus). Très tôt, donc, elle s’intéresse aux questions liées à l’éducation.

Arrivée à Paris, elle entretient une correspondance avec Victor Hugo, fréquente les lieux révolutionnaires, devient blanquiste (adepte des idées de Auguste Blanqui) et travaille pour le journal Le cri du Peuple (bien connu des bédéphiles grâce à Tardi).

Elle participe à de nombreuses manifestations et est même volontaire pour tuer Adolphe Thiers. Lors de la Commune (instant très court de quelques semaines), elle est en tête des révolutionnaires…

Louise Michel est un excellent roman graphique de Mary M. Talbot et Bryan Talbot. Simple, pas trop didactique, très facile d’approche, l’album est une belle fresque historique. Période étudiée au lycée, La Commune est pourtant moins connue que La révolution française. Or, ce moment est très important dans la construction de notre nation (actuellement, il est important de réinvestir nos temps communs qui fondent la France, sans raccourcis), porteur d’idées révolutionnaires, d’idéaux communistes et de pensées encore présentes aujourd’hui.

Si le scénario de Mary est plutôt orienté, rend Louise Michel et ses idées radicales belles, la partie graphique de Bryan est aussi réussie. Le tourbillon de la révolution et les grands discours sont admirablement mis en image par le dessinateur. Les teintes grisées sont agrémentées par des pointes de rouge bien senties.

  • Louise Michel, La vierge rouge
  • Scénariste : Mary M. Talbot
  • Dessinateur : Bryan Talbot
  • Editeur : La librairie Vuibert
  • Prix : 19.90€
  • Parution : 23 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Paris, 22 janvier 1905. Sous le regard des hommes et des femmes réunis pour lui rendre un dernier hommage, le cortège funèbre de celle que l’on nomme la Vierge Rouge traverse la capitale. La France vient de perdre l’une de ses héroïnes.
Dans le Paris assiégé et affamé de la guerre de 1870, comme sur les barricades de la Commune, une femme combat pour les droits du peuple. Avec un courage et une détermination sans faille, Louise Michel prend les armes et, par la force de ses mots, galvanise les foules. Alors que la capitale est en flammes et la révolte brisée, elle est arrêtée, emprisonnée puis déportée en Nouvelle-Calédonie mais continue la lutte aux côtés des Canaques. À son retour en France, elle ne cessera de défendre les valeurs d’éducation, d’égalité, de progrès.
De victoires en fusillades, d’épreuves en moments de partage, d’espoirs en désillusions, Mary et Bryan Talbot retracent l’histoire passionnante et pourtant méconnue de cette femme généreuse et habitée, aventurière de la liberté, qui rêvait de changer le monde.

Zouk, Un noël ensorcelé

Notre avis : Reconnu en France pour ses albums Max et Lili (éditions Calligramme), Serge Bloch a imaginé une série fantastique pour les plus petits avec Nicolas Hubesch, Zouk.

Petite fille pas comme les autres, Zouk est une sorcière qui habite une toute petite maison au milieu d’une grande ville, avec Salsepareille sa maman, Saluléga son père, Noyau son chat et Monsieur Potiron comme son nom l’indique.

Intitulé Un noël ensorcelé, ce recueil de 8 histoires courtes raconte les aventures amusante de Zouk. Il y a notamment :

  • Un noël ensorcelé. Zouk décide de s’occuper de décorer le sapin avec des toiles d’araignées, des crapauds et des souris vivantes. Mais c’était sans compter sur Noyau qui adore les petits animaux tout gris…
  • Un bon feu. Alors qu’il fait très froid et qu’il a beaucoup neigé, Zouk part se promener sur son balai. Une tempête se lève et la sorcière se réfugie dans une cabane habitée par une vieille femme…
  • Raymond le glaçon. Toute la famille de Zouk va fêter noël chez Mamie Zak. Mais la petite sorcière est mécontente : elle se méfie de Raymond le cochon apprivoisé de sa grand-mère. Elle le sait, elle va passer un mauvais moment, surtout qu’elle partage sa chambre avec lui…
  • Le chapeau-gentil. Zouk est toute contente, elle a préparé un cadeau pour Mamie Zak. Elle décide de lui apporter. Si la grand-mère est heureuse, Raymond est jalouse…

Prépubliés dans la revue Les belles histoires, les mini-récits de Zouk sont idéales pour les jeunes lecteurs. L’univers développé par Serge Bloch est riche et attire les plus petits. Il faut dire que les sorcières et le fantastique permettent de multiples histoires. Simple et accrocheuse, la série Zouk bénéficie d’une excellente partie graphique de Nicolas Hubesch. Très bon auteur, reconnu pour ses séries (Kiki et Aliène, Vladimir sur les toits). Ses grandes illustrations (un à trois maximum par page) conviennent parfaitement pour restituer l’ambiance amusante et joyeuse des récits.

  • Zouk, un noël ensorcelé
  • Scénariste : Serge Bloch
  • Dessinateur : Nicolas Hubesch
  • Editeur : BD Kids, collection Mini BD Kids
  • Prix : 9.95€
  • Parution : 05 octobre 2016

Résumé de l’éditeur : Zouk, la petite sorcière qui a du caractère, aime beaucoup Noël ! Elle aime décorer son sapin de toiles d’araignées, réveillonner avec Mamie Zak et Raymond (son horrible cochon chéri), leur préparer des surprises, manger du gâteau d’étoiles… Les fêtes avec Zouk, c’est vraiment magique !

Alyssa, tome 4 : Science et conscience

Notre avis : Après trois premiers volumes plutôt réussis et qui nous avait plu, Isabelle Bauthian et Rebecca Morse reviennent avec un quatrième tome d’Alyssa, une belle série jeunesse Soleil, mettant en scène une petite fille au quotient intellectuel de 160 qui essaie de vivre le plus simplement du monde au collège au milieu des autres élèves en cachant sa précocité.

Les trois premiers tomes : Malgré ses deux ans d’avance sur ses camarades de classe, Alyssa ne souhaite pas dévoiler son secret : c’est un petit génie de 160 de QI. Alors que dans le premier volume, elle se sentait trop seule et voulait absolument se faire des amies, dans le troisième opus, son secret risque d’être découvert lors du voyage à Londres.

Le quatrième volume : Le grand secret d’Alyssa est découvert ! Nadia et Mel lui en veulent à mort. C’est compliqué pour la jeune fille qui doit enfin assumer son intelligence et sa précocité.

Le voyage scolaire à Londres et le dévoilement de la vérité ont permis de redonner un souffle à cette petite série jeunesse plutôt sympathique. En effet, 4 albums en très peu de temps, il est délicat de faire rire si on ne se renouvelle pas. Comment faire sourire les jeunes lecteurs avec une petite fille surdouée ? En la confrontant à la vraie vie, avec d’autres adolescentes et même avec l’amour. D’ailleurs, les situations cocasses et le décalage fonctionnent plutôt bien. Les gags en une planche forment un histoire complète et cela est très agréable. Rafraichissant, joyeux et enthousiasmant, ce petit album plait tout de suite. Il faut néanmoins lire les 3 premiers volumes pour comprendre la psychologie de Alyssa. Entre la première publication et celle-ci, la petite fille a bien grandi, plus mature et vraie adolescente et c’est ce qui plait aussi dans le récit de Isabelle Bauthian (auteure de Versipelle)

Le trait soigné de Rebecca Morse est toujours aussi efficace. Les belles planches de l’auteure de Yessika Voyance (avec la même scénariste, Drugstore) sont équilibrées et son découpage dynamique.

  • Alyssa, tome 4 : Science et conscience
  • Scénariste : Isabelle Bauthian
  • Dessinatrice : Rebecca Morse
  • Editeur : Soleil
  • Prix : 10.95€
  • Parution : 21 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Grillée ! Alyssa ne vit plus dans le secret, elle a admis son intelligence devant le beau Damien, et tout le monde a entendu ! Comment, maintenant, affronter le regard des autres ? Et, surtout, comment vivre enfin en assumant qui on est ? Avec cette rentrée des classes, une page se tourne : des amitiés inattendues se créent, et Alyssa découvre les frayeurs et les joies inhérentes à sa nouvelle maturité.

Mbote Kinshasa

Notre avis : Survivre par la débrouille à Kinshasa pourrait être le sous-titre de Mbote Kinshasa, petit album sympathique et rafraichissant de Sébastien Maître et Kash à La Boîte à Bulles.

République du Congo, Kinshasa. Samuel, petit garçon de 10 ans, se réveille plein d’entrain. Il commence sa journée par aller chercher de l’eau à la fontaine de son quartier. Si ses parents ne sont pas riches, il fréquente une école plutôt aisée malgré les frais de scolarité élevés. Il se fait refouler de l’établissement car ses chaussures sont trouées. Mais comment trouver de l’argent pour en acheter des neuves quand sa mère est femme au foyer et que son père se lance dans son nouveau travail de taxi ? Si ce n’est pas simple, cela n’altère pas l’enthousiasme du jeune garçon…

Scénariste, Sébastien Maître adapte son propre court métrage Debout Kinshasa en bande dessinée. Ayant vécu plusieurs années en République du Congo, il connait bien la vie et le Système D pour survivre comme le fameux Article 15, une expression pour désigner la débrouille. En proposant de suivre les pas de Samuel, jeune congolais, il permet aux plus jeunes lecteurs de découvrir un mode de vie différent du notre et d’imaginer une histoire pour toute la famille.

A la fois naïf et ingénieux, le jeune garçon représente assez bien la jeunesse de la capitale. Plein de vie et de ressources, il réussit tout ce qu’il entreprend malgré les nombreux obstacles qui se dressent devant lui.

Pour mettre en image ce récit, Sébastien Maître a fait appel à Kash, l’un des auteurs les plus populaires du Congo. Son trait semi-réaliste humoristique convient parfaitement pour restituer l’ambiance joyeuse malgré les difficultés économique du pays.

  • Mbote Kinshasa
  • Scénariste : Sébastien Maître
  • Dessinateur : Kash
  • Editeur : La Boîte à Bulles & La Ruche Production
  • Prix : 14€
  • Parution : 14 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Synonyme de débrouille, combine et stratagème, « l’article 15 » est une maxime célèbre à Kinshasa, mise tous les jours en pratique par les Congolais. Lorsque Samuel, 10 ans, se voit refuser l’entrée de son école pour cause de chaussures trouées, il n’a pas d’autre choix que de faire marcher son imagination. Ni sa mère ni son père ne peuvent lui donner d’argent, leurs économies ayant été dévorées par la Scarlett, taxi acquis par son père afin de devenir son propre patron. Et mendier pour des chaussures à 15 $, n’est clairement pas une option envisageable pour ce gamin débrouillard et ambitieux ! Alors recours à l’Article 15 ! Et pour réunir la somme dont il a besoin, Samuel a plus d’un tour dans son sac, tous plus ingénieux les uns que les autres. À l’opposé de son père qui va de déboires en déboires avec sa Scarlett… Une comédie en hommage à la vitalité et à l’optimisme des Congolais !

A l’assaut du roi, volume 1

Notre avis : Réaliser un manga sur le thème des échecs et qui soit intéressant , n’était pas une mince affaire. Pourtant Minori Kiguchi et Takahiro Wakamatsu parviennent à accrocher le lecteur dans A l’assaut du roi chez Kana.

Ippei est un garçon de CE2, bon camarade, agréable et amusant. Un jour, Hime, une nouvelle élève, arrive en classe. Cette jeune fille mystérieuse, plutôt solitaire, atteinte d’une maladie, vient d’emménager en ville avec son père.

Elle aime passer ses moments de récréation seule à jouer à un jeu plutôt méconnu au Japon : les échecs. Ippei décide alors d’apprendre à y jouer afin qu’elle ne s’ennuie pas. Rapidement, cette activité plait au garçon mais Hime, de nouveau, doit déménager. Son ami lui promet de se perfectionner et sur le ponton, il reçoit son échiquier en cadeau. Avec beaucoup de joie et d’envie, le garçon demande à ses grands-parents qui l’élèvent de l’inscrire à un stage d’échecs en ville…

Plein de charme, enthousiasmant et rafraichissant, A l’assaut du roi plait tout de suite. Il faut dire que la tache était ardue d’imaginer un manga sur les échecs, jeu peu glamour et peu vendeur. Pourtant l’esthétisme des pièces, la stratégie et le rapport de Ippei par rapport à cette activité accrochent le lecteur.

En pimentant son récit d’éléments annexes forts, Minori Kiguchi réussit son entreprise : Hime est malade, maladroite, change souvent de maison d’où sa grande solitude, tandis que Ippei est élevé par ses grands-parents et l’on ne sait pas trop pourquoi. Son dynamisme, son envie d’apprendre, de se dépasser et sa naïveté font de ce personnage quelqu’un d’extrêmement attachant. De plus, l’entrée en compétition et la rivalité entre Ren et le héros ouvrent des portes intéressantes pour la suite du manga.

Takahiro Wakamatsu fait parfaitement le travail. Son trait humoristique parsemé de personnages kawaï apporte aussi son lot de fraicheur.

  • A l’assaut du roi, volume 1
  • Scénariste : Minori Kiguchi
  • Dessinateur : Takahiro Wakamatsu
  • Editeur : Kana
  • Prix : 5.45€
  • Parution : 26 août 2016

Résumé de l’éditeur : Ippei est un jeune garçon plein de vie. Hime, une camarade de classe, lui fait découvrir les échecs. Sur le plateau, Ippei semble entrevoir un monde fantastique où le cavalier, le fou, le roi… sont ses alliés ! Quand Hime déménage, Ippei promet de l’affronter en tournoi. Son nouvel objectif est de devenir « grand maître » !

Chaval au sommet

Notre avis : Le Cherche Midi éditeur poursuit son travail de mémoire autour de l’œuvre de Chaval avec un sixième ouvrage Chaval au sommet.

Né dans un famille bourgeoise de Bordeaux en 1915, Yvan Le Louarn dit Chaval poursuit des études à l’Ecole des Beaux-Arts de la ville puis à Paris. Il pratique la gravure et s’installe dans la capitale après qu’un éditeur lui demande d’illustrer des ouvrages.

Il publie des dessins humoristiques et travaille aussi dans la publicité. Il réalise des dessins pour Le progrès, alors journal collaborationniste en 1942, ce qui lui vaut un procès moral. Il déclarera plus tard dans Les entretiens avec Chaval qu’il avait eu «mentalement un côté collabo».

Au sommet de son art dans les années 50-60, il connait enfin la notoriété par ses nombreux dessins parus dans la presse où il utilise à merveille calembours et jeux de mots. Il se suicide en 1968, triste après la mort de sa femme.

Pour Chaval au sommet et à travers 128 pages, le lecteur découvre des illustrations simples qui n’ont pas pris une ride car intemporelles : sport, culture, art, animaux, corrida, vieux lion, cirque, personnes à secourir, l’Italie, médecine, anges & religion. Tous prêtes à sourire car d’une belle intelligence. Il faut dire que son dessin fait d’une simple trait est très lisible, sans fioriture pour aller à l’essentiel.

  • Chaval au sommet
  • Auteur : Chaval
  • Editeur : Cherche Midi éditeur
  • Prix : 18€
  • Parution : 08 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Chaval, Yvan Le Louarn, est, avec Bosc, Mose, Maurice Henry, un des pères de l’humour moderne. Une référence pour des générations de dessinateurs, Cabu, Reiser, Gébé, Wolinski, à qui il a montré la voie d’un humour absurde et décalé. On retrouve dans cet album un choix de ses meilleurs dessins publiés dans Paris Match, Le Figaro Littéraire, Le Nouvel Observateur, des chef-d’oeuvres qui sont devenus de grands classiques du dessin d’humour mais que l’on a toujours plaisir à redécouvrir ou à découvrir. C’est le sixième livre de Chaval publié au cherche midi.

Food wars, l’étoile

Notre avis : Shinomiya, un personnage de la célèbre série Food Wars, voit Michiko Ito et Taiki Akitoki lui imaginer une aventure à Paris dans le spin-off one shot Food Wars l’étoile.

Shinomiya Kojiro, tout juste 18 ans, vient d’obtenir le diplôme tant convoité et délicat à obtenir de l’Académie Totsuki. Mais le jeune adolescent spécialiste de la cuisine autour des légumes n’a qu’un rêve : ouvrir un restaurant à Paris sur la plus belle avenue du monde, Les Champs Elysées. Il quitte alors le Japon pour la France.

Mais dès son arrivée, tout ne se passe pas comme prévu. Il faut dire que « Le magicien des légumes » n’est pas un garçon facile d’accès, imbu de sa personne et très cassant. Sûr de lui et de sa cuisine, il pense qu’avec sa virtuosité, son Prix Pluspol et son passé de chef du Shino’s tout le monde va le vénérer et les portes s’ouvrir devant lui. Pas de chance, les refus se multiplient…

Prépublié en ligne sur Shônen Jump+ des éditions Shûeisha au Japon en 2015, Food Wars l’étoile est un très bon manga. Il faut dire que l’univers de la série-mère Food wars est un véritable succès dans son pays mais aussi en France (signée Yuto Tsukuda et Shun Saeki, adaptée en série TV diffusée sur J-One, 2 400 000 exemplaires vendus).

Shinomiya est l’un des personnages les plus apprécié de la série et il était logique de lui consacrer un manga à lui tout seul. Ainsi le lecteur découvre son passé à l’Académie Totsuki mais aussi son présent. Ce jeune homme apparut pour la première fois dans Food Wars lors de l’épisode du camp d’entraînement où il fut recruté en tant qu’instructeur.

Les ressorts – même s’ils sont classiques – fonctionnent à merveille dans Food Wars l’étoile. L’humour y est très présent, la tension forte lorsque le personnage principal doit cuisiner, telles les ficelles d’un polar. Il faut dire que Shinomiya se prête bien à ce style d’album, sa forte personnalité l’y aidant.

  • Food Wars, l’étoile
  • Scénariste : Michiko Ito
  • Dessinateur : Taiki Akitoki
  • Editeur : Delcourt-Tonkam, collection Shônen
  • Prix : 6.99€
  • Parution : 14 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Après son examen de fin d’étude et le diplôme de l’académie Totsuki en poche, Shinomiya Kojiro, 18 ans, quitte son Japon natal pour Paris. Son but : ouvrir à terme un restaurant sur les Champs-Élysées. Mais dès son arrivée, les choses ne se passent pas comme prévu. Entre refus et mauvais coups, ses premiers essais dans la restauration vont s’avérer très compliqués.

Fin de la parenthèse

Notre avis : Après Tu n’as rien à craindre de moi – publié en avril 2016 – Joann Sfar propose Fin de la parenthèse aux éditions Rue de Sèvres.

Alors qu’il était en couple avec Lorelei Van Darc dans l’ouvrage précédent, le lecteur retrouve Seabearstein en exil dans une île paradisiaque du Pacifique. Il décide de laisser sa petite amie et de rentrer à Paris. Artiste maudit et mal aimé, il voue un culte à Salvador Dali. Alors que l’obscurantisme religieux plane sur la France, il a une riche idée : faire revivre le peintre. Farida, une mannequin, vient de lui présenter Dali dans un sarcophage, cryogénisé. Il le sait Dali sera le Messie.

Seabearstein convoque alors 4 top modèles avec lesquels il s’enferme dans un château pendant de nombreux jours. Il veut retrouver le souffle du maître du surréalisme…

A travers Fin de la parenthèse, Joann Sfar s’essaie à une réflexion sur l’Art, la peinture et la bande dessinée; tente de comprendre les connexions entre eux et réussit ainsi à trouver une filiation entre ces deux derniers arts. Pour cela, il convoque Dali mais aussi des muses qu’il a soigneusement choisies (les castings des 4 déesses sont sympathiques). Ainsi, il met en scène sa propre vision des œuvres du peintre espagnol et cela est plutôt réussi.

Parfois un peu confus dans son approche narrative, le point positif de Fin de la parenthèse est la volonté du personnage principal a lutté contre toutes les formes d’oppression et plus particulièrement celle de la religion (une thématique qui résonne beaucoup actuellement). Ainsi il oppose avec beaucoup d’intelligence l’Art à la Religion, la première étant l’un des remparts contre toutes dérives de la seconde.

*A noter qu’une exposition de planches originales de cet album se déroule du 9 septembre au 31 mars 2017 à l’Espace Dali (11 rue Poulbot, Paris, 18e) et intitulée Joann Sfar – Salvador Dali, une seconde avant l’éveil.

  • Fin de la parenthèse
  • Auteur : Joann Sfar
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 20€
  • Parution : 14 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Seabearstein met fin à son exil d’artiste maudit pour participer à une expérience artistique hors normes. L’art étant à ses yeux la seule issue possible pour une société en prise avec un obscurantisme croissant, le peintre est chargé de réveiller le seul prophète non-religieux possible, qui n’est autre que Salvador Dali, maintenu cryogénisé à Paris. Il devra pour cela invoquer son esprit grâce aux mises en scènes de quatre modèles de haute couture qui recomposent des tableaux de Dali. Coupés de toute communication avec le monde extérieur, ils embarquent pour un trip mystique et philosophique totalement inédit. Sauront-ils faire renaître l’esprit du peintre surréaliste ? Et s’ils y parviennent, que pourront la culture, la connaissance et l’amour dans un monde chahuté ? Questions d’autant plus fondamentales que notre héros sera, à l’issue de cette parenthèse, confronté à une réalité violente.

Doggybags #12

Notre avis : Atsushi Kaneko, Elsa Bordier, Run, Sourya et Singelin sont au sommaire du nouveau Doggybags de ce mois de septembre. Après l’Horreur, la revue pilotée par le Label 619 des éditions Ankama dévoile trois histoires spéciales Japon.

  • Shiganai. Mei, jeune adolescente japonaise est mal dans sa peau. Il faut dire qu’elle n’est pas bien traitée ni par ses parents ni par les autres filles du lycée et les garçons ne la voient même pas. Pour s’intégrer à un groupe de filles populaires, elle accepte d’entrer dans le cimetière de la ville…

Le texte proposé par Elsa Bordier est excellent. Même si le mal-être des lycéens et les humiliations sont courantes dans les mangas, celui-ci met en scène le basculement de l’héroïne dans l’horreur et le crime telle l’excellente série Revenge classroom (Doki Doki). Son récit est admirablement mis en image par Souraya (dessinatrice de Freaks’ Squeele Rouge). Son trait délicat et chaleureux tranche avec le propos acerbe de l’histoire.

  • The man from Paris. Un français est missionné par un recruteuse nommée Madame pour éliminer un homme au Japon. Mais l’information de sa venue a fuité et un groupe de tueurs l’attend au tournant. Capturé, il n’arrive pas à joindre la femme qui l’a embauché…

Avec son style caractéristique, Atsushi Kaneko envoute de nouveau son lectorat, entrevu dans l’excellent Wet moon (Casterman). Il dévoile un polar très noir, fort, audacieux et intelligent. Si l’histoire est formidable que dire du dessin si ce n’est excellent. Chaque page est un régal pour les yeux. Pour renforcer sa partie graphique, il décale le noir et blanc de la couleur.

  • Samouraï. Un samouraï veut impressionner son chef en récupérant la tête d’un de ses adversaires. Pourtant tout ne se déroule pas comme il le voudrait.

L’honneur et le code des samouraïs sont au cœur de cette histoire courte de Run et de Singelin. Le lecteur est tout de suite plongé dans une scène de combat et le récit se termine par un très bon rebondissement. Run est accompagné au dessin par Guillaume Singelin qui dévoile des planches loin de ces productions précédentes (Junky, The grocery). Son traitement graphique aux feutres lui permet de mettre beaucoup de mouvements dans le récit.

  • Doggybags, volume 12
  • Auteurs : Collectif
  • Editeur : Ankama, label 619
  • Prix : 13.90€
  • Parution : 30 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : 3 histoires, 3 tueries ! Une histoire scénarisée par Run, l’auteur de Mutafukaz. Une histoire écrite et dessinée par Atsushi Kaneko, l’auteur de la série manga à succès Soil.

Carnet sauvage

Notre avis : Après Le souffle du vent dans les pins, les éditions Mosquito publient un recueil d’illustrations de Zao Dao, Carnet sauvage.

Comme elle l’explique au début de ce magnifique album, elle a rassemblé des dessins réalisés à main levé dans ses moments de détente qui lui permet de se constituer une banque de souvenirs.

Elle poursuit en expliquant l’origine de son nom qui signifie Riz précoce elle qui est née dans un région agricole de la Chine. Elle a donc passé son enfance au contact de la nature et des animaux. Ses aquarelles et ses feutres lui permettent de réaliser des portraits forts aux yeux très expressifs mais aussi des personnages en pied aux costumes étonnants.

Une partie du recueil met en lumière ses recherches sur le fantastique (les contes et légendes sont très importantes en Chine) et l’on retrouve ainsi des créatures fabuleuses, des animaux anthropomorphes ainsi que des planches d’insectes en gros plan.

Carnet sauvage se termine sur des scènes en pleine-page ou sur double-page souvent au cœur de la nature, les éléments naturels déchaînés. Les personnages semblant tout petits face à la grandeur de la nature.

  • Carnet sauvage
  • Auteur : Zao Dao
  • Editeur : Mosquito
  • Prix : 20€
  • Parution : 19 août 2016

Résumé de l’éditeur : La jeune Zao Dao ouvre ses carnets de dessins réalisés au jour le jour et nous éblouit par son talent d’aquarelliste, sa façon légère et virtuose de passer d’un style à l’autre en toute spontanéité. Dans ces carnets, il y a en germe les futures bandes dessinées de l’artiste.

Mes cop’s, tome 6 : Plus cop’s que nature

Notre avis : Obligée de passer ses vacances chez sa tante, Jessica va découvrir les joies de la ferme. Plus cop’s que nature est le sixième volet des aventures de Mes cop’s une série de Cazenove et Fenech aux éditions Bamboo.

L’album suit les pas de Jessica, une adolescente qui a quelques copines avec qui elle partage ses joies, ses pleurs, ses envies et ses doutes; le tout avec beaucoup d’humour.

Alors que son père a été licencié de son travail et que sa mère est au bord du burn-out, elle doit aller passer trois semaines de ses vacances chez sa tante et sa cousine, Ilona. En effet, ses parents ont décidé d’écrire une nouvelle page dans leur vie en ouvrant une supérette et pour cela ils ont besoin de ce temps pour suivre une formation de cinq semaines à l’autre bout de la France.

Seulement, la jeune lycéenne arrive à la campagne et cela n’a pas l’air de l’enchanter, elle, la vraie citadine. Si les débuts sont délicats, les deux adolescentes découvrent qu’elles ont beaucoup de points en commun.

Après Le livre de Piik, Les petits mythos, Les sisters, Les gendarmes ou Les pompiers, Christophe Cazenove apporte son humour sur la série Mes Cop’s, ciblée pour les jeunes lectrices (8/12 ans) qui se reconnaîtront dans les déboires et la folie-douce de Jessica et de ses amies. S’il dévoile les gags en une planche, cela forme au final une histoire à suivre. Pour donner un second souffle à Mes cop’s, il imagine son héroïne loin de chez elle et de ses marques, à la campagne. Vous l’aurez compris, les mini-récits et leur humour reposent avant tout sur l’opposition ville/campagne. Sans être novateur ni révolutionnaire, il réussit néanmoins à captiver son lectorat. C’est bon enfant, dans la lignée de ses autres séries jeunesse.

Il est accompagné de Philippe Fenech (illustrateur dans Lanfeust Mag, auteur de Tuff et Koala, Léo ou Passion Rugby). Ayant remporté le concours organisé par Bamboo à l’occasion des 10 ans de carrière de Cazenove et devient ainsi le dessinateur de Mes cop’s. Son trait semi-réaliste humoristique est idéal pour restituer l’ambiance joyeuse de la série.

  • Mes cop’s, tome 6 : Plus cop’s que nature
  • Scénariste : Christophe Cazenove
  • Dessinateur : Philippe Fenech
  • Editeur : Bamboo
  • Prix : 10.60€
  • Parution : 28 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Jessica va passer les trois premières semaines des grandes vacances dans la ferme de sa tante et de sa cousine. Ce qui veut dire loin de ses cop’s, et même très très loin de ses meilleures cop’s ! Voici l’occasion pour Jessica de faire le point sur ces questions qu’elle ne s’était encore jamais posée : peut-on être cop’ avec une cousine que l’on déteste ? Comment fait-on pour se trouver de nouvelles amies ? Est-ce que c’est poli de piquer celles de sa cousine ? Et la plus importante d’entre toutes : quand est-ce que je vais revoir mes cop’s ?

Ninn, tome 2

Notre avis : Il y a tout juste un an, Jean-Michel Darlot et Johan Pilet utilisaient la bande dessinée pour raconter l’histoire fantastique de Ninn, jeune adolescente amoureuse du métro de Paris. Les grands lointains, le volume 2 de cette belle série jeunesse fantastique est dévoilé ce mois-ci.

Chad, Ulrika et Ninn, trois amis collégiens, empruntent le métro parisien pour rentrer chez eux. S’arrêtant à la station Chatelet, cette dernière, skate aux pieds, rejoint Mathéo et Omar, ses deux tontons qui l’ont recueilli enfant dans une des rames du métro. Les deux hommes travaillent eux-même sur les lignes. Tout le quotidien des trois tournent autour de ces lieux souterrains, la vie de la jeune fille est d’ailleurs rythmée par cela. Ils habitent dans un des lieux désaffectés du métro.

Résumé de l’éditeur du tome 2 : La petite fille du métro parisien. Les quais du métro Abbesses fleurissent d’avis de recherche : Ninn a disparu ! Si pour la police il est trop tôt pour s’inquiéter, pour Chad et Ulrika, ses deux meilleurs amis, il n’y a pas de temps à perdre : Ninn est en danger ! La jeune adolescente ayant évoqué son projet d’explorer les tunnels du métro, c’est en sous-sol qu’ils vont tenter de retrouver sa trace… Tout au bout de la ligne noire, perchée sur son tigre qui lui sert de guide, Ninn a rejoint les grands lointains : un monde parallèle censé lui fournir toutes les réponses sur ses origines. Si à première vue, il a toutes les apparences d’un monde merveilleux, le comité d’accueil l’est beaucoup moins. Géants de pierre et idées sombres entendent protéger les lieux de toute intrusion…

Après avoir travaillé sur Barzoon circus (Glénat), Jean-Michel Darlot et Johan Pilet dévoilent une excellente série jeunesse avec Ninn. De l’entrain, de la joie, une pincée d’humour, de l’action, du suspense et beaucoup de fantastique, voilà la recette du succès de ce bel univers édité par Kennes.

Le scénariste imagine la destinée de Ninn comme un conte qui ne sera pas un conte de fée. Recueillie par deux papas, dans une famille très moderne (ça fait un bien fou comme dans la série Hector de Régis Donsimoni et Marc Dubuisson), il ne lui épargne rien : les non-dits sur son passé, des rencontres avec des personnages étonnants et mystérieux (le vieux chasseur de papillons) et fait glisser son récit vers le fantastique vers la fin du premier tome. Ainsi, elle acquiert un tigre blanc en origami qui se transforme en être réel qui deviendra son compagnon et avec lequel elle défiera des zombies.

Cette belle quête initiatique est merveilleusement mise en image par Johan Pilet dans un style graphique aux confluences du manga et des BD européennes. Singulier mais très moderne, son trait lui permet de proposer des planches efficaces et lisibles. Son traitement des couleurs lui permet d’imprimer un léger voile bien senti sur ses cases.

Ninn : une belle série fantastique jeunesse qui mériterait d’être connue du grand public !

  • Ninn, tome 2 : Les grands lointains
  • Scénariste : Jean-Michel Darlot
  • Dessinateur : Johan Pilet
  • Editeur : Kennes
  • Prix : 14.90€
  • Parution : 21 septembre 2016