55 minutes, tome 1 : Temps mort

55 minutes est la nouvelle série jeunesse des éditions Jungle. Scénarisée par Xavier Betaucourt, elle est mise en image par François Duprat.

Gus est un garçon étonnant ! Depuis que sa maman est décédée dans un accident de voiture, il peut voir les futurs événements qui se dérouleront dans les 55 minutes qui arrivent.

Ce don étrange, il ne l’utilise pas vraiment. Seules Alice sa sœur et sa psychologue – qui prend sa retraite – sont au courant.

Chez eux, ce n’est pas simple non plus pour leur père qui fait tout ce qu’il peut mais parfois semble débordé et doit souvent s’absenter plusieurs jours pour son travail. Lorsque que cela se produit, la fratrie est hébergée chez leur oncle et tante. Cela ne plait guère à Alice parce qu’elle ne supporte par Léna, leur cousine…

Voilà une série qui ne paie pas de mine mais qui est agréable à la lecture. Il faut souligner que le récit de Xavier Betaucourt (La grand A, Trop vieux pour toi & Quelques jours à vivre) aborde de nombreuses thématiques de manière intelligente : du deuil en passant par l’absence, la jalousie, le harcélement et même les réfugiés.

L’album se mue en enquête policière dans sa deuxième partie, apportant encore plus de rythme et de tension. Ce premier volet de cette nouvelle série bénéficie du talent de François Duprat pour la partie graphique. Le dessinateur de Léo Cassebonbon et de L’année du dragon réalise des planches modernes et efficaces qui conviennent parfaitement à un lectorat adolescent.

  • 55 minutes, tome 1 : Temps morts
  • Scénariste : Xavier Bétaucourt
  • Dessinateur : François Duprat
  • Editeur : Jungle
  • Parution : 25 avril 2018
  • Prix : 12.95€
  • ISBN : 9782822221788

Résumé de l’éditeur : Depuis que sa mère a disparu, Gus, 11 ans, a le pouvoir de prévoir son avenir dans un délai de 55 minutes. Cette faculté suscite bien des convoitises et le met en danger, lui et sa soeur Alice.

Godman, tome 1 : Au nom de moi

Et si Dieu était un adolescent ? Jonathan Munoz dévoile la vie et l’œuvre de ce garçon mal-élevé et qui n’aime que peu les êtres humains dans Godman aux éditions Fluide Glacial.

Il n’en peut plus ! Harcelé par des groupies, Dieu veut vivre sa vie de manière moins chahutée. Il ne veut d’ailleurs plus entendre parler de ses exploits, du bonheur qu’il procure aux autres, pire il veut qu’on l’appelle par son vrai prénom : Charles !

Lorsqu’il est trop harcelé, il s’envole sur les toits des buildings et prend même possession d’un appartement en chassant ses propriétaires. Seul avec le majordome, il contemple les habitants de la ville…

Après Dieu point zéro (de James et Boris Mirroir), les éditions Fluide Glacial poursuivent dans cette thématique avec Godman. Jonathan Munoz propose une parodie de l’être suprême où il le transpose dans le corps d’un ado. Comme bon nombre d’entre eux, il vit une période délicate, se rebelle et est cynique. Il se révélera par la suite plus humain en tentant de retrouver une fillette kidnappée.

L’auteur de Un léger bruit dans le moteur (avec Gaet’s) donne du rythme à cette aventure décalée et drôle. En y glissant une enquête, l’histoire prend une allure plus folle. Les situations cocasses, la personnalité de Charles et ses répliques tombent souvent à pic.

Godman : une parodie irrévérencieuse de Dieu, drôle et enlevée !

  • Godman, volume 1 : Au nom de moi
  • Auteur : Jonathan Munoz
  • Editeur : Fluide Glacial
  • Parution : 11 avril 2018
  • Prix : 14.50€
  • ISBN : 9782378780173

Résumé de l’éditeur : Dieu est un adolescent pas comme les autres et dont le statut l’encombre plus qu’autre chose. La convoitise qu’il suscite aboutit à l’enlèvement d’une fillette que des malfrats ont pris pour sa propre enfant. Démarre alors une course contre la montre pour sauver l’enfant. Un album qui mêle humour et enquête policière surréaliste.

Imastu

Au cœur d’un orphelinat, Ulrica s’évade en rêvant. Ses tourments et ses peines sont mises en image dans Imastu, un album hypnotique et électrisant de Jérémie Horviller.

Imastu en Estonie. Juchée sur une balançoire, Ulrica contemple le ciel et les paysages. La jeune fille est pensionnaire dans le petit orphelinat de la ville. Comme ses autres camarades, elle tente de fuir son quotidien en rêvant. Il faut dire que les distractions sont limitées et les autres enfants, étranges. Ce lieu assez grand invite à tous les possibles, toutes les rêveries même les plus sombres…

Né en 1977 et diplômé des arts plastiques de Saint-Etienne, Jérémie Horviller dévoile un album quasi muet, dérangeant et hypnotique. Ovni dans la production de bandes dessinées actuelles, le récit entre parfaitement dans la ligne éditoriale du Tripode (Le livre & La mort / le départ de Nicolas Arispe, Les jumblies de Edward Lear).

Comme le souligne l’auteur : « Imatsu est le nom d’une petite bourgade située en Estonie, près de Tapa. Lorsque j’étais étudiant, je suis allé rejoindre une amie qui travaillait dans un orphelinat. Pendant un court séjour, j’ai vu certains enfants abandonnés par leurs parents à cause d’une lourde pathologie physique ou psychique, voire les deux. Cette expérience m’a beaucoup marqué. De retour en France, je me suis dit que l’orphelinat pouvait être un point de départ pour raconter une histoire ».

A travers Imastu, Jérémie Horviller se glisse dans les pas des artistes peintres comme Edvard Munch, fasciné par les hallucinations. Puisque sans texte, la partie graphique doit être à la hauteur, et c’est le cas. Quelle force dans le dessin ! Ses planches en noir et blanc comportent énormément de mystère(s) et procure un sentiment d’attirance-répulsion sur le lecteur. Les hachures et les grands aplats noirs accentuent les effets d’angoisse de la jeune héroïne.

L’on croirait alors que Ulrica est coincée dans un livre ou un film, un monde où l’esprit croise le réel. Rien n’est gratuit dans les pages de Jérémie Horviller ! Il aime à glisser de ci, de là de nombreuses références employées en psychologie. Tout est pesé, réfléchi et c’est aussi en cela que Imastu plait. Chaque lieu, chaque éléments naturels ou objets contient une symbolique marquée.

Imastu : une agréable découverte et un auteur à suivre. Superbe !

  • Imastu
  • Auteur : Jérémie Horviller
  • Editeur : Le Tripode
  • Parution : 22 mars 2018
  • Prix : 17€
  • ISBN : 978-2370551573

Résumé de l’éditeur :  » Imastu est le nom d’une petite bourgade située en Estonie, près de Tapa. Lorsque j’étais étudiant, je suis allé rejoindre une amie qui travaillait dans un orphelinat. Pendant un court séjour, j’ai vu certains enfants abandonnés par leurs parents à cause d’une lourde pathologie physique ou psychique, voire les deux. Cette expérience m’a beaucoup marqué. De retour en France, je me suis dit que l’orphelinat pouvait être un point de départ pour raconter une histoire. »

Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo

Mouvement de jeunes Congolais créé en 2012, La Lucha a pour but d’apporter l’éducation et de l’eau dans tout le pays. Annick Kamgang et Justine Brabant lui rendent hommage dans un très joli album témoignage édité par La Boîte à Bulles.

Kinshasa en 2015. Alors qu’ils tiennent une conférence de presse dans une salle du quartier de Masina, les membres de La Lucha et leurs amis sont arrêtés, emmenés dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements et pour certains torturés. Il faut souligner que leur mouvement citoyen pacifiste révèle les exactions commises par les forces armées, dénonce les dérives autoritaires des gouvernements et tente d’apporter l’eau et l’éducation dans tout le pays.

A travers La Lucha, Justine Brabant – journaliste et spécialiste de la République démocratique du Congo – dévoile les prémices, la création et les luttes du mouvement. L’autrice donne la parole aux six fondateurs : Fred Bauma, Rebecca Kabugho, Micheline Mwendiké, Luc Nkulula, Judith Maroy et Juvin Kombi. Elle met ainsi en lumière leurs difficultés de création, les obstacles placés sur leur route mais aussi leurs réussites et leurs espoirs. En cela, elle parle aussi de l’Histoire du Congo sur plus d’un siècle. Le pays fut une colonie belge fondée par le roi Léopold II qu’il dirigea entre 1885 et 1908.

La force de l’album réside dans les actions non-violentes de ses membres. Un bel exemple d’humanité, de générosité, d’entraide et de solidarité.

Pour accompagner la scénariste, Annick Kamgang s’occupe de la partie graphique. Dessinatrice de presse (L’Express, L’Opinion ou Jeune Afrique, notamment), elle dévoile des planches simples et efficaces avec parfois beaucoup d’émotion.

  • Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo
  • Scénariste : Justine Brabant
  • Dessinatrice : Annick Kamgang
  • Editeur : La Boîte à Bulles & Amnesty International, collection Contre-Coeur
  • Parution : 04 avril 2018
  • Prix : 14€
  • ISBN : 9782849533031

Résumé de l’éditeur : La Lucha est l’histoire du mouvement du même nom, créé par de jeunes Congolais de tous milieux, origines et religions qui ont choisi de mener un combat pacifique dans un pays où les choses se règlent souvent par les armes, le clientélisme ou la corruption. C’est en Janvier 2012 que ce mouvement citoyen voit le jour à Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo (Kivu). Animé par le désir d’un pays nouveau, véritablement indépendant et démocratique, La Lucha milite, à travers des actions non violentes pour l’accès à l’eau, à l’éducation, la fin de l’impunité des groupes armés et la tenue d’élections présidentielles. Le mouvement a très vite attiré l’attention des autorités qui répriment régulièrement leurs actions. Ce livre est un témoignage fort et édifiant sur cinq ans de lutte pour le changement, cinq ans de courage, mais surtout cinq ans d’espoir.

Otaku otaku, volume 1

Ayant peur de perdre son travail parce qu’elle est otaku, Momose le cache tant bien que mal. Elle découvre que Hirotaka, son collègue, a la même passion. Leur idylle naissante est contée dans Otaku otaku de Fujita chez Kana.

Dans une entreprise japonaise. Momose est une véritable Otaku (elle consacre énormément de temps à des loisirs tels que les mangas, jeux vidéo et animés). Par peur de perdre son emploi si quelqu’un découvre son penchant obsessionnel, elle tente de le cacher. Il faut souligner que pour un homme cela est plutôt bien vu et moins pour une femme. Certaines sont même qualifiées de Fujoshi, terme péjoratif sur les otaku.

Momose découvre que Hirotaka, une ancienne connaissance, travaille au même endroit qu’elle. Lui sait qu’elle est otaku. Pour ne pas trop que cela se sache, elle accepte sa proposition : être en couple avec lui. Ce sera plus plus simple parce que lui aussi est otaku…

Petit shojô sans prétention, Otaku otaku est plaisant à la lecture. En plus de caractère psychologique des deux héros – Hirotaka est taciturne et peu expressif, tandis que Momose est extravertie et maladroite – Fujita fait découvrir le monde otaku à ses lecteurs. Ce que nous appelons geek dans nos pays est désigné par le terme plus restrictif chez les Japonais. Mal vu pour une femme – comme chez nous – ce phénomène désigne vraiment la nouvelle génération post-internet.

Comme tout bon shôjô qui se respecte, le nouveau couple est fondé sur une attirance entre deux personnages très différents, opposés. Graphiquement, le mangaka alterne avec habileté des vignettes classiques et réussies avec d’autres plus kawaii.

  • Otaku otaku, volume 1
  • Auteur : Fujita
  • Editeur : Kana, collection Big Kana
  • Parution : 20 avril 2018
  • Prix : 5.95€
  • ISBN : 9782505072515

Résumé de l’éditeur : Narumi et Hirotaka, ont tous les deux 26 ans et sont amis d’enfance. Après s’être perdu de vue, ils se retrouvent à bosser dans la même boîte ! Tandis que Narumi aime les mangas, les jeux vidéo et le cosplay, Hirotaka préfère pour sa part les jeux vidéo, qu’il ne lâche quasiment que pour bosser. Alors que Narumi se plaint, à moitié saoule dans un bar, qu’il est impossible de trouver l’amour en temps qu’Otaku, Hirotaka lui propose de sortir avec lui. Commence alors une histoire d’amour à laquelle aucun d’eux ne s’étaient préparés.

Saltiness, volume 1

Voulant reprendre sa vie en main et « tuer le monstre » enfoui en lui, Takehiko quitte le domicile familial à 31 ans. Véritablement nonchalant et je m’en foutiste, il fait prendre à son existence, un nouveau virage. Ce nouveau visage et cette transformation sont contées dans Saltiness, un étonnant et passionnant manga  de Minoru Furuya chez Akata.

Dans une petite ville du Japon, Takehiko vit avec son grand-père et sa sœur. Cynique, nonchalant, je m’en foutiste et ne faisant pas grand chose de sa vie, l’homme de 31 ans est mis devant le fait accompli par son grand-père qui tente de lui faire ouvrir les yeux sur sa condition. Il lui explique que tant qu’il ne sera pas marié, sa sœur ne se préoccupera pas d’elle-même.

Comme un électrochoc, le lendemain, Takehiko part de la maison afin de trouver du travail, donner un sens à sa vie et « tuer le monstre »…

Surprenant manga, Saltiness subjugue et attire ! L’histoire imaginée par Minoru Furuya est un étonnant regard sur nos sociétés contemporaines par le prisme de Takehiko, véritable Tanguy japonais. Ainsi le mangaka interroge son lectorat sur ces adultes qui ne savent pas quelle est leur place dans la société, qui préfèrent le cocon familial plus que la découverte et les obstacles de la vie.

La lecture de Saltiness est prenante et haletante – étonnant d’ailleurs – par cet étrange road-trip où le héros se transforme. Il faut souligner que certains passages peuvent nous mettre mal à l’aise mais c’est aussi cela qui nous attire (notre côté voyeur, sadique ?). A quoi joue le héros ? Il devient un gourou à l’emprise forte sur les deux hommes qu’il rencontre. Sans être méchants, les défis sont humiliants. L’absurdité des recherches de Takehiko rend la lecture plaisante et très drôle.

Minoru Furuya est une figure incontournable de la scène manga japonaise actuelle, comme Minetaro Mochizuki. Né en 1972, le mangaka est cité en référence par quelques uns de ses pairs : Inio Asano ou Shûzô Oshimi. Saltiness est néanmoins son premier manga publié en France.

Saltiness : un manga absurde, surprenant et électrisant par l’un des mangakas les plus en vue actuellement au Japon.

  • Saltiness, volume 1/4
  • Auteur : Minoru Furuya
  • Editeur : Akata, collection WTF?!
  • Parution : 12 avril 2018
  • Prix : 8.30€
  • ISBN : 9782369743026

Résumé de l’éditeur : Takehiko a 31 ans, et il croit qu’il est über-cool ! Il se fiche de tout, se croit inébranlable. Une pluie de crottes pourrait lui tomber dessus qu’il resterait là, debout, infaillible. Il profite de la vie, ainsi, en n’en branlant pas une. Pourtant un jour, son grand-père fatigué de son comportement nonchalant, lui donne un véritable électrochoc : tant qu’il ne s’émancipera pas, il sera un fardeau, pire, un parasite, pour sa petite sœur adorée. Profondément choqué, le jeune homme quitte le domicile avec pour objectif de « tuer le monstre ». Mais comment faire quand les seuls qui acceptent d’interagir avec vous sont les chiens et les chats errants ? De rencontres improbables en délires cyniques, Takehiko finira peut-être par trouver sa place dans ce monde…

Ken’en comme chien et singe

Notre avis : Rien n’est tout blanc ni tout noir, c’est un peu la leçon qu’on nous enseigne ici dans Ken’en, triplé d’une sympathique histoire de relations tumultueuses et de très beaux graphismes.

Dans un village au Japon, un être maléfique fait savoir aux habitants qu’ils doivent sacrifier une jeune fille au temple local en l’abandonnant dans un coffre et en repartant sans se retourner. Face à cette menace, les habitants décident de faire appel à Hayate, un chien chasseur de démons. Ce superbe chien blanc va les aider à découvrir qu’en fait cet être maléfique est un Kakuen. Les Kakuens sont des êtres mi-homme mi-singe ayant pour habitude d’enlever des humaines. Ce Kakuen répond au nom de Mashira et lorsqu’il découvre qu’à la place d’une jeune femme, c’est Hayate qui l’attend au temple, il n’en est pas du tout déstabilisé. Au contraire, Mashira décide d’adopter Hayate.

Plus tard dans l’histoire, on apprend la raison des enlèvements. En fait, les Kakuens ne peuvent être engendrer que par une union entre un Kakuen et une humaine. Mais comme ils ont une apparence qui rebutent, ils enlèvent les humaines pour qu’elles deviennent la mère de leurs enfants. Mais cette rustre tradition n’est pas du goût de Mashira qui est partagé entre l’idée d’assurer la survie de son espèce, et celle de vivre son existence tranquille.

C’est ce que va comprendre Hayate, mais il s’avère aussi que ce beau et gentil chien… N’est pas si gentil et si sympathique que son apparence laisse supposer. Ce qui donne des situations très drôles, et très surprenantes…

Ken’en est donc une sympathique série sur une amitié bizarre et une torture psychologique. Ce manga est signé Fuetsudo et Ichimura Hitoshi et est disponible aux éditions Doki Doki (éditeur de Re:Teen et de Hawkwood).

  • Ken’en tome 1
  • Auteurs : Fuetsudo et Ichimura Hitoshi
  • Editeur : Doki Doki
  • Parution : 4 avril 2018
  • Prix : 7,50 €
  • ISBN : 9782818944875

Résumé de l’éditeur : Les habitants du village de Mitsuke sont sommés par un kakuen, une créature mi-homme mi-singe, de déposer une jeune fille en sacrifice au sanctuaire dédié à Tenjin.
Le jeune bonze Benzon part alors pour le temple Kôzen-ji chercher de l’aide, et revient en compagnie du célèbre Hayate, un chien exorciste, pour tendre un piège à la créature malfaisante qui terrorise les villageois. Mais rien ne se passe comme prévu quand Mashira le kakuen décide d’adopter le superbe chien. Ainsi commencent les relations tumultueuses, « comme chien et singe », de ces deux êtres surnaturels au gré des saisons du Japon légendaire !

La bande dessinée contemporaine

Pour tout comprendre des dernières évolutions de la bande dessinée, ses contours et ses enjeux, il faut prendre un temps pour lire La bande dessinée contemporaine, un très bon essai de Nicolas Labarre.

La collection L’opportune des Presses universitaires Blaise Pascal (Clermont-Ferrand) « a pour ambition d’aider au décryptage des questions qui font l’actualité, d’apporter un éclairage au bon moment » souligne Benjamin Ducher, chargé de la diffusion des publications de l’entité. Des sujets qui préoccupent en seulement 64 pages et pour un tout petit prix (4.50€), c’est le but de cette collection. Parmi les premiers livres publiés – la collection est récente –  il y a un essai sur L’extrême-droite française ou Les séries télévisées.

La bande dessinée contemporaine est un essai de Nicolas Labarre, maître de conférence à l’Université de Bordeaux Montaigne, spécialiste de civilisation des Etats-Unis mais aussi de bande dessinée. Il est l’auteur de Heavy Metal, l’autre Métal Hurlant (PU de Bordeaux, 2017).

Livre composé de 4 grands chapitres, d’une introduction et d’une bibliographie courant sur 3 pages, La bande dessinée contemporaine frappe par sa grande richesse documentaire, ses textes, sa brièveté (sans dénaturer le propos) et son accessibilité pour les non-initiés. Si les spécialistes ou les amateurs éclairés de la thématique ne seront pas surpris par les informations, certains pourront y apprendre de nouvelles choses sur la bande dessinée.

En choisissant des exemples très parlants et grand public, Nicolas Labarre étaye son propos avec une grande rigueur universitaire (Astérix, Tintin, Moebius, Tardi ou Bilal mais aussi Riad Sattouf, Jean-Christophe Menu, Sfar pour la BD plus actuelle).

Ainsi il débute son livre par un rapide portrait de l’Age d’or de la BD européenne (Astérix, Tintin, Journal de Mickey, Pilote, Pif, Métal Hurlant, L’écho des Savanes ou encore les petits formats comme Akim, Zembla) afin de mieux faire comprendre la BD que nous lisons actuellement, qui est la fille ou la petite-fille des ces grands succès éditoriaux.

Des notions de Roman graphique aux liens entre BD et jeux vidéo, en passant par les mangas ou les comics, il survole avec habileté les différentes formes de la BD contemporaine. Par les deux derniers – pans important de la BD mondiale – il insiste sur le changement de format des livres, de l’ouverture à des lectorats plus divers. L’universitaire n’oublie pas le métissage de certaines BD européennes avec ces genres mais aussi de parler de la vague importante de livres autobiographiques ou encore les BD-reportages ou BD documentaires.

La bande dessinée contemporaine repose sur une solide documentation allant des ouvrages de Hugues Dayez (Duel Tintin-Spirou) à ceux de Thierry Groensteen (Bande dessinée et narration & La bande dessinée au tournant que nous avions chroniqué) ou ceux de Benoît Peeters (Case, planche, récit). Pour les statistiques ou les chiffres, il s’est aussi appuyé sur les rapports ACBD de Gilles Ratier (Rapport 2015 et Rapport 2016).

La bande dessinée contemporaine : un panorama de la BD d’aujourd’hui intelligent, facile d’accès et bien documenté. Un petit ouvrage à posséder dans toutes les bonnes bédéthèques.

  • La bande dessinée contemporaine
  • Auteur : Nicolas Labarre
  • Editeur : Presses Universitaires Blaise Pascal, collection L’opportune
  • Parution : 16 mars 2018
  • Prix : 4.50€
  • ISBN : 978-2845167803

Résumé de l’éditeur : Quelle bande dessinée édite-t-on et lit-on en France ? Comment comprendre l’explosion des formats et des genres au sein du secteur ? Quel lien la bande dessinée entretient-elle avec le livre, avec la presse ? Que penser de la bande dessinée numérique et de ses effets sur les formes et dispositifs existants ? Cet ouvrage vous livre toutes les connaissances indispensables sur la richesse créative et les dernières grandes évolutions de la bande dessinée, au fil d’un parcours allant des premiers succès du genre jusqu’aux oeuvres les plus récentes du palmarès du Festival d’Angoulême.

Michel et les temps modernes

Sac en bandoulière contenant du matériel pour enregistrer, Michel tend son micro aux petites gens. Les aventures de ce journaliste sont contées dans Michel et les temps modernes de Pierre Maurel.

Reporter sans le sou, Michel couvre souvent des manifestations où les petites gens tentent de faire entendre leurs voix. Il découvre les malversations d’une grande entreprise de nettoyage employant du personnel mal payé et surtout sans papier. Il réussit à s’introduire dans l’entrepôt où sont lavés les draps d’une maison de retraite. Il a les preuves, il a le témoignage des employés mais personne ne veut diffuser son reportage…

Deuxième album des (mes)aventures de Michel, Michel et les temps modernes brosse le portrait d’une France qui n’est pas adaptée (qui ne veut pas s’adapter) à notre époque actuelle. Par les traits de ce reporter radio, Pierre Maurel peut ainsi décrire ce qui nous entoure : internet, les financements participatifs ou encore Tinder. L’hyper-connexion ce n’est pas pour ce brave homme de plus de 40 ans. Il aspire à autre chose : au calme, à travailler des sujets délicats malgré la galère financière.

En tendant le micro à cette « France d’en-bas », Michel lui donne enfin une voix à entendre. Pas simple de s’attaquer à une grosse entreprise qui emploie du monde, les conséquences peuvent être terribles. De toute façon, personne ne veut diffuser son reportage. Pourquoi ? Lui a des preuves de travail dissimulé, de travailleurs sans papiers exploités. C’est aussi ce rapport au travail que Pierre Maurel a voulu décrire par son héros.

Découpé en petits chapitres qui forment une histoire complète, l’auteur de Blackbird (L’employé du moi) et de Tabula Rasa (Casterman) se glisse dans les pas des auteurs indépendants américains, comme Noah Van Sciver (Fante Bukowski), Derf Backderf (Trashed) ou John Porcellino (Chroniques cliniques) qui dépeignent une Amérique à la marge. Pour faire passer la pilule, Pierre Maurel ajoute beaucoup d’humour à Michel et les temps modernes. Un régal !

  • Michel et les temps modernes
  • Auteur : Pierre Maurel
  • Editeur : L’employé du moi
  • Parution : 16 mars 2018
  • Prix : 14€
  • ISBN : 9782390040385

Résumé de l’éditeur : Michel, reporter radio d’une quarantaine d’années, surnage dans le monde moderne et disruptif des années Macron : crowdfunding, Tinder et marketing par internet font irruption dans sa vie plutôt rangée. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne partage pas l’enthousiasme du reste de sa génération. Ce deuxième album des aventures de Michel est l’occasion pour Pierre Maurel de mettre en scène la cruauté mais aussi la drôlerie des situations rencontrées par son anti-héros joufflu aux abois. Ainsi faire soigner une rage de dents par un ami d’ami vétérinaire de son état n’est probablement pas une bonne idée mais Michel ne le saura qu’après. Michel – Les temps modernes décrit avec un ton léger et mordant les plans débrouille et les galères de personnages attachants que Michel rencontre sur sa route. Ennuis d’argent, de santé, d’amour sont abordés avec une bonne dose de mauvaise foi. Comme dans Blackbird, le dessin vif et rond de Pierre Maurel restitue avec justesse les personnages et le tragi-comique de leur situation.

Traits de famille, un bestiaire fantastique d’un père et de ses fils

Lorsqu’un papa réinterprète les dessins de ses deux fils, cela donne Traits de famille, un bestiaire fantastique d’un père et de ses fils, un très bel art-book aux éditions Kurokawa !

Né en 1977, Thomas Romain est une star de l’animation au Japon ! Pendant ses études à l’école des Gobelins, son court-métrage de fin de cursus qu’il réalise avec des camarades de promotion séduit Antéfilms, un studio d’animation. Cette histoire deviendra une série animée diffusée sur France 3 : Code Lyoko, un énorme succès, un phénomène de toute une génération d’enfants !

Il enchaine ensuite avec la série Oban Star-Racers (diffusée dans 120 pays !) puis Basquash avec Shoji Kawamori (qui a conçu le design de l’Odysseus dans Ulysse 31 ou Optimus Prime dans Transformers, excusez du peu !). Il crée aussi Furansujin Connection, une association pour souder la communauté des animateurs étrangers au Japon. Nous ne pouvons pas détailler toute ses collaborations avec les Japonais tant elles sont nombreuses.

Marié à Keiko, une Japonaise, il devient le papa de deux garçons : Ryunosuke en 2006 et Itsuki en 2008. Comme de nombreux enfants, les deux garçons dessinent sous l’œil bienveillant de leur papa. En 2017, Thomas Romain voit de plus en plus de choses qu’il apprécie dans leurs illustrations. Il le sait : il y a du potentiel dans leurs œuvres !

« En travaillant sur l’imaginaire de mes fils en particulier, je cherche à montrer que tous les enfants du monde ont un potentiel créatif qui ne demande qu’à être développé » confie le dessinateur. Il leur laisse l’initiative, il n’y a pas de contraintes et laisse vagabonder leur imagination. Il réinterprète alors les dessins de Ryunosuke et Itsuki. Il doit alors se surpasser et à trouver des solutions techniques. Pour lui c’est un exercice de style qui le pousse dans ses retranchements.

Traits de famille comporte ainsi 43 face-à-face. Pour chacun d’entre eux, il y a le dessin d’un des deux enfants, ainsi qu’une description de Thomas puis celle de son fils et sur la page de droite, l’illustration du dessinateur. C’est étonnant.

De cette initiative naîtra une chaine Youtube consacrée à ce merveilleux travail. Traits de famille : un superbe message d’amour d’un père à ses deux fils.

  • Traits de famille, le bestiaire fantastique d’un père et de ses fils
  • Auteurs : Thomas Romain, Itsuki et Ryunosuke
  • Editeur : Kurokawa, collection KuroPop
  • Parution : 08 mars 2018
  • Prix : 17.90€
  • ISBN : 9782368526477

Résumé de l’éditeur : Thomas ROMAIN est un directeur artistique et designer français qui travaille au Japon. Thomas et ses deux fils ont une passion commune, le dessin, et ils ont ensemble un projet hors du commun. Les enfants dessinent des créatures fantastiques et des personnages originaux avec pour mot d’ordre de laisser libre cours à leur imagination. Leur père crée ensuite une nouvelle illustration basée sur leurs idées.

 

Dr Stone : this is a stone’s world

Notre avis : Ce premier tome de la nouvelle série d’aventure S-F Dr Stone est très réussi, très complet, et donne envie d’en savoir plus sur l’avenir de l’humanité…

Un jour comme les autres, l’humanité bascule dans le chaos. Les habitants de la planète se retrouvent figés dans la pierre. Sans aucun survivant, ils restent ainsi durant… 3700 ans avant qu’un espoir ne renaisse. Deux amis lycéens, Taiju et Senku, réussissent par miracle à se libérer de ce sort. Et c’est un monde dévasté qu’ils retrouvent. La nature a eu le temps de prendre le dessus sur les constructions humaines, tous les outils ou ce qui pourrait servir à reconstruire quoi que ce soit ont bien entendu été dévorés par les années, que dis-je, les millénaires qui ont passés.

Taiju et Senku vont devoir faire face à de nombreux problèmes. D’abord il faut se construire un abri, trouver à manger, bref satisfaire leurs besoins primaires. Ensuite, il va falloir se protéger car en 3700 ans, ils ne savent pas ce que la nature leur a concocté en terme de flore mais surtout de faune. Et enfin, il serait bien de comprendre comment ils ont pu se libérer, et entamer ce processus de résurrection pour les autres humains ! Heureusement Senku est un scientifique et la science va s’avérer être une précieuse alliée !

Dr Stone est une série complète, comme je l’ai évoqué précédemment. Un très bon récit d’aventure/science-fiction se couple à une véritable réflexion philosophique sur l’avenir de l’humanité, mais aussi sur la possibilité d’un nouveau départ pour notre espèce et de ceux qui vont pouvoir en faire partie… Découvrez cette série de Riichiro Inagaki et Boichi aux éditions Glénat Manga, éditeur de Ajin et de Ayanashi.

  • Dr Stone, tome 1 : Stone World
  • Scénariste : Riichiro Inagaki
  • Dessinateur : Boichi
  • Editeur : Glénat Manga
  • Parution : 4 avril 2018
  • Prix : 6,90 €
  • ISBN : 9782344028032

Résumé de l’éditeur : Taiju, un lycéen tokyoïte, est un jour victime d’un phénomène mystérieux : en une fraction de seconde, l’humanité entière est transformée en pierre ! Des milliers d’années plus tard, à son réveil, il décide de rebâtir la civilisation à partir de zéro avec son ami Senku !! Ne manquez pas le premier opus du meilleur récit de survie et d’aventure S.F. de tous les temps !!

Redneck, polar rural et poisseux

Notre avis : Amateurs de polar, de fantastique, de vampires et d’histoires de familles dérangées, Redneck est la lecture qu’il vous faut pour vous détendre.

Redneck vous présente une famille de vampires qui a décidée de se faire toute petite. Installés depuis plusieurs décennies dans une bourgade isolée du Texas, ils vivent paisiblement. Enfin jusqu’à maintenant, car très vite les événements vont devenir beaucoup moins tranquilles. La haine et la peur vont bientôt prendre le dessus. En même temps, il ne suffit pas de s’occuper d’une petite grilladerie et boire le sang de ses vaches pour passer inaperçu. En fait, même pas du tout. Les esprits vont s’échauffer, et il va devenir impossible de faire la distinction entre humains et monstres…

Ce comics/polar/fantastique est un récit horrifique absolument incroyable. Entre des secrets dévorants, les névroses de ces protagonistes, les bagarres et les coups de sangs, les amateurs de violence vont être ravis.

D’autre part, le titre est intéressant car il évoque bien sûr la Redneck (nuque rouge) que l’on a après être mordu par un vampire, mais c’est aussi un terme familier qui désigne les gens qui résident dans les campagnes profondes (en France, on dirait « plouc »). Le titre donne donc le ton, avec son double sens, bien avant la lecture des premières cases. L’album est signé Donny Cates (Buzzkill, God Country) et Lisandro Estherren (The Last Contract, H.O.U.N.D.S) aux éditions Delcourt Comics.

  • Redneck tome 1
  • Scénariste : Donny Cates
  • Dessinateur : Lisandro Estherren
  • Editeur : Delcourt Comics
  • Parution : 4 avril 2018
  • Prix : 15,95 €
  • ISBN : 9782413007029

Résumé de l’éditeur : Les Bowman sont une famille de vampires installés depuis des décennies près d’une petite ville rurale du Texas. Ils sont parvenus à se fondre dans la populace locale, mais cette paisible coexistence va voler en éclat lorsque la haine, la peur et le ressentiment accumulés depuis des générations explosent à la face du monde. Impossible alors de faire la distinction entre les hommes et les monstres…