Le plus long des chemins

Méditer n’est pas un exercice de tout repos. Huang en perd la notion du temps et de l’espace lorsqu’il s’y penche. Nicolas Arispe imagine son trajet retour dans Le plus long des chemins, un album Le Tripode.

Jeune renard, Huang Liu commence à méditer au cœur de la forêt. Il ne se rend pas compte du temps qui passe ni du chemin pour revenir chez son maître. Alors qu’il est touché par la grâce, il tente d’aller avertir ses pairs mais ne sait plus comment retrouver son chemin.

Après Le Livre & La Mère et la Mort/Le départ, les éditions Le Tripode poursuivent la publication de l’œuvre de l’argentin Nicolas Arispe. Si les deux précédents ouvrages étaient destinés aux ado-adultes, Le plus long des chemins est un album jeunesse.

Ce livre met en lumière la méditation, le bien-être, les connections avec la nature, la transmission et le temps qui passe. Très (trop ?) court, il convient aux plus jeunes, notamment par son ambiance japonisante (les décors, les animaux et le bouddhisme).

Nicolas Arispe a imaginé ce magnifique album illustré après avoir vécu une expérience avec la communauté asiatique de Buenos Aires. Comme les deux autres ouvrages, nous sommes envoutés par le dessin en noir et blanc de l’auteur argentin. Une très belle élégance du trait par une multiplication des hachures bien senties.

Le plus long des chemins : encore un album fascinant et hypnotique de Nicolas Arispe. Somptueux !

  • Le plus long des chemins
  • Auteur : Nicolas Arispe
  • Editeur : Le Tripode
  • Parution : 18 octobre 2018
  • Prix : 13€
  • ISBN : 978-2370551832

Résumé de l’éditeur : Huang Liu est un jeune renard décidé à apprendre la sagesse intérieure et comprendre les secrets de l’univers. Parti méditer au cœur de la forêt et dans la plus profonde solitude, loin de la demeure de son maître, les saisons passèrent. Un jour, il pensa avoir atteint l’illumination. Il s’en alla retrouver le maître. Tout au long de son voyage, Huang Liu aurait pu profiter de paysages merveilleux et de mille aventures qui se présentaient à lui. Mais Huang Liu était bien pressé d’annoncer la nouvelle au maître… Mais le maître avait une dernière leçon pour son disciple …

L’invitation

Comment appréhender une invitation à un anniversaire lorsque l’on est partagé entre excitation et honte ? Loïc Dauvillier, Monia Lyorit et Sess imaginent L’invitation, un très joli album jeunesse aux éditions Frimousse.

Tom est partagé entre joie et répulsion : il vient d’être invité à l’anniversaire de Gwen, le plus cool des garçons de l’école. « Je ne veux pas aller à l’anniversaire de Gwen », écrit-il dans son journal de bord. Il prévient alors son ami qu’il a un rendez-vous chez « l’ostréiculteur » avec sa maman et qu’il ne pourra pas venir…

Affronter ses peurs, ne pas être ridicule aux yeux des autres et cacher la vérité à ses proches, voilà quelques unes des thématiques de L’invitation. Loïc Dauvillier et Monia  Lyorit les développent dans un sympathique album BD jeunesse. Alors qu’il trépigne d’envie d’y aller, il ne peut pas franchir le cap. Sans dévoiler la raison, l’on peut aisément comprendre les doutes qui s’installent dans la tête du petit garçon. Le scénariste de Myrmidon & Monsieur Lapin et sa collègue n’accablent en rien le pauvre Tom; leur récit est plutôt extrêmement positif.

L’on découvre une maîtresse attentive aux maux des élèves, une maman compréhensive et un père un peu renfrogné. En discutant avec leur fils, les parents le réconfortent, le poussent à franchir l’obstacle et donc à grandir.

Au dessin, on a plaisir à retrouver Sess, l’auteur de Tess (avec Christine Nauman-Villemin). Son trait tout en rondeur convient idéalement à ce style d’histoires pour jeunes lecteurs. Il joue avec les grands yeux et les bouches de ses personnages pour apporter énormément d’expressivité. Comme il nous l’avait confié lors d’une interview pour la sortie de son précédent ouvrage : « Ce que j’aime dessiner c’est le quotidien de gens ordinaires comme Marc Boutavant, Larcenet ou Trondheim ».

  • L’invitation
  • Scénaristes : Monia Lyorit et Loïc Dauvillier
  • Dessinateur : Sess
  • Editeur : Frimousse
  • Prix : 14€
  • Sortie : 04 octobre 2018

Résumé de l’éditeur : Gwen m’a invité ! Waouh ! Etre invité à son anniversaire c’est comme monter dans le vaisseau de Chewbacca. C’est l’endroit où tout le monde veut être. Et j’y serai ! Mais en ouvrant l’enveloppe, je perds pieds, j’ai mal au coeur. J’ai chaud, j’ai froid… « Je t’invite à venir fêter mon anniversaire. J’espère que tu es libre samedi 2 juin à partir de 14h00. Gwen. Ps : Et surtout, n’oublie pas ton maillot de bain ». Je ne vais pas y aller. Je suis si déçu. Mais impossible de faire autrement. Tout le monde va se moquer de moi. Une seule solution. PLAN B ! À moins que…

Renaissance, tome 1 : Les déracinés

Lorsque des extra-terrestres interviennent sur Terre pour tenter des sauver l’Humanité, cela donne Renaissance, une excellente série de science-fiction de Fred Duval, Fred Blanchard et Emem.

Paris 2084. La Seine a débordé et les Parisiens ont les pieds dans l’eau. Cette montée des eaux est due au réchauffement climatique. La dame de fer sert d’ailleurs d’habitation à plusieurs citoyens de la capitale. Hélène, Luc et leur fils décident de quitter les lieux tant qu’il est encore possible pour rejoindre leur famille à la montagne. Mais leur plan est contrecarré par la mise en quarantaine de la Tour Eiffel à cause d’une grippe.

Du côté du Texas, ce n’est guère mieux, de gigantesques incendies se propagent. Pire, des extra-terrestres arrivent sur les lieux. Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Parmi eux, il y a Swänn, chasseur intelligent et aguerri, envoyé sur notre planète pour sauver l’Humanité…

Cela faisait vraiment longtemps que nous n’avions pas lu une si bonne histoire de science-fiction ! Il faut dire que le scénario est concocté aux petits soins par Fred Duval, un des tous meilleurs conteurs dans ce genre littéraire. L’avantage de la science-fiction c’est qu’avec ce style de récits, on peut mettre en lumières les errements de nos sociétés sous couvert d’anticipation ou de planètes explorées.

Ainsi avec Renaissance, l’auteur de Golden City et de Carmen McCallum peut pointer du doigt les agissements des hommes sur la nature. En imaginant le monde dans un avenir très proche (66 ans), il peut alerter sur les changements climatiques liés au dérèglements météorologiques. C’est cette fuite en avant qu’il fustige avec intelligence. En choisissant 2084, il fait aussi référence à 1984 de George Orwell.

Cette fois-ci, il inverse les rôles de belle manière : ce sont les extra-terrestres qui viennent aider les humains. Autant si ce n’est plus évolués que nous, ils tentent d’apporter leurs savoirs sur la faune, la flore et les interconnexions avec elles.

Si le scénario est très bon, le lecteur est aussi charmé par la partie graphique de Emem. D’après les designs de Fred Blanchard, il réalise de très belles planches. Ses décors naturels sur la planète Nakan et ses extra-terrestres sont vraiment bons, dans la veine des personnages de Philippe Buchet sur Sillage. Les vaisseaux noirs des hommes en vert sont formidables !

  • Renaissance, tome 1 : les déracinés
  • Scénariste : Fred Duval
  • Design : Fred Blanchard
  • Dessinateur : Emem
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 14€
  • Sortie : 05 octobre 2018

Résumé de l’éditeur : 095, les pires scénarios prédisant la funeste destinée de la Terre se sont réalisés. La Fédération des Intelligences Mammifères décide d’engager une intervention sur cette planète en voie d’extinction. Swänn, jeune extraterrestre droit et ouvert, se porte volontaire. Originaire d’une planète apparaissant comme une version réussie de notre monde, il souhaite contribuer à pacifier la Terre et empêcher son anéantissement. Sa rencontre avec Liz, au Texas, marque le début du choc des deux mondes?

My teen romantic comedy is wrong as I expected

Notre avis : Entre amitiés, amour et problèmes au lycée, My teen romantic comedy is wrong as I expected promet d’être une excellente saga pour petits et grands.

Hachiman est un jeune lycéen qui a une vision très pessimiste de la vie. Pas d’amis, pas de petite amie, aucune envie d’aller vers les autres, et un avenir totalement incertain. Forcé de collaborer avec Yukino, une lycéenne brillante, populaire et sarcastique, sa petite vie tranquille loin des autres est désormais terminée. Ces deux lycéens si différents vont se retrouver connectés malgré eux, et cette rencontre va faire des étincelles.

My teen romantic comedy is wrong as I expected parlent d’une période compliquée pour tous jeunes adultes, mais sous un aspect à la fois romantique et drôle. Un manga à suivre aux éditions Ototo.

  • My teen romantic comedy is wrong as I expected tome 1
  • Auteurs : Naomichi Io, Wataru Watari et Ponkan
  • Editeur : Ototo
  • Parution : 21 septembre 2018
  • Prix : 6,99 €
  • ISBN : 9782377171521

Résumé de l’éditeur : Le jeune Hachiman a une vision des plus pessimistes de la vie. De toute façon, sa situation actuelle ne le pousse guère à déborder d’optimisme : pas d’amis, pas de petite amie et une capacité à envisager l’avenir totalement nulle. Néanmoins, ses ennuis ne font que commencer : déjà forcé à se remettre en question, Hachiman apprend qu’il doit coopérer avec Yukino une élève aussi brillante que sarcastique et antipathique, qui ne lui laissera aucun répit. La rencontre de ces deux lycéens aux caractères si différents risque de créer des étincelles !

Le temps du rêve

Après un premier album qui nous avait vraiment charmé, H. Tonton poursuit avec autant de qualité sa très belle série Le temps du rêve chez Cerises et Coquelicots.

Pour ce deuxième tome, H. Tonton nous régale encore avec cette très belle histoire sous forme de polar. Maayan est toujours en quête de ses racines, le tableau faisant le lien entre elle et son passé. Elle peut compter sur la tranquillité de la villa italienne des Maloni pour plutôt bien vivre sa clandestinité.

Cette histoire est aussi originale par le milieu dans lequel elle se déroule : les Arts et plus particulièrement la peinture avec ses marchands, ses commissaires priseurs et les receleurs faussaires.

Ce qui plait le plus dans ce très beau récit, c’est l’ambiance estivale et le charme de l’Italie des années 60. La mer, les îles et la petite station balnéaire bénéficiant du graphisme léger et aérien de H. Tonton. Les couleurs  à l’aquerelle participent de cette belle atmosphère.

  • Le temps du rêve, tome 2 : Outremer
  • Auteur : H. Tonton
  • Editeur : Cerises et coquelicots
  • Prix : 15€
  • Sortie : 22 juin 2018

Résumé de l’éditeur : Après avoir échappé de justesse aux détectives envoyés par son père, Maayan vit recluse dans une villa italienne de la baie de Salerne, où elle doit peindre pour le compte de la famille Maloni. Ses toiles sont vendues à de riches collectionneurs et font les affaires des mafiosi. Mais depuis plusieurs mois, Maayan n’a plus d’inspiration et sa morosité entache ses toiles devenues sombres et funestes ; elle repense à sa terre natale et sent son rêve lui échapper au fil des jours. Pourtant, un espoir semble permis grâce à son nouvel ami Milo qui l’aide à s’échapper de sa  » prison  » pour s’embarquer dans un bateau à destination de terres lointaines. Pendant ce temps, Walter Barn retrouve la trace de Maayan, sa fille adoptive, et met tout en oeuvre pour lui remettre la main dessus. Par ailleurs, Urbin et Marilyn, devinant la détresse de la jeune aborigène, se lancent également à sa recherche et s’embarquent à bord du Siomar pour les côtes italiennes.

Devil’s Relics : s’il vous gêne, bah c’est la même

Notre avis : Un futur inéluctable, un monde dans le chaos, un manga qui répondait au nom de Devil’s Relics, le tout à découvrir en urgence.

Dans un monde où le chaos est le maître mot, le Diable a disparu, et a laissé de nombreuses reliques possédant des pouvoirs immenses. Quiconque s’en emparent peut prétendre à ces pouvoirs. Kaïs vit dans cet univers impitoyable et survit de combat clandestin en combat clandestin. Il veut protéger sa famille par tous les moyens, mais ce monde de terreur sera t’il suffisamment clément pour ses proches ? Seul l’avenir peut l’affirmer, et rien n’est moins sûr….

D’incroyables combat, des graphismes époustouflants, et un monde post-apocalyptique, Devil’s Relics est un véritable chef d’oeuvre et un manga colossal signé par Maître Gims, son frère Darcy, Jean-David Morvan ainsi que Yoshiyasu Tamura. 4 auteurs, 4 générations différentes, 1 seule oeuvre à la hauteur des espérances. Découvrez Devil’s Relics aux éditions Glénat Manga (Dr Stone, L’Aventure fantastique).

  • Devil’s relics
  • Auteurs : Maitre Gims, Darcy, Morvan & Yoshiyasu Tamura
  • Editeur : Glénat Manga
  • Parution : 31 octobre 2018
  • Prix : 6,90 €
  • ISBN : 9782344028919

Résumé de l’éditeur : Depuis qu’un gigantesque Quasar a anéanti la Lune, le monde, privé de toute force gravitationnelle, est plongé dans un chaos sans nom et sans lumière.

L’unique légende qui demeure dit que le Diable a disparu. La voix des plus anciens raconte que six parures sont dispersées dans l’immensité des plaines et que chacune de ces reliques octroie un pouvoir abyssal à quiconque s’en empare. Braves et belliqueux se déchirent pour les trouver. Mais l’obsession épuise, et l’espoir s’amenuise…

Le grand méchant

Awouhhhhh ! C’est le Grand Méchant qui hurle. Qui est-il ? Que fait-il ? Pourquoi hurle-t-il ? Vincent Guigue et Loïc Méhée imaginent Le grand méchant, une très jolie histoire jeunesse chez Les 400 coups.

Tout poilu, griffes crochues et super-rapide, qui est vraiment ce grand méchant ? Faisant peur aux enfants et même à la maîtresse, cette bestiole rouge affole tout le monde !

Vincent Guigue surprend son lecteur (à partir de 2 ans) avec son histoire faisant frisonner. Très drôle, la bestiole fera rire à ses dépens.

Né en 1978, le scénariste, dont c’est le premier livre jeunesse, touche à son but grâce à une très belle originalité dans son approche, dans sa construction et son final. Ressemblant à un mini-loup, Le grand méchant ne sera pas celui que vous croyez ! Pour l’accompagner aux dessins, c’est Loïc Méhée, le talentueux artiste poitevin qui s’y colle. Décidément son style convient idéalement aux histoires jeunesses. Après Lolita la taupe qui cherche l’amour (avec Alexandra Néraudeau), il illustre avec beaucoup de malice ce nouvel album aux 400 coups. L’auteur des Supers labyrinthes de l’espace dévoile de très belles illustrations pleine-page qui font face au texte. L’on part d’un gros plan pour découvrir qui est ce Grand méchant tout rouge.

  • Pour prolonger la lecture, nous vous invitons à regarder la vidéo ci-contre où Loïc nous dévoile son atelier et ses secrets pour fabriquer un livre.
  • Le grand méchant
  • Scénariste : Vincent Guigue
  • Dessinateur : Loïc Méhée
  • Editeur : Les 400 coups
  • Prix : 10.50€
  • Sortie : 04 octobre 2018

Résumé de l’éditeur : Êtes-vous prêt à rencontrer le grand méchant ?
Attention ! On parle ici d’un méchant qui existe vraiment !
Le genre de méchant qui vit caché et qui aime le sang…
Le genre de méchant qui fait peur autant aux parents qu’aux enfants…
Le genre de méchant que l’on préfère croiser dans un livre plutôt que de son vivant…

Le scandale Stopsénil

Le Stopsénil ? Un médicament miracle qui guérit la maladie d’Alzheimer, depuis la première guerre mondiale. Mais voilà, à force d’être en bonne santé, les petits vieux se rebellent. Lionel Koechlin imagine Le scandale Stopsénil, un joli album très drôle aux éditions Cornélius.

Le récit de Lionel Koechlin est construit comme une pièce de théâtre illustrée où les protagonistes revisitent l’Histoire à leur sauce. Entre Soeur Rita, Vieuxtoto, Catchaquatre et Omar – les anti-héros du Scandale Stopsénil – cette farce très drôle revient sur un étrange fait : la guérison de la maladie d’Alzheimer. Longtemps, très longtemps après la Première guerre mondiale, des laboratoires ont eu raison de cette maladie jusqu’ici incurable et qui faisait chavirer plus d’une tête.

En envahissant le pays de ce médicament miracle, les petits vieux n’en sont plus atteints. Nous pourrions dire : «  »très bien » mais c’était sans compter sur le pouvoir de rébellion de ces derniers, qui sont maintenant en pleine capacité intellectuelle, prêts à relever tous les défis. Ils font la révolution, poussés par un cerveau encore plus puissant qu’auparavant. Les autorités confrontées à ce vent de révolte n’ont pas trouvé mieux que d’éliminer les récalcitrants.

Quel petit bonheur que de lire Le scandale Stopsénil ! Cette pièce de théâtre va en désarçonner plus d’un ! Avec beaucoup d’intelligence l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages pour la jeunesse mais aussi pour les adultes imagine des dialogues ciselés amusants à souhait. A travers cet OVNI de 96 pages, il parle ainsi de la vieillesse, de la maladie, de la guérison et de la place des personnes âgées dans nos sociétés occidentales. Le scandale Stopsénil révèle le grand talent de conteur de Lionel Koechlin.

  • Le scandale Stopsénil
  • Auteur : Lionel Koechlin
  • Editeur : Cornélius
  • Prix : 19.50€
  • Sortie : 11 octobre 2018
  • IBAN : 9782360811557

Résumé de l’éditeur : Un roman théâtral qui traite du paradoxe de guérir l’oubli tout en éliminant les gardiens de la mémoire.

Longtemps après l’armistice de 1918, l’industrie pharmaceutique a vaincu la maladie d’Alzheimer grâce au révolutionnaire médicament Stopsénil. Les vieux sont désormais en pleine possession de leurs capacités mentales et ils ne sont plus dupes. Cette insatisfaction croissante inquiète le gouvernement qui réagit avec autorité en embrigadant de pauvres bougres afin d’éliminer les anciens trop perspicaces.

Yondaime oyamato tatsuyuki

Yondaime oyamato tatsuyuki est un sympathique yaoi de Scarlet Beriko chez Taifu Comics, se déroulant dans un clan de yakuzas au Japon.

Clan Oyamato. Tatsuyuki ne sait plus trop où il en est depuis la rupture d’avec son dernier compagnon. Il se laisse aller. Pour lui faire retrouver le goût de la vie et accessoirement celui des affaires, il est envoyé à Fukuoka. Il doit remplacer son père dans cette mystérieuse entreprise.

Le soir venu et alors qu’il a beaucoup bu, il s’effondre sur un banc public. Il est récupéré par Koga avec qui il a une relation sexuelle. Le lendemain, il ne se rappelle de rien, pire, cet inconnu lui explique qu’ils se connaissent depuis longtemps et qu’il est heureux de le revoir….

Edité par Shinshokan au Japon en 2015, Yondaime oyamato tatsuyuki est un très joli yaoi de Scarlet Beriko. On est loin des romances simplistes des yaoi et l’on est plus proche des comédies dramatiques. Parce que oui, ce manga est fort, dur et parfois violent dans les rapports entre humains. Koga et Tatsuyuki ont un passé en commun mystérieux qui les rapprochent inexorablement. C’est cela aussi qui tient en haleine le lecteur. On veut connaître le fin mot de l’histoire. Pour contrebalancer cette violence, la mangaka (Jackass !) glisse de l’humour assez loufoque dans son récit.

Les scènes de sexe sont explicites et nombreuses dans Yondaime oyamato tatsuyuki. Le dessin de Scarlet Beriko est assez original, lui aussi loin des stéréotypes du genre. Une belle surprise !

  • Yondaime oyamato tatsuyuki
  • Autrice : Scarlet Beriko
  • Editeur : Taifu comics
  • Prix : 8.99€
  • Sortie : 25 octobre 2018

Résumé de l’éditeur : Sôgorô est l’héritier d’une des familles les plus connues du monde Jeune chef d’un puissant clan de yakuza, Tatsuyuki a le coeur brisé après s’être fait rejeté par son premier amour. Totalement désespéré, il est envoyé à Fukuoka pour y régler certaines affaires. Tout juste arrivé, il décide de profiter de cette escapade pour s’amuser, mais le lendemain matin, à son réveil, il découvre qu’il a passé la nuit avec un jeune inconnu qui semble le connaître. Tatsuyuki ne le sait pas encore, mais cette rencontre ne restera pas sans conséquence.

Ariol, tome 14

S’il ne fallait garder qu’une seule série bande dessinée jeunesse ce serait vraisemblablement Ariol de Emmanuel Guibert et Marc Boutavant !

Comme à son habitude en novembre de chaque année et depuis 14 ans, les éditions BD Kids proposent leur recueil d’histoires de Ariol, prépubliées dans J’aime Lire. Pour ce quatorzième volume – Ce nigaud d’agneauMarc Boutavant et Emmanuel Guibert ont de nouveau fixé la barre très haut pour livrer aux jeunes lecteurs des récits courts – au nombre de 12 – de très grande qualité.

De la flemmingite aiguë de Pharamousse à une visite avec mamie à l’hôpital, en passant par la perte des lunettes d’Ariol dans les toilettes, le théâtre de marionnettes commenté en direct par mamie, l’anniversaire du petit âne (il a 10 ans), ou encore le dessin à deux mains, tout est formidable et sympathique dans ce recueil.

Depuis 2000, Emmanuel Guibert régale son jeune lectorat des péripéties d’Ariol et ses amis, entre fiction et anecdotes de son enfance.

« Emmanuel qui cherchait un illustrateur pour ses histoires de Ariol – ses souvenirs d’enfance – après avoir tenté lui même de les dessiner, a pensé à moi ! Mon trait était beaucoup moins rond que sur ses essais. Dans les premières planches Ariol et Ramono sont des adolescents de 13 ans. J’hésite une semaine avant de dire oui » nous a confié Marc Boutavant dans un superbe entretien en janvier 2018. Le duo fonctionne très bien : Guibert au scénario, Boutavant au dessin, auquel on ajoutera Rémi Chaurand aux couleurs.

D’ailleurs l’auteur de Mouk ajouta dans la même interview : « Lorsqu’il (Emmanuel] a terminé un scénario, il n’y a rien à changer, tout est excellent ! » En effet, entre tendresse, poésie, et vie quotidienne réaliste, tout est formidable dans ce monde anthropomorphique ! Plus étonnant – mais cela est du à la qualité des récits : « Ariol plaît aux enfants, aux parents et aux grand-parents. C’est très rare ! »

Ariol 14 : c’est de la bombe !!!

  • Ariol, tome 14 : Ce nigaud d’agneau
  • Scénariste : Emmanuel Guibert
  • Dessinateur : Marc Boutavant
  • Coloriste : Rémi Chaurand
  • Editeur : BD Kids
  • Prix : 11.50€
  • Sortie : 07 novembre 2018

Résumé de l’éditeur : Pharamousse est un des copains d’Ariol. Un agneau, vous vous souvenez ? Sans doute pas le plus vaillant des petits garçons. De constitution et de santé fragiles, il se fait porter pâle à chaque fois qu’il en a l’occasion. Gentiment hypocondriaque, il préfère se faire oublier dans la classe de monsieur Le Blount. Mais, au contact des facéties d’Ariol et Ramono, le pauvre Pharamousse risque bien de se casser une côtelette…

Melancholia ou une autre mort

Quand la Mort tente une analyse psychologique pour aller mieux, cela donne un somptueux conte sans texte de Nicholas Gurewitch, Melancholia ou une autre mort.

Petite structure villeurbannaise mais grande par la qualité de ses ouvrages publiés, les éditions Lapin dévoilent « un livre bizarre » mais ô combien fascinant, Melancholia, ou comment la Mort tente de faire venir à elle – dans son monde – un psychanalyste. Pas de chance, l’homme qui guérit les âmes s’en sort, lui propose de l’analyser et ainsi se déroule un théâtre de papier devant les lecteurs subjugués.

Nicholas Gurewitch est un auteur très prolifique sur les internets. Très suivi sur ses réseaux sociaux, il a aussi reçu quatre prestigieux prix : 2 Ignatz awards, un Eisner et un Harvey ! C’est vous dire qu’il est apprécié de la critique et de ses pairs. En observant Melancholia et ses somptueuses planches, on les comprend !

Il lui a fallu près de 10 ans pour réaliser cet album magistral ! Pour cela, il a puisé dans les 250 dessins qu’il a produit pour n’en garder que 48 et dévoiler ainsi un superbe conte sans texte époustouflant !

Ses illustrations en noir et blanc ont été réalisées sur des cartes à gratter. Il faut scruter de près toute la minutie dans les hachures pour en goûter tout le sel  et comprendre le temps important qu’il lui a fallu pour tout produire.

Pour cela, il fut inspiré par les dessins de Edward Gorey  dont nous vous parlions dans la chronique de Les Jumblies (éditions Le Tripode). On pourrait aussi voir dans Melancholia une belle parenté avec Nicolas Arispe (Le Livre & La mère et la mort / Le départ) ou avec Pedro Stoïchita (Polybius).

Petit par sa taille (28 x 20) mais énorme par sa partie graphique, Melancholia bénéficie d’une édition à l’italienne pour mettre en lumière les merveilleuses illustrations de Nicholas Gurewitch. Hypnotisant !

  • Melancholia ou une autre mort
  • Auteur : Nicholas Gurewitch
  • Editeur : Lapin
  • Prix : 17€
  • Sortie : 12 juillet 2018

Résumé de l’éditeur : La Mort est inquiète : sa fille batifole dans les prés sans sembler se soucier de reprendre le business familial. Mais après une bonne psychanalyse interrompue, tout pourrait s’arranger.

Kivu

Jean Van Hamme et Christophe Simon proposent Kivu, un album fort et bouleversant dans cette région de la République démocratique du Congo entre travail humanitaire, corruption et massacres impunis.

Sud Kivu. Le colonel Malumba harangue les soldats de sa milice, qui fait régner la terreur dans cette région. Quiconque s’interpose, meurt. Ils s’attaquent à un village de brousse. Alors que Jérémie et Violette tentent de fuir, l’officier les arrête et commence à violer la jeune adolescente. Son frère le tue.

Quelques jours plus tard au siège de la Metalurco. François Daans est embauché pour trouver un successeur à Malumba. Il faut dire qu’avec les bakchichs, le colonel et ses hommes aidaient aux affaires de la société.

A peine arrivé dans le pays, Daans percute Violette, la soigne, l’emmène dans son hôtel et découvre son histoire…

Après trois albums dans la collection Signé – Histoire sans héros & Vingt ans après (avec Dany) ainsi que Western (avec Rosinski) – Jean Van Hamme signe son retour dans ce prestigieux label du Lombard avec un récit dur, fort et poignant se déroulant à l’ouest du Rwanda.

Comme à son habitude, son histoire est solidement documentée et accrocheuse. Pour l’incarner, il met en scène François, un belge qui sur place ouvre les yeux sur les agissements, méfaits et trafics en tout genre : humains et financiers. La corruption est reine et les milices se chargent des bases besognes pour les multinationales ou les politiciens. Région instable depuis le génocide rwandais, elle est néanmoins méconnue des Européens. Alors que les gouvernements français et belges sembleraient plus qu’impliqués dans les massacres au Rwanda (voir La fantaisie des dieux), cet album tombe donc à point nommé. De plus, il met en lumière le formidable travail du docteur Mukwenge – prix Nobel de la paix 2018 – qui répare les femmes mutilées et ou violentées.

Classique dans sa narration, parfois un peu trop bavard, Kivu est plaisant à la lecture. Tout est bien explicité dans cet album, notamment les rôles étonnants des humanitaires.

Pour accompagner Jean Van Hamme au dessin, c’est Christophe Simon qui a été choisi. Le dessinateur de la reprise de Corentin (déjà avec le même scénariste) convainc avec un style hyper-réaliste, même si cela enlève beaucoup de mouvements à ses personnages. Leurs postures semblent ainsi très figées.

  • Kivu
  • Scénariste : Jean Van Hamme
  • Dessinateur : Christophe Simon
  • Editeur : Le Lombard, collection Signé
  • Prix : 14.99€
  • Sortie : 14 septembre 2018

Résumé de l’éditeur : Ingénieur fraîchement diplômé, Stéphane travaille pour un puissant consortium industriel. Il se voit confier la négociation d’un important contrat au Congo. Sur place il découvre le règne du cynisme et de la corruption, dans des proportions qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Son destin bascule définitivement quand sa route croise celle de Violette, une enfant congolaise traquée par un puissant chef rebelle.