Duel au soleil

Combat épique entre un cow-boy et un indien, Duel au soleil est un sublime livre jeunesse signé Manuel Marsol aux éditions L’Agrume.

Dans un désert américain et sous un soleil de plomb, un cow-boy et un indien se font face. Chapeau sur la tête et armé d’un revolver contre un bandeau à plume et un arc, tout est prêt pour un duel à mort. Séparés par un petit ruisseau, ils sont là stoïque attendant la fin. C’était sans compter sur la nature qui va les rattraper : serpent, bison, train… Tout les dérange dans ce moment qui se voudrait sanglant…

Moult fois revisité en livre, film ou roman, le genre western prend une autre allure sous la plume de Manuel Marsol. Si le duel est au cœur de ce merveilleux livre jeunesse, tous les codes sont tordus pour le rendre drôle et très sympathique. Ce pastiche intelligent est jouissif et intelligent. Manuel Marsol utilise pour cela le comique de répétition qui va comme un gant à cette géniale histoire !

Construit comme un splendide long plan séquence cinématographique (à la Tarentino), Duel au soleil mise sur deux anonymes qui veulent en finir avec l’autre. On ne sait pas pourquoi ils sont là face à face, mais peu importe, le temps s’est arrêté pour mettre à mort l’ennemi. Pourtant autour cela s’agite et met à mal leur dessein tragique. Pas de méchant, pas de gentil, juste deux hommes qui sont constamment dérangés par des intrus.

Sans aucun doute, l’un des plus beaux livres jeunesse 2018, Duel au soleil bénéficie du grand talent de Manuel Marsol, auteur espagnol né en 1984 (La montagne, éd. Les fourmis rouges). Ces illustrations pleine-page sont sublimes. Les gros plans sur les visages lui permettent d’intensifier les émotions de ces deux protagonistes. Le dessin est suffisamment fort pour que l’auteur utilise que peu de texte.

En compétition pour la Pépite catégorie livre illustré 2018 du Salon du livre de Montreuil, Duel au soleil nous à fait chavirer. On recommande, on recommande et on recommande ! Superbe !!!

  • Duel au soleil
  • Auteur : Manuel Marsol
  • Editeur : L’Agrume
  • Prix : 20€
  • Parution : 15 mars 2018
  • IBAN : 9791090743724

Résumé de l’éditeur : Le Far West, un cowboy, un indien. Le duel peut commencer !

Riverdale présente Archie : panique au lycée !

Riverdale présente Archie : L’ado le plus célèbre de l’histoire du comics se voit donner un nouveau souffle grâce à ce nouveau tome paru chez Glénat !

Archie est une référence dans le monde du comics. Créé en 1941, ce personnage est considéré comme le plus célèbre adolescent de l’histoire. Habitant la belle commune de Riverdale, il forme avec Betty le couple le plus glamour du lycée. Dans ce tout nouveau tome, c’est une autre histoire puisque ce couple phare et exemplaire se sépare, à cause d’une histoire de rouge à lèvres. Voulant aider son meilleur ami, Jughead va tenter de les rabibocher, croyant dur comme fer que la flamme est toujours bel et bien là.

Seulement les plans de Jughead vont être quelque peu chamboulés par l’arrivée d’une toute nouvelle habitante de Riverdale. Humour, triangle amoureux, amitié, autant de thèmes abordés dans ce tout nouveau tome d’Archie. Si vous ne connaissez pas le personnage, c’est le bon moment pour commencer à découvrir ce fantastique lycéen devenu une icône de la pop culture.

  • Riverdale présente Archie
  • Scénariste : Mark Waid
  • Dessinatrice : Fiona Staples
  • Editeur : Glénat
  • Parution : 11 juillet 2018
  • Prix : 12,50 €
  • ISBN : 9782344030097

Résumé de l’éditeur : C’est un choc : Archie et Betty, le couple le plus glam du lycée de Riverdale, viennent de rompre ! À l’origine du drame, un certain « liptstick accident » qui est maintenant sur toutes les lèvres. Jughead, le meilleur ami d’Archie, se rend bien compte que les deux nourrissent encore des sentiments forts l’un envers l’autre et va se mettre en tête de les rabibocher. Mais c’était sans compter l’arrivée d’une nouvelle habitante à Riverdale…

Junk food book

Résider à Malbouffe-City n’est que gageure pour les habitants puisqu’à chaque coin de rue, il y a un fast-food. Au milieu de tout cela évolue un garçon qui tente de résister. Noémie Weber dévoile Junk food book, un plaidoyer contre la nourriture poubelle à destination des jeunes lecteurs chez Gallimard. Enthousiasmant !

La vie de Pépito Biscuit est étonnante. Fils de Youssouf Ralatouf – le roi des jardins potagers – fut abandonné par sa mère dans un fast-food de Malbouffe-City. Il faut dire qu’elle souhaite protéger son fils contre le géant Hungry Tiger dont le patron règne en despote sur la ville. Ce tyran déploie ses hommes à la recherche du garçon qui porte une marque de naissance : une carotte sur le ventre.

Caché par les employés du fast-food, Pépito grandit tel Greystocke dans le Livre de la jungle. Accompagné de Jerry et Le Bide, il parvient même à retrouver la trace de son père, un décroissant-altermondialiste…

Junk food book est un livre à mettre entre toutes les petites mains ! Le récit de Noémie Weber – dont c’est la première bande dessinée – fustige pêle-mêle la malbouffe, le capitalisme, l’individualisme et Big Brother. En effet, l’autrice imagine une anticipation futuriste très plausible, qui pourrait bien arriver dans quelques années (qui existe déjà aujourd’hui ?). Dystopie où l’argent règne en maître, Malbouffe-City est dirigé par le Roi du fast-food. Il n’y a plus un seul petit commerce ni restaurant, uniquement des chaînes de restauration rapide. Formatés pour pousser leurs portes, les habitants ne mangent alors que cela, sans aucune variété de saveurs et de goûts. Pire, les croisements génétiques font que les porcs sont gonflés comme de l’hélium.

Pourtant la résistance est vivace : on s’échange et on vend sous le manteau des légumes que cultive le père de Pépito. Parce que oui, l’histoire de Noémie Weber est positive ! Il y a toujours de l’espoir dans ce monde qui commence à ne plus vraiment tourner rond. L’humour est présent par des personnages sympathiques, voire même le roi de Hungry Tiger représenté en clown. Satirique et cynique, Junk food book bénéficie du talent d’illustratrice de Noémie Weber : un dessin simple, lisible aux couleurs faites de grands aplats.

  • Junk food book
  • Autrice : Noémie Weber
  • Editeur : Gallimard, Hors collection
  • Prix : 18€
  • Parution : 07 juin 2018
  • IBAN : 9782075086769

Résumé de l’éditeur : À Malbouffe-City, un petit d’homme, bébé d’un trafiquant de légumes, est abandonné dans un fastfood. Adopté par les salariés du restaurant, Pépito vit dans une chambre-friteuse et s’entraîne avec enthousiasme au concours de goinfrerie. Mais un jour, après dix ans de cette vie rêvée du gras, ses origines végétariennes le rattrapent… Pépito devra rejoindre sa vraie famille pour avoir une chance de s’en sortir, et trouver sa véritable nature… légume ou friture ? Une parodie réjouissante du Livre de la jungle.

Mulo, tome 2

Après un formidable premier volume, Mulo est de retour dans un deuxième épisode génial, sous la plume de Olivier Pog et les pinceaux de Cédrick Le Bihan.

Tranquillement installé chez un ami, Mulo voit stationner devant l’immeuble, une limousine blanche. Un homme lui intime l’ordre de le suivre jusqu’à Michao, petite bourgade où vit César, son grand-père qu’il avait jusqu’à présent oublié.

Homme très riche, entouré d’une palanquée de domestiques, le vieil homme est au crépuscule de sa vie. En allant chercher son petit-fils, il espère pouvoir renouer avec lui et lui raconter son passé. Il faut aussi souligner que le manoir est rempli de personnes surprenantes : la seconde femme de son grand-père, ses enfants, un cousin américain et son mandataire. Mais la quiétude de la maisonnée va être déstabilisée par des assassinats…

Nous attendions avec impatience le retour de Mulo tant le premier volume nous avait ouvert l’appétit. Un scénario et une partie graphique de grande qualité pour le précédent volet laissait augurer une excellente suite. Tels les récits d’Agatha Christie, Olivier Pog insuffle du suspense dans Villégiature, un tome où Mulo renoue avec sa famille.

L’âne ne perd pourtant ni son flegme ni son assurance ni sa dureté devant les morts qui s’amoncellent. Ce huis-clos sert parfaitement à restituer l’atmosphère angoissante de l’histoire. Intelligemment menée, elle mise aussi sur des pistes qui malmène le lecteur. Le scénariste de Trappeurs de rien (avec Thomas Priou) prend un grand soin à développer la personnalité de ses protagonistes.

Son histoire découpée en chapitre bénéficie de tout le talent de Cédrick Le Bihan. Le dessinateur de Lulu et son dragon (avec Ingrid Chabbert) se glisse facilement dans le monde anthropomorphique. Ces personnages animaliers sont sublimes ! Il faut observer aussi les détails dans les décors pour être surpris agréablement par ce dessin si fort.

Eh hop, un nouveau Mulo qu’on a adopté ! Au suivant !

  • Mulo, tome 2 : Villégiature
  • Scénariste : Olivier Pog
  • Dessinateur : Cédrick Le Bihan
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 14.99€
  • Parution : 26 septembre 2018
  • IBAN : 9782205077865

Résumé de l’éditeur : De retour à son domicile parisien, Mulo est contacté par son grand-père qui souhaite réunir toute la famille afin de désigner ses héritiers. Surpris car sans nouvelle de lui depuis longtemps, Mulo découvre que ce vieillard est tout simplement à la tête d’une immense fortune ! La famille se retrouve dans le manoir familial, chacun se demandant ce qui les attend… Mais les membres de la famille meurent les uns après les autres dans d’étranges circonstances. Qui est le meurtrier ?.. Un nouvel épisode complet qui se lit à la façon d’un roman d’Agatha Christie !

Droit d’asile

Pour valoriser son catalogue, les éditions Des ronds dans l’o publient de nouveau Droit d’asile de Etienne Gendrin. Après Un air de paradis, voici un album fort et bouleversant autour du thème des réfugiés en collaboration avec Amnesty International.

A peine sortie de ses études de dessin, Etienne est sollicité par Christophe, futur éducateur dans un foyer de demandeurs d’asile. Il accepte le projet de rencontrer ces jeunes hommes et de raconter leur vie en bande dessinée. Géré par l’Armée du Salut et financé par la région Alsace, ce lieu est avant tout chaleureux et bienveillant. Avant de les rencontrer, Etienne s’informe sur les internets, découvre l’Angola et la région du Cabinda, mais aussi les autres pays de ces réfugiés (Sri-Lanka, Arménie, Azerbaïdjan)…

Comme il l’explique, Etienne Gendrin qualifie ce récit comme une histoire « au ras du sol ». Avec Droit d’asile, il tente de délivrer au monde les histoires et les destins de ces réfugiés, souvent mineurs qui ont choisi de fuir la faim pour un ailleurs meilleur. A travers de ces 4 témoignages forts et instructifs (Roberto, Vartan, Suthakaran et Abdula), l’auteur de Comment nourrir un régiment (Casterman) fait réfléchir son lectorat au déracinement, à l’eldorado que miroitent ces hommes venus d’Afrique mais aussi ce que c’est que d’être un alien, un étranger en France. Il faut avoir le cœur accroché pour lire ces parcours du combattant, les risques et la mort qui rôde. Il rend aussi un bel hommage à ces aidants qui donnent de leur temps pour les cours de Français comme Samira ou Brigitte.

Alors que Droit d’asile fut édité à l’origine en 2011, il reste malheureusement encore très actuel. Pire, depuis ce que l’on appelle « la crise des migrants de 2017 », la pression est encore plus forte. Si à l’époque, cela était dur d’entrer en France, les frontières se sont durcies et notamment à cause du retour des nationalismes en Europe (Hongrie, Autriche, la Suède ou encore le Brexit anglais…) qui fait craindre pour la vie de ces millions de femmes et d’hommes sur les routes, se heurtant aux barbelés de l’Europe. Pourtant, l’Histoire de France le montre et le démontre : la France est une vraie terre d’accueil des migrants, n’en déplaise aux tristes sires rétrogrades.

Droit d’asile fait honneur au catalogue de Des ronds dans l’o qui a aussi publié d’autres albums sur ce thème : CRA & Koko au pays des Toutous de Jean-Benoît Meybeck ou encore Ethenesh de Paolo Castaldi. Merci d’apporter un peu d’humanité et d’optimisme dans ce monde qui se repli sur soi.

Pour prolonger cette thématique, parcourez nos articles :

  • Droit d’asile (nouvelle édition)
  • Auteur : Etienne Gendrin
  • Editeur : Des ronds dans l’o
  • Prix : 18€
  • Parution : 10 octobre 2018
  • IBAN : 9782374180625

Résumé de l’éditeur : Jeune dessinateur de BD, Etienne rencontre des demandeurs d’asile et des jeunes en difficulté au Foyer du jeune homme de Strasbourg géré par l’Armée du Salut et financé par la Région Alsace. Portraits émouvants de jeunes ayant fui leur pays en guerre pour certains, remplis d’espoir malgré tout. Mise en abîme d’un auteur de BD se servant de son expérience personnelle pour donner la parole à des jeunes garçons dont chaque histoire est boulversante.

Mausart

Mausart, petite souris mélomane, joue à la place du grand Salieri qui compte bien qu’elle donne un récital à sa place. Thierry Joor et Gradimir Smudja imaginent cette belle fantaisie animalière jeunesse chez Delcourt.

A peine levé, Mausart se prépare pour une nouvelle journée. Il déjeune avec sa très grande famille. Vrai artiste musicien, la souris vit avec tous les siens dans le piano de Salieri, compositeur officiel de la Cour royale d’Autriche. Ce matin-là, personne dans la pièce, Mausart décide de jouer du piano en faisant moult acrobaties en virevoltant sur le clavier.

Sa musique traverse la rue et émerveille les passant dont le Roi et la Reine. Pensant que cela est le fait du génial Salieri, le souverain intime le compositeur de venir pour le lendemain à l’anniversaire de son épouse. Il est temps pour Ligo – l’assistant du musicien – pour attraper la souris…

Dargaud et Kiklyi avaient développé ce style de récit avec Musnet (souris qui habite chez Monet) et comme le concept semble excellent, nous pouvons penser que Delcourt s’y est engouffré. La série de l’auteur américain est néanmoins meilleure que Mausart. Loin du monde de la peinture, le récit de Thierry Joor se déroule dans l’univers de la musique au XVIIIe siècle. Mausart (maus = souris) est plus doué que le grand Salieri apparemment et doit jouer du piano à la place du maître.

Aventures sympathiques, Mausart est idéal pour les jeunes lecteurs. En choisissant un monde anthropomorphique, le scénariste – dont c’est la première bande dessinée –  sait qu’il touchera un large public.

Relations aux Arts et jeux de pouvoirs culturels à la Cour sont au cœur de ce bon one-shot. Le lecteur découvre aussi l’antagonisme entre Mozart et Salieri.

Nous sommes avant tout émerveillé par la partie graphique de Gradimir Smudja qui allège son dessin pour le rendre plus lisible envers le jeune lectorat. Il reste néanmoins un trait somptueux et chaleureux, fait de textures formidables. Les costumes sont magnifiques et les animaux ont des émotions visibles sur leurs visages. Le bestiaire est fabuleux !

  • Mausart
  • Scénariste : Thierry Joor
  • Dessinateur : Gradimir Smudja
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 14.50€
  • Parution : 26 septembre 2018
  • IBAN : 9782344023839

Résumé de l’éditeur : Mausart vit à l’intérieur du piano du musicien officiel de la cour, un loup nommé Salieri. Profitant de l’absence de ce dernier, la petite joue de l’instrument. Le couple royal entend la mélodie et le roi demande à Salieri de rejouer le même air pour l’anniversaire de la reine. Pour sauver les apparences, ce dernier doit contraindre Mausart à le remplacer en cachette.

Qu’est-ce qui monte et qui descend ??

Qu’est-ce qui monte et qui descend ?? Non, il ne s’agit pas d’un poussin qui se prend pour Tarzan ou d’un petit pois qui se déguise en Super Tomate – que celui qui n’a jamais fait ces devinettes d’enfant me jette la première pierre – mais des émotions intenses et en dents de scie que vivent les personnes atteinte du « trouble de la personnalité borderline ». 

C’est le cas de KNL, dont le journal illustré nous permettra d’entrer dans cet univers sujet aux fantasmes qu’est la psychiatrie. Les extraits vont d’août 2014 à janvier 2015, et malgré un milieu confiné et un témoignage parfois dramatique, l’humour de KNL trouve prise dans de multiples détails de sa vie de patiente. Les curiosités culinaires de la cantine ou l’étrange créateur de lien qu’est l’ascenseur fou n’auront plus de secret pour le lecteur. 

Dans un graphisme tout de points colorés, on croisera un escargot et quelques crevettes à l’aquarelle, on s’initiera au club des pyjamas, dont les costumes sont aussi variés que ses adeptes, et on participera à une infiltration de La Tisanière, le « bar » de la clinique. On apprendra aussi qu’il vaut mieux ne pas trop s’accrocher à son intimité en milieu hospitalier, car elle est mise à mal par le ballet incessant du personnel soignant. 

Mais surtout, on sera témoin de la pugnacité de KNL face à sa maladie. Trouver un traitement pour stabiliser son trouble de la personnalité a été un parcours du combattant de plusieurs années, émaillé de crises d’angoisse, d’ennui profond et d’épisodes de violence envers elle-même. Dans le tourbillon d’émotions qui occupait son cerveau, l’entourage apparaît pour elle comme un point d’ancrage essentiel.

Qu’est-ce qui monte et qui descend ?? nous propose un aperçu d’une maladie peu connue mais aussi de la vie quotidienne en psychiatrie. Une nouvelle preuve des vertus du dessin pour vivre mieux les épreuves de la maladie, après Goupil ou face, Le Perroquet ou encore La Parenthèse. Et si vous le souhaitez, vous pouvez également passer de l’autre côté du miroir – chez les soignants –  avec Fables psychiatriques par exemple. 

  • Qu’est-ce qui monte et qui descend ??
  • Autrice : Knl
  • Editeur : MARAbulles
  • Prix : 14.90 €
  • Parution : 29 mai 2018
  • IBAN : 9782501132688

Résumé de l’éditeur : Les chroniques acidulées d’une borderline qui raconte ses séjours en hôpital psychiatrique ont été réalisées à l’aquarelle avec des couleurs pétillantes. KNL a résolument choisi l’humour pour décrire ses hauts et ses bas, l’absurdité des situations, les curiosités culinaires, les jeux, l’ennui, les questionnements et les récidives.
KNL s’attache à des petits instants de vie qui prennent toute leur ampleur dans son cas, à elle… De sa narration intimiste, on ressort touché en plein cœur. Une belle leçon de vie et d’empathie.

Mickey à travers les siècles

Mickey dans une machine à explorer le temps, voilà l’idée de Mickey à travers les siècles, un album sympathique de Dab’s et Fabrizio Petrossi.

Après Une mystérieuse mélodie de Cosey, Café Zombo de Loisel, La jeunesse de Mickey de Tebo ou L’océan perdu de Filippi et Camboni, les éditions Glénat poursuivent leur incursion dans le monde magique de Disney avec Mickey à travers les siècles. A part les deux tomes de Trondheim et Keramidas qui nous ont moins enthousiasmé, l’ensemble des autres albums est formidable.

Si l’idée principale de Dab’s n’est pas ultra originale (il y a déjà eu dans le passé des histoires avec des machines à explorer le temps avec Mickey), l’intrigue et le dynamisme du récit emportent le lecteur. Le scénariste de Tony & Alberto et Nino & Rebecca imagine une belle aventure drôle et agréable à la lecture. Traversant les époques de manière non-linéaire, Mickey vit de folles péripéties.

Cette jolie bande dessinée est admirablement mise en image par Fabrizio Petrossi. Né à Naples, c’est une habitué des histoires de Disney (Topolino dès 1992, merchandising entre 1995 et 2003, albums : Mickey et les 3 mousquetaires et Epic Mickey). On le sait, les Italiens sont les meilleurs pour restituer l’univers disneyen. Fabrizio Petrossi le démontre encore une fois avec de superbes planches avec un Mickey très personnel !

Mickey à travers les siècles : l’on passe un excellent moment en compagnie de la célèbre souris !

  • Mickey à travers les siècles
  • Scénariste : Dab’s
  • Dessinateur : Fabrizio Petrossi
  • Editeur : Glénat – Disney
  • Prix : 15€
  • Parution : 26 septembre 2018
  • IBAN : 9782344023839

Résumé de l’éditeur : Mickey est fasciné par la machine à explorer le temps de deux savants. Se cognant la tête sur l’engin, il se retrouve propulsé au temps des cavernes où il tente d’échapper à un T-Rex. Par chance, à chaque coup de tête, il change d’époque. Ainsi atterrit-il à Waterloo, sur un champ de bataille puis en 1492, en Amérique. La série « Mickey à travers les siècles », parue en 1970, revisitée par Dab’s.

L’arabe du futur, tome 4

Après trois premiers formidables volumes, Riad Sattouf propose le quatrième tome de L’arabe du futur, son excellente série autobiographique aux éditions Allary.

Après les séries humoristiques, Pipite Farlouz, Retour au collège, La vie secrète des jeunes, Pascal Brutal ou Les cahiers d’Esther, Riad Sattouf livre une œuvre tendre, parfois touchante et très drôle avec L’arabe du futur. Ce récit autobiographique sur plusieurs volumes est un véritable coup de cœur de la rédaction Comixtrip (volume 1, volume 2 et volume 3) !

Avec plus de 1.5 millions d’exemplaires vendus et traduit dans 22 langues, L’arabe du futur est la série de bande dessinée qu’il faut avoir dans sa bibliothèque. Unanimement saluée par la critique, elle raconte les années d’enfance de Riad Sattouf.

Dans ce 4e volume (courant de 1987 à 1992), les lecteurs retrouvent le petit garçon blond balloté entre la Bretagne et la Syrie. Tout au long de l’album, la famille Sattouf – les trois enfants, la mère et le père – vont être obligés de déménager soit au Moyen-Orient soit en France chez les parents de la mère.

Excédée par les balivernes de son mari, la Française ne veut plus le suivre aveuglément dans ces délires. Surtout depuis son passage en Arabie Saoudite, Abdel-Razak est tombé dans une hyper-religiosité. Lui si ouvert et laïc dans les précédents tomes, fait du Coran sont livre de chevet au point d’imposer des cours à son fils Riad – qui a perdu tout son arabe en France – et à devenir le pire des homophobes.

A chaque déménagement au Moyen-Orient, c’est la même rengaine, la mère s’ennuie et doit restée cloîtrée chez elle, Riad doit retourner à l’école et se faire insulter (de juif, d’homosexuel ou de sale Français…) et le père de faire miroiter monts et merveille à tout le monde. Il serait riche. Obsédé par l’argent, il est pourtant pingre lorsqu’il doit en envoyer à sa femme en Bretagne.

Le grand-père maternel, quant à lui, n’a qu’une peur : celle que son petit-fils soit homosexuel. Il multiplie donc les remarques pour l’inciter à regarder les femmes et parfois cela est extrêmement gênant.

Au milieu de tous ces adultes, il y a Riad qui jouissait jusqu’à présent d’une grande aura (le plus beau grâce à sa chevelure blonde et le plus intelligent) mais qui va tomber de haut juste après une nouvelle coupe de cheveux.

A travers 288 pages, le réalisateur des 2 excellents films – Les beaux gosses et Jacky au royaume des filles – dévoile encore un pan de son histoire personnelle qui se mêle à celle de la Syrie ou de celle de l’Arabie Saoudite. Alors qu’il lui arrive les pires ennuis, il arrive toujours à les tourner en ridicule pour faire rire son lectorat. Sans avoir pris aucune note, Sattouf se souvient de tout et surtout n’invente rien. Un exploit !

L’ultime pied de nez de Riad Sattouf, c’est qu’à la fin de la première semaine de la sortie de ce volume 4, il détrôna le livre de Zemmour. Un arabe du futur qui met à terre un aigri du passé, chapeau !!!

  • L’arabe du futur, volume 4 : une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1992)
  • Auteur : Riad Sattouf
  • Editeur : Allary
  • Prix : 25.90€
  • Parution : 27 septembre 2018
  • IBAN : 9782707192561

Résumé de l’éditeur : Âgé de neuf ans au début de ce volume, le petit Riad devient adolescent. Une adolescence d’autant plus compliquée qu’il est tiraillé entre ses deux cultures – française et syrienne – et que ses parents ne s’entendent plus. Son père est parti seul travailler en Arabie saoudite et se tourne de plus en plus vers la religion… Sa mère est rentrée en Bretagne avec les enfants, elle ne supporte plus le virage religieux de son mari. C’est alors que la famille au complet doit retourner en Syrie… Dans le premier tome (1978-1984), le petit Riad était ballotte´, de sa naissance a` ses six ans, entre la Libye de Kadhafi, la Bretagne de ses grands-parents et la Syrie de Hafez Al-Assad. Le deuxième tome (1984-1985) racontait sa première année d’école en Syrie. Le troisième tome (1985-1987) était celui de sa circoncision. Ce quatrième tome, exceptionnel par son format (288 pages) et par ce qu’il révèle (le coup d’État de son père), est le point d’orgue de la série.

Eden, tome 1 : le visage des sans-noms

Pour intégrer la caste des « élus », Jonas doit réussir un terrible concours. Le jeune adolescent rêve de devenir l’un d’eux comme sa sœur aînée Hélix. Fabrice Colin et Carole Maurel imaginent Phoenice, un monde futuriste dans Eden, une dystopie réussie !

Ecrivain français, Fabrice Colin réalise son premier album de bande dessinée. Connu pour ses récits de science-fiction ou de fantasy, il poursuit dans ces genres où on le sent extrêmement à l’aise. Quatre fois lauréat du Grand Prix de l’imaginaire, il met en scène Phoenice, ex San-Francisco dans un futur proche où les règles sociales ont énormément changé. Pour accéder au graal – faire partie de la caste dominante – il faut réussir un concours. C’est le cas de Jonas tiraillé entre la morale et les activistes qui défient les autorités.

Ce premier tome assez réussi prend le temps d’exposer les faits et de faire comprendre aux lecteurs les tenants et les aboutissants de Phoenice.

Pour accompagner le romancier pour la partie graphique, c’est Carole Maurel qui a été choisie. Quelle formidable idée ! Après L’apocalypse selon Magda, Luisa ici et là, Collaboration horizontale, Ecumes ou En attendant Bojangles, l’autrice nous régale encore par son trait moderne et très vivant. Comme le premier titre ci-dessus, la dessinatrice réalise des planches fantasy de grande qualité. Ce genre – l’anticipation – lui convient bien.

Eden : un premier bon opus. Un début prometteur !

  • Eden, tome : Le visage des sans-noms
  • Scénariste : Fabrice Colin
  • Dessinatrice : Carole Maurel
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 15€
  • Parution : 12 septembre 2018
  • IBAN : 9782369814511

Résumé de l’éditeur : Depuis un tremblement de terre, Phoenice, anciennement San Francisco, est divisé en deux zones : les quadrants, où vit la majeure partie de la population, et le coeur, où vivent les élus, protégés par un mur et détenant tous les pouvoirs. Jonas, 14 ans, vit avec sa mère dépressive, un père révolutionnaire et une soeur qui vient de réussir l’Ascension, un concours pour intégrer les élus.

Chroniques de l’île perdue

Après une tempête, le paquebot où se trouvent Sacha et Charlie, sombre. Ils se retrouvent chacun dans le coin d’une île, séparés. Anne Montel et Loïc Clément imaginent Chroniques de l’île perdue, un album jeunesse fort et sombre dans la collection Métamorphose des éditions Soleil.

On ne peut pas dire que ce soit le grand amour entre Sacha et Charlie, deux frères. Lors d’une croisière avec leurs parents, cela ne se passe pas bien dans tous les sens du terme. Pire, le bateau fait naufrage !

L’aîné Sacha se retrouve dans un lieu paradisiaque où il fait chaud, tandis que Charlie se retrouve dans un lieu glacé et froid. Pire, il se fait attaquer par d’étranges loups noirs. Heureusement, Rose et la Bête sont là pour le protéger…

Comme nous l’a confié Loïc Clément dans une interview à Comixtrip le 21/09, Chroniques de l’île perdue est l’histoire la plus délicate qu’il ait eu à écrire. Extrêmement personnelle, elle met en lumière les violences fraternelles. « C’est le sujet le plus personnel et le plus intime que j’ai fait jusqu’à présent parce que ça parle de la relation fraternelle. J’avais beaucoup de choses à en dire » explique-t-il.

Ciblé pour les plus jeunes, ce récit n’est pas une robinsonnade gaie et entraînante. Il est sombre et révèle les peurs les plus profondes du petit Charlie. Même s’il y a de la douceur par le dessin, jusqu’à la dernière page, le lecteur sent les douleurs du petit garçon.

Après Le temps des mitaines, Les jours sucrés et Chaussette, Loïc Clément retrouve Anne Montel pour réaliser la partie graphique. Ce duo fonctionne à merveille et permet de livrer des histoires très bien écrites, avec un vrai fond pour les jeunes lecteurs.

Finis les gentils petits animaux pour la dessinatrice, place à des personnages noirs et angoissants. « Cela faisait aussi très plaisir à Anne d’aller vers quelque chose d’assez éloigné de son dessin, poursuit le scénariste de Chaque jour Dracula, et cela lui a plu de réaliser une bande dessinée horrifique, d’aller chercher dans son dessin, la peur. Cette fiction avec beaucoup d’horreur, qui fout les pétoches, cela lui plaisait bien et de mon côté, cela me permettait de concilier la relation fraternelle qui a parfois été horrible pour moi, avec le genre aventure ».

Chroniques de l’île perdue : Un album fort, sensible et dur que l’on devrait mettre entre toutes les mains (jeunes comme plus âgées). Un petit bijou (une habitude avec le duo Montel-Clément) !

  • Chroniques de l’île perdue
  • Scénariste : Loïc Clément
  • Dessinatrice : Anne Montel
  • Editeur : Soleil, collection Métamorphose
  • Prix : 18.95€
  • Parution : 27 septembre 2018
  • IBAN : 9782302071230

Résumé de l’éditeur : Sacha et Charlie, deux jeunes frères, font une croisière avec leurs parents. Soudain, une terrible tempête éclate : leur bateau sombre et tous deux échouent séparément sur de mystérieux rivages… À la recherche de son petit frère, Sacha va devoir lutter contre d’étranges entités malveillantes, tandis que Charlie fait la rencontre d’une jeune fille qui le protégera contre une force inconnue. Au gré de leurs aventures, tous vont croiser une faune fantasmagorique : les Doudous, peuple de peluches – originellement bienveillant – torturé et violent ; les Akupunkts, troncs d’arbres anthropomorphiques ; les Loups-cauchemars ; ou encore, les Moaïs, sages qui tiennent des discours apparemment sans queue ni tête. L’île, composée de six environnements distincts, semble être vivante et se nourrir des frayeurs et des angoisses des naufragés…

Spirou numéro spécial : Défenseur des droits de l’Homme

Le n°4200 du magazine Spirou est spécial. En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies, c’est un numéro intitulé Défenseur des droits de l’Homme.

Vendu comme à son habitude 2.50€ et comptant 52 pages, ce numéro de Spirou est excellent ! Alors que celui cross-over avec Fluide Glacial nous avait laissé sur notre faim, celui-ci est réussi ! Toutes les séries importantes de la revue se sont mises au diapason pour fêter les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Ainsi, les lecteurs retrouvent des histoires inédites signées Erre, Bravo, Savoia, Nob, Batem, Colman, Ers, Dugomier, Delaf, Dubuc, J. Jouvray, Jousselin, Dany, Cossu, Bocquet, Toussaint, Ruiz, Tome & Janry, Floris, Juillard, Sente, Cauvin, Kox, Lou, Darasse, Ced, Ztnarf, Laudec, Bouzard, Berbérian, Bianco, Dalena, Verron, Libon, Iov, Paka, Bercovici, Benus, Munuera, Achdé, Bertschy, Erroc, Rodrigue, Geluck, Derib, Yoann, Vehlmann, Perrault, Garouste, Gijé et Carbonne.

En plus de ces récits, ce numéro 4200 possède en son centre un poster où apparaissent 54 personnages faisant le geste inventé par Emile Bravo : deux doigts tendus vers la tempe. Cette marque de sympathie sera utilisée par l’ONU pour la campagne de ses 70 ans, Spirou n’en n’ayant que 10 de plus.

  • Spirou n°4200, défenseur des droits de l’homme
  • Auteurs : Collectif
  • Editeur : Dupuis
  • Prix : 2.50€
  • Parution : 10 octobre 2018