Omar le navigateur

Nouvelle venue dans le monde du 9e art, la maison d’édition Les aventuriers de l’étrange propose sa première publication Omar le navigateur, une belle histoire maritime de Pedro Rodriguez.

1653, en Crète. Omar et Andreas, deux amis, semblent loin de l’agitation de ce monde qui évolue. La mer Méditerranée est infestée de pirates en tout genre.

A peine échappés d’un traquenard d’autres enfants, ils se retrouvent face à une épave de bateau. Ils en remontent un casque et un parchemin. Tout de suite, ils pensent à une carte au trésor. Ils la déchirent et en gardent chacun un morceau…

Publié en 2005 par Ariadna Editorial en Espagne, Omar le navigateur est une très jolie aventure historique de Pedro Rodriguez. Pirate, trésor, complot, kidnapping et Ottomans sont au cœur de ce beau récit d’amitié. La Crète est depuis peu (1646) sous le joug de l’Empire Ottoman.

Simple mais redoutablement efficace, cette histoire pour les enfants à partir de 10 ans accroche le lecteur par des actions qui s’enchaînent. La mer omniprésente est magnifiquement mis en image par l’auteur espagnol.

Les aventuriers de l’étrange débutent bien son aventure éditoriale par un très bon premier album. Nous souhaitons bienvenue à cette nouvelle structure dans le monde de la bande dessinée. Bon vent !

  • Omar le navigateur
  • Auteur : Pedro Rodriguez
  • Editeur : Les Aventuriers de l’étrange
  • Parution : 08 mars 2018
  • Prix : 14.50€
  • ISBN : 9782369742739

Résumé de l’éditeur : Au XVIIème siècle, la Méditerranée a perdu de son éclat économique. De sa splendeur ancienne, cette mer a, à peine, conservé son pouvoir de fascination sur les marins en tout genre. Entre aventures et légendes folkloriques, Pedro Rodriguez, auteur enchanteur des aventures du jeune Jules Verne, Macabre et Les lutins et le Cordonnier, nous conte avec délicatesse la mythique recherche de la fontaine de jouvence. Cependant, le sujet profond n’est pas la quête de la jeunesse éternelle. Omar, le Navigateur raconte l’histoire d’amitié d’Omar et Andréas. Après une longue séparation, les deux compagnons d’enfance se retrouveront. Devenus adultes, ils découvriront que le temps a érodé le lien qui les unissaient, jadis.

Eclat(s) d’âme, volume 1

Un lycéen au bord du suicide est sauvé grâce à une résidence associative, un lieu de parole. Yuhki Kamatani dévoile le premier volet d’Eclat(s) d’âme, un très beau manga sur l’homosexualité et l’acceptation de soi aux éditions Akata.

Lycéen japonais, Tasuku ne sait plus où il se mettre : un camarade de classe découvre qu’il a regardé un vidéo porno gay. Pour ne pas « passer pour un PD » aux yeux des autres, l’adolescent fait croire que c’est son frère qui lui a envoyé pour une blague.

Sous la chaleur d’un début d’été, Tasuku court pour oublier et se retrouve en haut d’un pont prêt à sauter. Il voit alors une femme voulant faire le même geste désespéré un peu plus loin. Il s’arrête et tente de lui porter secours mais elle a disparu ! Il se retrouve alors devant une maison où sur la porte est écrit « Ouvert à tous ». Il retrouve la jeune femme appelée Notre hôte dans le salon de discussion…

Après la formidable série Le mari de mon frère de Gengoroh Tagame, les éditions Akata poursuivent leur travail militant autour de la thématique LGBT à travers l’excellent premier volume de Eclat(s) d’âme. Loin de l’univers du premier, Yuhki Kamatani dévoile une très belle histoire douce et mélancolique aux accents fantastiques. Sans jamais chercher à juger les personnes qui poussent la porte de cette maison, les accueillants sont réconfortants pour Tasuku. Qui sont-ils ? Pourquoi ce lieu est-il si important ? Qui est vraiment l’hôte, cette femme mystérieuse ?

Long cheminement, discussions bienveillantes, apprentissage de son moi, acceptation de sa différence et trouver sa place dans la société sont les thématiques fortes au cœur de Eclat(s) d’âme, un manga simple et subtil proche de la poésie.

L’autrice de Nabari réalise des planches chaleureuses et efficaces. Elle met en scène un jeune garçon lambda qu’elle meut dans un quotidien très réaliste. Le mal être de Tasuku à cause de son orientation sexuelle pourra parler à tous les adolescents.

Eclat(s) d’âme : un manga juste, réaliste et bienveillant !

  • Eclat(s) d’âme, volume 1
  • Autrice : Yuhki Kamatani
  • Editeur : Akata
  • Parution : 22 février 2018
  • Prix : 7.95 €
  • ISBN : 9782369742739

Résumé de l’éditeur : « Deux jours avant les vacances d’été… je crois que je suis mort. » C’est ce qu’a pensé Tasuku le jour où un de ses camarades de classe lui a piqué son smartphone, alors qu’il était en train de regarder une vidéo porno gay dessus. La rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre. Tasuku pense alors à se suicider, ne pouvant supporter cette réalité dont il n’avait pas encore complètement conscience lui-même, mais craignant aussi le regard de la société. Pourtant, alors qu’il s’apprête à sauter dans le vide, il aperçoit, au loin, une mystérieuse silhouette de jeune femme qui le devance et… saute dans le vide ?! Intrigué, terrorisé, il s’élance vers l’endroit d’où elle a sauté. Il y découvre, stupéfait, que la jeune femme est encore en vie, et qu’elle est l’hôte d’une sorte de résidence associative, véritable safe space où se réunissent diverses personnes LGBT. De rencontre en rencontre, le jeune lycéen va apprendre à se connaître, à s’accepter, et trouver sa place dans le monde.

La porte

La belle histoire d’amour entre O-Yone et Sôsuke est scellée par un secret. Leur romance est mise en scène dans La porte, une adaptation en manga du roman de Sôseki par Inoue Daisuke aux éditions Philippe Picquier.

Japon, début du XXe siècle. Sôsuke et O-Yone filent le parfait amour. Sans enfant, ils vivent paisiblement dans une très belle maison. Malgré une belle idylle, ils ont enfoui au plus profond de leur être un secret passé qui les lie encore plus fortement.

Le frère de Sôsuke, Koroku doit vivre chez les Saeki, son oncle et sa tante depuis que son père est décédé. Ce dernier a laissé un forte somme d’argent pour que le benjamin de la famille puisse effectuer des études et indemniser les Saeki. Mais l’oncle a déjà quasiment dilapidé l’argent alors que le jeune garçon commence tout juste ses études…

Après Petites coupures à Shioguni de Florent Chavouet et Pays de neige de Utsugi Sakuko, les éditions Philippe Picquier poursuivent leur petit chemin dans la bande dessinée – elles publient peu – avec La porte. Ce très beau manga de Inoue Daisuke est une adaptation du roman éponyme à succès de Sôseki.

Cette belle histoire d’amour est couplée avec un lourd secret et des relations familiales délicates qui font de ce manga, un récit extrêmement prenant.

Léger dans le ton (jamais aucun éclat de voix malgré les difficultés) et agréable dans sa partie graphique, La porte possède ce charme qui tient le lecteur en haleine.

L’ambiance doucereuse du Japon du XXe siècle est magnifiquement restituée par Inoue Daisuke. Il faut souligner que Natsume Sôseki (1867-1916) fut l’un des plus grands écrivains de l’Ere Meiji (1868-1912) et qu’il dépeint avec justesse son environnement contemporain.

Le mangaka né en 1952 fut l’un des assistants de Osamu Tezuka d’où une partie graphique sobre et efficace. Ses personnages sont élégants et chaleureux. Hachures et trames agrémentent ses magnifiques planches.

La porte : un très beau manga porté par une très belle partie graphique et une narration efficace. Un bijou !

  • La porte
  • Auteur : Inoue Daisuke, d’après le roman de Sôseki
  • Editeur : Philippe Picquier
  • Parution : 1er février 2018
  • Prix : 15.50€
  • ISBN : 9782809712759

Résumé de l’éditeur : Sôsuke et O-Yone vivent avec le poids d’un secret qui ombre de mélancolie leur amour tendre et leur jeunesse. L’heure est-elle venue de payer leur dette ? Pour savoir ce qu’il en est vraiment, Sôsuke se retrouve devant la porte d’un temple zen.

Le chemin du couchant

Un petit groupe de rebelles avec à sa tête Louis Riel tente de passer la frontière canadienne. A sa poursuite, Kenneth Keller et ses hommes. Cette folle course-poursuite est dévoilée dans Le chemin du couchant, une belle bande dessinée de François Corteggiani et Sergio Tisselli.

Canada 1885. Kenneth Keller de la police montée a reçu l’ordre d’arrêter Louis Riel et ses hommes avant qu’ils ne passent la frontière américaine. Pour cela, il se rend chez Murray, l’un des meilleurs pisteurs de la région. Mais il ne sera pas apte à partir à cheval puisqu’il n’a plus qu’une seule jambe après avoir été infecté par la gangrène. Il propose alors à Choléna, sa fille, de faire ce travail. Il faut souligner que sa mère était une Nakota…

Le gros point positif de l’album est sans aucun doute la sublime partie graphique de Sergio Tisselli. L’auteur réalise de magnifiques planches à l’aquarelle (un festival de couleurs !) dans la veine des grands dessinateurs italiens comme Hugo Pratt. Né en 1957, il s’est constitué une solide réputation à travers de nombreux ouvrages (dont notamment Prisonnière des Apaches en 2016, Mosquito).

Pour ce très bon western, le lecteur retrouve la patte classique mais efficace de François Corteggiani. Le scénariste français (Bastos et Zakousky, La jeunesse de Blueberry) met en scène une histoire vraie, celle de Kenneth Keller aux trousses de Louis Riel (homme politique canadien, fondateur de la province du Manitoba et éphémère Président du gouvernement provisoire de Saskatchewan). Bien documentée, plutôt bien menée, cette bande dessinée ravira les amoureux des westerns, d’Histoire et de grands espaces canadiens. Combats et complots parsèment Le chemin du couchant, un bon récit à découvrir aux éditions Mosquito.

  • Le chemin du couchant
  • Scénariste : François Corteggiani
  • Dessinateur : Sergio Tisselli
  • Editeur : Mosquito
  • Parution : 02 mars 2018
  • Prix : 14€
  • ISBN : 9782352835011

Résumé de l’éditeur : Canada, le long de la rivière Saskatchewan… 1885… Sergent de la police montée, Kenneth Keller reçoit pour mission après la bataille de Batoche, de poursuivre et d’arrêter avant qu’il ne passe au Etats-Unis, un petit groupe de rebelles qui a réussi à s’échapper après la défaite des métis en révolte menés par leur chef le charismatique Louis Riel.

Canardo, tome 25 : Un con en hiver

Après l’excellent La mort aux yeux verts, la vingt-quatrième enquête de Canardo, Benoit & Hugo Sokal et Pascal Regnauld proposent Un con en hiver, une très belle aventure Casterman.

Jeté en prison, Canardo reçoit la visite d’une mystérieuse femme. A peine son voile enlevé, l’enquêteur reconnait la Duchesse du Belgambourg. Alors que c’est elle qui a envoyé le canard aux fers, elle vient lui demander son aide : son père le duc Léon aurait été enlevé par un groupe de djihadistes.

A bord de la vieille Cadillac de Canardo, ils prennent la route vers la France. Se faisant passer pour un couple qui désire acheter une grande maison où seraient les djihadistes, ils logent à l’hôtel…

Benoit et Hugo Sokal poursuivent l’univers de Canardo et le Belgambourg. Avec une duchesse pas piquée des hannetons cela leur ouvrent un chemin immense des possibles. Toujours aussi bon, leur récit parle d’enlèvement, de djihadisme, de relations géo-politiques et de paradis fiscal (le Belgambourg ressemble au Luxembourg ou au Liechtenstein). Au-delà d’une enquête rondement menée, les Sokal – père et fils – n’oublient pas l’humour qui fait aussi le sel de la série par la personnalité de Canardo et sa verve légendaire, aux situations incongrues mais aussi par le franc-parler de la duchesse.

Pour les accompagner aux dessins, Pascal Regnauld fait de nouveau un excellent travail. Le dessinateur de Trou de mémoire (avec Roger Seiter, deux volumes au Long Bec) réalise de belles planches très efficaces !

  • Canardo, tome 25 : Un con en hiver
  • Scénaristes : Benoît et Hugo Sokal
  • Dessinateur : Pascal Regnauld
  • Editeur : Casterman
  • Parution : 21 février 2018
  • Prix : 11.50€
  • ISBN : 9782203122000

Résumé de l’éditeur : Nouvelle enquête pour le privé palmé !

Maison sans fenêtres

Notre avis : Maison sans fenêtres est un album criant de vérité et plein d’émotions que l’on peut ressentir en dessins mais aussi en vidéos !…

La République Centrafricaine est un pays où les enfants grandissent malheureusement sans enfance. Obligés à travailler dans les mines de diamants, ils sont aussi mal-nourris, pauvres et vivent dans une insécurité constante. Ils n’ont pas non plus la chance d’aller à l’école et le conflit de 2013 n’a pas vraiment arrangé les choses. Si vous êtes surpris de lire ces lignes, c’est bien le problème. Pour les médias internationaux, ce n’est pas assez spectaculaire, ni sensationnel. C’est pourquoi ces auteurs ont souhaité vous montrer la réalité qui persiste encore et encore.

Salué par le prix de la fondation des Nations Unies pour le meilleur reportage sur les missions humanitaires et développement de l’ONU et de ses agences, Maison sans fenêtres est une bande dessinée brillamment réalisée, mais aussi disponible interactivement, par le biais de QR code tout au long de ses pages. Cet album est tout aussi choquant que tristement réel.

Marc Ellison, auteur de Graphic Memories et Art Beyond Border signe avec Didier Kassaï (Tempête sur Bangui, Pousse-Pousse) cet album aux éditions La Boîte à Bulles et coédité par Médecins sans Frontières !

  • Maison sans fenêtres
  • Scénariste : Marc Ellison
  • Dessinateur : Didier Kassaï
  • Editeur : La Boîte à Bulles et Médecins sans Frontières
  • Parution : 7 février 2018
  • Prix : 18€
  • ISBN : 9782849532973

Résumé de l’éditeur : En république centrafricaine, les enfants grandissent dans l’insécurité, la pauvreté, et la malnutrition. Le conflit de 2013 n’a fait qu’exacerber cette situation. Accablés par l’incertitude, ils vivent dans la peur. Dans l’impossibilité de se rendre à l’école, leur enfance est interrompue. Avant même le début de la crise, cette ancienne colonie française était considérée comme le pire pays au monde pour être un enfant.
Pourtant, les médias internationaux restent désespérément muets sur cette tragédie : La République centrafricaine est devenue « une maison sans fenêtres. »
Au travers de dessins, de photos et de vidéos (activées par QR codes), cette BD vous plonge aux côtés des plus démunis de cette « crise oubliée. »
Guidé par l’artiste centrafricain Didier Kassai (Tempête sur Bangui), et le photojournaliste britannique Marc Ellison, partez observer le travail des enfants dans une mine de diamants, découvrir la vie dans un camp de réfugiés, et rencontrer les enfants des rues de Bangui.

Collection Façades : La confiture, Iconodoules & Principes de conservation

Comixtrip aime beaucoup les éditions Polystyrène, cette petite structure qui publie des livres-objets de grande qualité (Thomas et Manon, Polybius). Après Par le petit bout de la lorgnette (Victor Lejeune), Le combientième (Adrien Houillère et Léo Duquesne) et Magpies (Pierre Jeanneau), elle poursuit le développement de sa collection Façades (récits se déroulant à l’intérieur d’habitation) avec 3 nouvelles histoires :

  • La confiture (de Léa German). Pernille habite dans un grand château où la magie est partout. La nuit arrive et la petite fille décide d’aller retrouver Amine le loup-garou et Vladimir le vampire, ses deux amis pour jouer. Elle passe ainsi à côté des différents étages peuplés par des êtres magiques… L’illustratrice dévoile une très belle histoire qui fera plaisir aux plus jeunes lecteurs puisqu’elle met en scène de nombreux personnages du folklore des contes populaires. Les différents lieux du château regorgent de nombreux détails qui apportent de l’humour. Il faut prendre le temps de regarder tous les recoins. Son trait tout en rondeur est chaleureux.
  • Iconodoules (de Wieland Bosma). Dans l’Empire Byzantin, à l’intérieur de leur sanctuaire, des moines s’affairent. Ils ont peur de l’arrivée de Barbares… Comme le désigne le titre de ce 5e Façades, les Iconodoules sont les adorateurs d’images religieuses du 8/9e siècles. Ici, les moines dans leur étrange habitation attendent sereinement l’arrivée de Barbares. Dénotant dans la collection, le récit de Wieland Bosma lui aussi est humoristique par la situation et les dialogues. L’illustrateur dévoile un grande image avec des personnages au trait simple.
  • Principes de conservation ou comment lutter contre la décomposition (de Ludovic Rio). Deux hommes sont au dernier étage d’un immeuble qui semble situé aux Etats-Unis. L’un d’eux énumère les principes de précaution d’un dépliant distribué aux habitants, en descendant les étages; parce qu’une menace rôde… De nouveau, l’histoire dévoilée ici porte un humour subtil et décalé. L’auteur de Lignes noires (avec Adrien Thiot-Rader, Polystyrène) prend le lecteur à revers par une belle surprise sur l’avant dernier volet. Les lignes verticales et horizontales de l’immeuble contrastent avec les courbes des personnages.

Trois nouveaux formidables récits de la Collection Façades !

  • Collection Façades n°4, 5 et 6
  • La confiture de Léa German
  • Iconodoules de Wieland Bosma
  • Principes de conservation de Ludovic Rio
  • Editeur : Polystyrène
  • Parution : 2 mars 2018
  • Prix : 6€ par volume
  • ISBN : 9791090180123

Résumé de l’éditeur : Chaque livre de cette collection est un leporello présentant un bâtiment en vue de coupe.

Sur cette contrainte, les Autrices et Auteurs invité-e-s investissent la forme en l’appropriant à leur narration pour créer un court récit qui sera lu du haut vers le bas. Au fur-et-à-mesure que la collection sera amenée à grandir, le lecteur pourra alors juxtaposer les différents titres de la Collection Façade afin de former une rue habitant une multitude de pratiques de la Bande-dessinée différentes.

 

Fondu au noir

Notre avis :  Automne 1948. C’est là, dans un état qu’on imagine aisément alcoolisé que nous faisons connaissance avec Charlie Parrish, personnage principal de Fondu au noir. Le scénariste de cinéma cuvant dans une baignoire ne se souvient que par bribes  de la soirée qui a occasionnée son état. Rien d’extraordinaire en soi, à la différence près que ce traumatisé de la guerre comprend rapidement que de gros ennuis se profilent pour lui. Il vient de se réveiller chez la star hollywoodienne du moment, Valeria Sommers, et la découvre gisant sur le sol, étranglée. Pris de panique, il s’enfuit de ce qui est potentiellement le lieu du crime. Potentiellement, car Charlie apprendra rapidement que ce meurtre a été maquillé pour devenir officiellement un suicide.

Ainsi, tout au long de ces plus de trois cents planches, Charlie va mener sa propre enquête. Accompagné d’une quinzaine de protagonistes, tous aussi torturés que lui, il va lentement, mais sûrement, plonger dans une ambiance aussi noire que les films du genre de l’époque. Fondu au noir est à l’image du procédé utilisé dans la technique du septième art. Sans cesse, sera donné un indice qui disparaîtra au profit d’un autre… C’est à l’intérieur d’une énorme firme du cinéma hollywoodien (le Victory Street) que seront mis en lumière corruption, violence, sexe, trahisons et manigances. Autant d’éléments qui vont entraîner les personnages dans les méandres d’une époque où tous les coups bas sont légion. Et où il sera bien difficile de trouver la bonne porte de sortie.

Ed Brubaker, Sean Phillips et Elizabeth Breitweiser. Respectivement scénariste, dessinateur et coloriste, ce trinôme est ce qu’on peut appeler une valeur sûre dans le monde du neuvième art. Velvet, Fatale ou le très récent Kill or Be Killed  sont leurs séries communes, synonymes de succès. Avec Fondu au noir, qui devrait être une trilogie, Ed Brubaker prouve, s’il en était encore besoin, cette aisance narrative qui fait de lui un auteur estimé. Avec son acolyte Sean Phillips, il nous entraîne dans un polar à l’air irrespirable qui maintient en haleine jusqu’à la dernière planche. Qu’importe la fin de cette histoire qui pourrait paraître « facile », l’intrigue étant tellement bien ficelée qu’après tout, elle peut tout à fait se conclure par une explication des plus évidentes.

Avec le trait sombre et dynamique du dessinateur, associé à la colorisation parfaite d’Elizabeth Breitweiser, Fondu au noir devient un véritable bijou graphique et scénaristique. On imagine le travail colossal qui a dû être fourni pour restituer cette Amérique de la fin des années quarante baignant dans une traumatisante et longue guerre froide. Rien que pour ça, il ne faut surtout pas passer à côté de cette histoire habitée par des héros attachants parce que tous dotés d’une profonde fragilité.

  • Fondu au noir
  • Scénariste : Ed Brubaker
  • Dessinateur : Sean Phillips
  • Coloriste : Elizabeth Breitweiser
  • Éditeur : Delcourt
  • Prix : 39,95 €
  • Parution : 29 novembre 2017

Résumé de l’éditeur : Un film noir dont les scènes doivent sans cesse être retournées Un scénariste de cinéma traumatisé, alcoolique et détenteur d’un terrible secret La mort suspecte dune starlette Un directeur de studio hystérique prêt à tout pour boucler ses films avant l’effondrement de l’âge d’or du cinéma. «  »Fondu au noir » » est un thriller hollywoodien où il est question de course à la célébrité, de sexe et de mort !

Pirate !

Lorsque l’on est pirate et que l’on a le mal de mer, ce n’est pas le plus simple. Claude Bathany et Marc Lizano dévoilent Pirate !, un très bel album Jeunesse aux éditions Des ronds dans l’o.

Une légende bretonne se transmet de parent à enfant depuis des décennies. Elle concerne Malo, un jeune garçon dont le père est pirate, qui souhaite se glisser dans les pas de son géniteur et ainsi arpenter les mers. Mais il a un sérieux problème : il a le mal de mer ! A peine sur pont d’un navire qu’il vomit !

Acceptant avec amertume son sort, il passe toutes ses après-midis à écouter Loïc – son ami – jouer du biniou. Ces moments sont réconfortants. La musique, dit-il, est certainement la meilleure des choses qu’on avait inventé pour s’évader…

Des ronds dans l’eau, éditeur militant, en plus de publier de belles bandes dessinées (entre autre De rose et de noir, Les contes noirs du chien de la casse ou Jules B.) propose des albums jeunesse de grande qualité (Le renard Tokela, Koko au pays des toutous…). C’est encore le cas avec Pirate !

Claude Bathany imagine une aventure sympathique et amusante. L’auteur rennais met en scène un garçon dont le modèle est un père pirate. Resté à terre à cause de son mal de mer, il aide son oncle qui fabrique des jambes de bois. Musique, navigation et quête d’identité sont au cœur de cette très belle fable pleine d’actions.

Pour accompagner le scénariste, Marc Lizano met en image ce très joli texte pour les enfants à partir de 6 ans. Le dessinateur breton (Paloma, La pension Moreau) dévoile de grande illustrations dans son style si caractéristique (grosses têtes et couleurs éclatantes). Il parsème le récit d’images en bichromie (noir et jaune) à l’aspect vieilli et rétro (comme si elles étaient dessinées sur du carton ondulé) du plus bel effet.

  • Pirate ! Le pirate qui avait le mal de mer
  • Scénariste : Claude Bathany
  • Dessinateur : Marc Lizano
  • Editeur : Des ronds dans l’o
  • Parution : 14 février 2018
  • Prix : 12€
  • ISBN : 9782374180472

Résumé de l’éditeur : Malo rêve de devenir pirate comme son père, hélas il souffre du mal de mer. Incapable de monter sur un navire, il travaille dans la fabrique de jambes de bois de son oncle et joue de la musique avec son ami Loïc. Un vieux pirate, Berni le Borgne, lui conte qu’il existe un moyen radical de guérir du mal de mer mais à condition de ne plus jamais écouter de musique.

Tinta Run : de l’or au bout des doigts

Notre avis : Le manga de Christophe Cointault est une véritable réussite et place la barre très haut pour la série Tinta Run !

Arty est un jeune garçon parmi tant d’autres, plein de rêves et d’espoirs. Une des lois du monde dans lequel il vit, c’est qu’a seize ans, il doit commencer à travailler. Son apprentissage en tant que pâtissier ne se passe pas vraiment comme sa mère l’espérait. Persuadé qu’il peut devenir autre chose, Arty s’entraîne à contrôler la Tinta, une énergie magique qui régit toute loi.

Devant son engouement, sa mère le bride. C’est le père disparu d’Arty qui lui a nourri d’espoirs concernant la Tinta. Elle ne voit pas cela du même œil, et le somme de se cantonner à la pâtisserie. Notre jeune héros va donc devoir éviter sa mère, parcourir le monde sans slip de rechange et affronter de nombreux dangers pour espérer devenir l’un des Tinters !

Tinta Run est un manga fascinant sur l’histoire de ce jeune homme qui ne cherche qu’a accomplir ses rêves de grandeur. Malgré tous les bâtons dans les roues qu’il reçoit, Arty fait preuve d’une immense patience et d’une ferveur digne d’un vrai héros… ou presque !

Christophe Cointault (Central Yuniverse) signe ce manga aux éditions Glénat, éditeur de Black Magick ou encore de Bichon.

  • Tinta Run tome 1
  • Auteur : Christophe Cointault
  • Editeur : Glénat
  • Parution : 7 février 2018
  • Prix : 6,90 €
  • ISBN : 9782344024577

Résumé de l’éditeur :
Premiers jours de pâtisserie pour Arty. La loi de Phinéa exige d’apprendre un vrai métier pour devenir un bon citoyen. Seulement, à 16 ans, le garçon rêve à quelque chose de plus grand. Face à son maître tyrannique, d’étranges et puissantes capacités se font jour. Arty serait-il l’héritier de la Tinta, cette énergie magique qui régit toute loi sur Phinéa ?

Pour percer le secret de ses pouvoirs, le jeune homme devra s’embarquer dans une course éperdue pour sa liberté, affronter de courageux habitants qui n’attaquent qu’en groupe, cavaler sans aucun slip de rechange, s’acoquiner avec une fontaine et réussir à esquiver sa mère.

Deviendra-t-il l’un de ces mythiques Tinters qui font la loi ?

La révolte des Valtis

Notre avis : La Révolte des Valtis est une aventure exaltante d’une jeune ouvrière, sous le joug de terribles envahisseurs, qui décide de prendre son destin en main !

Coline Cavannah ne vit pas des jours faciles depuis 8 ans. Son monde a été envahi par les Dricks, une race tyrannique et étrangère. Les Dricks sont dans son monde pour une raison bien particulière, le Kallium. C’est un minéral qui contient un gaz qui sert de carburant aux vaisseaux des Dricks. Ces derniers se servent de la population locale pour extraire les minéraux qu’ils ont besoin. Coline a perdu tous ses proches et une bonne partie de son manoir familial depuis leur arrivée. Elle se sent seule, révoltée par ces envahisseurs mais ne sachant quoi faire, elle continue à faire profil bas…

Jusqu’au jour où elle retrouve sa nièce qu’elle croyait perdue, Lucie. Voulant tout faire pour la protéger, et lui assurer le meilleur des avenirs, Coline va jusqu’à risquer sa propre vie à la cause des Valtis, une bande rebelle qui cherche à détruire les Dricks. Elle va également pouvoir compter sur un nouvel allié bien inattendu, Jann un membre des Chromats, une autre bande rebelle aux Dricks, mais totalement désintéressé des autres humains…

Entre histoire amoureuse, monde fantastique et résistance à l’oppression, La Révolte des Valtis est un très bel album de Sharon Shinn (auteure de romans tels que Mystic Rider ou Archangel) et Molly Knox Ostertag (The Castoffs, Strong Female Protagonist) aux éditions Rue de Sèvres (éditeur de Infinity 8 et de Jack le téméraire).

  • La révolte des Valtis
  • Scénariste : Sharon Shinn
  • Dessinatrice : Molly Knox Ostertag
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Parution : 14 février 2018
  • Prix : 16 €
  • ISBN : 9782369816072

Résumé de l’éditeur :
Depuis 8 ans, la vie de Coline Cavannah et du peuple auquel elle appartient est dirigée par les Dricks, une race tyrannique et étrangère qui exploite la richesse locale : le kallium, minerai contenant un gaz servant de carburant ainsi que la population locale. Un jour, elle fait la connaissance de Jann, membre des Chromats, l’une des bandes rebelles aux Dricks. Alors que la plupart des membres de sa famille sont morts pendant les combats contre les Dricks, Coline retrouve sa nièce Lucie. En parallèle, elle rejoint la révolte souterraine des Valtis en détournant chaque jour un peu du dangereux minerai. Tandis que des rivalités naissent au sein des Chromats, Coline et Lucie sont prises à partie, heureusement Jann leur vient en aide. Des liens se tissent, des complicités se crééent, doucement, un nouvel esprit de famille né… Dans le chaos de l’assassinat du Chef des Dricks, Jann est arrêté. La rébellion s’organise, pour les Valtis, l’heure de l’offensive a sonné…

Boni, tome 1

Connu des enfants grâce à la série télévisée diffusée sur Télétoon, Boni le lapin mignon fut créé en 2009 par Ian Fortin. Ses aventures humoristiques sont compilées dans un premier album La dernière bouchée de carotte aux éditions Dupuis.

Boni est un lapin sympathique avec un énorme nez qui vit avec ses parents et ses six petits frères. Autour de lui, il y a aussi Grand-Papa, Bruno le costaud pas futé, Mio son pote mais aussi Brigitte. Attachant malgré les bêtises qu’il peut faire, Boni est un lapin espiègle.

Ian Fortin – auteur montréalais né en 1975 – lui a donné vie en 2009. Prépubliées dans le Journal de Spirou, ses aventures humoristiques sont déclinées en gag sur une ou deux planches. Sans cadre de case, elles sont souvent rythmées en strip de trois dessins.

Des jeux sur la plage aux travaux de pelouse en été, en passant par l’achat de ballons gonflables, un business de bisous, Grand-Papa qui somnole, Mio complètement miro qui tente de séduire Brigitte, les bonshommes de neige ou Paulette amoureuse du petit lapin et l’on obtient des mésaventures agréables et souvent drôles.

  • Boni, tome 1 : La dernière bouchée de carotte
  • Auteur : Ian Fortin
  • Editeur : Dupuis
  • Parution : 05 janvier 2018
  • Prix : 9.90€
  • ISBN : 9782800167251

Résumé de l’éditeur : C’est l’histoire d’un gentil lapin entouré de gros méchants. Boni est un gentil petit lapin reconnaissable à ses longues oreilles blanches, son énorme nez rose et ses trois petits cheveux sur la tête. Son enthousiasme et sa bonne volonté en font un personnage très attachant. D’ailleurs, tout irait bien pour lui s’il n’y avait son entourage.