Jérémie Moreau de saga en saga

Lauréat du Fauve d’or récompensant le meilleur album 2017 avec La saga de Grimr, Jérémie Moreau est à l’honneur à Angoulême. Non loin de l’exposition événement des 80 ans de Batman, découvrez l’univers coloré de ce jeune auteur talentueux à l’Alpha.

Du concours Jeunes Talents au Singe de Hartleplool

Jérémie Moreau est un persévérant ! A huit, il décida de participer au concours de la bande dessinée scolaire à Angoulême. Le natif de Valence tenta sa chance tous les ans. Et en 2005, le miracle s’accomplit, il est désigné lauréat du prix ! Mieux encore, 7 ans plus tard, il obtint le Prix Jeunes Talents. Jérémie Moreau et le Festival d’Angoulême c’est donc une longue histoire. En 2018, il deviendra même le lauréat du Fauve d’or du meilleur album avec La saga de Grimr !

Wilfrid Lupano – scénariste de Un amour d’océan – repère alors le potentiel du jeune artiste. Il lui proposa Le Singe de Hartlpool, un beau succès public et critique. Il indiqua alors que son dessin est influencé par Quentin Blake, Ronald Searl et Ralph Steadman. Sa carrière est lancée. Les premiers tableaux de cette exposition reviennent donc sur ce parcours surprenant.

De Max Winson à La saga de Grimr

Il enchaine avec Max Winson chez Delcourt. Les premières pages ne semblèrent pas satisfaisantes. Il se remis au travail pour imaginer une très belle série sur le tennis. Il parle alors d’influence de Winsor MacCay ou José Munoz.

Il se lança ensuite un autre challenge, celui d’adapter le roman de Chris Donner, Tempête au haras (Rue de Sèvres) qui sera nommé en Sélection Jeunesse à Angoulême (encore une fois).

Enfin, l’apothéose avec La saga de Grimr (Delcourt). Actuellement, il travaille sur Penss et les plis du monde.

Les derniers panneaux mettent en lumière son projet de film d’animation – Bergeronnette – avec Lucrère Andreae. Il faut dire qu’il connait bien cet univers puisqu’il travailla sur Moi moche et méchant 2 et Les pingouins de Madagascar.

Même si nous aurions préférés un support plus engageant (ici les fameux carton Raja) qui ne met pas en valeur les sublimes planches de Jérémie Moreau, nous vous conseillons de prendre l’ascenseur pour le deuxième étage de l’Alpha pour découvrir une œuvre riche et passer d’une saga à l’autre.

Article posté le vendredi 25 janvier 2019 par Damien Canteau

La sage de Jérémie Moreau

Communiqué du Festival :

Le lien entre Jérémie Moreau et le Festival d’Angoulême se forme très tôt. A huit ans, le jeune garçon né en 1987 participe pour la première fois au concours de la BD scolaire du Festival. Passionné, ayant à cœur de raconter des histoires, il réitère l’expérience tous les ans. Sa persévérance finit par payer : en 2005, il remporte ce prix tant convoité. En 2012, après plusieurs sélections successives, le Festival d’Angoulême prouve à nouveau son attachement à Jérémie Moreau puisqu’il reçoit le prix Jeunes Talents — qui récompense un auteur n’ayant jamais publié professionnellement — pour son récit en trois planches Le suicidaire altruiste. Il s’oriente ensuite vers l’École des Gobelins, où il suit des cours d’animation, puis travaille comme character designer aux studios MacGuff, producteurs de films d’animation et d’effets numériques. Il est alors repéré par le scénariste Wilfrid Lupano (Les Vieux fourneaux), qui lui confie le dessin du Singe de Hartlepool (Delcourt, 2012). Jérémie Moreau met à profit sa formation aux Gobelins en utilisant la grammaire de l’animation pour construire sa narration et sa mise en scène. Travaillant pour la première fois sur un récit long, il affine sa technique du découpage et affirme sa maitrise du rythme et du mouvement. Son dessin révèle une grande vivacité et affiche pour l’occasion l’influence des maîtres britanniques de l’illustration comme Ralph Steadman et Ronald Searle. Cette collaboration avec Wilfrid Lupano est fructueuse. L’album est nommé en Sélection Officielle du Festival d’Angoulême 2013 et reçoit de nombreux prix. Jérémie Moreau se lance ensuite dans sa première bande dessinée au long cours en solo, Max Winson (Delcourt, 2014). Dans ce récit très remarqué en deux volumes, un jeune tennisman toujours victorieux cherche à s’émanciper de la tyrannie du succès. Entre expressivité et caricature, le trait de Jérémie Moreau va chercher cette fois-ci du côté de James Ensor et de Winsor McCay. Le Festival d’Angoulême ne perd pas de vue le jeune auteur : son album suivant, Tempête au haras (Rue de Sèvres, 2015) adapté d’un roman de Chris Donner, fait partie de la sélection jeunesse 2016. Puis c’est la consécration, en janvier 2018, avec La Saga de Grimr (Delcourt, 2017), épopée tragique et puissante qui met en scène un jeune orphelin rêvant de devenir un héros de légende. Inspiré par les sagas islandaises, cet album aux aquarelles sublimant les lumières et les reliefs de l’Islande reçoit le Fauve d’Or – Prix du meilleur album. Un parcours fulgurant mené avec brio et détermination, au plus près des ors du Festival.

Renseignements complémentaires

La saga de Jérémie Moreau

Médiathèque l’Alpha

1 Rue Coulomb, 16000 Angoulême

Du 24 janvier au 9 février 2019

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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