Richard Corben, le « Mozart » au musée

Peu connu en Europe, Richard Corben est pourtant un auteur fascinant et ayant influencé une génération d’auteurs. La micro maison d’édition Delirium a réhabilité ce manque en proposant un large panel de son œuvre. Grand Prix d’Angoulême 2019, il fait l’objet d’une grande rétrospective au Musée d’Angoulême. Plongée dans l’univers de Richard « Mozart » Corben entre Ragemoor, Ratgod et Grave les contes du cimetière.

Richard Corben côtoie des pièces muséales

Personne ne l’avait vu venir et pourtant c’est bien Richard Corben qui fut élu par ses pairs l’année dernière, Grand Prix d’Angoulême ! Pour découvrir cette belle rétrospective sur le « Mozart » américain (terme inventé par Moebius), il faut grimper jusqu’au troisième étage du Musée de la ville.

Belle idée que de confronter les planches et illustrations de l’auteur né en 1940 avec des pièces archéologiques et les tableaux des lieux. De l’audace de la part des organisateurs du Festival, comme dans l’œuvre de Corben ! Ils iront même jusqu’à placer des pages à l’intérieur de vitrines juste au-dessus de vases archéologiques !

Dinosaures, contes horrifiques et femmes plantureuses

Maître du fantastique et de l’épouvante, l’auteur de Esprits des morts & autres récits d’Edgar Alan Poe  et de Grave les contes du cimetière voit ses superbes illustrations agrandies pour le plus grands bonheur de ses admirateurs. Et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense.

Il faut souligner que Richard Corben fut un précurseur dans de nombreux domaines et notamment graphiques. C’est pop, c’est grandiloquent, c’est fantasmagorique et c’est donc hors-norme ! Notamment par des dessins et des couleurs de folie.

Métal Hurlant lui ouvre ses pages dans les années 70 et c’est une grande claque pour les Européens. Se renouvelant sans cesse, il est aussi l’un des premiers à utiliser les outils numériques pour réalises ses planches. Il suffit de lire son modus operadi pour ses couleurs (les fameuses « trames » collées) pour comprendre qu’il cherche sans cesse.

L’auteur de Ratgod et du merveilleux Ragemoor aime dessiner les dinosaures, adore Edgar Alan Poe, ainsi que HP Lovecraft, les magazines pulp et sublimes les femmes par des formes girondes et plantureuses, ce qui ne plut d’ailleurs pas à certains lors de l’annonce du Grand Prix l’année dernière. Faux procès ! Corben est tout sauf un misogyne !

Le visiteur pourra même découvrir ses travaux sur le Hellboy au Mexique. Lui, l’auteur indé a même publié un récit de licence, c’est dire !

Et puisque Richard Corben est un auteur hors-norme : 260 œuvres sont visibles au Musée ! C’est du jamais vu en Europe pour cet artiste qui méritait vraiment ce Grand Prix ! Vive Corben et Vive Takahashi !

Article posté le samedi 26 janvier 2019 par Damien Canteau

Exposition Richard Corben - Donner corps à l’imaginaire

Communiqué du Festival :

Comme chaque année, le Grand Prix du Festival se voit consacrer une exposition. À cette occasion, de nombreux collectionneurs se sont mobilisés en vue de constituer la rétrospective la plus complète possible sur Richard Corben, auteur considéré par la profession comme l’un des dessinateurs les plus fascinants de sa génération. Un artiste que Mœbius lui-même appelait « Richard “Mozart” Corben » pour souligner son génie sans égal.

Exposition Richard Corben – Donner corps à l’imaginaire

Comme chaque année, le Grand Prix du Festival se voit consacrer une exposition. À cette occasion, de nombreux collectionneurs se sont mobilisés en vue de constituer la rétrospective la plus complète possible sur Richard Corben, auteur considéré par la profession comme l’un des dessinateurs les plus fascinants de sa génération. Un artiste que Mœbius lui-même appelait « Richard “Mozart” Corben » pour souligner son génie sans égal.

Né en 1940 dans le Missouri, Richard Corben se forme au dessin au Kansas City Art Institute, et publie dès 1968 de courtes histoires de SF et d’horreur. À partir de 1970, il autopublie son fanzine Fantagor, collabore aux journaux mythiques de l’éditeur Warren : Creepy, Eerie et Vampirella, et se lance rapidement dans de grandes épopées publiées sous la forme de romans graphiques. Auteur de 5000 pages de bande dessinée et de centaines d’illustrations, conjuguant les formats de publication et les expériences formelles, Corben développe une imagerie totalement personnelle, influencée par les récits de genre horrifiques et grotesques dont il se réapproprie les codes. Ses mondes, souvent inquiétants, parfois décalés et outranciers, mais toujours sonorisés par des onomatopées emphatiques soulignant le bruit et la fureur, sont traversés par une galerie de monstres comiques et de mutants effrayants, de jeunes femmes aux courbes démesurées et d’hommes à la musculature hypertrophiée. Corben revendique une attirance de longue date pour la peur, mais son regard sur les mondes désenchantés qu’il dessine suggère aussi de la distance et de l’amusement, loin de l’exaltation d’une violence gratuite ou aveugle…

Vénéré par les plus grands dessinateurs, Corben est reconnu comme un technicien hors normes, qui sculpte dans ses pages le volume, l’ombre et la lumière, par l’utilisation perpétuellement renouvelée et mixte de techniques allant de la trame mécanique à l’aérographe, de l’huile au crayon gras, de l’aquarelle au photomontage, sans oublier la 3D et les outils numériques.

Repéré en France dès le début des années 1970, Corben paraît dans Actuel et aux Humanoïdes Associés – il est l’un des premiers auteurs publiés de la maison, avec notamment Rolf ou encore Den. Plus récemment, Corben a participé à la série Hellboy, de Mike Mignola (Delcourt), et a adapté plusieurs nouvelles d’Edgar Poe, l’un de ses maîtres en littérature, réunies dans Esprits des morts (Delirium). Il a en outre publié Ragemoor, écrit par son ami scénariste Jan Strnad (Delirium), ainsi que Rat God (Delirium).

Renseignements complémentaires

Exposition Richard Corben – Donner corps à l’imaginaire

Square Girard II, Rue Corneille, 16000 Angoulême

du 24 janvier au 10 mars 2019

 

 

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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