Tour de Force

Notre avis : Les éditions Glénat proposent de nouveau la publication de Frédéric Kinder, Tour de Force qui met en lumière les premiers coureurs du Tour de France.

Parti d’Allemagne le 1er juillet 2017, le Tour de France fascine les foules, les masses sur les bords de la route, faisant de cet événement sportif cycliste le premier au monde. Et cela fait déjà 104 éditions que cela dure et perdure !

Frédéric Kinder se penche sur les premiers Tours, ceux effectués de 1914 et jusque dans les années 1920, ceux des pionniers. Par de courts récits, il parle aux lecteurs de ces fadas de la route et de la Petite Reine. Boyaux sur les épaules, sans réelle assistance et à force de leurs jarrets, ils roulaient et gravissaient les montagnes, souvent pour la première fois. Ils étaient des sortes d’explorateurs et découvreurs. Sur leurs vélos très lourds, ils enchaînaient sans rechigner. Les départs de nuit, les kilomètres avalés (des étapes de 300 km pratiquement tous les jours), des crevaisons à réparer seul, des arrivées très tard, tout cela a fait le charme de la Grande Boucle.

Ces grands coureurs et anonymes ont forgé la légende du Tour. Certains ont même participé de nouveau à l’événement après avoir passé de longues journées dans les tranchées en 14.

Souvent décalées, les histoires font surtout beaucoup sourire le lectorat. Frédéric Kinder rend hommage à ces anti-héros, loin de Christopher Froome ou Romain Bardet, en soulignant leur abnégation et leur dépassement de soi pour rallier les arrivées. C’est léger et c’est agréable à la lecture.

  • Le tour de force
  • Auteur : Frédéric Kinder
  • Editeur : Glénat – Treize étrange
  • Prix : 13.90€
  • Parution : 21 juin 2017
  • ISBN : 9782344022573

Résumé de l’éditeur : Sur la route, le guidon est leur horizon. Guerriers de la route harnachés de boyaux et pédalant sur leurs lourdes et inconfortables machines, les « Forçats de la Route », comme les appelait Albert Londres, sont ces cyclistes des années 1920 qui ont fait du Tour de France un véritable mythe ! Mais derrière les légendes, il y avait des hommes avec leurs forces et leurs faiblesses dont le chemin s’est jalonné d’anecdotes des plus savoureuses. Des trajectoires de vie où la compétition forme le révélateur pas forcément reluisant de l’âme humaine, et que Frédéric Kinder raconte – parfois avec humour, toujours avec tendresse – telles les coulisses non officielles de l’épreuve avec un grand « E. ». Sa ligne claire stylisée et épurée et les perspectives de ses décors évoquant le Van Gogh d’Auvers-sur-Oise sont autant d’atouts qui font de ce Tour de force l’hommage infiniment graphique à un certain âge d’or du cyclisme, dont la présente réédition bénéficie de deux histoires courtes inédites !

Bianca

Notre avis : Bianca est une œuvre majeure de la bande dessinée érotique signée Guido Crepax. Les éditions Delcourt ont décidé de publier en intégrale l’ensemble des histoires du maître italien en un seul volume.

Dans la maison folle, un savant complètement fou et obsédé fait subir de multiple humiliations et sévices sexuelles à Bianca, une très belle jeune femme. Après des jeux érotique sado-masochistes, elle se réveille sans rien reconnaître. Il faut dire qu’un homme et une femme lui ont administré des doses de vaccins, les piqûres formant des nombres précis. Le mobilier est cassé et rassemblé au milieu de la pièce, le frigo laissé à l’abandon et les tableaux arrachés des murs…

La collection Erotix des éditions Delcourt accueille donc Bianca, une des œuvres majeures de Guido Crepax. Il faut souligner que ces histoires datent des années 70 et que c’est la première fois qu’elles sont compilées en intégrale. Prépubliées dans (A suivre), Charlier ou L’écho des savanes, elles sont le summum du talent du maître italien. Elles sont à la fois ancrées dans le réel mais surtout faisant la part belle aux rêves et à l’onirisme de la jeune femme.

Les récits de Bianca reflètent bien la vision de la femme des années 70, les années d’émancipation des corps après mai 68; mais aussi leur représentation dans les albums de bande dessinée de l’époque. Avec grâce et sensibilité, Guido Crepax magnifie leurs formes et leurs silhouettes. Malgré la perversion des jeux sado-maso, le sexe sans retenue, hard et sans fard, l’auteur réussit à nous envouter et nous entrainer dans ces histoires pourtant pornographiques. La tension érotique est bien restituée par un trait en noir et blanc d’une grande force graphique. Il souligne ses pages de références littéraires très poussées.

Bianca : enfin l’œuvre de Crepax en intégrale ! Pour les amateurs de bande dessinée érotique de grande valeur !

  • Bianca
  • Auteur : Guido Crepax
  • Editeur : Delcourt, collection Erotix
  • Prix : 24.95€
  • Parution : 17 mai 2017
  • ISBN : 9782756081762

Résumé de l’éditeur : Suivez Bianca dans ses voyages fantastiques, scabreux, sensuels et oniriques. De la planète Van Diemen à Brobdingnags, d’Houyhnhnm à l’île de Laputa qu’elle parcourt à la manière de Gulliver, ou encore d’Odessa en 1905 jusqu’aux pièces surréalistes d’une maison folle, vous prendrez rapidement conscience que le lieu importe peu. Vous n’aurez d’yeux que pour Bianca la brune.

Les Jumblies

Notre avis : Les éditions Le tripode dévoilent Les Jumblies, un livre illustré autour des textes de Edward Lear et mis en image par Edward Gorey.

Une dizaine de personnes décident de quitter leur pays pour la contrée des Jumblies. Dans un tamis (une passoire) et avec une voile faite dans un foulard, ils voguent malgré les mises en garde et les moqueries de leurs amis restés à terre. Familles et amis pensent qu’ils vont chavirer et se noyer.

Eux sont des aventuriers et tentent de rallier ce pays où vivent d’étranges personnages à la tête vertes et aux mains bleues. Leur voyage n’est pourtant pas de tout repos : l’eau s’invite dans leur frêle esquif mais rien ne les arrêtera dans leur but ultime…

Les Jumblies sont des petits textes écrits et publiés par Edward Lear (1812-1888). ils font œuvre de non-sense et d’onirisme. Pour l’album présenté, le poète anglais narre les aventures rocambolesques d’une bande d’amis un peu lunaires qui décident de partir à la rencontre des Jumblies. A l’époque, les contemporains « surréalistes » de Lear appréciaient au plus haut point ces mini-récits.

Attiré depuis son plus jeune âge par les Jumblies, Edward Gorey (1925-2000) avait une furieuse envie de les mettre en image comme il le confie : «J’ai découvert Les Jumblies grâce mon grand-père quand j’avais 4 ou 5 ans, et cela reste un de mes livres préférés. Quand j’ai su que Lear avait lui-même fait un petit dessin pour accompagner son poème, je me suis dit que je pourrais l’illustrer en entier.» Il réalise alors 20 dessins pour illustrer Jumblies, un album de 30 pages. Son dessin en noir et blanc multiplie les hachures et traits fins pour le plus grand bonheur des lecteurs qui pourraient voir en Nylso (Gros ours et petit lapin) son digne descendant dans la bande dessinée actuelle.

Il y a de la magie, de la folie (comme le veut le texte de Lear) et de la liberté dans les illustrations de Gorey. Un peu à l’image de sa vie romanesque. L’auteur américain a aussi mis en image des recueils de Samuel Beckett, Alphonse Allais ou Charles Cros. Ses albums ont été publiés en France par L’école des loisirs (Sucreries de quat’sous, Gargouilligouilla), Le promeneur (Le buste sans tête, Le grenier pentu…), Attila (Les Histoires de Donald) ou Alto (Total Zoo). Ils font le bonheur des amateurs d’œuvres décalées et farfelues.

  • Les Jumblies
  • Auteur : Edward Gorey d’après le texte de Edward Lear
  • Editeur : Le Tripode
  • Prix : 12€
  • Parution : 08 juin 2017
  • ISBN : 9782370551313

Résumé de l’éditeur : Un conte farfelu et illustré, pour les petits et les grands. Quand le génie d’Edward Gorey rencontre la poésie d’Edward Lear.

Le chasseur de rêves, Haro sur le Tigronimbus !

Notre avis : Le chasseur s’ennuie ferme : il a hâte de repartir à l’aventure. Après un premier très bon volume, Martin Desbat imagine Haro sur le Tigronimbus, nouvel opus de sa série jeunesse Le chasseur de rêves.

C’est la nuit dans la jungle et le Chasseur s’ennuie. Malgré la lecture de ses nombreux ouvrages, il n’arrive pas à dormir et veut partir à la chasse aux dragons. Cela ne plait guère à Sancho, son homme-de-main. Lui n’attend qu’une chose : que son maître s’endorme pour s’occuper des animaux de la cabane. En effet, les trophées du Chasseur sont des faux ! Ce sont de vrais animaux, mais lui ne le sait pas; seul Sancho connait ce secret bien gardé…

Alors que le premier opus de la série mettait en place l’intrigue et les personnages, le deuxième volume fait la part belle aux aventures. Martin Desbat compose son album de courts récits avec le Chasseur et Sancho qui vont se retrouver dans des situations rocambolesques.

Tels Don Quichotte et Sancho Panza, les deux personnages sont embarqués dans les aventures décalées et absurdes. Filiation de Tartarin de Tarascon ou du Baron de Munchaüsen, cet univers riche plaira aux plus jeunes lecteurs. La poésie et l’onirisme sont aussi au cœur de ce deuxième volume. L’on observera un très bel hommage à Pinocchio, Geppeto et Jonas dans le ventre d’un baleine.

La très grande force de Haro sur le Tigronombus réside dans le dessin de Martin Desbat. D’une belle rondeur, le trait à la palette numérique est enchanteur. Il faudra suivre de près les prochaines publications de ce jeune auteur prometteur. Bientôt une grande série ?

  • Le chasseur de rêves, tome 2 : Haro sur le Tigronimbus
  • Auteur : Martin Desbat
  • Editeur : Sarbacane
  • Prix : 12.50€
  • Parution : 07 juin 2017
  • ISBN : 9782848659411

Résumé de l’éditeur : Le chasseur et son fidèle Sancho sont à la recherche de nouveaux exploits de chasse à accomplir ce qui les mène jusqu’aux confins du monde des rêves. En bateau, en armure ou en ballon, ils traquent le kraken dans les glaces des pôles, chevauchent un tigronimbus dans le ciel et piègent des idées noires.

Dresseuses de monstres

Notre avis : Deux jeunes adolescentes vont s’occuper d’un énorme monstre qui se cache dans la forêt à côté de leur nouvelle école. Fantastique et humour sont au cœur du premier volume de Dresseuses de monstres, un manga de Mujirushi Shimazaki.

Jour important pour Ion et Sora : elles entrent en 6e dans un nouveau collège. Cet établissement n’est pourtant pas comme les autres, il accueille un club d’élevage de Kaiju, des monstres imposants !

Après avoir été présentées dans la salle des professeurs, les deux adolescentes se rendent dans la forêt qui jouxte l’école et elles y découvrent un monstre géant. Elles se renseignent sur lui grâce à un livre et tentent de remplir son abreuvoir mais tombent. Elles sont réceptionnées par le Kaiju qui les récupère sur son museau. C’est le début de leur aventure : nettoyage et ballade. Elles découvrent effarées, la vieille ville presque entièrement ravagée et qui sert de lieu de vie des monstres.

Elles prénomment leur nouvel ami : Bleu parce qu’il a des yeux de cette couleur. C’est d’ailleurs la première fois qu’il est baptisé. Grâce à lui, elles visitent aussi le cimetière de cette bêtes fabuleuses et prennent aussi soin d’un petit…

Prépublié par les éditions Hôbunsha à partir de 2015 au Japon, Dresseuses de monstres est un petit manga très réussi. Le récit imaginé par Mujirushi Shimazaki fait donc intervenir de gros lézards patauds, herbivores et complétement inoffensifs. Contrôlés par le chant de leurs soigneuses, ils vivent plutôt en bonne entente avec les humains.

Pour entrer en contact avec eux et incarner au mieux cette histoire, elle imagine deux adolescentes – Ion et Sora – sympathiques élèves, dévouées, charmantes et qui ne font pas de vague (pour l’instant). Les aventures de ses deux jeunes filles avec Bleu sont agréables sans être révolutionnaire.

Ces Kaijus sont apparus en 1999 sur Terre (on ne sait pas exactement pourquoi pour l’instant), sont rassemblés dans un quartier ravagé de la ville et surveillés par des soldats.

Le dessin et plus particulièrement les décors sont très soignés. L’on appréciera aussi les silhouettes des Kaijus (Bleu ou la pieuvre). Tout cela se lit facilement et n’a pas d’autre intention que divertir (série en deux tomes qui sont sortis en même temps).

  • Dresseuses de monstres, volume 1
  • Auteure : Mujirushi Shimazaki
  • Editeur : Komikku
  • Prix : 7.90€
  • Parution : 06 juillet 2017

Résumé de l’éditeur : Cela fait maintenant une vingtaine d’années que des monstres d’origine inconnue, baptisés « Kaiju », sont arrivés sur Terre. Depuis qu’elle a découvert que l’agressivité de ces monstres pouvait être calmée et maîtrisée grâce à la voix de certaines jeunes filles, l’espèce humaine a décidé d’essayer de cohabiter avec eux. L’école pour filles de Tatara propose ainsi comme option d’apprentissage le métier très particulier de « dresseuse » de Kaijus. Ion Hidaka, élève de sixième, a justement choisi de débuter ce cursus peu ordinaire. Élue dès la rentrée comme membre du club d’élevage , elle doit également s’occuper tous les jours du monstre gigantesque qui vit dans la forêt derrière l’établissement. Bienvenue dans une école pas comme les autres !

Lazarus #5

Notre avis : La fin du tome précédent avait laissé notre héroïne dans une bien mauvaise posture. Dans ce nouveau Lazarus, on la retrouve fort logiquement sur une table d’opération, en piteux état, mais vivante. Bien que rapide, sa capacité de régénération ne lui permettra pas d’être sur pied avant deux mois. Il en faudra peut-être moins connaissant la rage et la pugnacité dont fait preuve Eve. Mais cet épisode qu’est Génocide programmé sera surtout l’occasion pour elle de découvrir une donnée importante la concernant. Et qui devrait, vraisemblablement, l’aider à enfin prendre le contrôle, ce qui serait une première pour un Lazare…

Le personnage qui va être au centre de ces nouvelle révélations est Johanna. Désormais Chef de la Famille Carlyle par intérim, bien que l’état de santé de son père évolue favorablement, elle aura fort à faire pour assumer cette fonction. D’abord pour gérer le conflit de guerre l’opposant à la Famille Hock. Elle va montrer tout son intelligence tactique pour déjouer les plans de Jakob Hock, et devra faire face à des choix lourds de conséquences. Mais c’est surtout la régence de sa propre famille qui va lui donner un tout autre visage.

Les derniers épisodes montraient une femme prête à tout pour que son père lui donne l’affection et l’importance qu’elle recherchait auprès de lui. Ses frères ne faisant pas le poids, seul subsistait ce sentiment de jalousie auprès de Forever, laquelle obtenait toutes les louanges de leur paternel. Jusqu’à ce qu’elle sert dans ses bras cette petite fille de onze ans. Y a-t-il eu un effet madeleine de Proust ? Toujours est-il que juste après, ruisselleront quelques larmes le long de ses joues lorsqu’elle verra sa sœur affaiblie et mutilée.

Les intentions de Johanna sont très ambiguës. Le fait est que pour l’instant, elle veut démontrer à son père qu’elle est à même de lui succéder. Mais elle ira jusqu’à prendre des risques pour sa propre vie en dévoilant à sa sœur-Lazare sa véritable origine. Est-ce par stratégie ou par pure sincérité ? Certainement un peu des deux. Une choses est sûre, quelque soit l’issue de leur relation, Forever ne pourra oublier cette confidence, à moins qu’on le lui impose.

Que dire de plus que ce que nous avons déjà évoqué depuis la lecture du premier opus ? Ces épisodes 22 à 26 rassemblés par la collection Glénat Comics offrent de nouveaux rebondissements. Toutes les qualités scénaristiques de Greg Rucka relatées maintes fois par la Rédaction ne faiblissent en aucun cas. Ce cinquième tome de Lazarus, pour l’édition française, continue de nous happer tant par son intrigue que par le rendu graphique.

En effet, Michael Lark est toujours aussi généreux avec toutes ces planches illustrées. On pense notamment à ces deux scènes d’affrontements d’une grande intensité en début et fin d’histoire,  et qui s’ajoutent à celles déjà très marquantes depuis le début de la série. À noter cette évolution dans l’expression faciale des personnages ou cette impression d’avoir enfin des protagonistes montrant leurs émotions.

Lazarus étant aussi passionnant que complexe avec toutes ces Familles qui se partagent le Monde. Nous vous proposons en diaporama deux repères non négligeables. L’un qui présente quelques unes des quinze familles accompagnées de leur Lazare (que l’on peut retrouver au début de Conclave, le troisième tome), et l’autre qui recense les territoires occupés par chacune d’entre elles (et que Glénat aurait pour judicieuse idée de l’intégrer dans une prochaine publication).

  • Lazarus : Tome 5, Génocide Programmé
  • Auteur : Greg Rucka
  • Dessinateur : Michael Lark
  • Coloriste : Santi Arcas
  • Éditeur : Glénat
  • Prix : 15,95 €
  • Parution : 19 avril 2017
  • ISBN978-2-344-02018-0

Résumé de l’éditeur : Quinze familles contrôlent le monde. Ça fait quatorze de trop. Alors qu’elle a pris le contrôle de la Famille depuis la maladie de son père, Johanna Carlyle cherche à contre-attaquer Hock en Amérique du Nord. Il lui manque son arme la plus redoutable, sa s ur, le Lazare de sa famille : Forever. Mais il existe une autre Forever Carlyle. Elle a onze ans et a été fabriquée pour remplacer l ancien modèle. Elle n est pas encore prête. Pire encore, le secret sur son existence a été compromis. Le Lazare Sonja Bittner sait et compte bien remédier au problème. Un génocide est programmé…

Seule contre la loi

Notre avis : Les éditions Long Bec publient en intégrale Seule contre la loi, une histoire d’amour se transformant en polar signé Roger Seiter et Vincent Wagner.

Londres, 1875. Valeria et Eustace sont heureux, ils viennent de se marier. Le couple Woodville pourtant n’est pas très à l’aise : la famille de la mariée et celle du marié ne sont pas pour cette union. D’ailleurs, le jour de la cérémonie, seuls les témoins sont présents.

Il faut souligner que les Woodville n’approuvent pas du tout ce mariage, tandis que la famille de Valeria la met en garde sur la zone d’ombre de son mari. Peu importe les deux tourtereaux sont dans un bonheur total.

Pendant le voyage de noce, Valeria croise la mère de Eustace sur une plage. Celle-ci ne la reconnait pas et semble d’une grande douceur et amabilité. Dès qu’elle apprend qui est la jeune femme, elle change de comportement et devient désagréable. L’épouse tente de percer le mystère qui entoure son époux en lui posant des questions, ainsi qu’à Fitz-David le majordome : en vain. Il aurait utilisé un nom d’emprunt…

Fondé sur le roman de Wilkie Collins daté de 1875, Seule contre la loi est donc une adaptation. Le récit se déroule à l’époque victorienne, ce qui accentue l’ambiance de suspense de l’album. Après le merveilleux Fog avec Cyril Bonin, Roger Seiter se plongeait de nouveau dans cette ère si prestigieuse en Angleterre.

Cette histoire d’amour portant débutait mal – les deux familles des époux ne voulaient en aucun cas cette union – ce qui aurait pu mettre la puce à l’oreille de Valeria. De plus, les rumeurs se faisaient des plus pressantes autour du passé de Eustace. Héroïne d’un grande modernité pour l’époque (il n’y avait guère que des hommes détective comme Sherlock Holmes), la jeune femme sera donc un modèle pour les futures femmes policières dans les romans.

La narration très classique est extrêmement bien maîtrisée par le scénariste de l’excellent Trou de mémoire (avec Pascal Regnauld). Il met un grand soin à la décrire la psychologie des personnages et aux dialogues.

Vincent Wagner (Ogre & cie) réalise des planches sobres d’une belle efficacité. Nous préférerons ses albums pour enfants (orcières et magiciens, Le pont des pirates ou Cromalin et Cromignonne) où il excelle.

Seule contre la loi fut publié une première fois par Casterman en deux volumes à partir de 2006 .

  • Seule contre la loi, intégrale
  • Scénariste : Roger Seiter
  • Dessinateur : Vincent Wagner
  • Editeur : Long Bec
  • Prix : 25€
  • Parution : 26 mai 2017
  • IBAN : 9791092499490

Résumé de l’éditeur : Angleterre 1875. Une jeune femme du nom de Valeria Brinton épouse par amour Eustace Woodville en dépit des réticences de son entourage. Durant le voyage de noces, plusieurs indices amènent Valeria à penser que son mari porte un lourd secret en relation avec son passé et qu’il lui ment. Après avoir mené une rapide enquête, elle découvre qu’il l’a épousée sous un faux nom. Il s’appelle en réalité Eustace MacAllan. Et quand elle lui demande des explications, il refuse de répondre à ses questions et la quitte tout en lui assurant qu’il l’aime. Mais Valeria est amoureuse et est prête à tout pour connaître la vérité. Après bien des recherches, elle découvre finalement que son mari a été jugé pour l’empoisonnement de sa première épouse. Malheureusement, son procès a eu lieu en Ecosse et s’est conclu par un verdict en demi-teinte uniquement possible parce que les lois écossaises sont différentes des lois anglaises. Eustace a été relaxé faute de preuves, mais pas innocenté. Un verdict terrible pour un gentleman puisqu’il laisse planer un doute sur son innocence et entache à jamais son honneur. Valeria, qui n’est pas du genre à renoncer et à baisser les bras, se lance alors dans une véritable croisade pour prouver l’innocence d’Eustace et sauver leur mariage. Cette intégrale reprend les deux albums précédemment publiés chez Casterman sous le titre «Mysteries», augmentés d’un dossier graphique et historique inédit.

Dernière heure, volume 1

Notre avis : Le Japon est en guerre contre des ennemis inconnus. Tous les vendredis, deux lycéens d’une île isolée doivent partir combattre. Les éditions Akata dévoilent le premier volume de Dernière heure – signé –  qui met en scène le quotidien de ses adolescents ayant cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête.

Depuis 5 ans, le Japon est en guerre. Une guerre très lointaine pour l’île isolée où vit Saku Futami, Aoshima. Comme tous les matins d’école, il se lève, mange la même chose, part sur le même sentier pour rejoindre le collège. Aujourd’hui, ce grand sportif entre en troisième année.

Dans le hall, il découvre les disciplines (mathématiques, sport, histoire-géo) mais une nouvelle est apparue : guerre ! Pourquoi cela ? Il ne saisit pas trop cette notification. Il croise alors Reina Shinokawa, une nouvelle élève qui arrive de Tokyo pour fuir les combats. Dans cet établissement, elle dépareille : blessée au visage, elle ose dire qu’elle n’aime pas ce collège.

Dans le cours de Monsieur Kuma, l’ambiance est lourde. Il leur apprend une mauvaise nouvelle : chaque vendredi, pendant la cinquième heure de cours, deux élèves seront envoyés à la guerre ! C’est à ce moment-là qu’une bombe pourtant lointaine tombe sur Tokyo et fait voler les vitres de la classe. Le professeur indique Reina comme combattante. Saku n’est pas d’accord et se désigne à sa place. Etonnament, Kuma explique que Miyako et lui sont épargnés par les désignations. Pourquoi ? Personne ne le sait…

Prépublié dans la revue Young Ace des éditions Kadokawa Shoten au Japon depuis 2014, Dernière heure est un excellent manga mêlant le fantastique et le drame. Le récit de est fort et accrocheur. Il faut peu de temps à la mangaka pour faire basculer son histoire dans l’irréel et la guerre. Dès les premières pages, l’auteur de Les Enfants Loups  – qui sera adapté en film d’animation par Mamoru Hosoda – imprime du mystère autour de l’ennemi du Japon mais aussi autour des deux élèves qui sont épargnés par cette épée de Damoclès. Les questions se posent mais pour l’instant dans ce premier volume, les réponses sont en suspend.

En choisissant ce ressort narratif (la désignation de futurs guerriers), elle revisite le mythe de la Grèce Antique : Thésée et le minotaure. Le Roi Midas sacrifiait 7 jeunes femmes et 7 jeunes hommes tous les ans pour expier le crime de son fils en les envoyant dans le fameux labyrinthe de Dédale où se cachait la bête fabuleuse. Dans Dernière heure, pas de Minotaure mais la Guerre contre un ennemi invisible et des désignations iniques. Comme Thésée, Saku tentera de prendre la place de Reina, en vain.

Le rythme est lent et permet de faire monter la tension au maximum avant le départ pour Tokyo. Les relations entre les élèves apportent aussi une dose de suspense. Prévue en 4 volumes, la série bénéficie de tout le talent de dessinatrice de . Son trait est aéré et d’une belle sensibilité, ce qui tranche avec la propos du récit.

  • Dernière heure, volume 1/4
  • Auteure :
  • Editeur : Akata, collection L
  • Prix : 7.95€
  • Parution : 22 juin 2017
  • ISBN : 9782369742050

Résumé de l’éditeur : Cela fait cinq années que le Japon est en guerre. Mais Saku, jeune collégien, ne le réalise pas vraiment. Vivant sur une petite île isolée, son quotidien n’est synonyme que d’ennui, entre les cours et la frustration de repas trop sommaires. Pourtant, tandis que les affrontements semblent s’intensifier, une terrible nouvelle vient bouleverser sa vie et celle de ses camarades : désormais, chaque vendredi, certains d’entre eux seront appelés à aller se battre sur le front. Tous, sauf Saku et Miyako, son amie d’enfance, exemptés sans savoir pourquoi de partir à la guerre…

Streamliner #1 – Bye-bye Lisa Dora –

Notre avis : Propriétaire d’une station essence dans une zone désertique autant par la population que par le climat, Evel O’Neil y vit avec sa fille, Cristal. Sur cette route 666 perdue au cœur de l’Amérique, le paternel cuve quotidiennement son whisky dans son bombardier vieux de 15 ans, témoin de son parcours à la guerre. Nous sommes en 1963, et O’Neil n’est pas de ceux qui ruminent cette traumatisante période en la noyant dans l’alcool. Le mal est tout autre pour cet ancien champion de course automobile version Streamliner. Victime d’un grave accident avec sa voiture, la black widow, alors qu’il venait d’avoisiner les 500 km/h, c’est bel et bien là que son existence a pris un véritable tournant et qu’il ne s’en est jamais remis.

Une aubaine se présente à lui quand débarque dans sa station Billy Joe. Un chef de bande qui vient remettre son titre en jeu en Streamliner, ce défi sur route qui ne contient qu’une unique règle, aller plus vite que son adversaire. O’Neil comprend vite que ses terres vont devenir un endroit idéal pour faire revivre cette course mythique et chère à tous ceux dont les moteurs puissants, la vitesse, et leur nom gravé sur la Winchester en guise de trophée, sont de véritables obsessions.

Cristal, quant à elle, ne voit pas d’un bon œil l’arrivée massive de cette communauté transpirant la sueur, la violence, et dont la vie ne dépend que de la bonne tenue d’un véhicule ultra-trafiqué. Elle, qui « maintient » son père en vie, sent qu’il va lui échapper. Sa seule alternative pour le protéger est de lui donner elle-même ce qui lui a échappé il y a quelques années.

Billy Joe reste le personnage principal de ce premier opus. On comprend peu à peu qu’il ne s’est pas retrouvé sur cette route désaffectée par hasard. Lui qui, gamin, était fan d’O’Neil, donne l’impression qu’il n’a jamais cru tous ceux qui le déclaraient mort. Billy est l’instigateur de cette course, et tout ce qu’elle implique : des acteurs secondaires hauts en couleur, l’intervention soudaine des médias pour couvrir ce qui va être un événement, et bien évidemment, les autorités.

Si l’on n’est pas adeptes de voitures, de courses extrêmes, ou de protagonistes sans aucune morale, il ne faut surtout pas passer son chemin pour autant ! Tant vous serez surpris par ce qu’a produit ‘Fane avec Streamliner. Ce féru de motos qui lui a permis de reprendre le célèbre Joe Bar Team, retrouve un univers qu’il maîtrise parfaitement.

Sa justesse graphique est impressionnante au fur et à mesure que défilent les pages. Chapitré et découpé tel un comics, le premier tome de ce diptyque est un vrai régal visuel. Il faut y ajouter la parfaite colorisation d’Isabelle Rabarot. Que ce soit pour les scènes de flashback, d’essais de piste voire d’interviews télévisées, chacune d’entre elles est si bien différenciée qu’on s’y retrouve en un clin d’œil.

Pour ce qui est du scénario ‘Fane est tout autant inspiré. Dans la même lignée que Petites Éclipses (One shot écrit à quatre mains avec Jim, que la rédaction avait placé à la première place lors d’un Top consacré à l’auteur d’Une nuit à Rome), tout est à sa place. L’ossature du récit donne corps à plusieurs protagonistes qui ont tous un réel intérêt. La dynamique de l’histoire ne s’essouffle jamais tant subsiste cette folle énergie jusqu’à la dernière image. Sans oublier l’humour qui le caractérise avec certaines cases quasi identiques où seul un geste change et suffit à provoquer le rire du lecteur  (pour preuve, aux pages 31 et 32). Ainsi, maintenant que le décor est bien planté, la suite peut démarrer sur les chapeaux de roues.

Comixtrip avait présenté antérieurement à la sortie de cette nouvelle série de ‘Fane, les quinze meilleures bandes dessinées consacrées à l’automobile. Avec le deuxième tome qui devrait passer la vitesse supérieure, Streamliner pourra incontestablement figurer dans ce top !

  • Streamliner, tome 1 : Bye-bye Lisa Dora
  • Scénariste : ‘Fane
  • Dessinateur : ‘Fane
  • Coloriste : Isabelle Rabarot
  • Éditeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 22,50 €
  • Parution : 19 avril 2017
  • ISBN : 978-2-369-81555-6

Résumé de l’éditeur : Une route désaffectée en plein désert, une vieille station service, et de la poussière au loin… Lorsque Billy Joe poussera la porte de chez les O Neil, plus rien ne sera comme avant. Cuir, santiags, carabine et Ford V8, le chef des Red Noses attend du monde. Ce qui va devenir la plus grande course sauvage de tous les temps aura lieu ici. Une course, jusqu’à la mort… À l’appel du plus éminent gang du pays, des dizaines de « voyous » du volant et autres fous de vitesse se retrouvent en plein désert pour une gigantesque course clandestine dont le vainqueur se verra traditionnellement élu « chef de meute » pour un an. Billy Joe, ténébreux leader des Red Noses, a jeté son dévolu sur une petite station-service en léthargie pour remettre son titre en jeu. Ses cuves pleines de carburant, ses quelques aménagements de « confort », les hectares de pistes arides qui l’entourent, propriété du vieux O Neil et de sa fille, en font l’endroit idéal… Malheureusement, ce site perdu, jusque-là négligé de tous, sera bientôt dans le collimateur des autorités et des médias……et la Station « LISA DORA » deviendra le théâtre des pires dérapages…

Tenjin, le dieu du ciel, volume 1

Notre avis : Qui n’a jamais rêvé de piloter un avion ? Riku aimerait marcher dans les pas de son père disparu dans Tenjin le dieu du ciel, un manga agréable et sympathique de Yoichi Komori et Tasuku Sugie.

Japon, il y a plus de 10 ans. Sugisaki, apprenti pilote de chasse, ne répond plus. Il s’est évanoui. Son avion tombe dangereusement vers la ville. Sakagami, pilote instructeur, vole à côté de lui pour tenter de le réveiller. En vain. Après cet échec, le pilote aguerri disparait.

Riku, le fils de Sakagami le sait : il veut marcher dans les pas de son père. Il faut souligner qu’il a été formaté depuis sa plus tendre enfance par ce père qu’il considérait comme un héros. L’homme lui raconta même la fameuse légende de Tenjin, divinité; celui qui règne en maître sur le ciel mais que personne n’a jamais vu sauf les pilotes décédés.

C’est le grand jour pour l’adolescent : il est accepté dans les Forces d’auto-défense aériennes japonaises pour devenir pilote. Agé de 19 ans, il fait rapidement la connaissance des sergents Kôjirô et Nao mais aussi des lieutenants Ichirô et Takayuki…

Prépublié au Japon depuis 2013 dans la revue Jump Live des éditions Shûeisha, Tenjin est une série qui plaira aux adolescents férus ou non d’aviation. En effet, si le domaine des pilotes de chasse est prégnant, il n’est qu’un prétexte pour conter un récit initiatique fort.  Yoichi Komori imagine l’histoire de Riku à la destiné toute tracée : suivre les pas de son père disparu (mort ?  on ne le sait pas vraiment) mettant sur sa route des obstacles qu’il doit franchir : des camarades voire des instructeurs parfois désagréables. La valeur essentielle de ce manga somme toute classique reste l’élévation dans la hiérarchie militaire et sociale par le mérite.

En plus de cela, le scénariste met en scène un oncle Kong et sa petite amie Nozomi, un brin décalé et à la marge. Vivant en caravane pour présenter leur show aérien, ils laissent planer le doute dans la tête de Riku concernant son père.

L’histoire est donc efficace sans révolutionner le genre comme la partie graphique signée Tasuku Sugie. C’est propre, c’est rythmé et cela fonctionne bien.

  • Tenjin, le dieu du ciel, volume
  • Scénariste : Yoichi Komori
  • Dessinateur : Tasuku Sugie
  • Editeur : Kana
  • Prix : 5.45 €
  • Parution : 16 juin 2017
  • IBAN : 9782505069225

Résumé de l’éditeur : Riku Sakagami est fils et petit-fils de pilotes militaires. Il rêve, lui aussi, de manoeuvrer un avion de chasse ! A l’école de formation, dès le premier vol, Riku fait la preuve d’aptitudes innées exceptionnelles. Ce qui n’échappera pas à ses instructeurs mais également à Hayari, la meilleure recrue de l’école, qui pourrait bien voir en lui un rival !

Venemum, la grande histoire du poison

Notre avis : En guise de catalogue d’exposition, le Musée des Confluences de Lyon propose Venenum, la grande histoire du poison signé Fabien Toulmé.

A Lyon, dans le Musée des confluences, se tient l’exposition Venenum, un monde empoisonné (du 15/04 au 13/04/18). « Le poison évoque une double ambiguïté : il est à la fois une substance originellement présente dans le milieu naturel mais également une mixture préparée à des fins criminelles, qui en fonction de la dose, pourra être mortelle ou salvatrice. »

Pour accompagner l’événement, l’établissement privé a fait appel à Fabien Toulmé pour mettre en image l’exposition. L’auteur des merveilleux albums coups de poing Ce n’est pas toi que j’attendais et Les deux vies de Baudoin (Delcourt) s’attèle à cette tache qui n’est pourtant pas des plus simples : raconter l’histoire du poison à travers les âges.

Pour cela, il n’hésite pas à mettre en scène sa famille (sa femme Patricia et ses deux filles Louisa et Julia) autour d’une table pour le repas. Il compose son album de courts chapitres :

  • Les empoisonneurs à travers les âges… Le poison étant considéré comme « l’arme des sans armes » c’est à dire des religieux et des femmes, par oppositions aux hommes qui combattent. De Circée la magicienne à Agrippine, en passant par les Borgia, Valentine Visconti ou encore Marie Besnard, les femmes sont au cœur des grandes affaires d’empoisonnement.
  • Les poisons dans la nature. Fabien Toulmé revient sur les notions de vénéneux et venimeux. Il parle des champignons, des plantes  et des animaux.
  • Le poison et ses usages. Quoique l’on en pense, des codes ont été souvent établis autour des poisons. Des chasseurs indiens, des hommes de la Préhistoire au gaz moutarde, tout n’était pas possible. Il revient aussi sur les affaires Litvinenko (agent secret russe), Ianoukovitch (président ukrainien) ou Markov (dissident bulgare).
  • Dans le poison, le remède… Fabien Toulmé explique que le poison à faible dose est aussi un remède pour guérir.

Venenum la grande histoire du poison : si l’album est didactique – il est très documenté – il n’en est pas du tout rébarbatif grâce à un humour distillé par Fabien Toulmé. A toutes les pages, dans chaque vignette, il apporte une touche par son dessin ou un dialogue très décalé, un peu comme Pénélope Bagieu a pu le faire dans ses deux volumes de Culottées : cela fonctionne, c’est très drôle. Cet angle devrait être plus souvent utilisé dans les formes de transmission du savoir, cela serait plus efficace qu’il simple livre enchainant dates et anecdotes.

  • Venenum la grande histoire du poison
  • Auteur : Fabien Toulmé
  • Editeur : Musée des confluences / Lyon BD
  • Prix : 15.95€
  • Parution : 22 juin 2017
  • ISBN : 9782954714899

Résumé de l’éditeur : Le mot latin venenum désigne aussi bien les poisons élaborés par l’homme que les substances vénéneuses des plantes et des champignons ou encore le venin du serpent mais également une « drogue » qui peut tuer ou guérir. Saviez-vous que le poison était utilisé pour la médecine, la chasse, la pêche, la guerre, pour des rituels … et même en politique? Que Circé avait commencé sa « carrière » d’empoisonneuse en tuant son mari, épaulée de loups et de lions eux aussi ensorcelés ? Que la purée de brocolis, contre toute attente, n’était PAS un poison ? Connaissez-vous la différence entre venimeux et vénéneux ? Après une visite au Musée des Confluences de Lyon, Fabien Toulmé sait dorénavant tout sur les poisons, leur histoire, leurs formes et leurs usages, et le raconte dans cet album, un condensé d’humour et de vulgarisation scientifique !

L’une pour l’autre

Notre avis : Après Ce qui se passe dans la forêt qui nous avait laissé une forte impression, Hilding Sandgren poursuit les aventures des trois adolescentes dans L’une pour l’autre, un roman graphique subtil aux éditions çà et là.

Le lecteur retrouve donc Aïda, Tess et Marlène, les trois amies de l’ouvrage précédent. Elles ont grandi, sont maintenant de vraies adolescentes de 16 ans, plus enfants mais pas encore adultes. Comme à son habitude, Marlène prend sa petite moto pour aller chez Tess où arrive aussi Aïda. Daniel et sa femme – les parents de Marlène – aiment retrouver les amies d’enfance de leur fille, c’est toujours une joie pour eux.

Ces moments entre elles sont du domaine de tous les possibles : amitié, tensions et même amour. Il y a aussi les garçons, la cigarette et les relations avec les parents.

Comme pour son précédent album, Hilding Sandgren nous enchante avec des histoires simples mais d’une grande justesse d’observation. L’auteure suédoise transcende dans L’une pour l’autre ces moments touchants, forts parfois sans intérêt mais qui font l’adolescence. Sa narration lente se fonde sur une grande connaissance de cette période si délicate de l’adolescence. Pays plus ouvert, la Suède fait valser les préjugés et Sandgren le restitue très bien dans son ouvrage.

Si certains pourront penser que cela est futile, trop lent et sans intérêt, c’est qu’ils n’ont pas compris le sens qu’a voulu donner Sandgren à son album : décrire à un instant T des émotions d’adolescentes suédoises.

L’auteure, qui participa aux Concerts de dessin en janvier dernier (Hommage à Hermann), est d’une grande discrétion et timidité et c’est aussi ce qui transparait dans ses ouvrages : de la simplicité, de la fraîcheur, de la douceur malgré les obstacles.

L’une pour l’autre est donc un album important dans le catalogue çà et là. On attendra avec impatience le prochain récit de Hilding Sandgren, une auteure à part mais majeure de la bande dessinée suédoise au même titre de Anneli Furmark. Décidément, la Suède est une terre riche et originale dans le monde du 9e art.

  • L’une pour l’autre
  • Auteure : Hilding Sandgren
  • Editeur : çà et là
  • Prix : 20€
  • Parution : 12 juin 2017
  • ISBN : 9782369902393

Résumé de l’éditeur : Aïda, Marlène et Tess forment un trio inséparable depuis des années. L’été de leurs seize ans s’installe, les trois amies vont à des fêtes, donnent un coup de main dans une écurie et rêvent de pouvoir rouler à toute allure sur les routes cabossées de leur petit village suédois. L’amitié suit son cours, faite de regards silencieux, sans questions ni réponses… Dans cette suite de Ce qui se passe dans la forêt, Hilding Sandgren décrit les émotions qui forgent l’amitié, les défis qui la mettent à l’épreuve et les événements qui ébranlent parfois un univers. C’est l’histoire d’une résistance qu’on ne choisit pas, mais qui s’impose. Ce moment douloureux où, jeté hors de l’enfance, on n’est pas encore autorisé à entrer dans le monde des adultes. Lorsqu’on croit déjà savoir qui l’on est, sans en avoir le coeur net.